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29/01/2012

A bout de souffle

Mon beau-père disait toujours: "tu n'as rien donné si tu n'as pas tout donné!" Là, je crois être allée jusqu'au bout de ce que je pouvais faire et je me sens complètement rétamée, vidée, assagie. Entreprendre est une jouissance pour moi, créer, remuer, découvrir, aller de l'avant. Ma mission cette fois était plus délicate, il me fallait défaire ce qui m'avait faite pendant plus de vingt ans pour satisfaire à une pression économique de plus en plus prégante et coller davantage au marché. Cela demande plus d'énergie encore, une sorte de deuil doit être fait et en même temps une énergie créatrice est à insufler. C'est fait. Deux moi de dur labeur, deux mois alternant la nostalgie de la perte et l'euphorie de l'aventure nouvelle, deux mois physiquement éprouvant et moralement épuisant, deux mois à coordonner les équipes d'ouvriers, à mettre la main à la pâte, à gérer les états d'âme des uns et des autres, à affronter sa peur, à construire, à édifier. Tout penser, tout élaborer, tout mettre en place. Deux mois d'intensité. Je ressens aujourd'hui un grand apaisement, je me sens agrandie, je ne sais comment dire cette place qu'a libérée en moi ce changement. J'ai mué. Pendant toute une nuit il y a de ça quelques jours, j'ai transpiré comme jamais, je sentais la nouvelle femme se faire larvée au fond de mon lit sous ma couette rayée. Au réveil j'ai eu l'impression de ne plus être la même. A bout de souffle, oui, mais en paix. La récompensse du travail bien fait. Yeah!

 

Commentaires

Rouge et Bleu sont désormais activés ...c'est une image un peu facile que d'y associer la circulation sanguine du coeur, mais c'est cette image symbomique qui m' est apparu quand tu as répondu à mon coup de fil l'autre jour sous la nouvelle appellation de la boutique. J'ai eu comme une explosion de rouge dans la tête. Puis je t'ai imaginé dans ce nouveau lieu, avec du rouge et des rayures et me suis demandé comment ça t'allait au teint ? bref, si tu t'y retrouvais.

Je réalise que c'est symboliquement énorme, ce que vous venez de faire, toi et Pat, dans ce lieu.
Plus l'ombre d'un doute, c'est une longue vie qui s'exprime...

Écrit par : Laure K. Pompette | 29/01/2012

Non, je ne m'y retrouve pas vraiment, trop étriqué, trop formaté, trop pas moi. Pourtant un peu de moi subsiste néanmoins, les murs sont imprégnés, on ne peut rien y faire. mes clientes étaient déroutées. Elles aiment le lieu, il est clair et lumineux, coloré, épuré, apaisant. Pourtant elles n'étaient pas à l'aise de m'y voir, comme si je n'étais pas à ma place. Je ne peux mentir, mon corps ne peut mentir, ma tête non plus, je suis bien trop entière et bien trop sincère depuis tellement longtemps!
Vais oeuvrer autrement, vais m'exprimer autrement, vais trouver une autre façon de faire.
Oui, c'est énorme et symboliquement et émotionnellement, l'aventure artistique n'est pas compatible avec les contraintes économiques. Nous avons mis plus de vingt ans pour le comprendre... D'autres voies s'ouvrent à nous, Pat a finalement renoué avec la peinture et moi, je vais écrire davantage. Voilà. Une autre vie s'ouvre à nous!

Écrit par : helenablue | 29/01/2012

oui c'est vraiment une autre vie et elle sera belle...le lieu peu importe...un lieu sans vie est inexistant... le lieu est plustôt dans tes mots dans tes gestes dans ton écoute et dans cette rare disponibilité...mais je suis sure que celui là a aussi hérité de ta vivacité...

Écrit par : laurence | 29/01/2012

Et ça va donner quoi, alors, tout ça ?

Écrit par : anne des ocreries | 30/01/2012

Une nouvelle boutique refaite à neuf sous une enseigne nationale, une nouvelle embauche et un autre lieu à investir et à remodeler. Voilà!

Écrit par : helenablue | 30/01/2012

Oh! Et puis un roman...

Écrit par : helenablue | 30/01/2012

Les commentaires sont fermés.