23/08/2009
Anne, ma soeur anne ...
Ne vois tu rien venir.
A me lire pourtant je me dis que ce doit être limpide et que tous ceux qui viennent me visiter et s'abreuver savent de quoi il en retourne, et puis parce que j'ai aussi ce besoin de faire le point sans doute par souci d'honnêteté mais pas seulement une sorte de "viscèralité" de la vérité chez moi assez présente parfois handicapante aussi quoiqu'avec le temps et pas mal de discipline je récupère l'agilité, il reste encore du travail.
Je ne peux être ordinaire, pas au sens commun mais au sens normale, je ne le serais jamais après avoir tendue à l'être à m'en tordre le cou je me suis faite à l'idée, ou plutôt j'accepte cet état qui est mien depuis peu mais qui dure depuis toujours. Enfant ou âme sensible s'abstenir. Abusée, incestuée, volée depuis ma plus tendre enfance du plus loin qu'il m'en souvienne à l'âge d'un an par mon grand père, son frère et puis plus tard mon propre père et tout cela avec l'aval de ma pauvre mère, elle-même ayant bu à la même source, j'ai fait de ma vie un parcours du combattant, je ne peux pas et ne pourrais sans doute jamais être autrement que ce que je porte qui parfois m'entrave et me ramène à des états d'âme compliqués à gérer mais qui me donne par ailleurs une force de vivre herculéenne, j'ai toujours lutté, longtemps inconsciemment mais plus aujourd'hui sortie de la honte et de la haine aussi. Un travail incessant, une quête, un besoin de comprendre et une sorte de volonté d'être moi-même tout cela cumulé m'a permis d'en sortir, des rencontres aussi le père de mes enfants, mes enfants plus encore, certaines rencontres révélatrices passées et présentes et probable cette petite fille en moi qui n'a jamais baissé les bras, coriace.
Voilà. J'essaie du mieux qu'il m'est possible d'en faire une richesse et une ouverture à l'autre, pas pour me guérir ça c'est une affaire personnelle mais pour humaniser, quand on est confronté trop jeune à la cruauté et à la dénature du monde cela forge un regard et sans doute aussi une sensibilité d'une autre matière, mais c'est ainsi, à prendre ou à laisser. Je prends.
01:23 | Lien permanent | Commentaires (30) | Tags : confidence, état d'âme, histoire, humain
Commentaires
Chapeau ma belle, on mord au même poison, j'ai connu moins pire : ce n'était pas mon père. On dit que les fauves de même race se reconnaissent de loin...J'avais bien dû te flairer !
Alors on continue, veux-tu ? il y a encore à vivre, à dévorer à reconstruire à savourer et à vibrer !
Il y a encore tants de chemins à arpenter et d'amours à vivre et de rêves à faire naître....
Merci, Blue, ma soeur Blue.....
Écrit par : anne des ocreries | 23/08/2009
…et ce qui t’as fait le plus mal c’est quand ta petite soeur a bu à la même source ?
Ces viols incestueux répétés me semblent être comme une amputation à froid de ta vie ! J’ai une âme sensible, tu le sais je crois mais j’ai lu quand même. Avec tes enfants et leur père, tu sembles avoir réussi à réinvestir, transformer une certaine énergie en quelque chose de constructif. En d’autres termes, tu t’en es sortie, bien que tu aies cette sensibilité à fleur de peau, ce qui peut être positif dans plusieurs cas. Par contre, tu t’en serais sûrement passé mais comme tu écris : « je prends ». Parfois il faut choisir, même si on n’a pas vraiment le choix. Enfin, j’espère que c’est ok ce que j’écris là car je suis pas mal remuée. J’ai le cil mouillé comme on dit ! Évidemment, des tonnes de containers de bisous !
Écrit par : rainette | 23/08/2009
Et je prends aussi. Avec la retenue et le silence qui s'imposent.
Bises, Blue
L'oiseau
Écrit par : Bluebird | 23/08/2009
Hum, pas forcément un texte à lire un Dimanche, mais c'est presque généalogique, l'anniversaire de ma mère approche et forcément sans même que je puisse intervenir, le cortège de souvenirs et d'actes manqués et d'attentes inconscientes toujours présentes vient envahir mes pensées...
A voir si possible plutôt comme un message d'espoir, celui de la sortie d'une spirale de victimisation et d'injustice; cela demande pas mal d'énergie c'est vrai mais ça en vaut la peine.
La plupart des protagonistes sont morts, et les autres vieillissent tant bien que mal avec cet héritage, temps de passer à la suite et d'ouvrir son présent à l'avenir tout en revendiquant son passé, oui, ne pas oublier mais ne plus en dépendre.
Ce passé me constitue et influe, il fait partie de la construction de ma personnalité, j'ai mis du temps à l'accepter et à le faire mien, jusqu'à l'utilisation de mon nom, mais je sens la réconciliation en marche, celle de cette partie de moi-même avec celle que je suis, jusqu'à exonérer père et mère qui ont fait du moins pire qu'ils pouvaient au fond.
Écrit par : helenablue | 23/08/2009
....
Écrit par : carole | 23/08/2009
Oui Helena...c'est ce qui apparaît de plus fort dans ce que tu écris: ton âme forte, ta capacité d'avoir pu rebondir et te reconstruire
Il a a de la fermeté dans tes mots, mais pas de haine, cela me frappe...
Il est sûr que l'anniversaire de ta mère réveille les souvenirs douloureux...
Je t'embrasse en ce dimanche matin, ici ensoleillé!
Écrit par : Coumarine | 23/08/2009
Hélena ... ce qui me frappe en te lisant, c'est l'amour que tu as su conserver tout au fond de toi pour le donner à ceux qui t'aiment, pour le partager encore ... et cette volonté de vivre sans haine, te libérant ainsi de chaînes invalidantes.
Hélena, je t'embrasse dans ton combat ...
Écrit par : Fanzesca | 23/08/2009
Helena, votre texte est bien émouvant, on y sent une fragilité devenue force. Je lis, je vous cherche, je vous entends. Une réparation à se construire, votre regard sensible jour à jour qui regarde le monde.
Écrit par : brigitte giraud | 23/08/2009
Ah ! ces foutues périodes "anniversaire" que la tête oublie parfois, mais jamais le corps....
Écrit par : Mû | 23/08/2009
Oui, le corps cette mémoire...
Écrit par : helenablue | 23/08/2009
la résilience c'est ça. je crois que surmonter ce genre de chose n'est pas donné à tout le monde et donne à celui -celle- qui y parvient une certaine grandeur d'âme.
Écrit par : hoplite | 23/08/2009
Bonjour Helena
C'est un texte fort, direct, construit et réfléchi - Le sujet a été pensé et repensé pour être livré parce que connu et assimilé -
C'est un gros travail que celui-là, maintenant il fait Aimer l'être que l'on est à part entière dans son présent mais aussi son passé -
Cela rejoint un peu la question du jour sur mon blog - Les autres dans notre vie ont une grande part mais pour atteindre un équilibre de paix et connaître l'Amour premier, essentiel, primordial, il faut apprendre à s'aimer et à s'accepter avec ses faiblesses, son passé etc...C'est, je pense l'une des choses la plus difficile dans la vie - S'aimer, non pas pour ce que l'on voudrait être mais s'aimer de ce qu'on est fait , tout en ayant conscience de toujours apprendre pour s'améliorer -
Il n'est pas question d'excessivité, de possessivité, d'abus, de nombrilisme, d'ego.......mais tout simplement de reconnaître la valeur de la Vie qui est en soi, de l'(s')aimer à travers sa personnalité chargée d'un peu de tout du bon et du mauvais -
Bonne semaine A+
Écrit par : Valériane | 23/08/2009
Je t'ai déjà remercié pour cette confiance que tu nous accordes et qui nous grandit, dans le parfum d'humanité qui exhale de ta personne.
Cet texte est émouvant, poignant, il s'en prend aux tripes, il leur donne un bon coup et permet d'avancer mieux, plus loin, plus large, plus humain.
Je t'ai déjà dit qu'il y avait plein de raisons pour que nous soyons ici derrière toi, à te lire, à te commenter, à t'aimer, telle que tu es, toi qui donnes tant.
Je voudrais t'offrir un texte que j'ai écrit il y a quelques temps pour toi, bien avant les tempêtes bloguestes de ces derniers jours qui ne sont que détails mineurs.
Cela fait longtemps que j'ai appris à donner de l'importance à ce que j'estime l'être.
Si tu me le permets, je t'enverrai ce texte et tu me diras ce que tu en penses.
Je t'embrasse, Helena, petite fille brisée et merveilleusement reconstruite.
Écrit par : Saravati | 23/08/2009
Je t'en prie, chère Saravati, oui envoie moi donc ce texte. Tu as mon adresse e-mail je pense, ou ici comme tu le souhaites. Je suis touchée en retour également de ta confiance, de ta présence aussi.
Je t'embrasse.
Hélèna
Écrit par : helenablue | 23/08/2009
Mon passage fut silencieux car j'étais trop bouleversée : je n'ai pas les mots.
"je ne vois que le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie" (Barbe bleue est le conte que je préfère) Alors juste une pensée vers toi et une accolade virtuelle.
Écrit par : carole | 24/08/2009
Merci Carole pour la pensée et l'accolade que je te redonne bien volontiers et de bon coeur au travers de ce prisme virtuel mais avec un sentiment bien réel.
" Barbe bleue" ! cela me percute tu sais, dans mon parcours de remontée dans le temps, ce conte revenait souvent, la clef dans le sang, aller voir ce qui ne doit pas être vu, souvent me revenait ces images, ça et l'ogre du petit Poucet....
Je me suis d'ailleurs beaucoup intéressée à l'époque à la signification des contes de fées, à leur symbolique, "la psychanalyse des contes de fées" de Bettelheim m'avait pas mal impressionnée:
http://www.europsy.org/marc-alain/contedefee.html , si ça t'intéresse...
Avec toute mon amitié.
Hélèna
Écrit par : helenablue | 24/08/2009
oui j'ai lu aussi ce livre et d'autres sur le sujet..
Écrit par : carole | 24/08/2009
Dis-leur le reste. Que tu aimes le cul et que tu n'es plus une fillotte victimisée. Que tu es une femme superbe et mûre et mère sans besoin particulier d'être conseillée par des étrangers.
Écrit par : Christian Mistral | 25/08/2009
C'est pas faux ... pour le sexe!
Fripouille va!
:-)
Écrit par : helenablue | 25/08/2009
C'est pas moi, c'est l'autre.
:-)
Écrit par : Christian Mistral | 25/08/2009
:-)
Écrit par : helenablue | 25/08/2009
Been there too. Forte et sauvage. C'est ce que ça prend pour traverser une enfance mutilée. On ne nous apprend jamais à se méfier des persones qu'on aime ou qui sont supposée nous protéger. Même eux peuvent être diaboliques avec un beau masque angélique pour les autres. Il ne nous reste que notre petite âme brisée et notre instinct de survie pour apprendre à jauger les situations et à grandir trop vite.
Écrit par : Isabelle Henry | 25/08/2009
Une enfance mutilée. Voyons donc! Blue est ce que je connais de moins abîmé en fait de femme, et ses fils et leur père ne diraient pas le contraire, ni tous les gens dont elle gère les émotions tout en leur fournissant de l'emploi, et oui ça la relaxe ici de faire un peu pitié, mais ce sont ses silences qu'il faut interpréter, et non, je ne permettrai pas qu'on l'engloutisse sous les doléances et les jérémiades maquillées en sympathie, et si vous voulez savoir de quel droit, ma foi, demandez-le lui.
Écrit par : Christian Mistral | 25/08/2009
Christian! Oui, tu dis vrai en partie, je suis une femme épanouie et en contact, maintenant...
Néanmoins cela fut un long parcours, ça ne s'est pas fait tout seul.
Diantre! Faire pitié, loin de moi cette idée, bien au contraire, ce n'est pas parce qu'on a vécu des choses suffisamment affreuses pour en porter l'adjectif qu'il y a une sorte de fatalité et qu'on ne peut faire autrement, on est pas tenu de rester victime toute sa vie, c'est de cela dont je veux parler.
Les dégâts collatéraux à ce genre d'expérimentation et de violence trop jeune existent , je les ai traversés tu le sais, ce qui me frappe dans ce parcours qui est mien c'est cette capacité que nous avons à se réapproprier et récupérer ce qui a pu être endommagé, il reste néanmoins quelques cicatrices non visibles à l'oeil nu mais juste à l'intime.
Je suis sensible au fait que tu veilles à ce que l'on ne m'engloutisse pas, point trop n'en faut au demeurant.
La réaction que l'on peut avoir par rapport à un écrit un texte un témoignage parfois plus encore nous fait parler de nous, au fond, je crois.
Écrit par : helenablue | 25/08/2009
J'ai pas dit que t'étais épanouie ni en contact, I don't even know what it means, so don't even dream about saying that I said that, encore moins affirmer que j'ai raison en partie, sur des mots que tu as écrits, not me!
Écrit par : Christian Mistral | 25/08/2009
Tu ne l'a pas dit, c'est exact, je l'ai écrit mais bien sûre non plus d'en être vraiment sûre ne sachant pas moi même finalement ce que cela veut dire.
Tu as été plus nuancé et plus juste aussi, pas trop abîmée c'est vrai, j'ai sans doute eu de la chance quoique je n'y crois pas vraiment, plutôt puis-je le dire du courage!
Écrit par : helenablue | 25/08/2009
Tu dis ce que tu veux, c'est ta vie après tout! Je dis pas que je sais les bons mots pour te décrire, je dis que ce sont les miens et qu'on ne s'avise pas de m'en attribuer d'autres.
Écrit par : Christian Mistral | 25/08/2009
Wow, cher Christian Mistral, quelle fougue et quelle loyauté pour votre amie de plume. J'aime. Heleneblue a par contre eu raison de vous les pendules à l'heure. Mais la votre n'avait qu'une petite minute de retard. Ce que notre douce blogueuse est devenue est le résultat d'un parcours du combatant, rien de moins. Qu'elle n'ait jamais baissé les bras et qu'elle soit devenue cet être humain rempli de chaleur et de compassion est en soi un miracle de la race humaine parce que d'autre n'aurait jamais pu se rendre ou elle est maintenant. J'admire.
Écrit par : Isabelle Henry | 26/08/2009
Indeed. Et elle a fait tout ça toute seule comme une grande fille, avec le soutien d'amies intimes et sincères telles que vous.
BabyBlue: t'as eu raison de moi, paraîtrait. Comme si c'était une grosse nouvelle. T'as toujours eu raison, j'en ai pas fait mystère, mais on le criait guère sur les toits, sinon comment toutes ces plaies béantes blogueuses se seraient-elles précipitées sur ta couenne pour échanger des flatteries plates contre un peu de ton sang?
Too late now. Let them suck away, woman!
Sale engeance.
Écrit par : Christian Mistral | 26/08/2009
Mais si, les cicatrices sont perceptibles à l'œil nu ! Cf. le lapsus calami à la ligne 11.
Écrit par : ArD | 04/04/2010
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