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11/06/2009

Sauvages

"Je ne connais pas d'écrivains qui ne vivent pas dans le conflit, dans le combat, dans le désir. Oui, le désir. Je pense que le mot désir résume presque tout. Au fond, ce que je recherche dans la littérature, c'est l'énergie vitale." 

Louis Hamelin -

 

9782764604304-bigsauvage.jpgLa première fois que j'ai entendu parler de Louis Hamelin, c'est conjointement Christian Mistral et Sandra Gordon qui me l'on chaleureusement recommandé, lors d'une discussion chez Yvan le Terrible, il me semble. "La rage", pas disponible à la librairie québécoise à Paris, j'ai lu alors "Sauvages", là c'est chez Venise que Stéphane Ranger en a parlé, dans ces livres préférés il mettait en tête Mistral et Hamelin, confiance établie. Une belle rencontre.

"Sauvages" de Louis Hamelin.

"Poètes qui se meurent de désir, débroussailleurs qui ont vu l'ours, informaticien pris entre deux feux : qu'ils soient indiens ou écrivains, les personnages qui traversent ces dix histoires sont aux prises avec la complexité d'un monde qui n'est que le pâle reflet des beautés réfugiées dans la mémoire. Ils ont des désirs simples ou compliqués, de l'amour à revendre, l'art de se mettre les pieds dans les plats. Naïfs ou rusés, passionnément inadaptés, ils oscillent entre la secrète nostalgie d'une vie libre et les besoins de la tendresse. Dans leur imagination s'empilent les cadavres de loups et les filles de Toronto. La solitude est leur lot commun, ils mordent dans le gras de l'avenir, se promènent de couples embryonnaires en mirages familiaux. Sans cesse, leur tristesse s'alimente à leur joie. Ils sont, en d'autres mots, des vivants bien ordinaires et terribles."

 

 Louis Hamelin écrit cash, avec les tripes un langage poétique et charnel qui donne le vertige des histoires tristes et drôles à la fois, pathétiques, humaines. C'est abouti et vivant, une cadence et un vocabulaire riche qui vous traverse et qui touche profond. Et puis une manière bien personelle de décrire les lieux et les ambiances, on en ressent l'odeur, la couleur, le son. Une écriture comme une musique, on est pris dans un rythme qui sonne comme une dentelle d'histoires sombres et déchirantes d'individus en quête de liberté, beaux et stoïques avec une sorte de violence contenue, en quête de tendresse tout en ayant peur de l'amour, sauvages.

 

 

 

 

Commentaires

À lire ta description détaillée, précise, découpant la réalité que tu as vécue à travers ses yeux, c'est à interpréter comme un "j'ai aimé" un peu, beaucoup, moyen, passionnément ... Je te demande pas de répondre à mon simili examen objectif, non mais quand même (!), je vais y aller par l'appétit ; comptes-tu relire du Louis Hamelin et si oui, dans combien de temps, 10 ans, 1 an, 20 ans ? (décidément ... examen, sors de ce corps !)

Écrit par : Venise | 11/06/2009

Hum Venise , je n'en attendais pas moins de toi et de ta curiosité , et je vais répondre volontiers à ton questionnaire !! :-)

J'ai beaucoup aimé, c'est une écriture innovante, poétique, et un travail d'orfèvre je trouve. J'ai aimé les histoires successives partant de Montréal pour finir à Chibougamau, pour moi aussi c'est des ambiances que je ne connais pas et que je découvre qui me paraissent bien liées au Québec et à la vie là-bas, mais je me trompe peut-être. En tout cas on ressent vraiment les lieux et puis la quête de ses individus, et leur doutes.

Pas aussi percutant pour moi et le plus objectivement possible qu'un Christian Mistral , que je trouve beaucoup plus proche des tenants et des aboutissants de l'âme humaine, plus écorché aussi peut-être, plus en phase en tout cas avec les tourments de l'individu face au monde et face à lui-même. Du moins à la lecture de ce livre précis de Hamelin, et dans ma manière de l'appréhender. Mais il y a une sorte de musique commune , je dirais entre Hamelin et Mistral par la richesse de la langue, cette façon de faire chanter les mots, de les mettre en musique, cette poésie du langage. C'est abouti, comment dire, riche, mordant, précis. Mais j'ai peur d'enfermer ça par ces mots, parce que je ne sais comment exprimer la dimension émotionnelle à sa juste valeur , comme quand il faut parler de poésie.

C'est une écriture à part je trouve. J'ai envie de dire comme la première fois que j'ai lu Mistral, je n'avais rien lu de pareil, sauf que sans doute là la surprise fut moins grande , mais la lecture m'a emportée aussi.

J'en lirais volontiers un autre dans l'année. J'aime assez découvrir un auteur sur plusieurs livres ( sauf évidemment si c'est son premier !) , j'avoue pour me faire une idée plus juste.
Comme j'ai pu le faire avec Christian Mistral.
D'ailleurs , je suis preneuse pour un conseil pour le prochain ouvrage d'Hamelin à lire.

De la littérature québécoise , pour l'instant je n'ai lu que ces deux auteurs, et je trouve qu'il y a une force , et un ton tout à fait différent de ce que je peux trouver dans les romans français, et que je retrouve d'ailleurs dans vos blogs québécois, chez toi , Venise et chez d'autres. Un humour et une autre manière de voir et de ressentir qui moi me parle, et que j'ai retrouvé aussi dans le livre d'Hamelin. Il me faudrait faire une introspection plus approfondie pour t'en dire davantage.

Et puisque j'en suis aux confidences littéraires, j'ai ressenti pareille émotion en découvrant Kérouac, dont je n'avais jusqu'alors rien lu. Une interactivité profonde avec une partie de moi.

Oui, une rencontre, une belle rencontre comme je le dis dans ma note.

Est ce que cela répond à ta question ?

Écrit par : helenablue | 11/06/2009

Je n'en entendais pas moi de toi et ta générosité.

Me voilà mieux située, euh, je veux dire pas moi, ma curiosité ! J'ai hâte que tu lises une auteure québécoise. Et là, c'est presqu'un piège que je me tends, puisque tu vas me demander laquelle. Une classique, qu'est-ce que tu veux elle est si chère à mon coeur, cette Gabrielle Roy et sa Détresse de l'enchantement. Jusqu'à date ma contemporaine avec un petit plus à mes yeux, Michèle Plomer et son HKPQ.

Un autre roman que j'ai beaucoup aimé et qui est aussi le coup de coeur de La Recrue (un premier roman en plus (!), a gagné le Prix France-Québec et serait accessible pour toi dans les Éditions Héloïse d'Ormesson (une maison d'édition dont on entend peu parlé non ?) Les Carnets de Douglas de Christine Eddie.

C'est vraiment une histoire de partage de coups de coeur car je n'ai pas assez lus pour être une vraie référence en la matière. C'est une suggesion entre amies :-)

Écrit par : Venise | 11/06/2009

Correction : Je n'en entendais pas moins (eh là là) de toi et suggestion avec un "t", c'est préférable ;-)

Écrit par : Venise | 11/06/2009

Merci mille fois , chère Venise, et je prends note de tes suggestions amicales. Je vais voir si je peux trouver ces ouvrages par chez moi, du moins si pas à Lille, à Paris. l'idée de lire une auteure me plaît.
Je t'en dirais davantage.

Écrit par : helenablue | 11/06/2009

Héloïse et sa maison, on en entendrait davantage parler si papa Jean Bruno Wladimir François-de-Paule Le Fèvre d’Ormesson laissait quiconque en placer une. Elle fut tout de même adoubée Chevalier de l'Ordre de la Légion d'honneur de France, en 2008, la même année que Céline Dion! Sans chantage ni rien!

Écrit par : Christian Mistral | 12/06/2009

Il y a de ces écrivains capables de trouver les mots justes, si justes qu'on a l'impression d'être étrangement familiés, liés même, avec l'univers de leur oeuvre. Ils écrivent ce que nous avons peine à ressentir, ce qui nous est impossible d'écrire, et ce qui nous brûle d'envie de lire. C'est pas que cérébral; c'est également physique. Direct dans le corps. Parfois faut lever les yeux du livres et respirer un bon coup. Fixer le regard sur quelque chose, n'importe quoi. Juste comme ça. Et là, je me dis crisse. C'est drette ça. Ça me parle. Dans ces moments jouissifs, je n'ai pas l'impression de lire des mots. J'ai l'impression que quelqu'un de proche me parle dans l'oreille.

Si tu veux je te l'envoie La rage, Héléna.

Écrit par : Gordon | 22/06/2009

*familiers, pardon.

Écrit par : Gordon | 22/06/2009

Chte l'enwèye moé La Rage, Sandy, si t'insistes?

Écrit par : Christian Mistral | 23/06/2009

J'en ai déjà un exemplaire mais c'est gentil :)

Écrit par : Gordon | 23/06/2009

L'original, I mean, pas la version édulcorée.

Écrit par : Christian Mistral | 23/06/2009

La rough cut? Uhm. Tentant. M'as y penser.

Écrit par : Gordon | 23/06/2009

In the rough cut, he screws Super Mario Bros.

Écrit par : Christian Mistral | 23/06/2009

@ Sandra Gordon: Je suis tout à fait d'accord avec toi Sandy, quelqu'un qui vous parle en direct et qui vous remue, il est des écrivains comme ça. Ca dépasse la tête , c'est les tripes qui encaissent et le coeur qui se gonfle. Un pur moment d'intimité au travers desmots de l'autre.
C'est puissant.


@ Christian Mistral: Ben moi, je dis pas non pour l'exemplaire que tu proposes ... Bien tentée de lire ce livre.

Écrit par : helenablue | 23/06/2009

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