28/09/2012
Une autre extraordinaire journée ordinaire -2-
Plate, plate plate. Rien. Rien à se mettre sous la dent. Le néant. Le vide. Et la peur qui pointe son bout de nez. Quel métier stupide! Pas même la force de prendre mon livre. J'ai ma déclaration de douane à faire, et puis les taxes et paiements divers. J'ai la sensation effrayante de ne faire que des chèques, alors que je devrais plutôt les recevoir. Pas de pluie à l'horizon! En tout cas pas de cette nature. Faut être cinglée pour faire ce métier! Pourtant je m'accroche, pourtant j'y crois, pourtant je me dis que les gens ont besoin d'être admis, aimés, reconnus, regardés, conseillés, respectés, entendus. J'ai peur, peur de ne plus être dans la course, peur d'avoir trop envie de faire autrement que le courant, peur d'en payer le prix une nouvelle fois. Indépendant, une utopie, un rêve d'enfant, une lubie! Trop de charges, trop d'impôts trop de trop. Mais l'âme sincère et toujours au taquet, pas le moment de chômer.
Elle revient me voir une énième fois, c'est incroyable à quel point l'indécision fait partie de sa vie. Je la bouscule un peu, "oui, mais vous, oui mais vous..." Oui, quoi, moi? Je suis toujours stupéfaite à quel point les femmes que je rencontre me trouve pleine, féminine, là, entière, féline. Certaines sont partagées entre la confiance et la méfiance, elles sont bigrement partagées, elles sont méfiantes et puis d'un coup super confiantes. Etrange. Je leur fait peur, je le sens. Elles me respectent. Elles m'envient. Elles voudraient vivre ma vie. Elles se disent que peut-être, elles aussi... (Si seulement elles savaient, le prix que j'ai payé.) Elles aussi elles pourraient passer des heures à s'expliquer, à se dire, à s'enthousiasmer à un homme aimant, présent, là pour elles. Sauf que ça court pas les rues ce genre d'individu. Sauf qu'elles ne sont sans doute pas capable de fournir ce qu'il faut pour s'entourer d'une telle présence, sauf que prendre le risque d'aimer est au dessus de leurs forces, sauf que c'est compliqué.
J'apprends jour après jour avec toutes ces femmes qui vivent des réalités loin des miennes mais leurs. J'apprends la vie et je deviens humble, deviens humble, oui. J'étais tellement campée sur ma vérité. Tellement à cran. Tellement sûre. Tellement aveuglée.
Des souffrances, il y en a tant que ça dépasse l'entendement.
00:44 Publié dans écriture | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : écriture, partage, humain, femme état d'âme, d'être, terrain, observation, émotion