30/07/2009
Henri Miller
Avant de partir pour de bon, j'ai relu plusieurs fois les trois billets Henri Miller de Christian Mistral qui m'ont particulièrement percutée , surtout les deux premiers, dans le troisième c'est le commentaire de Michel que je trouve pertinent et riche. Je vous invite à les lire, le premier est une réflexion d'Henri Miller si juste, je vous reporte ici également, ce commentaire jet de Mistral en réponse à Venise dans le deuxième billet, si dense et tant en écho avec ce que je ressens, voilà.
"Ce n'est pourtant pas livre, que j'aurais dû écrire, car la forme que prend l'expérience de l'esprit humain enthousiasmé puis pressé de partager cet enthousiasme importe peu en termes de temps historique, Miller je crois parle plutôt de cette expérience elle-même comme inhérente au naturel humain depuis les fresques de Lascaux jusqu'aux poèmes de Rimbaud, le jeu du jeune Brando ou l'art nouveau de Picasso ou qui sait quoi dans cinq cents ans. Tant qu'on sera ainsi faits, on sera humains, après cela on serait autre chose, ils seront autre chose, et c'est déja leur problème, ce n'est d'avance plus le nôtre, anyway entre ici et cette éventuelle échéance notre village global paraît tendre ses efforts vers la neutralisation de ce trait humain qu'on n'a pu éradiquer malgré qu'on en ait rêvé d'Alexandre le Grand jusqu'a Mao Zedong, on semble aller vite et droit vers le fantasme immémorial fondamental né dans la première pensée du premier Homme: la paix, la sainte paix, la bonne grosse paix sale et transversale, pas seulement la paix contraire de la guerre, la paix intérieure, troublée sans trève par d'angoissantes réflexions sur le sens de la vie et l'essence de la mort assourdies par l'incessant son secret de cette satanée conscience, ce soliloque intime harcelant tourmenteur qui sévit de l'enfance a la vieillesse en scandant qu'on est un imposteur au sein de la race des Hommes, insuffisant, insignifiant, inadmissible de naissance a l'innocence, et aussi la paix extérieure, constamment rompue par des idées nouvelles et des façons de faire différentes de celles d'avant, pourquoi faut-il que la Terre devienne ronde quand elle a toujours été bien plate et que le soleil la remplace comme centre du mouvement céleste et que l'ampoule électrique chasse la lampe a l'huile et avait-on vraiment besoin d'autres livres après la bible et quand serons-nous enfin parfaits heureux sereins quand aurons-nous la sainte grosse paix sale? Le fantasme, fondamental, immémorial, de notre espèce, commun aux artistes et aux despotes et aux puristes et aux ilotes, et suicidaire ça va de soi, s'il réussit: l'Homo Sapiens sans sapience est un Bloody Caesar sans Clamato, un Hot Chicken sans poulet, c'est-a-dire que ce ne sont pas ce que ces mots signifient.
Orwell l'a pressenti et dessiné et annoncé, que faute de pouvoir étouffer la nécessité humaine de s'exciter aux pensées neuves et les discuter avec ses semblables, il valait mieux nourrir cela avec de massifs afflux de phrases creuses ressemblant a des idées tout en réduisant progressivement le niveau d'instruction et les capacités d'expression, bref en facilitant la sainte paix, et cela Miller le redoutait aussi, je le parierais."
20:16 Publié dans réflexion | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christian mistral, henri miller, rencontre, littérature