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29/05/2010

Léonor Fini

  

Née d'une mère italienne et d'un père argentin, son enfance et son adolescence se passent à Triste en Italie, auprès de sa mère et de sa famille maternelle. Elle n'a pas connu son père, très tôt disparu. Dans un milieu bourgeois, très cultivé, elle acquiert une culture cosmopolite. Elle quitte sa famille à 17 ans pour s'installer à Milan et commence à peindre, adoptant le clasicisme et la peinture tonale. En 1937, elle quitte l'Italie pour Paris et rencontre André Bretonet les surréalistes. S'inspirant de leurs théories, elle expérimente le « dessin automatique ». Elle se lie d'amitié avec Georges Bataille, Paul Eluard et max Ernst sans jamais intégrer le groupe, n'ayant aucun goût, selon elle, pour les réunions ni les manifestes. C'est en solitaire qu'elle explore un univers onirique mettant en scène des personnages aux yeux clos (des femmes le plus souvent). Des jeunes gens, un peu androgynes, alanguis face à des sphinges protectrices évoluent ou rêvent dans un climat de fête cérémonielle où l'érotisme flirte avec la cruauté. Chez elle, la femme est sorcière ou prêtresse, belle et souveraine.

Sa première exposition monographique a lieu à New York, en 1939. Leonor Fini a réalisé de nombreux portraits Jacques Audiberti, Jean Genet, Anna Magnani confectionné des costumes pour le théâtre, le ballet et l'opéra et illustré des textes de Marce Aymé (« La Vouivre »), d'Edgar Poe, du marquis de Sade (« Histoire de Juliette », 1945). De nombreux poètes, écrivains, peintres et critiques lui ont consacré des monographies, essais ou poèmes dont Jean Cocteau, Eluard, Ernst, Alberto Moravia...

Filippo de Pisis, dont elle avait fait la connaissance dans le train la menant à Paris, l'emmène régulièrement au café Les Deux Magots où elle fait la connaissance de Jules Supervielle, Giorgio De Chirico et Max Jacob.
Elle fréquente les salons de Montesquiou et des Noailles. Un an plus tard, elle fait la connaissance de Cartier-Bresson et d’André Pieyre de Mandiargues. Bientôt elle s’installe chez ce dernier. Les portraits du jeune écrivain s’accumulent tandis que son ami photographe ne cesse de l’immortaliser dans des poses lascives, ou sinon en exécutant de troublants portraits. Sa beauté fascine bien d’autres photographes, dont Erwin Blumenfeld, George Platt Lynes, Dora Maar, Lee Miller et d’autres encore. Elle parvient à s’imposer comme peintre en exposant en 1933 avec les Italiens (Carrà, De Chirico, Severini, Campigli, De Pisis), puis en étant invitée un an plus tard à prendre part à l’exposition organisée par Paul Éluard sur le dessin surréaliste à la galerie Quatre Chemins. Des toiles telles que la Chambre noire, Femme en armure ou D’un jour à l’autre marquent son engagement dans l’univers surréaliste avec une forte connotation érotique. André Breton n’apprécie pas son travail : une femme ne peut avoir dans son univers phallocentrique (inquisiteur) qu’une place subalterne.

Leonor faisait séjour retirée du monde, mais non sans festivités, ayant eu des maisons en Loire, en Corse. Elle adorait les chats, elle a peint de nombreux tableaux et dessiné plusieurs esquisses et aquarelles en hommage aux chats. En 1977, elle consacra même un livre entièrement dédié à sa passion pour les félidés, Miroir des chats. Elle meurt dans un hôpital de la banlieue parisienne, sans jamais avoir cessé de peindre et d'écrire. De 1939 à sa mort, on a recensé plus de 45 expositions personnelles en Europe et aux États-Unis.

Cette artiste cosmopolite puise sa créativité dans les influences du romantisme allemand ainsi que du surréalisme tout en préservant son autonomie artistique. Elle traduit à travers son oeuvre des angoisses que l'art transfigurera, à travers une sensibilité mêlant l'onirisme, le goût du bizarre et l'étrange. Ses mises en scène du corps et des reflets de l'âme forment un monde de rituels et de cérémonies, obsessionnel et menaçant, théâtral et fascinant. 

« J’ai toujours vécu le présent. Je vis dans le présent. Je n’avais jamais de préoccupations de carrière ou de vocation, de projections dans l’avenir. Ça me plaisait de peindre, je peignais, donc j’étais peintre. Lorsque les gens me demandent : comment faites-vous ?, je réponds : Je suis ».

- Léonor Fini -

 Que ce soit à Paris, en Touraine ou en été au bord de la mer, elle peint tous les jours, l'après-midi, pendant cinq ou six heures. Pourtant, elle ne termine pas plus de dix toiles par an, car elle peint à l'huile avec une très forte exigence de perfection. Si, arrivée au terme d'une série qui l'avait stimulée elle s'interrompt de peindre, elle passe au dessin, où son écriture est rapide, nerveuse, spontanée. Lorsqu'elle cesse de peindre, elle crée des objets et écrit avec une rapidité presque automatique qui rapproche son écriture «littéraire» de celle du dessin.

"Toute ma peinture est une autobiographie incantatoire d'affirmation, une volonté d'exprimer l'aspect fulgurant de l'être; la vraie question est de transformer sur la toile le sens du jeu."

Léonor Fini -

« Ce qui est sûr c'est que je veux que les images que je fais surgir soient les plus proches d'elles-mêmes. Je les veux peintes le mieux possible : je veux dire au point le plus aigu de rencontre de ce qui veut s'exprimer à travers moi, et la façon de le faire.»

Commentaires

J'aime beaucoup Léonor Fini ; ses oeuvres sont à voir absolument, autrement qu'en représentation - fascinantes !

Écrit par : anne des ocreries | 29/05/2010

Que c'est Triste! Et moi qui croyais qu'elle avaait grandi à Trieste!

Blague à part, chère Blue, splendide présentation d'une grande dame de la peinture, qui n'eut que le tort de vivre un demi siècle trop tôt dans un milieu où même l'avantgarde était phallo.

Écrit par : giulio | 29/05/2010

Ravie de te lire ici cher Giulio, ça me manquait, j'avoue... Une grande dame de la peinture venue un peu tôt dans son époque, oui, bien dommage quand même de voir que même les esprits les plus avancés en étaient encore à ces archaïsmes.
J'aime sa peinture qui magnifie la femme, et cet onirisme au travers de son oeuvre me touche beaucoup... Anne a raison, c'est à voir de "ses" yeux, magnifique!

Écrit par : helenablue | 29/05/2010

Sorry de m'être fait plus rare, Helena; j'avais un boulot monstre ce mois-ci et j'ai dû me taper 7 présentations de galeries + respectifs articles + 3 articles approfondis qui me tenaient particulièrement à coeur. De toute manière, même quand n'ayant rien d'intelligent à te dire je n'écris pas, je passe régulièrement. Heureusement que juin s'annonce un peu plus relax.

Écrit par : giulio | 29/05/2010

Peintre déroutante...

Écrit par : Halagu | 31/05/2010

tres bonne idée d'avoir fait remonter à la mémoire cette artiste
mis à part le cahier des arts les reproductions de ses oeuvres étaient rares même dans les années 70 , là je découvre la plupart j'aime ce super surealisme de la femme qui reste un mystère dans sa forme même

Écrit par : alex | 31/05/2010

Merci Alex, suis très sensible à votre fidélité. J'aime aussi ce regard que porte Léonor sur la femme, sans doute un peu trop avant-gardiste pour l'époque, et peut-être malheureusement un peu toujours!
Bonne semaine à vous.
Blue

Écrit par : helenablue | 31/05/2010

Génial cet article sur Eléonore Fini!

je ne connaissais pas son côté sombre...artiste enigmatique et fascinante,
Merci Helenablue

Écrit par : alterdom | 01/06/2010

Je possede une sérigraphie de Léonor Fini ( Les chats ) et J'aimerais la vendre nais je ne sais pas combien est-ce que vous pourriez m'aider.

Merci

Serge Pelletier

Écrit par : Serge Pelletier | 21/07/2010

Les commentaires sont fermés.