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23/12/2009

de la création...

 

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- Nicolas De Staël -

 

 

" La volupté de la chair est une des choses de la vie des sens au même titre que le regard pur, que la pure saveur d'un beau fruit sur notre langue, elle est une expérience sans limites qui nous est donnée, une connaissance de tout l'univers, la connaissance même dans sa plénitude et sa splendeur. Le mal n'est pas dans cette expérience, mais en ceci que le plus grand nombre en mésusent, proprement la galvaudent. Elle n'est pour eux qu'un excitant, une distraction dans les moments fatigués de la vie, et non une concentration de leur être vers les sommets. Les hommes ont du manger aussi, fait autre chose; indigence d'un côté, pléthore de l'autre, ont troublé la clarté de ce besoin. Ainsi ont été troublés tous les besoins simples et profonds, par lesquels la vie se renouvelle. Mais chacun pour soi-même, peut les clarifier et les vivre clairement. Sinon tous, du moins l'homme de solitude. Il est donné à celui-là de reconnaître que toute beauté, chez les animaux comme chez les plantes, est une forme durable et nue de l'amour et du désir. Il voit les animaux et les plantes s'accoupler, se multiplier et croître, avec patience et docilité, non pour servir la loi du plaisir ou de la souffrance, mais une loi qui dépasse plaisir et souffrance et l'emporte sur toute volonté ou résistance. Fasse que ce mystère, dont la terre est pleine jusque dans ses moindres choses, l'homme le recueille avec plus d'humilité: qu'il le porte, qu'il le supporte plus gravement! Au lieu de le prendre à la légère, qu'il ressente combien il est lourd! qu'il ait le culte de sa fécondité. Qu'elle soit de la chair ou de l'esprit, la fécondité est "une": car l'oeuvre de l'esprit procède de l'oeuvre de chair et partage sa nature... L'homme, me semble-t-il, est aussi maternité, au physique et au moral; engendrer est pour lui une manière d'enfanter, et c'est réellement "enfanter" que de créer sa plus intime plénitude."

- Lettres à un jeune poète - Rainer Maria Rilke -

 

 

 

 

 

Commentaires

Hi ! Je ne connaissais pas ce Staël-ci mais il est plus désir que chair. Il est peut-être, aussi, peur. Nous ne sommes pas loins des mots.

Écrit par : Dom A. | 23/12/2009

Miam, les bleus de Staël ! voilà une toile....mystique, presque ! C'est surtout les mùots de Rilke qui font mouche, Rilke, dans CE livre si souvent lu quand j'étais jeune, à relire maintenant tiens, et qui à l'époque m'avait sciée net - quelle révèlation ! Pas innocente, hein, cette citation précise ?

Écrit par : anne des ocreries | 23/12/2009

Ah oui ! Je prends.

Bon Noël à toi et aux tiens.

Écrit par : Mû | 23/12/2009

J'aime de Staël et que dire de Rilke... Vous nous gâtez, madame!

Écrit par : Bastalicious | 24/12/2009

Superbe texte et magnifique peinture. D'autant quque ces deux-là vont très bien ensemble, au point qu'on les dirait accouplés.

Écrit par : Mimi | 29/12/2009

C'est vrai, il semble fait l'un pour l'autre, répondant l'un et l'autre au même désir...

Mimi! Comment tu vas?

Écrit par : helenablue | 30/12/2009

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