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15/09/2008

Nicolas de Staël

 

 

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2068169806.jpg"Aller jusqu'au bout de ses déchirements jusqu'à leur tendresse"

 

Nicolas de Staël né à Saint-Petersbourg en 1914 et jusqu'à son suicide n'a conservé de son ascendance slave que le romantisme et le désespoir. Proche du tsar, son pére est vice-gouverneur de la forteresse Pierre-et-Paul. La révolution russe de 1917 contraint sa famille à s'éxileren Pologne, où meurent ses parents. Orphelin,il est receuilli par un couple russe de Bruxelles ; il s'est alors mis à étudier la peinture dés l'âge de 16 ans. Il quitte sa famille adoptive pour voyager en Espagne, puis au Maroc. Rentré à Paris en pleine occupation avec une compagne malade et une petite fille, il connaîtra une grande pauvreté, en même temps qu'il découvre la peinture abstraite.

 

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Parti de formes géométriques, Staël, peut-être sous l'influence de Georges Braque, avec qui il se lie, découvre peu à peu la force de la couleur pure et des formes libres . Son évolution est trés rapide. Les commandes se multiplient, c'est Paul Rosenberg qui le prend sous contrat à New York. Staël s'installe un moment à Ménerbes ( Vaucluse ) dans une admirable demeure qu'il vient d'acheter .

 

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Là , sa maison à Ménerbes, village où a séjourné aussi pendant de nombreuses années Dora Maar. Trés joli endroit ....

 

 

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Puis il se fixe à Antibes, toujours travaillant à des nus, des paysages, des scénes de concert, qui sont parmi les plus belles toiles qu'on connaissent de lui. Imprévisiblement, incompréhensiblement, il se suicide le 16 mars 1955, en se jetant du haut de son atelier, situé sur les remparts d'Antibes.

 

 

 

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tn-1.jpegDe la force, il en possédait à revendre. Il était grand-immense-avec une voix de basse, profonde, incroyablement russe. Un visage long, trés beau, à la fois rieur et mélancolique, qui gardait quelquechose de l'enfance ou d'une nostalgie. Plus impatient qu'angoissé, avec de brusques bouffées de colére, des flambées d'orgueil et la brouille facile, souvent pour des raisons obscures .

Comme Delacroix , il était sensible à la musique ; ce goût pour la musique d'ailleurs réflétait bien son choix de vie , dans un univers de sensations, des plus frustres au plus élaborées.Il semble qu'il ait toujours été affamé de ce que la vie pourrait lui donner de plus immédiat, et quoi de plus fort que les images offertes par la peinture ?

 

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" Je veux réaliser une harmonie. Je me sers d'un matériau qui est la peinture. Mon idéal est déterminé par mon individualité et l'individu que je suis est fait de toutes les impressions reçues du monde extérieur depuis et avant ma naissance ."

 

 

 

 

L'oeuvre de Nicolas de Staël appartient à un registre élevé dans lequel s'exprime le passionnel et le lyrisme comme si le destin lui avait imposé tout au long de sa vie une trajectoire pour faire naître un nouveau rapport esthétique avec le réel.

Attendre tout d'un art que l'on pratique d'instinct, en exalté, retrouver le chemin d'une réalité perdue avec des moyens entiérement neufs, mais étroitement dépendants de moyens d'expression qui seront bientôt périmés, c'est une conduite devenue tellement insolite qu'elle devait forcément se briser, s'anéantir.

Nicolas de Staël, au travers sa peinture, recherchait l'absolu.

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"Toute ma vie, j'ai eu besoin de penser peinture, de voir des tableaux, de faire de la peinture pour m'aider à vivre, pour me libérer de mes impressions, de toutes les sensations, de toutes les inquiétudes auxquelles je n'ai trouvé d'autre issue que la peinture."

 

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10:04 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : peinture, art, destaël

Commentaires

C'est avant les fortifs d'Antibes qu'il lui aurait fallu entendre cela et peut-être que cela n'aurait pas suffit.
Peindre, c'est laisser bien peu de choses au regard de ce qu'on pourrait laisser, de ce qu'on aurait pu peindre.
La peinture, elle, s'en tient à cela.
J'aimerais avoir chez moi le dernier tableau que tu présentes.
H.S.


P.S. Mon blog, c'est mes anti-mémoires. Je me dis, là, ce que les autres ne me disent pas. C'est ma peinture d'aujourd'hui, plus aucune peinture ne sort de cet atelier que je laisse ouvert et que je couvre de mots à la con. Je te demande pardon, je me suis cru un instant dans mon atelier.

Écrit par : balthazar | 15/09/2008

Bravo! super
Nicolas de STAEL est et reste un des tout meilleurs de sa génération
Je partage ton opignion et j'apprécie qu'on le donne encore à voir.
C'est vrai qu'il travaillait par instinct mais il connaissait la peinture sur le bout des pinceaux. Si je devais choisir parmi toutes les oeuvres qu'il a laissé, je serai bien ennuyé ; chaque chose a sa raison d'être ( il n'a pas peint pour s'exposer)
Merci pour ce choix qui donnera envie j'en suis sur à ceux qui ne le connaissaient pas de creuser l'oeuvre de ce grand artiste ( la vie est mouvementée comme souvent chez les créateurs mais chez Nicolas Stael je ne pense pas qu'elle a conditionnée sa peinture)

Écrit par : alex | 15/09/2008

@ Balthazar : Peindre est sans doute extrémement difficile et exigeant et demande un grand don de soi ; du moins je le perçois ainsi .

Je suis trés touchée par la peinture et la sculpture ; je me souviens de la forte émotion que j'ai eu à l'expo Bacon , il y a quelques années , à Beaubourg ; j'étais happée par les toiles comme si j'étais en communion avec elles , avec ce qu'elles exprimaient ; je ressens cela aussi avec certaines toiles de Nicolas de Staël et d'autres encore ....et c'est une émotion qui se renouvelle à chaque rencontre ...

PS : j'ai aimé ton blog atelier pour ces mêmes raisons , l'émotion que cela m'a procurée . merci à toi .

Écrit par : helenablue | 15/09/2008

@ Alex : je serais aussi bien incapable de choisir ; je ne pense pas comme toi que sa vie n'est pas conditionnée sa peinture et réciproquement ; je viens de lire sa biographie ; c'est un homme complexe et trés attachant au demeurant ... je sais qu'il faut dissocier l'artiste de son oeuvre ...enfin il est de bon ton de le penser ... moi les deux m'intéressent ; il y a forcément une interactivité ...

Écrit par : helenablue | 15/09/2008

POUR HELEN /
je disais celà parceque Le 20° siécle a été plein de ces créateurs avec des vies compléxes et beaucoup de critiques se sont basés sur leur vie pour expliquer les oeuvres; c'est tres réducteur et ça n'aide pas vraiment le spectateur à comprendre la peinture ; j'aurai plutôt tendance à penser comme ARAGON que " l'image est un moyen d'expression qui n'a pour le vrai poête aucunement le caractère d'une obsession qui au delà de la chose exprimée raménerait au développement rhétorique de la comparaison". Je suis d'accord avec toi cependant qu'il n'est pas inutile de s'intéresser aux deux et qu'il existe une intéractivité, mais pas au point de conditionner l'oeuvre. Picasso me semble de ce point de vue un bon exemple de compléxité mais ses créations même si elles faisaient référence à des proches ( ses modèles qui étaient souvent des amours du moment) n'étaient en rien responsables des chefs d'oeuvres qu'il a trouvé tout au long de sa vie; du moins c'est ce que je ressents dans la pratique de ces artistes qui sont des créateurs avant tout. Mais je comprends aussi que l'on puisse ne pas partager cette opinion, c'est dailleurs ce qui permet d'échanger.

Écrit par : alex | 15/09/2008

Quel bel hommage tu rends à Nicolas de Staël, je ne le connaissais pas et voilà que je le rencontre à travers toi, tes mots et ce billet magnifique.
Billet haut en couleurs et en émotions, oui parce que chaque peintre délivre une émotion qu'il ne maîtrise pas forcément mais qu'il offre comme on donnerait un morceau de sa vie.

C'est très beau.
Merci Héléna
Belle soirée à toi.
Je t'embrasse.

Écrit par : Lidia | 15/09/2008

@ Alex : pour moi l'artiste agit comme un filtre , il perçoit au-delà , une sorte de révélateur , de précursseur, un visionnaire et le lien entre l'homme et l'oeuvre est bien réel , sans doute d'une maniére inconsciente ,alors je m'interroge justement sur l'impact du vécu sur l'expression artistique...



@ Lidia : heureuse de te faire découvrir un si grand artiste , et touchée que cela te plaise .

belle soirée à toi aussi, Lidia
amitiés
Helena

Écrit par : helenablue | 15/09/2008

Bel hommage à un grand artiste.
Un billet qui se lit et se regarde.

Merci Héléna, passe une bonne soirée...

Écrit par : polipoterne | 15/09/2008

Merci, Héléna. Dès que le nom de Staël s'inscrit quelque part, j'y vais. Même si je sais déjà tout de lui et de ses oeuvres.
Moi, c'est "les toits" que j'aimerais avoir chez moi. Et puis aussi...tout en fait !

Écrit par : | 15/09/2008

@ polipoterne : toi aussi ... à plus tard ....

@ Mû : plaisir partagé , merci Mû et à la revoyure ...

Écrit par : helenablue | 15/09/2008

Wow, belle note, helenablue.

Tu maîtrises, de toute évidence, le sujet. J'ignorais tout du peintre. Par contre, je retiens ce nom qui s'ajoute à une longue liste d'expatriés russes de génie...

Écrit par : Inukshuk | 16/09/2008

@ Inukshuk : c'est vrai que cette liste est impressionnante ...merci Inukshuk .

Écrit par : helenablue | 16/09/2008

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