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18/11/2014

Trop sensible

 

 

On pense toujours qu’on a réussi à cautériser ses anciennes blessures, on se dit que c’est bon, que la résilience est faite et que tout cela n’est plus qu’un vieux mauvais souvenir. C’est vrai, en partie. Parce que même si la mémoire fait le tri, même si je ne pense pas tous les jours à ce qui s’est passé, Dieu soit loué, même si je sais en conscience que j’ai pu m’extirper de toute cette histoire qui est mienne et que j’ai pu tout de même conduire ma vie pour en être où je suis, je dois bien reconnaître que je suis rattrapée, parfois, par mon petit cœur altéré, ce petit cœur de la petite fille que j’ai été ou que je n’ai pas pu être. Ce matin, en visionnant cette courte vidéo qu’a entrepris ce papa de sa fille pendant ses quatorze premières années, j’ai pleuré. Pleurer ne m’est pas étranger, bien au contraire, je me demande d’ailleurs toujours comme le corps fait pour toujours fabriquer encore et encore des larmes alors que j’ai tellement eu souvent l’impression d’avoir épuisé mon quota, là, ça n’était pas des larmes ordinaires, elles étaient plus salées, plus difficiles à tomber, plus intérieures je dirais, plus profondes, des larmes qui venaient de loin, des sortes de larmes de rage mêlée de tendresse, des larmes anciennes. Quoiqu’il en soit, et quoi que je veuille, je ne pourrais pas changer ce passé compresseur et assassin mais je peux continuer, continuer à me battre pour plus d’humanité et continuer à croire en la capacité qu’à l’être humain a devenir meilleur. Désolée, il fallait que ça sorte par les mots, il fallait que j’en parle, je serais toujours, à vie, trop sensible, c’est certain !

 

 

21/03/2014

Lettre à mon père

Papa,

 

C’était ton anniversaire, hier. C’était aussi la veille du printemps. Je ne me souvenais plus de ton âge… Mon petit sms t’a touché à entendre le message que tu m’as laissé. Je crois bien que c’est la première fois que tu me parles si longtemps et avec autant de trémolos dans la voix. Je sais que c’est difficile pour toi d’exprimer ta tendresse, ton affection, tes sentiments. Nous avançons, tu vois, loin l’un de l’autre mais avec ce lien qui nous lie l’un à l’autre qu’on en veuille ou pas.

Je t’ai vu pleurer trois fois dans ma vie, la première c’était au décès de ton père, j’avais ce jour-là un pull-over vert qui m’arrachait la peau, tu semblais si désemparé face au trou béant dans la terre qui emportait celui dont tu aurais tant voulu être aimé et dont tu semblais si fier, tes larmes m’ont bouleversée du haut de mes huit ans. Et puis il y a eu cette seconde fois, intense, dans le salon télé à la maison, suite à une émission sur la guerre d’Algérie, cruelle, tu nous avais alors parlé de la tienne, tu étais tout jeune soldat, tu venais à peine d’avoir dix-huit ans et les images qui remontaient et que tu avais tant de peine à décrire ont fait une nouvelle fois couler tes larmes, j’avais presque envie alors de te prendre dans mes bras, tu semblais si fragile, j’avais quatorze ans.

La troisième fois a été bien différente, j’avais plus de trente ans et nous étions alors tellement tous remués par une vérité impossible à entendre et à accepter, une vérité qui nous montrait notre père sous une autre lumière, pas celui qu’on pensait que tu était malgré toutes tes difficultés et tes duretés. Cette fois où j’ai compris que tu n’avais pas pu être le bon père que tu aurais voulu être mais bien trop dans la haine de ce père là pour comprendre ta monstruosité. Tes larmes, tes larmes ce jour là, tes larmes d’enfant meurtri, tes larmes ne comprenant pas ce que je te disais, ces larmes qui étaient la seule défense et la seule explication que tu pouvais offrir à ma souffrance, tes larmes, ces larmes là ne m’ont pas remuée, enfin pas dans le même sens. Je ne pouvais les accepter, elles ressemblaient aux miennes que pendant des années tu qualifiais de « larmes de crocodile ».

J’ai cessé d’attendre, papa, ce que tu ne peux me donner. J’ai compris que tout ce qui m’était arrivé petite t’avait dépassé, que toi-même tu avais été agi par les ombres d’un lourd passé et que tu as tenté de faire du mieux que tu pouvais. J’ai cessé de pleurer sur cet amour bafoué. 75 ans. Dans le message que tu me laisses, tu me dis que ça va aller, qu’il faut faire pour que ça aille, que juste ton cœur te fait des misères. Voilà. Il a fallu trente ans pour que je puisse t’entendre sans trembler. Je n’ai plus peur de toi, je n’ai plus peur de ce que tu m’as fait, plus peur de vivre et d’aimer.

Tu vieillis, j’ai grandi.

Il faut dépasser son passé, c’est toujours ce que tu m’as dit. Je l’ai fait mien, mon passé, je l’ai éprouvé, je l’ai compris. Toute cette quête de sens m’a rendu ma liberté jusqu’à celle de m’attendrir. Ce que j’éprouve pour toi est indéfinissable mais c’est tout ce que je peux t’offrir, une sorte de pensée apaisée, une sorte de lien posé, une sorte de maturité. Nous savons l’un et l’autre que tout cet équilibre trouvé dans cette distance paisible est ce que nous pouvions faire de mieux pour ne pas nous faire souffrir. Un compromis. Je devrais, je crois, te dire «  merci », de l’avoir compris.

Tu me dis à bientôt, dans ton message juste avant de raccrocher. C’est gentil, mais ça n’est pas vrai. Seul l’espace qui nous sépare nous permet de faire ce que nous avons à faire, toi de ton côté avec maman et tes activités et moi, avec ma famille telle que j‘ai voulu qu’elle soit, avec tes petits-fils que tu ne connais pas et cet homme qui est leur père... 

Encore bon anniversaire papa, prend soin de toi.

 

Ta grande fille.

Blue

 

 

28/10/2012

le genre de petite histoire qui fait du bien

Nos bagages sont chargés dans la voiture. Nous avons fait en sorte d'être prêts à partir plus tôt pour ne pas faire attendre la soeur de Pat qui veut dîner avec nous. J'ai du coup quitté la boutique avant l'heure de fermeture, ce qui est rarrissime pour moi un Samedi. Un fois n'est pas coutume. Pat décide de mettre un peu d'essence dans le réservoir et s'arrête à la pompe avant de prendre l'autoroute, histoire de faire des économies. Le carburant est tellement hors de prix en ce moment. Il sort de la voiture et là d'un seul coup se raidit.

- Merde! Il m'arrive une tuile! Je n'ai pas mon portefeuille!

- Tu as dû le laisser à la maison. Quand t'en es-tu servi la dernière fois? Où le mets tu d'habitude?

Pendant que je l'assaille de question et que je commence à sentir l'angoisse m'envahir, il réfléchit.

- Voyons... Je suis allé à la poste ce matin pour l'envoi en nombre. Je suis sûr d'être revenu avec puisque j'ai donné à Isa la carte pro et les coordonnées de la personne qu'elle doit voir pour les enveloppes d'invitation. On est revenu ce midi à la maison. Je ne m'en suis pas servi depuis. Il ne peut être qu'à la boutique. Pourtant je ne comprends pas. j'ai bien fait attention en partant de ramasser toutes mes affaires. Mon apprareil photo, mon casque...

- Retournons à la boutique, voir s'il n'est pas sur le bureau!

On fait le plein avec ma carte bleue, j'avais bien mon portefeuille dans mon sac. Pat garde pour le moment son calme et moi, je fais en sorte de ne pas partager ma peur grandissante. Malgré sa fréquente tête en l'air, je sais que Pat fait attention à son morlingue, néanmoins là je suis inquiète. Retour à la case départ, j'ouvre la grille du magasin, défait l'alarme, remets les lumières et je monte à l'étage. Sur le bureau, rien. Sur le sol pas davantage. Je redescends, Pat me rejoint après s'être garé. Il monte à son tour, et tout comme moi ne voit rien. Il retourne la poubelle, cherche dans les coins. Toujours rien. On fouille l'un et l'autre un peu partout dans le magasin. Rien. Pas de portefeuille. 

- Merde, ça craint! Où peut-il bien être?

- S'il n'est pas ici, il est peut-être dans la voiture, on a pas regardé. Tu n'as pas changé de veste ni de manteau. Un portefeuille, ça ne disparait pas comme ça. Tu l'as peut-être perdu ou on te l'a piqué...

La soirée et le week-end commençaient à prendre une sale tournure. Je ne voyais pas comment nous pouvions aller à Paris sans les papiers de la voiture, sans le permis de conduire de Pat et avec cette incertitude. Nous refermons penauds l'un et l'autre la boutique. Tout cela n'a pas de sens. Et là, alors que Pat a maintenant autant les boules que moi, son portable sonne. Son visage s'éclaire. C'est Pierre, notre petit dernier.

- Pierre a reçu un coup de télélphone. Une jeune femme lui rapporte mon portefeuille dans dix minutes à la maison. Elle l'a trouvé sur le trottoir. Il a dû tomber de ma poche ce midi quand je suis sorti de la voiture. C'est la deuxième fois cette semaine qu'elle trouve un portefeuille par terre et qu'elle le rapoorte à son propriétaire. Pourquoi a-t-elle appelé Pierre? J'ignorais que j'avais son numéro dans mon portefeuille!

- Si,si, souviens-toi, il te l'a griffonné sur un bout de papier quand il a changé de portable lundi. C'est pour ça qu'elle a trouvé ce numéro. C'est fou cette histoire!  

Nous repassons pas la maison. Le portefeuille est au complet sur la table de la salle à manger. Notre soulagement est à la mesure de la tension qui nous a étreint. Pat s'exclame:

- C'est bon de savoir qu'il existe encore des gens comme ça! 

Notre week-end peut commencer.

 

03/07/2012

c'est le Noooord!

- C'est le Noord!! -

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- Terrils jumeaux de Loos-en Gohelle -

 

 

Dans le milieu de la mode, quand "Bienvenue chez les ch'tis" est sorti, c'était branché et follement "in" d'être chetemis. Les parisiens découvraient que les gens du Nord n'étaient pas dénués d'humour et de bon goût, on a eu ainsi notre heure de gloire et chaque fois que je disais que j'oeuvrais à Lille, j'avais droit à un "Ah! Vous êtes du Noooord! C'est chouette!" Cet état de grâce n'a pas duré et nous sommes vite redevenus, nous, les gens du Nord, comme le commun des mortels voire même dans la case des anciens à-priori nous concernant, un genre bouseux attardé alcoolique, une image qui colle aux basques des chtis autant que celle de leur convivialité légendaire et leur amour inconsidéré du festoiement. Bref! Cette année, re-belote! Voilà que L'UNESCO inscrit au patrimoine mondial de l'humanité les terrils au même titre que le Taj Mahal, la grande barrière de corail ou le Mont Saint- Michel! Ni une, ni deux, revoici le Nord en pool position et sous les feux de la rampe. La mode adooore ce genre de phénomène, elle s'en nourrit et s'en repait. De nouveau, être de Lille et du Nord Pas-de-Calais est tendance et signe de richesses insoupçonnées. Hé,hé, j'ai pu bien le tester, puisque je viens de passer trois jours au salon du prêt à porter! Quand même quelle émotion! Pour moi les terrils n'étaient pas une source d'inspiration légère et esthétique mais plutôt un témoignage du labeur, âpre et sombre. Voilà que soudainement ces monts noirs prennent une autre allure et une autre symbolique, au patrimoine mondial de l'humanité, être du Noooord, c'est ça aussi!

 

12/06/2012

le gamin au vélo

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J'aime le cinéma des frères Dardenne, cette réalité de la vie qu'ils filment de façon romanesque. J'aime le message que leur vision du monde délivre comme celui dans ce film, le Gamin au vélo où comment un enfant dont le père ne veut plus s'occuper peut en découvrant l'amour d'une femme sortir de la violence et de la peine qui le submerge. Forcément! L'amour qui guérit et qui sauve, voilà un message qui ne peut que me plaire... Au-delà de ça, et suite à la discussion entre les trois drôles de dames que nous formons, Laurence, Laure et moi, je réfléchissais ce matin à pourquoi le cinéma, pourquoi tel film nous parle plus qu'un autre, qu'est-ce que chacun d'entre nous vient chercher et trouve dans le septième art? 

 

14/07/2011

Quand même, c'est le 14 Juillet!

Monet_La rue Montorgueil-thumb.jpg

- Claude Monet-

 

30/05/2011

Boucle d'or

amitié,art de vivre,maquillage,partage,histoire,famille,humain

 - Blue make-upée, bouclée et photographiée par Stella -

 

Dernières longueurs pour Boucle d'heures!

 


 

13/02/2011

Quand les murs tombent...

Hommage à Edouard Glissant. 

 

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" Agis dans ton lieu, pense avec le monde. "

 

" Ecrire, c'est souffrir sa liberté."

 

- Edouard Glissant -

 

 

 


16/01/2011

Dignité et Liberté

 

Hommage à tous les martyrs tunisiens, à leur tête Mohamed Bouazizi, qui sont morts pour la dignité et la liberté de la Tunisie.
Félicitations pour tous les Tunisiens qui récoltent les moissons de leur libération, après de longues années de  combat courageux et déterminé!


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Liberté

 

 

Nulle plainte,

Nul regret,

Si c’est pour toi

Que je meurs

Liberté.

Nul regret,

Nulle plainte,

Tu es le seul chemin du bonheur.

Si l’on meurt pour toi,

La mort n’est plus un malheur

Et tant qu’on vivra par toi,

La vie ne sera plus un leurre.

Liberté

Sans toi, la mort,

Sans toi, la vie

Ne seraient plus qu'erreurs.

 

- Mokhtar El Amraoui -

 


 

29/12/2010

bouleversant!

 

 

29/11/2010

de facto

On m'a appris à sucer avant de dire "maman", c'était dans l'ordre des choses pour elle, pour eux aussi, c'est toujours plaisant une petite qui suce avant de formuler, et qui n'avait même pas les dents pour mordre des fois que l'envie de révolte aurait pu lui prendre.

La toute petite a grandi, elle est devenue femme et bien malheureusement pour les protagonistes, elle n'a plus de bâillon, ni d'entrave dans la bouche et quand bien même peut parler la bouche pleine... et elle trouve enfin les mots pour le dire, le dire parce qu'il lui reste un fond d'éducation, elle voudrait le crier, le cracher, et le hurler, et puis tout ce qu'elle a dû avaler par la force des choses, pas facile à décrire, pas facile non plus à ingurgiter, à digérer, à rendre.

Alors toutes ces nuits à se tordre, à se perdre, à se poser tant de questions, à s'en arracher les cheveux  et la peau des ongles voire les ongles eux-mêmes maltraités dans l'affaire; tout ça pour ça, pour se rendre compte qu'on effraie, et qu'on crée autour de soi tant de malaise, tant de rejet!

Ne vaut-il pas vraiment mieux se taire?

Non.

Il vaut mieux dire l'indicible, l'indéfinissable, l'inacceptable, les choses telles qu'elles ont été et continuent à être.

Peu en importe le prix, sur ce coup j'ai de l'avance, j'ai juste parfois encore la peur au ventre, et puis c'est pas si simple d'affronter un passé chargé d'ordures et d'aspirations à mieux faire. 

Saleté, comme j'aimerais parfois, je l'avoue avoir été autre, du moins dans le passé! Tout en sachant que celle que je suis, là, au jour j, à l'heure où je vous parle n'est que ce qu'elle est parce que cela est arrivé et fait partie intégrante de sa vie!

Croyez-vous que cela me rende plus humble, plus humaine, plus "aware"! Je ne sais pas, je ne sais plus, je crois que oui et puis très vite je doute, aussi vite je me reprends, presque aussi vite je sombre.

Faut pas se voiler la face, malgré la poésie, et malgré la musique, et la peinture, la sculpture, la littérature, l'aventure, les voyages et toutes les rencontres, on reste vraiment seul avec son équation.... mais on la partage, on l'exprime, on l'envoie par pixels dans le monde et même si cela paraît n'être que des mots envoyés via des fils à toute la planète capable de me lire, moi, là du bout des doigts sur mes touches, cela me fait du bien.

Jamais, je l'ai compris depuis belle lurette on ne me rendra ce que j'ai sans doute perdu, mais j'ai gagné de pouvoir me dire, j'ai gagné de vous avoir rencontrés, et je gagne chaque jour qui passe à continuer de croire qu'écrire, sans être la panacée, est le meilleur moyen de m'affranchir, de me définir et de me révéler, et j'ai pas l'intention d'arrêter...

Merci d'être là.

Merci.

 

 

 

03/09/2010

petit topo local

 

 

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 Ce week-end, dans ma bonne ville de Lille, c'est la fameuse Braderie, vieille de six siècles, ça ne date pas d'aujourd'hui sauf que ça a pris de l'importance doucement mais sûrement, au fil du temps. Que je vous explique un peu le topo: des milliers de bradeux qui se frottent au commerce, sur des dizaines de kilomètres de trottoirs et ce, pendant deux jours durant. On peut tout vendre même son âme et tout acheter, bon peut-être pas une âme, et les badauds affluent du monde entier par milliers eux aussi, pour dénicher la perle rare, l'objet de ses rêves, le bouquin introuvable, de quoi rhabiller la marmaille, la croûte qui trônera sur le manteau de la cheminée du salon, la paire de fauteuils de soir d'été ou de veillées d'hiver, que sais-je encore! Les gosses vendent leurs jouets-de-quand-ils-étaient-petits pour s'offrir ceux-de-quand-ils-seront-grands, les jeunes fashionistas flairent la fringue de luxe ou le sac vintage à faire pâlir les copines, pendant que ces dames papotent entre elles, se marrent, et font de petites affaires et que la majorité des messieurs, sauf, bien sûr, s'ils sont de la partie, se mettent aux terrasses bondées à boire des bières. Les rues changent de couleurs, d'ambiances, d'odeurs aussi: graillon, friture, merguez, hot-dog, blé d'inde grillé, paninis, tartes faites maison, fricadelle, barbe à papa pomme d'amour morritos, Blanche de Brugges, Blonde de Cassel, fragrances d'humains en chaleur et en nombre, sueurs, pieds, haleines, parfums de supermarché ou des plus raffinés donnent un cocktail des plus ahurissants pour les narines sensibles et puis, par-dessus tout, cerise sur le gâteau, pour donner ce piquant d'atypique, il y a l'odeur subtile et indicible des fameuses moules-frites, car il faut que je vous dise la tradition locale en ces jours bénis donne lieu à un spectacle des plus odorifères et des plus surréalistes, le fameux concours du tas de coquilles vides entre les restaurants, boui-boui, bars et étals de toute sorte, même ceux à la sauvette, des montagnes de moules s'accumulent dans la ville, à chaque coin de rue, devant chaque façade qui reçoit à qui mieux-mieux. M'enfin, ça vaut le détour, si vous aimez la foule, le touche-touche, le contact corps à corps, avancer pas à pas centimètres par centimètres et si vous aimez les ambiances festives jusqu'au bout de la nuit, les hauts- parleurs hurlant de partout des musiques insensées, des réclames agressives, des chansons d'par ichi, parce qu'en plus, ça danse la ritournelle, ça s'empoigne coude à coude  dans des grandes farandoles! Les ch'tis, c'est bien connu, ça aime faire la fête! Et celle-là, ils en sont vraiment fiers, leur Braderie, c'étot d'la tadition, pas question de louper ça, le mot se passe de générations en générations, les emplacements aussi. Il y en a qui campent depuis plus d'une semaine pour être sûrs d'avoir le bon endroit, le stratégique. Moi, pour ma part, j'y participe bon gré mal gré, bonne fille des Flandres et au coeur de la ville, mais j'avoue qu'avec le temps, j'me lasse un peu et j'échangerais bien ma place et volontiers, pendant un jour ou deux, avec un Marseillais, un Nantais ou bien un Londonien, voire même encore plus loin...
  

 

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22/08/2010

nouvelle écolière

C’était un petit bonhomme de huit ans, gracieux agile coquin particulièrement vivant, son maître d’école de l’époque l’avait en amitié, il le lui rendait bien, un enfant quand il aime celui qui lui enseigne quand il se sent respecté et encouragé donne souvent alors le meilleur de lui-même, là l’équation fonctionnait à merveille et après un CE2 plutôt houleux, le CM1 s’annonçait plutôt bien. Son maître un bon bougre assez rond de nature garni d’une belle moustache proéminente et grisonnante avait plutôt la voix douce comparée à sa corpulence, souvent il oubliait les pinces qui retenaient le bas de son pantalon il venait chaque jour en vélo, je le croisais souvent quand j’accompagnais encore à l’époque mon petit dernier à ces chères études.

Un jour pourtant je reçus un coup de fil, mi-figue mi-raisin, en tout cas sincèrement gêné :

- Allo, bonjour madame, ici c’est le professeur de Maxime, votre fils.

- Bonjour Monsieur le professeur…

- Il faudrait qu’on se voie, euh … Il y a urgence, quelquechose s’est produit de… disons…plutôt fâcheux.

- Quoi ! Il est arrivé quel que chose à mon enfant ?

- Non, pas d’inquiétude, pas ce que vous croyez, c’est… autre chose. Pouvez-vous être là ce soir après la sortie des classes ?

- Vous ne pouvez rien me dire, là, au téléphone ?

- C’est trop délicat, trop compliqué, je vous assure, est-ce qu’on peut se voir, c’est vraiment important.

- D’accord, j’y serai, vous pouvez compter sur moi.

Evidemment l’attente pour moi fut longue, toute une journée à me faire toutes sortes de films dans la tête, construire des scénarios, inventer des histoires, dans ces situations l’imagination va bon train. Rien de tel pour une mère que de construire des romans quand cela touche de près ou de loin à la chair de sa chair. Diable, mais qu’avait-il donc bien pu faire, qu’est-ce-qui avait bien plus lui arriver, quel était donc ce mystère si épais, cette chose pas dicible ?

Le soir arriva enfin, je me pointai à sept heures, je ne pouvais me libérer avant. Il m’attendait à la porte l’air contrit sans ses pinces et me pria d’entrer dans l’immense classe vide bourrée de dessins et de livres en tout genre, une salle chaleureuse à l’image de l’individu qui se tenait devant moi.

- Bon, voilà, c’est vraiment délicat…

- Dîtes-moi, je vous prie, je peux tout entendre !

( très gêné) , la mère de la petite Nathalie, vous savez la fille de l’épicière est venue me trouver hier…

- Oui, je vois, celle pour qui Maxime a le béguin !

- Exact, c’est vrai, ils s’aiment bien ces petits… Elle est venue me trouver avec deux ou trois petits mots que votre fils a écrits à sa fille. Des mots d’une nature, disons, hum, euh…

- Hum, Euh ! Quoi !!

- Tenez, elle me les a laissés, jugez donc par vous-même !

Me voilà donc à lire dans un silence quasi religieux des petits mots d’amour adressés à une autre, je n’aime pas vraiment ça mais vu les circonstances, je devais pour une fois accepter l’ingérence. Et là je découvre écrit à la hâte sur des bouts de papier à moitié déchirés des " je te suce la chatte ", " je te kiffe ", " viens que je te baise que je t’encule ", pas vraiment les mots doux attendus d'un petit gars de cet âge, pourtant je n’ai pu qu’esquisser un sourire connaissant mon p’tit loup.

- Voyez, il n’y a pas franchement de quoi  rire, j’ai dû en référer aux autorités.

- Quelles autorités dîtes-moi mais de quoi vous parlez ?

- Au directeur pardi, elle a fait un tel scandale et après m’avoir remis ces billets et être allée déposer sa requête plus haut !

- Oups ! Votre directeur, si j’ai bonne mémoire n’est pas ce qu’on appelle un homme d’une grande ouverture, il est très à cheval sur l’éducation et la pédagogie, du moins sur sa vision de ce genre de notion.

- Oui, c’est vrai, c’est là tout le problème, il a fait ouvrir une enquête et vous allez être convoquée devant un groupe d’individus pouvant gérer l’affaire, sans compter que ces bouts de papier  vont rester dans le dossier scolaire de Maxime à compter d’aujourd’hui.

- Eh bien, qu’il me convoque au plus vite, ces messieurs ne vont pas être déçus, c’est moi qui vous le dit ! En attendant, est-ce que Maxime lui-même a été inquiété ?

- Reçu ce matin pendant une heure dans le bureau du directeur, il en est revenu blanc comme un linge ! Il voulait le punir, je l’ai empêché au mieux.

- Bon, je veux que tout cela se règle au plus vite, cet enfant est on ne peut plus normal et ce qu’il a à vivre est déjà suffisamment difficile, dîtes au directeur que je veux tous les voir demain…

Le lendemain arriva, j’étais vraiment sur des charbons ardents dans un état de colère insensée, comment pouvait-on faire un tel procès pour de simples petits mots recopiés à la hâte, sûrement entendus par les frères ou les copains, et puis quel manque de délicatesse de commencer par rabrouer l’enfant et de le rendre coupable d’un tel acte ! Bon en même temps, je me disais, "calme-toi  dans le fond ils ne font que leur boulot, tu verras bien, ils comprendront...".

J’arrive dans la même pièce mais les tables arrangées de telle manière que je me trouvais un peu comme dans un conseil de discipline, je savais comment cela se passait car quoique très bonne élève j’y avais eu droit une fois au pensionnat. Là devant moi, Monsieur le directeur Monsieur moustache, Monsieur de l’académie et Monsieur le psychologue scolaire. Que ne ferait-on pour défendre la réputation de son école !

- Madame, est-ce que Maxime a des comportements différents à la maison ces temps-ci ?

Non, il regarde toujours autant de films de cul, n’emploie que des mots vulgaires, se masturbe à table et bien entendu se jette sur tout ce qui bouge.

Bien sûr je vous rassure je n’ai pas dit ça du tout, je leur ai dit les choses telles qu’elles étaient, je leur ai parlé de moi, la mère de cet enfant, tout ce que cette mère avait vécu dans un langage qui les a rendu livides, dans le fond eux c’étaient tous des adultes pourquoi aurais-je retenu mes mots qui avaient bien plus de force et d’indécence et de cruauté que les petites lettres griffonnées à la hâte d’un enfant remué par le destin de sa mère, je leur ai rajouté que nous étions mes enfants et moi tous en thérapie familiale sur ma demande  pour que puisse leur être expliqué avec des mots d’enfants l’inexplicable, l’inexprimable, l’insoutenable, et je crois même si mes souvenirs sont bons qu’une partie d’entre eux a fini dans les larmes, je n'étais d'ailleurs pas en reste non plus. Allez messieurs, cet enfant ne subit rien il n’est pas maltraité ni abusé et n’est pas en contact de façon inconsidérée avec le sexe, n’ayons pas peur des mots, mais il est malgré tout confronté à une histoire peu commune qu'il lui faut bien digérer et comprendre et sublimer à sa manière, rien de bien méchant dans ce je te suce la chatte ou je t’encule dit si gentiment, je trouve pour ma part et au contraire que c’est sain qu’il puisse en jouer, ça peut servir à ça aussi le vocabulaire, les mots, les phrases, les vers et toute la langue française dans son inégalable variété et sa grande richesse. Si vous voulez je peux parler à la mère de la petite, qu’elle ne s’en fasse pas, qu’elle voie ça d’un autre œil, si je lui dis tout ce que je viens de vous dire, il n’y a pas de raison qu’elle ne comprenne pas.

Sur ce le directeur s’est levé comme un seul homme :

- Mais vous n’y pensez pas, vous n’allez tout de même pas raconter une histoire comme celle-là à tout le monde, ça ne doit pas et sous aucun prétexte sortir d’ici, c’est beaucoup trop, trop, c’est trop, pardonnez-moi madame. J’avoue que je ne m’attendais pas à avoir un jour dans ma vie à entendre de pareilles paroles. Reprenez les mots de votre fils, classons l’affaire et n’en parlons plus.

N’en parlons plus, tu as raison bougre d’âne, du moins là, je suis d’accord pour protéger mon enfant contre la bêtise et le manque d’empathie, mais t’inquiète, un jour quand il sera en âge de se défendre, toute cette histoire que tu as eu le privilège d’entendre de quelqu’un qui, il y a encore deux heures à peine n’était pour toi qu’une mère comme les autres sera dite d’une manière ou d’une autre.

L’école a repris normalement pour Maxime, quand on a reparlé il y a peu de cet incident, il m’a dit, "je ne sais pas ce que tu leur as dit alors, maman pour prendre ma défense, car jamais plus on ne m’a reparlé de tout ça et puis tu sais j’ai continué à écrire des petits mots à Nathalie pendant encore des mois mais elle les montrait plus à sa mère comme ça on était tranquille tous les deux… "

Je lui ai redonné ses petis bouts de papiers, je les avais si précieusement gardés, et tous les deux on a souri joliment, "comme je t'aime mon chéri", "comme je t'aime maman".

 

 


 

 

 

13/08/2010

demande d'amis

Maman m’a fait sa demande d'amis sur ma page facebook, non pas que j’y aille vraiment assidûment mais c’est comme ici un espace d’un peu de moi, en première réaction j’ai déconnecté mon compte, une réaction reflexe face à ce que j’ai d’abord vécu comme un effet boomerang, me revenait alors des images que j’ai mis longtemps à comprendre et à digérer d’elle lisant mes courriers et mes journaux intimes, ce qu’elle faisait en toute impunité. Et puis j’ai réfléchi, j’ai refusé sa demande, j’ai écrit ceci qu’elle lira un jour peut-être si cela doit se faire, et j’ai reconnecté mon compte et retrouvé mes amis.

 

Le plus terrible dans l’inceste c’est l’absence de frontières, ton corps d’enfant ne t’appartient pas et n’est pas identifié comme tel, pas validé; ton âme toute neuve et friande d’apprendre et d’éprouver n’est qu’un jouet dont se servent à loisir les personnes de référence sachant bien qu’il te faut l’affect pour être en vie; tu ne sais où tu es tu ne sais qui tu es tu n’as aucune conscience de ta géographie, au fond bien malgré toi tu n’existes pas toi-même et longtemps tu traînes cette marque aux fers ancrée au plus profond du profond de ta chair.

Tu n’as pas d’intime tu n’as pas de chez toi tu es à tous et à toutes et du coup à personne, mais plus tard tu grandis tu cherches tu construis un radeau qui t’emporte plus loin vers d’autres rives vers cette voie enfin qui te donne naissance et tu t’offres à toi-même ce qu’on a toujours refusé, du respect de l’amour de la reconnaissance et plus que tout tu fuis d’un réflexe viscéral toute forme d’ingérence de violence d’injustice quel que soit l’habit dont elles se parent souvent.

Il reste bien sûr toujours latentes les cicatrices que les protagonistes peuvent réveiller facile même si tu te protèges depuis ton édifice il reste que tu le veuilles ou non au fond de tes entrailles cette filiation ce lien cette demande affective.

Quand elle a voulu franchir la ligne de cette frontière construite avec le temps de bouts de mes neurones et de chaque particule de ma peau de mon sang de mes tripes de femme mûre de mère et d’amante, elle a bien failli une fois de plus m’atteindre et j’ai dans un sursaut refermé la coquille pour mieux me retrouver et une fois de plus faire face. Elle a toujours été la pieuvre dominante, la mère maquerelle offrant ses enfants en pâture, elle n’en sait même rien elle–même mais continue, pourquoi  diable ferait-elle autrement ce qu’elle a toujours fait, inlassablement elle ignore la vérité de ceux qu’elle a engendrés de ceux qu’elle a mis au monde et cruellement continue de payer sur l’autel de l’immonde son tribut à la grande névrose familiale dont elle est le pion maître.

Je n’ai plus à me battre  maintenant je suis mienne mais j’ai encore au fond de ces peurs ancestrales qui m’inhibent et me freinent, me tétanisent même bien plus que je ne veux l’admettre et le croire. Alors j’écris, j’écris et j’écrirai encore jusqu’au bout de mes nuits jusqu’au bout de ma vie pour ne pas perdre tout ce que j’ai repris ne pas oublier tout ce que j’ai appris ne pas revenir ne pas retremper ne pas re goûter à l’amer et surtout ne pas attendre un quelconque geste vers celle que je suis. Leur monde sans frontière est un monde sans cadre un monde sans amour un monde sans espoir un monde où l’individu na pas de place car il est à tous et jamais à lui-même.

Non, maman, je ne peux t’accepter dans ma liste d’amis, elle n’est pas très longue mais elle est toute ma vie et tu ne peux avoir une place au milieu de celle-ci tu ne peux avoir une place au milieu de ceux que j’aime de ceux que je respecte de ceux que je découvre de ceux avec qui je peux être moi-même, toi, tu es ailleurs dans ma carte du monde, dans un endroit clos où parfois je passe quand j’en ai la force ou le désir brûlant d’avoir des réponses et de donner un sens et d’espérer encore malgré toutes ces années un peu de ta tendresse même si au fond je sais qu’elle est empoisonnée.

Il est long le chemin pour se désintoxiquer pour se défaire d’une drogue à laquelle on s’est nourri pendant de longues années, long le chemin pour se permettre d’être et de dire ce qui doit être dit et de dire sa propre vérité. Je m’y emploie chaque jour en espérant que ce soit le dernier tout en sachant que je ne peux baisser la garde, chaque jour à séparer le bon grain de l’ivraie, chaque jour pour devenir un petit peu plus humaine, un petit peu plus vraie.

Tu as fait du mieux que tu as pu, je n’en ai aucun doute, mais arrête-toi là et laisse-moi donc vivre tranquille entourée des miens et de ceux avec qui je partage l’essentiel l’affectif le réel. Je te refuse, maman dans ma liste d’amis, je refuse à nouveau de rentrer dans ton monde dans cette vision que tu as de l’Amour, et dans cette vision que tu as du Pardon dans cette vision mortifère et mortificatoire que tu as de la Vie.

Que viens-tu donc chercher dans les pages de la mienne, restons-en là veux-tu chacun à sa frontière avec ces quelques moments d’échange à la longue cuillère, c’est tout ce que je peux t’offrir pour le moment, c’est le mieux dans l’instant que je puisse faire pour celle que je suis devenue, pour cette petite fille qui vibre au fond de moi et qui compte sur mon aide, pour celle qui est loin de celle que tu voudrais que je sois ou que tu penses encore à force de cécité que je semblais être.

Le plus terrible dans l‘inceste c’est l’absence des repères, ceux qui doivent te protéger t’agressent, ceux qui doivent t’apprendre te détruisent ceux qui doivent t’aimer t’utilisent ceux qui doivent te respecter t’abîment ceux qui doivent te donner vie et confiance te tuent.

Le plus terrible du plus terrible c’est qu’ils n’en savent rien, qu’ils ne s’en rendent pas compte n’étant pas eux-mêmes maîtres d’eux-mêmes manipulés par leur propre destin. C’est une histoire sans fin si on n’en coupe pas la chaîne, c’est une histoire sans fin sans frontières sans repères sans cadre sans plan, un roman de misère où les victimes les morts les bourreaux les parents sont finalement tous des enfants en souffrance, mais c’est toujours celui qui arrive le dernier qui prend en charge tout ce que les autres n’ont pas pu voir pas pu entendre pas pu ressentir pas pu exprimer.

Voilà, maman ce que j’avais à te dire et pourquoi je te garde à une certaine distance, nous ne pouvons faire ce chemin ensemble que si enfin tu comprends que cette frontière m’est nécessaire, car comme tu ne le sais pas elle me protège de ta folie que tu as faite mienne, elle me protège de la mort de celle que je suis.

 


25/06/2010

jamais sans mon rouge...

 

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- photo Peter Lindberg -

 

 

Évidemment ça va sembler bien superficiel et bien anodin, pourtant pas pour moi, il m'habille et sans lui je me sens vulnérable, il n'y a qu'au lit où je n'en fais pas usage, enfin... la nuit... J'ai toujours aimé ça...l'objet, la texture, le geste, l'effet... L'objet déjà allez savoir pourquoi, dans mes méandres inconscients je pourrais bien y trouver une explication freudienne mais ce serait tellement trop simple, j'aime l'objet, c'est tout, j'aime passer le bâton sur mes lèvres et j'aime le goût que cela donne à ma bouche, pas toujours partagé au demeurant. Parfois même je me prends à laisser un baiser bruni au dos d'une enveloppe, au bout d'une lettre, au bord d'une coupe de cristal, sur le miroir de la salle de bains aussi en souffle, sur une joue amicale ou au creux des reins aimés comme une gourmandise. Alors ayant subrepticement envie de partager avec vous cette délicieuse futilité, je me suis surprise à même n'avoir jamais jeté un cil sur le nom de celui auquel je m'adonne en ce moment, je vous le donne en mille: "intrigue" ! J'ai souri de toutes mes dents comme si d'un coup je me transformais en une sorte de Mata-Hari, une Marlène, une intrépide instigatrice, une grande séductrice et l'idée même de mon après-midi a soudainement changé de couleur!


24/06/2010

à tous ceux que j'aime là-bas...

 Bonne Fête! ♥

 Le temps qu'on a pris pour se dire je t'aime
C'est le seul qui reste au bout de nos jours
Les voeux que l'on fait les fleurs que l'on sème
Chacun les récolte en soi-même
Aux beaux jardin du temps qui court

Gens du pays c'est votre tour
De vous laisser parler d'amour
Gens du pays c'est votre tour
De vous laisser parler d'amour

Le temps de s'aimer, le jour de le dire
Fond comme la neige aux doigts du printemps
Fêtons de nos joies, fêtons de nos rires
Ces yeux où nos regards se mirent
C'est demain que j'avais vingt ans

Gens du pays c'est votre tour
De vous laisser parler d'amour
Gens du pays c'est votre tour
De vous laisser parler d'amour

Le ruisseau des jours aujourd'hui s'arrête
Et forme un étang ou chacun peut voir
Comme en un miroir l'amour qu'il reflète
Pour ces coeurs à qui je souhaite
Le temps de vivre leurs espoirs

Gens du pays c'est votre tour
De vous laisser parler d'amour
Gens du pays c'est votre tour
De vous laisser parler d'amour

- Gilles Vigneault -

 

10/05/2010

devenue femme

 

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Blue par Laure K -

 

 

Quelle sorte de vie aurais-je eu si tout cela n'était pas arrivé, si j'étais née ailleurs autrement? Quel sorte d'individu la vie aurait-elle fait de moi si, préservée choyée respectée et protégée j'avais pu avoir une enfance plus harmonieuse et humaine?

Je pensais à ça à priori tranquille et sereine hier soir après avoir visionné ce reportage d'Arte sur l'inceste, reportage pudique et poignant à la fois d'enfants témoignant d'abus répétés au sein de la famille frère oncle grand-père et celui d'une mère sobre lucide ayant après n'avoir rien su faire pendant dix ans pour ses deux filles accompagné leur parcours de reconnaissance de la vérité devant la justice. Quelle aurait ma vie si nous avions pu tous les trois, mon frère ma petite soeur et moi traduire notre grand-père devant les tribunaux, qu'en serait-il de ma mère qui n'a jamais pu elle voir en face ni exorciser ce qu'elle même a vécu avec une rare violence, qu'en serait-il de mon père confronté à ses propres démons, et de l'ogre aujourd'hui mort de sa belle mort et en moisissure lente au fond de son caveau, de sa femme fraichement décédée rendue folle par la vie qu'il lui a fait mener? Frappant dans ses témoignages, la disparition de toute haine, de tout ressentiment, juste cette volonté de comprendre et de construire enfin, tout comme ce que je ressens depuis quelques années, tout ce chemin parcouru pour sortir de la fange dans laquelle on s'est servi de mon corps de petite fille, de mon sexe de mon esprit mais où j'ai pu sauvegarder mon âme, cette part d'inaliénable.

Je n'aimerais pas être une autre que celle que je suis, mon chemin du combattant m'a ouverte à l'humanité, ma souffrance à l'humilité, ma terreur au sens de l'humour, toute cette violence à l'art et, le secret à l'écriture et au besoin de faire autrement. Toutefois certaines fragilités demeurent et parfois les fêlures se réveillent, on ne peut avoir approché la folie d'aussi près et l'amnésie profonde sans séquelles sans dégâts collatéraux sans bavures et sans mécanismes de défense psychique appropriés, sans une sorte d'attirance dangeureuse aussi à l'auto-destruction ou à l'oubli de soi, le tout étant d'en avoir conscience et de l'accepter, d'accepter ces dommages... Ce fut et c'est encore un long parcours, parfois truffé d'embûches et de piéges, je n'ai pu retenir mon émotion impossible à endiguer en visionnant au cours du reportage ces images de petits films de famille de vacances au bord de la mer, ces paradis de l'enfance pour les uns et enfers pour les autres!

Aprés bien des déchirements des cris d'horreur des sautes d'humeur des doutes lourds comme le plomb des erreurs d'appréciation de situations d'individus de limites, dîfférentes somatisations un peu partout des handicaps de toute sorte autant sexuels qu'affectifs, corporels que spirituels, aprés d'énormes déceptions d'énormes souffrances d'énormes deuils et d'énormes efforts pour recoller tout ces bouts de soi, et même s'il m'arrive d'être en proie à d'horribles incertitudes et de sombres pensées je n'aimerais pour rien au monde ne pas être celle que je suis aujourd'hui dans son entiereté avec son vécu et son "à vivre" et sa vivance du moment, et je remercie la vie pour la femme que je suis devenue.

 

 

 

07/03/2010

Pyrograve

A dire vrai pourtant gravé dans ma mémoire je n'y accédais pas d'emblée, l'évocation de pyrogravure dans un blog ami m'y a ramenée pourtant, l'effet boomerang... Au lycée, en cinquième j'ai souvenir d'une vaste cour plantée de modules préfabriqués à côté du bâtiment 19 ème, goudronnée austère mais vallonnée par ailleurs, j'y ai fait mes premiers gadins en skate! J'adorais ça, pyrograver, c'était au cours d'arts plastiques appliqués. J'aimais l'odeur du cramé dans le bois, j'aimais l'idée de la trace indéfectible, j'aimais y faire des arabesques et des phrases de style en lettres gothiques chiadées, j'y mettais tout mon coeur! Mais, oh ces "mais" qui ont tant ponctués ma jeunesse éprise de romantisme et d'éperdu, le prof, Père, de son état au sens religieux, m'avait prise en charité, grave, avec le recul et la lucidité acquise avec le temps et les dents, cela ne me paraît pas si étonnant mais sur le moment complètement. Je voulais absolument finir, la scène m'apparaît si clairement que j'en ai peur moi-même, finir disais-je une planchette bourrée de mots d'espoir et d'amour pour maman à l'occasion de la fête des mères, j'ai oublié la phrase si importante pour moi à graver dans la fibre de l'arbre, je voulais peaufiner et j'avais obtenu l'autorisation de venir en dehors des heures de cours sous la tutelle de mon professeur, ça va sans dire douze ans c'est pas grand pour une petite. Il m'a coûté cher cet extra, le bougre avait la main baladeuse plutôt en dessous du nombril et plutôt dans la culotte des filles, j'ai pourtant résister mais pas suffisamment, j'avais été à bonne école et je savais me laisser faire et lui le savait aussi, comment... il a dû le sentir  sans doute comme tout bon chasseur. Sauf que je n'ai plus voulu y retourner et que cela a levé des inquiétudes, j'étais plutôt du genre qui roule, j'avais changé aprés, et toute l'affaire est sortie à grand bruit, la prof de science Nat s'en est mêlée, j'étais pas la première sauf que j'étais la première à avoir boycotté le cours de travaux manuels et puis ils ont étouffé l'affaire, on était chez les curés quand même!

Depuis, je n'ai plus jamais pyrogravé.

 

 

17/02/2010

page d'histoire perso

Ma grand-mère maternelle vient de mourir, 94 ans bien malade depuis un bail, elle n'avait plus toute sa tête, après une agonie d'une dizaine de jours insoutenable pour ma mère elle a rendu l'âme dans cette solitude qui a toujours été sienne au fond. La dernière fois que je l'ai vue ce n'était pas dans des circonstances légères, je venais alors lui demander des comptes par rapport à son inactivité face aux troublantes et incestueuses activités de son pédophile de mari, une entrevue pas banale et assez violente qui ne lui avait pas franchement plu ce que je peux comprendre avec le recul maintenant et qui nous a laissées elle et moi comme ça sans réaction ni d'un côté ni de l'autre pendant une quinzaine d'années. Depuis son décès je fais des rêves nouveaux, elle m'apparaît plus jeune avec sa permanente à laquelle elle tenait tant et ses mains rougies par le travail mais surtout des souvenirs remontent que j'avais occultés, des odeurs des sons des images, sa terrine de lapin aux pruneaux, ses petites tricheries aux cartes, ses câlins maladroits, son " ainsi font font font les marionnettes", le petit panier offert pour cueillir les cerises, le baiser obligé au crucifix au dessus de l'énorme lit bateau à l'édredon fleuri dans lequel je couchais parfois pendant les vacances scolaires... Une brave femme au fond, quatorze frères et soeurs, énorme famille régit comme un régiment tous à la baguette, ses parents n'étaient pas tendres du peu que je me souvienne, sa mère surtout, elle n'a pas eu une vie facile ni frivole travaillant à la ferme du matin au soir, c'est elle qui m'a apprise à traire les vaches, une vie de labeur de chaque instant mais elle ne se plaignait jamais, du moins je ne l'ai jamais entendu se plaindre. Je ne sais dire si je suis triste aujourd'hui de ne pas l'avoir revue depuis et je m'efforce de garder d'elle ce qui a pu et dû sans doute être bon pour moi malgré tout, ce qui me frappe par contre c'est l'attitude de ma mère son unique fille qui en perdant la sienne me sollicite plus que de coutume et se réintéresse à moi comme si elle prenait conscience d'un coup de l'importance de cette filiation. Pas pour autant que la relation soit simple, toujours compliquée et à double tranchant, pourtant je me sens plutôt apaisée et je crois que je commence à accepter cette part d'obscur en elle et tout ce à quoi elle a du elle aussi faire face même si je n'en aime ni les conséquences ni les dégâts collatéraux. Une autre page de l'histoire familiale se tourne, une mémoire s'éteint, une autre s'ouvre une sorte de soulagement bizarre, comme si ça s'épurait de soi-même, je le vois chaque fois un peu plus dans le regard aimant de mes enfants et dans celui que je porte sur la vie...

 

 

31/01/2010

Coup'tiff

En réponse à la suggestion de L'oiseau.

 

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J'aime pas ça, aller chez le coiffeur, sauf peut-être me faire masser le cuir chevelu ce qui provoque chez moi une détente immédiate presque aussi efficace que le tripotage de ma plante des pieds.

Ne pas aimer ça me vient de loin, de ma petite enfance et plus encore je crois de mon adolescence. Pour ma mère, mes cheveux étaient siens, pas seulement ma tignasse c'est clair mais en l'occurrence étrangement c'est ce qui en apparence comptait le plus. Petite elle me les tressait à la Brindacier ou à la Sissi selon l'humeur, plus tard elle m'imposait les bigoudis et une longue séance de casque chauffant, je sais plus trop pour quelle correspondance, et puis un jour elle me les a coupé au bol à la Jeanne quand j'ai commencé à grandir, à me former et qu'il pouvait prendre l'idée à de jeunes hommes mal intentionnés d'après elle bien entendu de m'y passer la main, vrai que ça a fonctionné pendant un temps. J'ai détesté longtemps cette main mise, et lui en veux parfois encore légèrement, et c'est tardivement avec une amie que j'ai franchi le seuil d'un salon pour m'arranger tout ça.

Ça était pire que mieux, n'ayant aucune pratique et n'ayant non plus jamais opposé la moindre résistance à qui s'attaquait à cette partie de mon anatomie, je suis sortie de là la tête en dégradé, le cheveu hypra court avec une grande mèche déstructurée à l'avant, c'était fashion à l'époque paraît-il!

Malheur!

J'ai mis dans ma vie de femme, disons de jeune femme, quelques années avant d'y retourner, d'abord le temps que ça repousse et puis que je m'en remette. Et quand enfin j'ai pu à nouveau tenter l'expérience, je me suis retrouvée confrontée au même problème et suis de nouveau ressortie avec une tête qui n'était pas mienne et pire d'une autre couleur de surcroît, je me souviens de l'horreur qui m'a terrassée surtout après avoir été reçu par un " tu vas avoir encore plus de mal à être belle! " de mon homme à réception. J'ai bien attendu dix longues années pour arriver à faire de nouveau confiance à des mains coupantes. Maintenant ça va mieux, je n'ai plus les bouffées d'angoisse liées à une mère castratrice ni l'impossibilité de réagir à une proposition de coupe même hyper dans le vent ou d'une couleur de mèche must have du moment. J'y vais une fois l'an juste rafraîchir les pointes et colorer les quelques blancs faisant surface dans la masse. Ce n'est pas une détente pour autant  si ce n'est le massage...

Je me suis souvent demandé d'ailleurs pourquoi tant de femmes aiment ça et vivent parfois une histoire passionnelle avec leur coiffeur attitré voir même parfois hystérique car pour moi ça va sans dire ce plaisir reste un mystère...