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06/07/2014

être

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- Photo Catherine Renée Lebouleux -

 

 

C’est quoi, « être », au juste ?  Ce qu’on attend que tu sois, la famille, les autres, l’état ? Ou ce que tu penses devoir être, pouvoir être, avoir à être ? To be or not to be ! Est-ce une manière de faire, une manière d’être, une façon de procéder, ou une conscience ? Agir, faire, créer, écrire, produire, cuisiner, procréer, aimer, anticiper, penser, façonner, fantasmer… Verbes illimités. Ce n’est pas aisé d’exister, pas plus que d’être, pourtant c’est une donnée. Nous sommes là, à nous de faire de ce « là » une envolée…

 

 

07/09/2013

En vie

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- Exposition Reza, berges de Seine -

 

" On circule, on avance. Vers quoi, vers qui se dirige-t-on ? Le bout de la promenade ? La fin de journée ? Peut-être le repas du soir, le film du dimanche à la télévision, la tiédeur su sommeil... Demain, de quoi sera-t-il fait ? Et plus tard, qu'est-ce que ça veut dire ? A quoi cette vie tient-elle ? Un battement de montre contre le poignet ? Des espoirs, des projets, des désirs ? Quoi au juste ? Du bonheur ? Connaît-on la recette ? Retourner sur la promenade ? Manger d'autres glaces à la fraise ? Regarder courir les enfants ? C'est quoi, demain ? C'était quoi, hier ? Nos visages un peu dans le vent ? Quelque chose qui n'est pas encore arrivé ? Une escale ? Un oubli ?

On circule toujours, on avance. On se pose sur un banc, comme font les oiseaux sur les branches. Il semble qu'on ne souffre pas, mais parfois qu'on s'ennuie un peu. Comme si l'on attendait que quelque chose se passe, comme si l'on espérait davantage. Heureusement c'est l'été; il fait doux. On tiendra bien ainsi jour après jour, jusqu'à l'hiver. On a des provisions en soi. De quoi, au juste, on ne sait pas. On s'alimente par les yeux, les heures, les pas. L'important, se dit-on, est de subsister sans chagrins. Ailleurs, c'est guerre, tueries, famine... De pleines charrettes de misère."

- Jean-Michel Maulpoix - Une histoire de bleu -



03/06/2013

A voir

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07/04/2013

L'amour dure trois ans.

Foutaises!

 

01/04/2013

Blog et misanthropie...

Pendant les quinze premières années de ma vie, papa et maman m'ont serinée qu'il fallait aimer les autres, les aimer comme soi-même! Equation compliquée pour quelqu'un qui ne s'aimait pas et qui ne se voyait même pas dans un miroir... Longtemps, et ça m'arrive encore, j'ai vécu dans le regard de l'autre et n'arrivais pas à agir sans me torturer de savoir ce qu'il allait penser de moi. Il m'a fallu batailler sec pour sortir de ça. Me suis brûlée les ailes, ai été manipulée, trompée, flouée, nombreux sont ceux qui viennent boire à la source du besoin que j'avais d'être aimée. J'ai bâti ma vie de couple sur cette sorte de fondation et j'ai oeuvré en pensant plus à mes proches qu'à moi-même.

J'ai mis du temps à comprendre qu'aimer n'était pas ce que je croyais, que ça n'était pas se sacrifier pour l'autre, que ça n'était pas une construction mentale mais un ressenti viscéral. Je me souviens parfaitement le jour où j'ai compris que je n'aimais pas mes enfants mais que je me faisais une idée de ce que devait être l'amour d'une mère. Quel déchirement! Quelle souffrance! Quel tsunami! Soit, j'avais des circonstances atténuantes, ma maman ne m'a jamais aimée, elle-même prisonnière de la même équation, celle qui prouve par a+b qu'on n'est rien sur cette terre. Sa mère lui a transmis, elle me l'a inculquée. Dieu que j'ai souffert de mesurer mon handicap et Dieu que j'ai depuis ce jour rattrapé du terrain.

On ne peut aimer l'autre si on ne s'aime pas. Mais comme c'est difficile de s'aimer quand on ne l'a pas été. J'ai travaillé plus de vingt longues années à récupérer ce possible et je travaille encore chaque jour à le consolider, je sais que c'est tout de même chez moi un peu fragile et que je peux encore m'améliorer. Quand j'ai créé mon blog, pour ouvrir mon espace intellectuel et spirituel et pour voyager au milieu des idées de chacun, je ne pensais pas à tout ce que cette aventure allait changer en moi. On ne peut plus jamais être le ou la même après une expérience comme celle-là.

Je suis passée au cours de ce parcours de presque cinq ans, de la confiance absolue en l'autre, cette sorte d'émerveillement naïf et philanthropique à une misanthropie mesurée. On ne peut aimer tout le monde, ce serait assimilé à n’aimer personne. On ne peut pas non plus être aimé de tout le monde, ça serait ne pas exister, être une chimère, un mythe, un conte de fée. Plus d'une fois j'ai pensé arrêter d'écrire et d'échanger. Tout blogueur sait à quel point cette passion est chronophage comme toutes les passions, mais ce n'est pas la vraie raison. Je me suis sentie devenir de plus en plus libre en apparence, j'avais le sentiment qu'enfin je tenais un moyen pour consolider mon parcours, mon cheminement. Le fait de lâcher ainsi des bouts de moi dans l'espace et ne plus craindre avec le temps les réactions d'autrui, me donnaient de la force, de l'énergie. Et de plus les quelques belles amitiés que j'ai pu y construire m'ont encouragée dans ce processus. Mais finalement suis-je vraiment si libre? Bloguer n'engage-t-il pas? N'est-t-il pas une responsabilité? Ne doit-on pas à nos lecteurs la note quotidienne ou hebdomadaire?

En écrivant il y a peu à Christian, lui demandant s'il n'était pas devenu misanthrope, il m'a posé cette question qui me taraude encore: Mais que sont donc le milliard de Facebookiens et les millions de blogueurs et tous ceux qui sont assis devant leur ordi au lieu de sortir rencontrer leurs semblables en personne?

Cette nouvelle façon de communiquer, de se rencontrer via les mots et les images est-elle  aussi généreuse qu'elle y paraît? Et si bloguer est philanthrope, ne pas bloguer est-il le contraire, donc misanthrope? 

J'aime bien me torturer parfois les méninges. J'aime donner du sens, j'aime creuser et tirer des enseignements des choses, des expériences. J'aimerais bien, aussi, avoir, si possible et si le coeur vous en dit, votre avis, oh que oui...

 

28/03/2013

renaissance

 

 

04/02/2013

Cloud

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- Tomàs Saraceno -

 

Il faut du courage pour créer une pièce de 1.200 mètres carrés, suspendu à 20 mètres du sol, formé par trois membranes qui deviennent autant de niveaux accessibles au public. Un spectacle de la science et de la créativité que l'artiste argentin Tomàs Saraceno (San Miguel de Tucuman, 1973) a été déployé dans le centre d'art Hangar Bicocca à Milan, avec la collaboration de l'entreprise de pneumatiques Pirelli. L'établissement est ouvert jusqu'au 17 Février est nommé sur la mousse espace-temps, un physicien Paul Davies expression faisant référence à un concept de la physique quantique qui inclut l'idée de déplacer les particules subatomiques capables de mutations responsables en la matière l'espace-temps.
 
«Le travail transforme l'architecture dans un organisme vivant, qui réagit aux mouvements des voyages d'utilisateur, ce qui rend visibles les relations qui nous lient avec l'espace. D'un simple étape pour un flux d'air peut déclencher un effet papillon, afin que les gens qui partagent l'espace, apprendre rapidement et instinctivement la nécessité d'équilibrer, agir de manière responsable envers les autres », a déclaré Saraceno, connu pour créations gonflables inspirés par la morphologie des bulles, toiles d'araignées, les réseaux neuronaux ou les formations de nuages.
 
Visible ci-dessous, et accessible par le haut, sur la mousse espace-temps, dont l'accès est interdit aux enfants de moins de 18 ans et ne convient pas à ceux qui souffrent de vertige ou de claustrophobie, est un doux, surface instable qui engage les visiteurs dans un jeu l'interdépendance. "C'est une métaphore de la façon dont nous vivons en interdépendance. Génèrer la nécessité d'une instance de dialogue continu, car tout léger mouvement peut réduire le solde en entier et avoir à réapprendre comment l'interpréter », explique l'artiste, qui considère cette pièce une étape importante de son projet Cloud-villes, une série de travaux basés sur l'utopie de plates-formes de création vivable, respectueux de l'environnement et suspendu.
 
Pendant six mois, jusqu'au dernier Novembre, a montré Saraceno Nuage ville, un autre épisode de la série, sur le toit du Metropolitan Museum de New York. "Cloud ville visuelle, car il inclut de nombreuses surfaces réfléchissante qui permettent aux différents aspects de la réalité perçue en même temps et, en même temps, a déménagé dans des contextes autres". Saraceno a été soutenue par les experts de l'Institut de technologie du Massachusetts. Il continuera à développer la mousse sur l'espace-temps pour en faire une réserve de biosphère autonome peut flotter l'énergie et de l'eau par panneaux solaires et un système rustique pour dessaler l'eau. «Nous voulons Emplazarla entre les Maldives, parce qu'il représente l'exemple parfait d'un paradis que dans 15 ou 20 ans en raison du changement climatique, pourraient disparaître", a déclaré Saraceno, à Milan pour un colloque organisé par Hangar Bicocca. La réunion, qui a rassemblé des penseurs comme le sociologue Bruno Latour, historien de l'art Molly Nesbit et le commissaire du projet, Andrea Lissoni, liée à des œuvres Saraceno avec de gros problèmes comme la nécessité de trouver de nouveaux moyens de vie et de trouver des solutions pour créer une architecture respectueuse de l'environnement et ne sont pas approuvés pour améliorer la relation de l'individu avec son environnement naturel et bâti.
 
 


29/01/2013

petite histoire sans paroles qui en dit long...

 

 

15:11

" Je ne puis vivre personnellement sans mon art. Mais je n'ai jamais placé cet art au-dessus de tout. S'il m'est nécessaire au contraire, c'est qu'il ne se sépare de personne et me permet de vivre, tel que je suis, au niveau de tous. L'art n'est pas à mes yeux une réjouissance solitaire. Il est un moyen d'émouvoir le plus grand nombre d'hommes en leur offrant une image privilégiée de souffrances et des joies communes. Il oblige donc l'artiste à ne pas s'isoler ; il le soumet à la vérité la plus humble et la plus universelle. Et celui qui, souvent, a choisi son destin d'artiste parce qu'il se sentait différent, apprend bien vite qu'il ne nourrira son art, et sa différence, qu'en avouant sa ressemblance avec tous. L'artiste se forge dans cet aller-retour perpétuel de lui aux autres, à mi-chemin de la beauté dont il ne peut se passer et de la communauté à laquelle il ne peut s'arracher. C'est pourquoi les vrais artistes ne méprisent rien ; ils s'obligent à comprendre au lieu de juger. Et, s'ils ont un parti à prendre en ce monde, ce ne peut être que celui d'une société où, selon le grand mot de Nietzsche, ne régnera plus le juge, mais le créateur, qu'il soit travailleur ou intellectuel."

 

- Albert Camus -

 

14/01/2013

Blog & Co (suite 2)

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Toujours dans ma réflexion sur les blogs et grâce aux recherches de Christian dans sa mémoire vive, je vous encourage à aller lire tous les textes que la revue Zinc avait publiés sur le sujet en Automne 2007 dans son numéro spécial Blogue. Black Angel m'a fait remarquer à quel point l'article d'OldCola est celui qui rejoint le plus mes idées sur le blog: j'en profite pour le remercier, le colosse de Bordeaux, d'archiver sans relâche, car grâce à lui on peut y avoir accès, .

 

 

Premiers gestes

Tous les matins, depuis début janvier je reprends mon rituel du début de l'année dernière auquel s'est ajouté les trois pages d'écriture "sans penser" conseillées par "Comment développer sa créativité". Je m'enveloppe dans une veille robe de chambre tantôt bleue tantôt fraise écrasée et j'allume mon ordinateur. D'abord aveuglée par la lumière de l'écran, les yeux encore collés par une nuit chargée de rêves et peuplée d'imageries et d'élucubrantes idées, je consulte mes mails. Quand je vois que j'en ai reçus, je ne les ouvre pas tout de suite, un peu comme je faisais plus jeune avec mon courrier, j'attends, je me délecte d'abord de l'expéditeur en espérant lire encore et encore de quoi me nourrir et je vais faire un tour chez moi et chez mes amis pour sentir ce qui s'est passé pendant la nuit dans leurs vies et dans leurs têtes. Je sens alors que mon esprit amalgame le tout. Le futur passé chez Christian, le chier un schtroumpf chez Mac, le coeur à palme chez Laure, la Tarasque chez VieuxG., Plumi chez Plumi, l'invitation à la valse chez Lelius, Orfeenix et Michael chez Mokhtar et toute la matière à se griser les neurones en commentaire chez moi parce que Laure, parce que Bizak, parce que chaque réaction provoque en chaîne une pensée à l'autre bout. Je me pose. Je réfléchis. Il est déjà sept heures et demie. J'essaie de ne pas me laisser surprendre par des interférences d'ordre pratique, tout ce que je vais devoir accomplir dans la journée. J'essaie de mettre à l'écart les pensées noires, tordues, désernégisantes, empêcheuses d'avancer et je tente de me concentrer sur ce qui me vient à écrire. Les fameuses trois pages d'écriture du matin sont normalement des pages personnelles que personne à par celui qui les écrit ne doit lire. Cela s'avère exact qu'au bout de trois semaines de cet exercice ressortent en filigrane les désirs les plus profonds, les besoins, le mode d'expression. Boileau d'un seul coup me revient en mémoire, le fameux Boileau cité par Venise à son insu, repris par Laure sur son blog, ce qui ce conçoit bien s'énonce clairement, à croire que notre esprit est construit avec cette fulgurance puisqu'il est capable de fabriquer lui-même une réponse à nos problèmes pourvu qu'on veuille bien lire ce qu'il a à dire. A ce moment précis de ma réflexion, je sens le besoin d'aller relire la note de Mistral, parce qu'elle m'a perturbée. Autant le CUS de Mac m'a fait lyeser, autant le questionnement de Christian m'a interpellée, vraiment: Un autodidacte célébré pour sa maîtrise du langage peut-il, avec le moindre espoir de convaincre, exprimer le drame de l'ignorance structurelle de sa génération? Et dénoncer la sienne propre, s'il songe à tout ce qu'on a criminellement négligé de lui enseigner? Peut-il avec succès alerter ses contemporains à l'urgence d'agir alors même qu'il semble incarner à lui tout seul l'inexistence du problème qu'il soulève? Toute son éloquence ne servira qu'à dissimuler l'agonie de l'éloquence. Ultimement, la logique exigera qu'on ne sache plus parler pour persuader autrui des périls que court la parole, qu'il ne sache plus nous comprendre, il faudra perdre le lire et l'écrire pour qu'un illettré adresse à un autre une missive bien sentie s'inquiétant du cours des choses. Absurde à un bout, absurde à l'autre et sans substance au milieu: ce fil de réflexion me contraint depuis longtemps, aussi sûrement qu'une chaîne soudée à un piquet planté dans un champ, quand elle mène à un collier coulant qui ceint le cou d'un grand chien jaune. Aïe. Ne pouvons-nous donc pas nous permettre l'imperfection? Ne sommes-nous pas condamnés à toujours peaufiner et à toujours aiguiser nos couteaux, comme en cuisine, plus on s'en sert, plus il faut affûter la lame pour qu'elle reste coupante? Je reste avec ma réflexion un bon moment avant de mesurer la souffrance qu'implique une telle prise de conscience, une telle absurdité. En même temps je sens qu'elle me pousse dans mes retranchements, et toi que fais-tu pour que ça change, quelle pierre vas-tu mettre à l'édifice de l'humanité, comment vas-tu t'y prendre? 


13/01/2013

Pola Kinski

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- Photo de Pola Kinski -

 

C'est toujours difficile pour moi de lire des choses comme ça, d'autant que j'ai toujours trouvé Klaus Kisnki fou certes mais génial, stupéfiant, envoûtant et hors du commun. Jamais évidemment je n'aurais imaginé qu'il puisse avoir à ce point maltraité sa fille. C'est normal. Personne ne peut penser qu'un père ou qu'une mère puisse manquer de discernement, d'humanité, d'empathie. Je ne doute pas que son enfance à lui ait été misérable et torturante, incestueuse et destructrice mais ça me fait mal de voir qu'il n'a pu faire autrement que de reproduire. J'y pense souvent moi aussi, je pense souvent à tout ce qui aurait pu être évité si mon grand-père, ma mère et mon père, leurs parents, leurs grand-parents s'y étaient pris autrement. Et même si j'ai plus ou moins réussi à faire pousser un jardin de fleurs sur ce fumier familial, même si les souffrances que j'ai endurées pour en sortir sont maintenant derrière moi et ont fait de moi la femme que je suis, je ne peux m'empêcher d'avoir mal quand je croise un tel témoignage. Probablement qu'il y a quelques années encore, ça m'aurait mise dans une rage folle. Plus maintenant. Je suis profondément attristée et intimement convaincue que c'est bien que les choses soient dites un jour ou l'autre, pour elle, pour ses enfants et pour nous tous. C'est un sujet tellement difficile à aborder et comment faire autrement pour que ça s'arrête?

- Kindermund, parole d'enfant, de Pola Kinski -


 

09/01/2013

Blog & Co

C'est la question d'un vieil ami lecteur assidu de mon blog: "qu'est-ce que le blog change dans ta vie, qu'est-ce qu'il t'apporte?" et la naissance des blogs de Mokhtar, Lélius et Plumi qui m'ont engagée dans cette énième réflexion sur l'utilité et les conséquences que peuvent avoir la tenue d'un blog. Pendant que Christian Mistral, à qui j'ai évidemment posé la question en tout premier quand j'ai décidé de mettre à contribution certains blogueurs eux-mêmes assidus lecteurs d'Helenablue et fervents créateurs de leurs espaces, cherche à trouver une réponse en relisant tout du sien et du mien, commentaires compris, ainsi que deux ans de celui de Sandy depuis plusieurs jours et plusieurs nuits, d'autres m'ont fait part de leur ressenti, de leur impression et de leur vision par rapport à ce magnifique outil possible de communication. Je les en remercie.

Venise, qui comme chacun le sait ici, tient un blog spécialisé en littérature québécoise, "le Passe-mot" depuis plus de cinq ans a généreusement répondu à ma question. Je vous livre sa réflexion grisante, couleur de l'encre qu'elle utilise:

Le blogue est devenu à la longue un prolongement de ma parole. Un écho qui me renvoie des pistes de réflexion. C'est un livre interactif que j'écris avec des personnes avec qui j'ai des affinités ou, à tout le moins, un intérêt commun. C'est un outil merveilleux de promotion pour la littérature québécoise. Je me sens investie d'une mission, tellement on me fait sentir que mon rôle est apprécié. Le milieu littéraire est petit au Québec et je me sens faire partie d'un milieu, en me déplaçant pourtant rarement
 
En utilisant la tribune du Passe-Mot, je reste chez moi dans mon corps et je sors par l'esprit, jusqu'à devenir, dans une petite part, une personnalité publique. Il arrive que l'on me reconnaisse, à l'épicerie par exemple. J'aime l'idée que mon esprit me précède.
 
Mon blogue a été une carte d'entrée pour me joindre à une communauté de blogues dans une entreprise importante dans le milieu culturel ; le magazine Voir. Je ne parle pas plus haut, pas plus fort, mais je suis entendue. Ça donne une autre dimension à mon existence. En plus, cela me pousse au dépassement. Je pense souvent à cet adage : "Ce qui se conçoit aisément, s'énonce facilement". C'est ma gymnastique de l'esprit.
 
Le Passe-Mot est un port d'attache, ce qui est une image belle pour une Venise. C'est un espace où je suis valorisée. Cela fait maintenant 5 ans et demi, et je ne le regrette pas un instant, malgré les efforts soutenus exigés, dont un nommé discipline.

 
Mokhtar, toujours aussi magnifiquement inspiré a réagi ainsi:
 
Avoir un blog c'est découvrir un organe qu'on a toujours eu et dont on ne s'est jamais servi; ça frise une dimension existentielle, voire métaphysique de canalisation des possibilités de son être-là au monde. Le blog n'est ni superficiel ni virtuel! c'est un jeu-enjeu-entre-jeu du je, des je ! Il est un pied-de-nez à toutes les formes de dictature, à commencer par la familiale jusqu'à l'infecte politique qui fonctionne à la répression-censure! Tous ceux qui disent que le blog est une illusion ou une virtualité sont soit des maladroits qui ne savent pas utiliser cet atout , soit les maquignons de l'édition qui veulent aliéner toute expressivité libre et la transformer en fric pour eux, en exerçant leurs diktats du "si tu changeais ça, si tu enlevais ceci: l'expropriation de notre en-soi intrinsèque. Ce qui fait rager les dictateurs de tout acabit c'est ce contre-pouvoir que parviennent à créer, à la longue les blogueurs. Il y  une tentative de créer un cimetière de blogs, comme celui des éléphants mais nous sommes et serons là! 
Je crois que les gens recommencent à prendre conscience de cet enjeu du blog. Et plusieurs blogs, même fermés, rouvrent leurs portes! 
Voici ce que je réponds à ta question.

 
Tandis que Bizak, très courtois et affable me donnait sa réponse en ces termes:
 

Merci, Blue, de ton invitation à participer, à la confection de ta note sur le blog !

D’entrée, Blue, je dirais que je t’ai connu toi ! Femme d’une extrême sensibilité et dont je dois le reconnaître, tu m’as apporté beaucoup par l’engouement et l'envie que tu instilles dans les échanges tellement riches sur tout ce qui concerne la vie et ses vicissitudes ainsi que ses bonheurs. Pour résumer, le blog m’apporté une autre façon de jouir du plaisir de la vie en société, sans qu’on soit présent physiquement ensemble mais c’est tout, comme ! En vérité l’impression ressentie, hormis la présence physique, tout le reste était présent : on rit, on discute (on écrit !), on se boude, on s’énerve, on se fâche, on se présente des amis(es), on reste longtemps sans se parler et on reprend …etc.

 1) Le blog donc, est une société dans une société, c’est une cellule familiale où les échanges sont publics. On ne sort pas de chez soi et on se voit quand même ; il y’a en fait une présence permanente !

Je me rappelle mes débuts avec le blog, où quand je ne pouvais pas rendre publique mes sentiments sur un sujet, je m’épanchais en t’envoyant un émail où je m’ouvrais à toi sans jamais l’avoir fait dans le passé, du temps où le blog et internet n’existaient pas.

 2) Le blog m’a permis de me rapprocher de beaucoup de gens quelques soient leurs opinions, leur positions politiques ou autres. Quand un sujet ne me plait pas, point d’explication à donner, il suffit de ne pas commenter (jamais on ne saura la raison, même si les temps d’arrêt parlent eux aussi…-Mokhtar n’aime pas les points de suspension-)

 3) J’ai découvert des Gens charmants ! Je suis à peu près sûr que si un jour, je rencontre (physiquement parlant) un parmi vous, surtout de ceux ou celles avec qui j’ai un certain ressenti, amical bien sûr, (Il se pourrait qu’il y’ait aussi des surprises, bonnes ou mauvaises !), je me ferais un plaisir de les approcher un peu plus, si bien sûr les deux parties conviennent de cette possibilité.

 4) J’ai remarqué aussi que des blogueurs pour une raison ou une autre, se chamaillent, se quittent en direct, s’insultent, ferment leur blog, en ouvrent un autre, etc.…C’est comme dans la vie en général avant l’existence du blog.

 Conclusion : Quel étrange outil que le blog (cette toile d’araignée mondiale..) ! Comme tout outil, il y’a ses bons et ses mauvais côtés! Pour moi, s’il y’a du respect, de la convivialité, de l’amour, du partage, de la solidarité ! Le blog est  un objet « non obscur »du désir, de l’amitié, des hommes et des femmes civilisés.

 

Voilà déjà matière à réfléchir et à penser. Le blog, un formidable outil pour s'exprimer, promouvoir, partager, se réaliser, rencontrer, créer du lien... Mais encore?

Claudio, qui réfléchit à ça depuis longtemps et que j'ai déjà sollicité pour entendre ce qu'il a à en dire, pensant se répéter m'a donné une réponse qui lui ressemble bien:

 

Blogueur depuis 6 ans avec des interruptions, j’en suis à mon troisième blog. A chaque fois que j’en fermais un je croyais que c’était définitif, puis, le virus me reprenait ; ça me manquait, tout simplement.

Cependant, il y a eu une évolution. Si au début, j’aimais échanger sur des sujets brûlants (actualité, politique…) et débattre, peu à peu c’est devenu un lieu où je dépose des choses, pour les partager bien sûr, mais sans besoin de retour comme c’était le cas auparavant.

Ce que globalement cela m’a apporté, c’est de rencontrer des gens, parfois « en vrai » et de me dire que ce sont des amis, plus vrais que d’autres d’ailleurs, puisque nos échanges virtuels se sont toujours faits, et c’est leur qualité première selon moi, sur l’essentiel, sur l’humain. La « vraie vie » (j’écris cela pour me faire comprendre car pour moi, les blogs c’est aussi la vraie vie) demande trop d’obligations sociales et conventionnelles, des entrées en matière, des politesses inutiles, des salamalecs, que les échanges bloguesques nous économisent.

Depuis le début de mon expérience, les réseaux sociaux ont rogné l’impact du blog et me servent pour des partages de liens ou des pensées furtives. Plutôt inadaptés à la réflexion de fond ou à la création, ils laissent aux blogs le soin de les accueillir en dessinant également une véritable identité de leurs auteurs.  Aussi, cette expérience m’a permis de mieux me regarder de l’extérieur et de cerner l’image qu’on pouvait avoir de moi.

Cet outil ne change pas la vie, mais peut changer son rapport aux autres. Chacun portant sa croix, on se bagarre en permanence contre des choses. L’une de mes croix étant une timidité maladive, cette activité m’a fait progresser, même si je suis conscient de ne jamais guérir. Mais c’est déjà pas mal.

Je crois, en ce qui me concerne, qu’étant plus à l’aise avec l’écrit qu’avec le rapport direct, j’ai pu me familiariser assez rapidement avec  ce moyen de communiquer et d’échanger.

Assez exigeant avec moi-même je m’oblige à un billet quotidien. Cela me permet de rester en éveil. Je ne saurai tenir un blog en dilettante. Et aussi de grouper, au même endroit, l’essentiel de mes réflexions.

En conclusion, les échanges, l’apprentissage, les amitiés, l’ouverture, l’éveil, la progression... que du bon. Car, contrairement à d’autres lieux sociaux, on peut s’abstenir, passer, rester, éviter… la liberté de chacun se trouve devant son clavier et les contraintes sociales n’existent quasiment pas.

J’ajoute que souvent vient l’angoisse de se répéter et de n’avoir plus rien à dire. On a beau changer d’angle, on sent bien qu’on radote. Combien de fois ai-je découvert, après-coup que j’avais déjà traité le sujet quelques années auparavant !? Tant pis. C’est que ce qui nous passionne et ce qui nous hante ne change pas tant que ça en réalité.


 Changer son rapport aux autres, se dicipliner, partager. Pour ce qui est d'offrir, Lélius semble y être particulièrement sensible, dans sa réponse, en plus de découvrir qu'il pratique ses talents pour quelques rares depuis longtemps on ressent le plaisir qu'il trouve à donner et que ça ne soit pas trop compliqué à mettre en place. Le blog est un outil à la portée de tous, techniquement, j'entends. C'est plus le contenu et ce qu'on veut en faire qui demande une certaine exigence et une constance.

 

Pourquoi un blog? Parce que je continue par un moyen plus large, plus nouveau et pluridimensionnel à "passer" vers d'autres mes émotions culturelles et artistiques. Jusqu'à ce blog, et depuis de nombreuses années, je réalisais des enregistrements sonores (voix et musiques) de textes, à destination de mes amis, sous forme de CD.  
Ici, je peux y ajouter l'image fixe ou animée, et surtout le talent des autres dans la forme qu'ils ou elles ont choisi.
La vraie question est : pourquoi la démarche, avant ou avec le blog? Je crois que c'est la même que celle qui pousse à l'écriture, sauf qu'ici les autres, connus ou anonymes, ont fait une grande partie du travail de création

Ce que cela change dans ma vie? Ce que cela m'apporte? Rien de plus que lorsque je préparais mes CD, le même plaisir, mais plus complet et plus fréquent.

Le blog me convient car, à la fois, il sert  mon désir de donner, me laisse espérer, peut-être, une reconnaissance là où je n'avais pas coutume de la trouver jadis, tout en flattant la plus belle de mes rares qualités qui est aussi mon plus lourd défaut, ma paresse.

 

Laure, qui je l'espère va trouver essence pour nourrir son projet dans ce que chacun a à dire sur le sujet, m'a envoyé ce qui est sorti d'elle à minuit avant-hier faisant ainsi entorse à sa régulation intérieure:

 

Presque cinq ans à bloguer, ça fait 365 jours par an. Diantre !
Pourquoi voir le verre à moitié vide alors qu'il est plein et qu'il regorge d'abondantes idées ?
et bien parce qu'il faut maintenant sortir, inscrire, imprimer le réel, non plus en fantasmes et allégories, bien que jamais je ne 
m'en lasserais.
Pourquoi bloguer ?
Pour rompre sa solitude souterraine d'une part, ensuite pour voyager, découvrir, s'ouvrir, appréhender l'autre et sa façon particulière
de communiquer. En prendre de la graine ou le réfuter, se frotter aux injonctions, aux autres sensations et apprendre à entendre.
Se laisser choir dans un fauteuil familier, s'entendre lire des mots amis, dans la solitude de mon cockpit amarré.
S'octroyer ce temps comme un espace d'échanges, ou besoin de s'épancher sans trop en dire, mais en laissant agir les mots.
Pourtant, la chronophagie de cette activité a pris le dessus sur mes considérations pratiques. Pour moi, la façon dont je l'ai 
utilisé, ou usé, je ne sais, commence à devenir problématique dans l'usage de la vie. Celle du dehors. Pas celle du dedans.
Il faut un équilibre. Nourrir l'une sans appauvrir l'autre. Hors l'une pousse hors sol depuis trop longtemps. Je dois donc y faire pousser des branches
d'autant qu'elles se nourrissent du même terreau. Voilà, en somme, là où j'en suis dans ma blog attitude. 
Trouver le bon équilibre, dans lequel il y a "libre". Je m'octroie donc un sevrage et une timing limité en ce début d'année. 
Un truc suffisamment cadrant pour percer la toile et la transposer. 
Mais le plaisir de vous lire tous, ici et là, est toujours aussi communicatif et passionnant et réchauffant.


Se confronter, s'ouvrir, se faire choyer, être entendu, écrire aussi bien entendu, dévoiler, découvrir, s'extraire, s'étonner. Le blog permet tout ça aussi. Il permet une vie dans la vie qui est la vie même. C'est un mode d'expression riche et étonnant de libertés. Inspirant. Laure me parle souvent de ce côté envahissant, du temps que ça prend... Sans doute est-ce parce qu'elle a encore un enfant en bas âge. Lorsqu'on a comme moi élevé trois petits gars, le temps et l'énergie que demande cet enfant là est moindre. Donner, construire, transmettre, entourer, créer, aimer, cuisiner, inspirer... Des gestes de père ou de mère. Des gestes d'êtres humains.

 

J'ai demandé à Plumitif aussi. Comme il est tout frais moulu dans cette grande famille, je voulais qu'il me dise ou redise ce qui l'avait motivé rejoindre cette communauté bloguesque. Voilà ce qu'il m'a répondu:

Pour ce qui est de ma première motivation,  c’est vraiment ce que j’en ai dit sur mon blog : le souci de rendre la pareille, de ne pas rester là à juste profiter de la générosité des autres en simple observateur… Mais après il faut bien aussi trouver la matière à y transmettre, et donc la motivation à la produire, cette matière. Et là, c’est moins évident. Je n’en suis encore qu’au tout début, ça va sans doute se préciser peu à peu mais, en gros, il y a l’occasion de partager des créations qui, par leur nature, n’avaient pas encore trouvé un espace de diffusion approprié. En particulier, étant un créateur viscéralement multidisciplinaire (et pas du tout un « touche-à-tout » - ce sont des axes de création distincts aucunement interchangeables ou arbitraires qui correspondent à des dimensions intérieures forcément liées), il m’a semblé que le blog offrait un lieu potentiellement idéal pour explorer les liens entre ces axes et réfléchir, avec d’autres, sur la création elle-même. Et puis, plus simplement, c’est quand même beaucoup pour le plaisir d’échanger avec plein de gens passionnants disséminés un peu partout sur la planète qui me resteraient inaccessibles autrement!

 

La réponse d'Anne prouve qu'il peut aussi y avoir une dimension socialisante dans le fait d'avoir un blog. 

Alors, blog.....ce qu'il a changé ? il m'a ré-inscrite dans le monde, il a rompu l'isolement ; en me permettant de rencontrer des gens, de confronter des points de vue, d'exprimer des choses et de ressentir des émotions, il m'a redonné sève, en quelque  sorte ; je vivotais chez moi, heureuse d'y être seule, car je n'aime que les petits comités, mais je me sentais, d'une certaine façon, morte ; hors du monde ; vivre seule ( ou quasi...), c'est pas ça qui est le pire ! ça, ça me va tout à fait ! mais vivre isolée....n'avoir quasi personne avec qui échanger, avec qui partager des trucs, même banals et quotidiens (et notre quotidien est souvent l'aventure des autres), c'était sclérosant, stérilisant. Un blog permet des échanges comme je les aime : non étouffants, affables, bienveillants même lorsqu'ils sont critiques. Une vraie bouffée d'oxygène ! Il m'est difficile de côtoyer les gens au quotidien, à force ça me bouffe et je pars ; mais avec un blog, ils sont là sans être là, les autres, ils ne sont pas pesants ! j'ai trouvé chaussure à mon pied, de bons amis, et une forme de sociabilité qui convient à ma "sauvagerie". Que du bonheur !

 

C'est celle de Vieux-G, poétique à souhait, qui fera la conclusion de ce petit audit qui j'espère ouvrira d'autres pistes et permettra à ceux qui n'ont pas de blogs mais qui les visitent de donner leurs impressions et la nature du plaisir qu'ils ont à visiter telle ou telle maison et à tous ceux que je n'ai pas interrogé et qui ont eux aussi un blog d'entrer dans cette réflexion en partageant leurs expériences et élaborations sur ce sujet.

Le blogue me met en relation avec toute une nation de poètes, dont les sourires laissent tomber des coulisses de couleurs, le blogue, c'est une rêverie 2.0, c'est rêver collectivement. Bloguer, c'est encore découvrir des multitudes de trésors éternués par de beaux cerveaux. Ça me procure un engouement supplémentaire pour l'écriture. Avant, j'étais seul, l'écume d'un verbe refoulé autour des lèvres, éclairé par une sinistre lampe à l'huile, maintenant je m'exprime, primesautier, en sachant être entendu, sous l'astre de cette belle communauté.

 

Et comme me l'a mis la dame des Ocreries à la fin de son mail: Blog is beautiful! N'est-il pas?

 

27/12/2012

C'est l'heure des bilans...

Chaque année, on se repasse en trois coups de cuillère à pot ce qui vient de se vivre à la vitesse grand V en espérant tirer de ses erreurs un enseignement. Parfois on y arrive, parfois on replonge, on s'en veut, on s'égare mais y réfléchir ne peut pas faire de mal. Il y a des choses qu'il faut qu'on revivre jusqu'à l'écoeurement.

Je cherche ici une stimulation intelectuelle, bloguer m'empêche de m'assécher, de me rabougrir, de m'appauvrir. Bloguer me donne l'énergie nécessaire pour remuer mes méninges, sortir de sa torpeur mon bulbe paresseux. Les neurones, ça s'endort vite si on ne les secoue pas un peu.

J'ai toujours ce vieux besoin qui me colle à la panse d'être désirée, aimée, adulée. C'est un handicap sincère chez moi, ça m'empêche parfois de m'exprimer de peur de déplaire et d'être abandonnée. Pas encore réussi à éradiquer l'effet alors que j'en connais la source. Comme quoi bien se connaître ne suffit pas, faut aussi s'oublier.

Je rêve souvent d'être une autre, et pourtant pas si autre que ça. C'est étrange cet insatiable réflexe de rêver une autre vie que la sienne, alors que dans les moments de grâce, et Dieu soit loué, il y en a, je ne voudrais pour rien au monde n'être autre que moi.

J'ai écrit de la main gauche, j'ai appris à formuler mes demandes de façon plus explicite, j'ai souffert d'avoir à tirer le diable par la queue, j'ai découvert un vers dans mon fruit, j'ai mangé de la vache enragée, j'ai compris qu'étaient plus que rares les gens sur qui tu peux compter (chaque année je les pense plus nombreux), j'ai goûté au chagrin de la perte d'un être cher, je n'ai pas écrit autant que je l'aurais voulu parce que je ne m'en suis pas donné les moyens et j'ai cultivé mon jardin, c'est ce dont je suis le plus fière: mes fils vont bien.

Apprendre reste mon fer de lance, éprouver aussi. J'aime au travers de mes découvertes, de mes voyages, de mes émotions, de mes partages sentir le fluide de la vie m'envahir. Je crois que tout est dans cet appétit de vivre, de découvrir et d'offrir.

Une mer trop d'huile me donne des bouffées de chaleur. Le chaos est parfois nécessaire. Le fameux calme après la tempête, la douceur après la peur, les réveils spontanés en sueur. Je suis bien trop complexe pour ne vivre que des bons sentiments. Pourtant la simplicité m'émeut tant. Toujours cette sensation d'être un paradoxe ambulant.

J'aurais aimé aimer davantage et mieux, cette année encore. Je n'ai pas toujours été à la hauteur de mes frissons. Ce qu'on peut être lâche pour se protéger, ce qu'on peut être couard. Ce que c'est difficile d'être conséquent, d'être congruent, d'être sincère.

On avance tous à force de printemps...

 

19/12/2012

Écrire

" Il y a une folie d'écrire qui est en soi-même, une folie d'écrire furieuse mais ce n'est pas pour cela qu'on est dans la folie. Au contraire.

L'écriture c'est l'inconnu. Avant d'écrire on ne sait rien de ce qu'on va écrire. Et en toute lucidité.

C'est l'inconnu de soi, de sa tête, de son corps. Ce n'est même pas une réflexion, écrire, c'est une sorte de faculté qu'on a à côté de sa personne, parallèlement à elle-même, d'une autre personne qui apparaît et qui avance, invisible, douée de pensée, de colère, et qui quelquefois, de son propre fait, est en danger d'en perdre la vie.

Si on savait quelque chose de ce qu'on va écrire, avant de le faire, avant d'écrire, on n'écrirait jamais. Ce ne serait pas la peine.

Écrire c'est tenter de savoir ce qu'on écrirait si on écrivait - on ne le sait qu'après - avant, c'est la question la plus dangeureuse que l'on puisse se poser. Mais c'est la plus courante aussi.

 

L'écrit ça arrive comme le vent, c'est nu, c'est de l'encre, c'est l'écrit, et ça passe comme rien d'autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie. "

 

- Marguerite Duras -

 

 

24/10/2012

disparaître pour apparaître

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21/10/2012

L'enterrement (Festen... la suite)

 

Je viens de voir la pièce "L'enterrement ( Festen... la suite)". J'en suis sortie en larmes. Je m'y attendais! Je savais parfaitement qu'un tel sujet ne me laisserait pas insensible quoique l'auteur ai choisi de me dire. C'était pire encore que ce que j'imaginais. Au départ, ça commence léger, pour tout ceux qui ont vu Festen, on replonge dans l'atmosphère du film et vite des images viennent à l'esprit même si ça n'est ça n'est que suggéré par un truchement cinématographique. Tout de suite on y est.  Un à un les personnages reviennent: Christian, le fils violé, marié à Pia, la serveuse de l’hôtel paternel. Son frère Michael et sa nouvelle épouse, Sofie, qui ignore totalement l’histoire tragique de la famille. Helene, la sœur, sorte de régulateur agressif des relations joué par une Mathilda May déchaînée et Else, la mère, presque absente à elle-même, évanescente. Kim, le cuisinier, qu'on retrouve avec bonheur et Henning, le fils de Michael, douze ans, fragile. La famille semble apaisée et la pièce s’égrène sur le mode de la comédie, avant de basculer violemment dans la tragédie. J'ai entendu à la fin de la représentation derrière moi des " ça commence à bien faire, trop c'est trop, c'est abuser..." Moi j'étais scotchée par la cruauté de l'après proposé par Thomas Vinterberg et Mogens Rukov. Après la mort du père, qu'allait-il donc se passer? Après la mort du mien que va-t-il se produire? Sans doute pas ce que je viens de voir, Dieu soit loué parce qu'il n'y a pas eu après la révélation des faits tant de distance mise entre les protagonistes mais une réelle volonté d'en découdre et de faire autrement. "L'enterrement" est pourtant réaliste, il tient compte de tout ce que j'ai pu apprendre sur le sujet, de ces fantômes qui errent dans les familles, de ces putains de loyautés et de ce malheureux et infernal piège de la répétition. J'en ai le sang glacé tant c'est justement rendu dans cette pièce. Les acteurs donnent tout, ils vivent de l'intérieur ce drame humain poignant et arrivent parfaitement à rendre ce qui se passe dans ce genre de dramatrugie familiale obscène. Samuel Le Bihan en Michael, le fils à priori épargné est exceptionnel, Pierre Cassignard poignant dans le rôle de Christian l'abusé abuseur à son tour, Mélanie Doutey qui joue Sofie est un feu-follet dans cette sinistre histoire et Caroline Proust est une Pia renversante de sincérité." L'enterrement" a le mérite de parler de sujet plutôt tabou et plutôt délicat à aborder, il le fait avec intelligence,humour et humanité, ça n'est pas "trop", bien au contraire. C'est courageux et brillant. Et ça met en lumière à quel point l'inceste est destructeur, cruel, ravageur pour les individus et à quel point aussi la révélation de l'inceste au sein de la famille ne suffit pas pour en éradiquer les effets au coeur même des individus. Je le sais. Je l'ai vécu. Je le vis encore. Le jour où comme dans cette pièce nous aurons à vivre mon frère, ma soeur, ma mère et moi, l'enterrement de notre propre père comme ce que nous avons eu à vivre à l'enterrement du père de notre mère, nous mesurerons, je crois combien nous avons encore à faire pour protéger nos enfants de cette folie et pour sortir libre enfin de cet affreux piège dans lequel nous sommes tombés petits. Daniel Benoin, merci!

 

12/10/2012

"Oser avec audace"

Vu chez Laure...

 

 

J'ai appris deux choses l'année dernière. La première est que la vulnérabilité n'est pas faiblesse. Et ce mythe est terriblement dangereux. Laissez-moi vous demander honnêtement -- et je vous préviens, je suis un psy, je sais comment vous gêner -- si vous pouviez donc lever la main combien d'entre vous, honnêtement, en pensant à une action qui vous rendrait vulnérable ou à dire quelque chose qui vous rendrait vulnérable, se disent, « Mon Dieu, la vulnérabilité est une faiblesse. Ceci est une faiblesse » Combien d'entre vous pensent que la vulnérabilité est un synonyme de faiblesse ? La grande majorité. Je vais vous poser une question: Cette semaine à TED, combien d’entre vous, en voyant la vulnérabilité ici sur scène, ont pensé que c'était du pur courage ? La vulnérabilité n'est pas une faiblesse. Je défini la vulnérabilité comme un risque émotionnel une mise à nu, une incertitude. Elle alimente nos vies quotidiennes. Et j'en suis arrivée à la conviction -- c'est ma 12ème année de recherche -- que la vulnérabilité est la mesure la plus précise que nous ayons du courage -- être vulnérable, se mettre à nu, être honnête. (...)

Si nous devons trouvons un moyen de nous rapprocher les uns des autres, la vulnérabilité en est le chemin. Et je sais que c’est alléchant de rester en dehors de l’arène, parce que je l’ai fait toute ma vie, en pensant, Je vais botter le cul à tout le monde quand je serai blindée et parfaite. Et c’est alléchant. Mais la vérité est que ça n’arrive jamais. Et même si vous arrivez à être aussi parfait que possible et aussi blindés que possible en rentrant dans l’arène, ce n’est pas ce que vous voulez voir. Nous voulons que vous y rentriez. Nous voulons être avec vous et en face de vous. Et nous voulons, pour nous-mêmes et pour les personnes auxquelles nous tenons et pour ceux avec qui nous travaillons, « Oser avec audace ».

- Brené Brown

 

 

05/10/2012

se comprendre

"On a tous en nous un monde de choses, chacun un monde de choses à soi! Et comment pouvons-nous nous comprendre, monsieur, si dans les mots que je prononce je mets le sens et la valeur des choses que j'ai en moi; alors que celui qui les écoute es prend inévitablement avec le sens et la valeur qu'ils ont pour lui, avec son monde à lui?"

- Luigi Pirandello- Six personnages en quête d'auteur -



05/09/2012

Mots pour maux

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Ok! Ben le pense et l'écrit en façade mais je ne pense pas comme lui, même que je pense le contraire enfin pas tout à fait, disons un entre-deux. Les mots peuvent être aussi assassins que libérateurs, ils peuvent faire rire comme faire pleurer, faire mal et faire en sorte de devenir meilleur. Dans une société d'images et de passage, les mots ancrent et posent et fortifient.

Le mot, les mots peuvent trahir autant qu'ils subjuguent. Les mots sont l'avenir mais pas dans n'importe quelles mains. Les mots mis au service de nobles desseins libèrent, tempérent, créent. Et, permettent à certains et certaines d'être et d'exprimer. Maux à mots, mots pour maux, les mots sont inépuisables et toujours là, prêts à bondir pour panser et construire. Ayo!! Peut-être que, je les aime trop!