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15/01/2009

Vamp

 

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Je viens de refermer le deuxième livre venu du Québec de Christian Mistral : "Vamp", son premier roman, paru en 1988; une chronique urbaine qui met en scène des jeunes de cette " génération vamp ", génération qui ne rêve pas de changer le monde, mais de le vampiriser . Personnages vaguement désabusés au romantisme nostalgiques, les héros de Vamp sillonnent Montréal en rêvant de la "super-femme", celle qui séduit et terrorise en même temps.

Christian Mistral a écrit ce livre  impressionnant , généreux et fantasque à 23 ans ! Un mordant et une richesse de vocabulaire , une truculence , je n'ai jamais rien lu de pareil !

 

J'ai pris mon temps pour lire , car ce livre déborde de partout , je ne sais comment dire ; une telle densité de  mots , matière brute poétique, une musique bien personnelle et décapante, des lettres qui s'entrechoquent et s'entremêlent pour faire jaillir l'émotion, intense et ce phrasé qui s'infiltre , et nous emmène profond , une expérience qui ne peut laisser indifférent , un travail d'orfèvre !

Une sorte de violence contenue et un lyrisme ; et puis un réel amour de la langue qui dépasse l'entendement et qui donne à ce roman cette température unique et particulière . Tout est écrit à la première personne , ce "je " qui accentue la dynamique et qui prend aux tripes ...

 

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" S'extraire du ventre la différence, comme un fantassin déroule ses intestins sur le champ de bataille, est un acte extatiquement spasmogène comparable seulement à celui de s'abreuver au suc des chairs femelles. La personnalité, le ton à nul autre pareil, deviennent quand enfin on les débusque les plus précieux des trésors. Des richesses qu'on n'a pas à défendre, du reste, et qu'on gagne à étaler, car elles sont tout sauf transmissibles et on les emporte avec soi dans la tombe,aprés qu'elles vous ont au long de la vie marqué d'un sceau corrosif indélébile que l'on confond avec la vérité de l'être. "

 

"Qu'est ce que tu fais demain ? " demanda quelqu'un. " Je n'ai jamais rien à faire. je suis toujours libre", m'entendis-je répondre. Et c'était vrai. le ciel se charbonnait, virait au fusain jaspé de garance comme le crayon facile, rapide et sûr d'un pastelliste cyclopéen. Je bus aussi, longuement, vidai la bouteille, et quand July prévint du balcon qu'elle montait nous rejoindre, je m'en fis apporter une autre. J'avais envie de partager avec eux la grâce que m'inspirait à moi cette noble nuit opalescente et dramatique, le calme sans mélange qui m'imprégnait, limpide comme une eau claire, mais je m'abstins de troubler le silence de peur d'altérer sa qualité, comme pour fixer ce précieux instant dans ma mémoire, cette rare et trompeuse éclaircie dans l'écrasante permanence de la tempête. Mon sentiment flottait dans les sphéres de l'indicible; j'avalais ma salive devant l'immensité de cette nuit, dont suintait un tel lyrisme lacrymogène quelle prenait les proportions d'un opéra à notre insolente gigantomachie, dans l'arène du Moulin devenu pour un soir le royaume de l'orgueil ."

 

Vamp , Christian Mistral

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39490_5.jpgPour bien comprendre Christian Mistral et l'effet de son écriture , on peut lire cette très belle note de Venise sur un autre de ses romans " Vacuum " ; j'en ai encore un troisième qui m'attend , je vais le désirer un peu car cette écriture me chamboule et me remue fort . C'est vraiment à consommer avec délectation , si je puis me permettre , car on ressort d'un livre comme celui -ci différent et rincé pour ne pas redire karcherisé dans les entrailles de son inconscient !

 

" Je ne sais pas, c'était atroce. De me sentir plein de quelque chose pour lequel je n'avais pas de nom, de ne pas savoir comment ouvrir le robinet et laisser couler tout ça dans les rues . Je cherchais mon axe, le centre précieux de l'être autour duquel tout s'organise, et c'était comme une bouée sur la mer, il flottait, montait, descendait, dérivait avec les marées, insaisissable,imperceptible ..."

Vamp , Christian Mistral

 

Commentaires

J'avais bien aimé ma lecture de Vamp également... Un de ces jours, je poursuivrai ma lancée...

Écrit par : Ondine | 16/01/2009

Si j'ai bien compris, tu es entrain de nous dire que tu vas voter pour lui le 6 février prochain.

Écrit par : Gordon | 16/01/2009

Je l'ai lu l'année de sa parution et tu me donnes le goût de le relire :)

Écrit par : Yvan L. | 16/01/2009

Bravo pour ta curiosité littéraire, Blue. C'est rare. ;)

Écrit par : Inuk | 16/01/2009

Nan. Pas l'année de sa parution en ce qui me concerne. Trop concentrée sur les nombres décimaux, probablement, ou des leçons de science naturelles. Honnêtement, je ne m'en souviens pas. Pantoute.

J'ai lu Vamp kekpart à mon arrivée à Montréal, cherchez pourquoi, à dix-neuf ou vingt ans.

Écrit par : Gordon | 16/01/2009

Me suis fait lire le reste de ton billet par mon fils: j'étais trop embarrassé au-delà du premier paragraphe.

Merci au nom du jeune homme qui écrivit ce livre. Merci pour le livre qui porte mon nom.

Écrit par : Christian Mistral | 16/01/2009

Tu me fais lire du Vamp, ma sacripane, quand c'est Vautour que j'ai à la maison ! Je deviens envieuse. Parce que, non, je ne l'ai pas lu, pas encore, et c'est presque de l'ordre de passer à la confesse (!) quand je lis les extraits que tu nous as choisis.

Ça chamboule. Je te comprends de l'avoir lu à petites doses, ça chamboule. Et je finis alors par me demander s'il existe vraiment, ce gars, qui a écrit ça. Et à 23 ans, ça me dépasse ! Et après, il faut dépasser ça.

Mais je vais lire Vautour avant, garder Vamp pour le dessert, un dessert riche.

Merci pour le lien chez nous, t'es fine ! Et ton billet est super bien écrit, tu es très inspirée helenablue. Très.

Écrit par : Venise | 16/01/2009

Et elle le convoqua des confins pour déniaiser le roman mièvre qui pestiférait la France depuis si belle lurette.

Écrit par : McComber | 16/01/2009

@ Ondine : Je crois que ça vaut la peine , du moins si je me fie à mon ressenti pour les deux Mistral que j'ai lu jusqu'ici !

Écrit par : helenablue | 16/01/2009

@ Gordon : Je serais tenté de te répondre oui , mais ce ne serait pas objectif , alors je me réserve pour le 6 Février ...
Mais mon coeur serait plutôt "mistralien ", sans conteste !

Écrit par : helenablue | 16/01/2009

@ Yvan L; : Oh ! et tu me diras cher Terrible quel effet procure la relecture ,
OK ?

Écrit par : helenablue | 16/01/2009

@ Inukshuk : J'ai été élevé dans l'injonction entre autre " la curiosité est un vilain défaut " !! Je suis très vilaine , très et dans beaucoup de domaine , notamment la littérature ...
Kiss
Blue

Écrit par : helenablue | 16/01/2009

@ Christian Mistral : Je ne sais pas quel est le plus rouge des deux !

Écrit par : helenablue | 16/01/2009

@ Venise : Hi Hi ... Moi c'est "Valium " qui m'attend ! On va se reparler , c'est sûr ! J'en profite pour réitérer tout le plaisir que j'ai de venir te lire ...
Amitiés
Blue

Écrit par : helenablue | 16/01/2009

Promis, Blue.
Mais je me vois déjà t'écrire à propos d'une relecture d'un livre d'énergie pure et dévastatrice.

Écrit par : Yvan L. | 17/01/2009

Don't believe a damn thing Terrible says, even if it's all true, Blue.

Écrit par : Christian Mistral | 17/01/2009

Les commentaires sont fermés.