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27/01/2010

Edward Hopper

 

"Edward Hopper est la quintessence du peintre réaliste américain. Ses images sont devenues des éléments à part entière de l’expérience américaine."
Robert Hugues -

 

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Edward Hopper est le peintre de la réalité et de la mythologie américaines, il est aussi le peintre de la solitude et de l’introspection.

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Il étudie d’abord le dessin publicitaire, puis voyage en Europe, ne peignant alors qu’occasionnellement, avant d’exposer sa première toile à l’Armory Show de New York en 1913. Ses œuvres montrent l’influence des grands maîtres classiques. Hopper s’oriente vers un art réaliste, fort éloigné de la peinture cubiste alors en vogue. L’artiste ne parvient à une réelle maturité dans son œuvre qu’en 1924, avec House by the railroad : la composition géométrique simple, l’économie de moyens et le sentiment de solitude qui caractérisent ses toiles leur donnent une dimension symbolique insoupçonnée.
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Quelque chose de troublant et de profond dans cette peinture de Hooper, il arrive sans peine à nous rendre la solitude de l'humain et son besoin de comprendre, le tout avec un minimum d'effet, une épure, comme s'il allait à l'essentiel. Une peinture sans fioriture, si sobre, et si lumineuse à la fois, elle me touche. Souvent galvaudée et utilisée à des fins décoratives il s'en dégage pourtant une force bien spéciale, une identité. Ses toiles incarnent une sensibilité particulière de l'Américain du vingtième siècle aux prises avec l'isolement, la mélancolie, l'attente, le silence, la solitude et un érotisme latent, elles sont universelles et concernent chaque être humain que nous sommes.
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Son modèle de composition repose sur des formes géométriques grandes et simples à base d'éléments architecturaux mettant en valeur les verticales, horizontales et diagonales et des grands à-plats de couleurs. En simplifiant les formes des personnages mais surtout des ensembles architecturaux, il permet aux objets inanimés d'évoquer des sentiments humains. Pour Hopper, l'élément américain se trouve dans son sujet principal : la grande ville, ses rues et ses bars, ses théâtres et ses hôtels. Cependant, pour lui, la ville n'est pas synonyme de compagnie, en dépit de la foule.
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Cinéphile, l’artiste s’est nourri des films de l’âge d’or hollywoodien des années 1930 et 1940. «Quand je n’arrivais pas à peindre, disait-il, j’allais au cinéma pendant une semaine ou plus». Hopper n’a cependant jamais revendiqué la moindre influence particulière du cinéma.
 
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Peut-être Hopper a-t-il utilisé les techniques de la mise en scène et du cadrage des films noirs expressionnistes des années 30 pour concevoir ses toiles. Le jeu des ombres et des contrastes, la construction d’une image fortement géométrisée en seraient les paramètres les plus évidents. Mais, au jeu des correspondances, c'est toujours le peintre qui est en avance sur le cinéma.
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"Les tableaux de Hopper ne contiennent pas vraiment une narration. Les tableaux sont vidés de leurs personnages. Ils sont plutôt l'esquisse, la possibilité, l'invite de notre imaginaire à inventer une narration. Ce cadre raréfié, ces temps morts où l'action est hors champ les rendent plus proche de Michelangelo Antonioni que du film noir.

Edward Hopper décrit avec jubilation la pastorale américaine, une Amérique provinciale, conservatrice en proie à une angoisse existentielle mais où prédomine les couleurs pimpantes. On serait là assez proche de David Lynch dans son esthétique de l'immobilisme, de la tension immobile, avant le déchaînement des éclats de violence. Lynch disait d'ailleurs que, avec Pollock et Francis Bacon, Edward Hopper était son peintre préféré, qu'il pouvait passer des heures devant une toile afin d'en capter les mystères et les secrets. Ils partagent surtout le même fond d'images, celle de la "Small town america" que l'on voit au début de Blue Velvet, dans Twin Peaks ou Une histoire vraie.

Hopper et Lynch ont tous deux une dimension théâtrale. Ils ne peignent pas tant l'Amérique que ses lieux communs, ses dimensions carnavalesque et symbolique. Ils ont conscience du pouvoir des stéréotypes sur l'imaginaire du spectateur. Il s'agit d'un processus visant à sortir de l'aliénation pour rénover notre regard par ses clichés et non d'un réalisme mimétique. C'est une théâtralisation carnavalesque de l'ordinaire.

Diagonales et perspectives, opposition intérieur / désert, dedans / dehors et surtout la figure du voyeur (Blue velvet, Lost highway) avec ce que cela suppose de violation de l'intimité par le dehors sont des figures communes à Lynch et Hopper."

(Source : Edward Hopper, David Lynch : mises en perspectives par Jean Foubert (univ. Paris VII et du Havre) in Colloque " Vous avez dit Hopper ? " organisé par : Jean-Loup Bourget (ENS) et Elizabeth Glassman (TFA, MAAG)

 

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