04/10/2009
le petit Pelissier
Un petit bout de zan pas plus haut que trois pommes, c'est le souvenir que j'ai de lui, l'oeil vif hyperactif très friand de câlins et de bêtises en tout genre aussi, j'avais seize ans, Christophe Pelissier cinq. Monitrice de colo à l'époque je passais mon Bafa et me trouvais là au coeur de l'Ardèche avec en charge pas toute seule bien sûr une ribambelle de gosses de cinq à onze ans, tous des enfants de foyers issus ou de familles déglinguées père en prison mère alcoolique ou l'inverse ou les deux, enfants battus retirés de l'autorité familiale par la justice mais aussi enfants abandonnés un jour sur un trottoir et pour une paire d'entre eux dans une poubelle, une expérience éprouvante et riche, c'est que ces petits diables là ne manquaient pas d'énergie et d'imagination, une formidable soif de vivre de découvrir de rire ponctuée de nuits difficiles de cauchemars récurrents et de violentes bagarres. Et là au milieu de tout cet imbroglio et joyeux carnage une rencontre entre un petit blondinet et une grande tige vénitien. Je lui racontais tous les soirs une histoire pour l'endormir le berçant tant bien que mal tant il n'arrêtait pas de gigoter le bougre, on a passé des heures à courir, à jouer avec les autres à cache-cache ou aux cartes, faire des dessins des mimes même de la poésie. Deux mois qui ont marqués ma vie d'adolescente, me suis donnée à fond et j'ai reçu bien plus encore, les enfants ne sont pas des ingrats et sentent quand vous êtes vrai mais j'ai souffert de leurs histoires toutes les plus sordides les unes que les autres, je repense à cette gamine de douze ans qui avait fugué pour éviter le mariage qu'on voulait lui imposer avec un cousin du bled de trente ans son aîné ou de ces fameux jumeaux ingérables tout accaparé de rendre la violence reçue qui avaient été ballottés de foyers en foyers, parfois plus que maltraités par les gens qui en avaient la charge. Le petit Pelissier lui n'avait eu ni papa ni maman, sans famille, une grand mère trop vieille pour s'occuper de lui qu'il n'avait jamais vu mais nom d'une pipe un appétit de vie décoiffant, il rêvait de devenir joueur de foot ou astronaute, il disait: "tu sais les étoiles, c'est dans la nuit qu'elles brillent", petit prince va. Une vraie histoire d'amour qu'on a vécu là tous les deux, j'étais devenu comme une grande soeur pour lui, il m'a beaucoup appris, je l'ai beaucoup aimé.
10:43 Publié dans rencontre | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : tranche de vie, rencontre, enfance, partage
Commentaires
Et voilà qu'on se prend au jeu nous : on tape Christophe Pelissier dans les moteurs de recherches, on calcule, on imagine... on enquête, on y croit. Puis on abandonne et on se dit qu'il va se manifester ici, c'est sûr.
(Il y a quelques temps, j'avais dans un écrit, inventé un personnage que j'avais appelé Julien Orange... et je reçus un mail d'un Julien Orange. L'expérience est troublante)
Écrit par : Claudio | 04/10/2009
Punaise Claudio, j'y ai même pas songé et figures toi qu'il existe, et maintenant quand j'y songe oui bien sûr le joueur de foot Christophe Pélissier, non ça ne peut pas être mon p'tit de l'époque, c'est un homonyme c'est sûr! Enfin je crois...
Oups, j'en suis toute retournée d'un coup !!
Écrit par : helenablue | 04/10/2009
................ c'est une belle aventure ; on laisse tant de gens sur le bord de notre route, dans une vie....
Écrit par : anne des ocreries | 04/10/2009
moi j'ai connu un petit christophe pelissier, il doit avoir 29 environ maintenant... Discret, pince sans rire, et amoureux à l'epoque d'ingrid son premier grand amour, il habite dans le languedoc et travaille dans la marine; Mais ce jeune homme a 2 parents bien présent et un autre semblant de frère qui préfère lui épouser la marine et profiter d'une femme à chaque port... j'espère que le petit pelissier ne suivra pas les pas de son grand frère.
petite nostalgie en cherchant à retrouver mais non, zut ce n'est pas lui
Écrit par : dd40 | 20/10/2009
C'est à croire qu'ils sont particulièrement attachant ces petits christophe pelissier là! Au moins voilà, ils provoquent d'autres rencontres...
:-)
Écrit par : helenablue | 20/10/2009
Les commentaires sont fermés.