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08/09/2010

La sphinxogenèse bleue

 

Femme-bleue-1979.jpg

 

 

Le groom céleste, qui la conduisit

Jusqu'au fil tranchant du funambule,

La tenait, encore graine, dans la paume de sa main.

Lui seul avait chronométré ce jour des hautes conjonctions,

Quand les autres étaient tapis,

Derrière leurs verrous, tout grelottants!

Il criait, en voyant la canne du danseur aveugle

Déchirer l'abîme de l'éclipse:

"Solalune! Solalune! Solalune!"

Quartiers ouverts aux orbes des germinations!

Et la canne d'enfanter ses courbes,

Dans la posture de tant  d'éveils.

Princesse bleue, dansez-moi votre inchoative venue!

Ô quenouilles des rencontres!

Tramez de désir,

Chantez à loisir

Cette sphinxogenèse si féline!

C'est d'elle la grande fêlure,

Passage bleu-gris

De constellations habitant leurs maisons,

Aux lancers de nos tarots.

Vole cri, vole,

Jusqu'aux cimes,

Pour la dire,

Cette semence

Ivre de rosée

Qui se souvient de son âme phréatique!

Elle glissera sur les arbres,

Comme un duvet d'épi solaire.

"Elle naît, elle naît!" dirent les bardes.

Clameurs d'élans libres.

Ils l'annoncèrent,

S'offrant dans le parfum

Qui, à jamais, la dessine

Avec cette canne accordéon ouverte en horizons.

Sa  danse ailée

Lui rappelait le galop des glaçons

Dans son verre ivre 

Du  martèlement des gouttes de pluie

Sur le clavier des arbres souriant

En tourbillons feuillus.

Ils l'accueillaient, ELLE,

Se continuant en élytres

De feux d'être,

En élytres de larmes

Eclairant l'eucalyptus de la gare,

Jusqu'au point où la valise du départ

Se posa en bris qui séparent,

En sanglots  de mouchoirs

Là où, torride, le vent  la reçoit encore,

Sous les toits abandonnés, depuis bien des saxifrages.

Ah! sabliers de mes douleurs,

Tailles de mes silex érigés

En sarments calligraphes!

Récitez-lui vos serments

Pour qu'elle surgisse et revienne de ses mots morts,

Fille bleue grisée  d'éclipses!

 

- Mokhtar El Amraoui -


  

 

Commentaires

Réciter des serments... Oh oui ! Et je les tiendrai, qui plus est. Très beau texte, très belle image.

Kiss, Blue.
Bird

Écrit par : Bird | 08/09/2010

Réciter des serments... Oh oui ! Et je les tiendrai, qui plus est. Très beau texte, très belle image.

Kiss, Blue.
Bird

Écrit par : Bird | 08/09/2010

Tabarnak Blue! J'pense que si (comme toujours) j'étais pas si saoul (j'avais pas si bu), j'y comprendrais 1000x plus que mes larmes.

Fille bleue, la magnifique et triste à la fois fille non-écarlate (parce-que-trop-froide) de l'avortement pré-pubaire d'un truc à construire à deux.

Je suis jeune et je le sais; je suis perdu et je le sais; mais l'important n'est-il pas de ne jamais arrêter de chercher?

Merci pour toutes es effluves toutes les caresses littéraires que tu me fais gouter. (donc merci à GV de te m'avoir présentée) C'est drôle. Grand Vent. GauVreau. Ça se ressemble drôlement.

Merci du fond du coeur noyé.

- Samuel

Écrit par : MotherHand | 09/09/2010

Solalune ! Solalune ! Solalune !

que vos mots devraient être entendus à voix haute, Mokhtar, me dis-je.

Écrit par : laure K. | 09/09/2010

@Bird
Merci, pour votre appréciation.
@Laure k
Ainsi , on reviendrait aux poésies premières qui étaient cris et chants, tout en oralité expressive, chère cinépoétesse!

Écrit par : Mokhtar EL Amraoui | 09/09/2010

Les mots ciselés, sonores et libres, valsent, s’entrechoquent, sourient ou sanglotent mais nous surprennent toujours. C'est une splendeur, un régal pour les sens et l'esprit!

Écrit par : Halagu | 09/09/2010

"Le groom céleste" j'adore, ça va me faire la semaine, comme image...

Écrit par : anacoluthe | 09/09/2010

@Oh! Merci, cher Halagu, pour vos mots que je sais sincères, venant de quelqu'un d'exigeant quant à la qualité de l'oeuvre. Cela m'incite à aller de l'avant!
@Anacoluthe
Franchement, ma trouvaille m'a énormément plu moi-même, quand je l'ai faite! Merci Anacoluthe!

Écrit par : Mokhtar EL Amraoui | 09/09/2010

Plusieurs fois parcouru ce labyrinthe, aux allées sybillines, livre peu à peu son secret d'une grande poésie touchant délicatement à la fois l'empreinte de l'ange et le contour fragile de l'âme.

Écrit par : MakesmewonderHum! | 09/09/2010

@Makesmewonderhum
En plein dans le mille! En effet, c'est chargé de codes, cher ami!

Écrit par : Mokhtar EL Amraoui | 09/09/2010

ho oui "le groom céleste" et bien d'autres personnages peuplent cet univers imagé à souhait... je songe à David Lynch, personne n' en a véritablement la clé mais beaucoup y adhère ! aller comprendre, j'aimerais vraiment l'entendre lu par une bouche amie...

Écrit par : laure K. | 09/09/2010

ô désolée pour les fautes Moktar, "allez comprendre !" c'est un supplice pour la langue, je sais ! j' "envoie" trop vite !

Écrit par : laure K. | 09/09/2010

De voir ce grand oiseau posé là devant moi,

battre ses ailes entrecoupés de chair

Ce qui distingue la femme de l'épaule à la nuque

son parfum, ses cheveux, une posture sans pareille

Egale au charme qu' on lui attribue

De ce qui la compose, l'habille, la submerge

Absolument vivante,

un parfait accord de tons et de clairvoyance

Je ne peux être que saisie par tout ce qui émane d'elle

Cette joie de partage et d'échanges, une attente de chaque jour presque,

Tranquillement lové,

Je comprends bien qu' on hymne

Son grain de bleuté

Écrit par : laure K. | 09/09/2010

@Laure K
Tu retranscris de manière magique ce sublime "tableau" qu'a choisi Blue!
C'est vrai, j'aime énormément le cinéma et il m'influence dans ma façon d'écrire.
Dans mon prochain recueil, j'ai un poème qui est écrit comme des scènes de tournage.
Pour les lapsus, on en commet tous.
Merci pour tes précieux encouragements, chère cinépoétesse!

Écrit par : Mokhtar EL Amraoui | 10/09/2010

"j'entends la douce nuit qui marche"
je me suis endormie sereine 'les étoiles s'allument une à une dans le ciel...

Écrit par : laurence | 10/09/2010

@ laure K:

" grain de bleuté ", je te la pique celle-là!!
:-)

C'est beau, tes mots, là. Ils me touchent. Merci.

Écrit par : helenablue | 10/09/2010

@ Mokhtar:

Il y a tant dans ce poème qu'à chaque nouvelle lecture j'y découvre un nouveau délice. Puissance et sensualité, tout est à décrypter, labyrinthe poétique et symbolique, une pure merveille!
Continue, oh oui, à nous émerveiller et séduire par tes vers.
Tant de beauté.

Écrit par : helenablue | 10/09/2010

@Hélènablue
C'est vrai, chère Hélènablue, chaque relecture est une réécriture du poème que le lecteur refaçonne selon ce qu'il y aura vu de foisonnement polysémique.
Absolument, il s'agit bel et bien d'un labyrinthe poétique!

Écrit par : Mokhtar EL Amraoui | 10/09/2010

je te l'offre ce grain de sable !! of course !
Oser écrire "Blue" après Mokhtar c'est peu de choses,
mais au diable les "I can't "!
:-)

Mokhtar, je ne retranscris nullement un "tableau", croyez-moi sur parole !

Écrit par : laure K. | 10/09/2010

@ Laure k
Entendu.

Écrit par : Mokhtar EL Amraoui | 10/09/2010

@Laure k
Ton texte est tout simplement sublime et on ne va pas se mettre à comparer le tien avec le mien! Ce dont je suis sûr c'est qu'on se complète , qu'on s'abreuve mutuellement!
Comme ta modestie est"entêtée"!

Écrit par : Mokhtar EL Amraoui | 10/09/2010

@Mokhtar
modestie "entêtée"... d'accord... je prend note !

Nous nous ressourçons mutuellement oui, et abreuvons du mieux que l'on puisse celle qui ne se tarit.
Elle est là; la source de modestie.

Écrit par : laure K. | 11/09/2010

@Laure k
Je suis complètement d'accord avec toi et que ta modestie ne t'empêche pas de te juger à ta juste valeur, à savoir celle d'une bonne créatrice prolifique et inventive, tant au niveau de l'écriture que du cinéma!
J'espère que tu iras toujours de l'avant!

Écrit par : Mokhtar EL Amraoui | 11/09/2010

@Mokhtar
Merci sincère et amical, Mokhtar, ça me touche.
Ce que je fais, ce que je suis, j'y crois plus qu'aucune autre certitude, mais on ne peut se "vanter" de ses certitudes. J'ai une foi solide mais ébranlable, comme tout un chacun. Tous les commentaires devraient suffirent à combler

Cependant, il est vrai que je sais quand les mots sont les bons, je le sais profondément puisqu'ils sont à peine puisés, qu'ils jaillissent à la surface sans recherche, qu'ils sont une évidence.
Oui, c'est vrai, il faudrait cesser de faire semblant de s'excuser. Cette fausse modestie de ne pas y croire... mais les doutes font aussi la beauté des oeuvres, non ? quand vous écrivez, vous, une fois la chose accomplie, est-ce de la fierté, du plaisir ? quel genre de sentiments ?

Écrit par : laure K. | 12/09/2010

J'aimerais bien entendre tes réponses également Héléna, à ces questions .

Écrit par : laure K. | 12/09/2010

@J'éprouve tout simplement une très grande joie d'avoir pu /su - du moins me semble-t-il- extérioriser ce qui , en mon fort intérieur, risquait de m'étouffer,de s'enkyster en moi. C'est un soulagement que d'avoir libéré une forme-sens dans une densité tant attendue, aspirant toujours vers un ton juste.
Cela, j'en conviens, n'exclut pas du tout le doute immanent à l'infinité de possibles de formulations dont on aurait pu emprunter les voies. Rien n'est perdu puisqu'on peut toujours les reprendre, ailleurs , dans d'autres spires de gestations et c'est ce qui fait les fleuves de la créativité!

Écrit par : Mokhtar EL Amraoui | 12/09/2010

@ Laure k:Mon dernier message t'est, bien entendu, adressé, chère cinépoétesse!

Écrit par : Mokhtar EL Amraoui | 12/09/2010

@ Laure K:

Quand j'écris, les sentiments que j'éprouvent sont multiples et parfois même antinomiques, je ressens tout comme Mokhtar l'exprime parfois une franche joie, voire une jubilation, je ne sais si elle est liée à un soulagement comme le plaisir aprés une tension mais elle est réelle, parfois à l'inverse c'est une grande souffrance, je ne sais comment te le dire mieux, comme si au contraire je ravivais des enfouis des inaccessibles autrement, quoiqu'il en soit je me sens exister quand j'écris, je me demande même parfois si je ne suis pas agie par l'écriture elle-même...
Quant aux doutes, ils font sans aucun doute partie du processus créatif du moins me concernant, tout comme toi, je les pense normaux et indispensables pour explorer encore davantage, extirper plus profond, je souris à t'écrire, je pense à mon beau-père qui m'a dit un jour et ça m'est resté:

" Tant que tu n'as pas tout donné, tu n'as rien donné!"

Puissant, non?

Écrit par : helenablue | 13/09/2010

Je pèse assez bien le sens d'une telle phrase, chère Hélèna, je crois que je l'ai fait mienne assez longtemps et que, pour ainsi dire elle m' habite depuis toujours, sinon à quoi bon. Mais, parce qu'il y a un mais, à l'heure où j'écris, de par ma vie de mère, je suis bien obligé d'admettre que je ne donnerai pas tout comme j'ai pû le faire avant. Il y a une zone de réserve que je ne me connaisssais pas et qui m'est indispensable, et de plus le "tout donné" m'est quasiment impossible, de part et d'autre. Je tente l'équilibre, funambule entre toutes les sphères. L'exercice est passionnant, difficile, j'apprends tous les jours. Et je donne au maximum de cette réserve.

Pour ce qui est de l'écriture, je te rejoins ainsi que Mokhta,r sur cette sorte de jubilation ressentie, c'est comme quelque chose de l'ordre de la magie, de plonger et donner corps à sa vie intérieure. Encore une fois je trouve que l'écriture est un état si prenant que physiquement il faut en être capable. Je pense au visage de Michel Houellbech dont j'ai lu une interview dans la presse; son corps a changé, son visage radicalement, c'est très impressionnant. Comme tout art que l'on fait sans économie de sa vie, il y a un prix à payer. Soit en nombre de cigarettes grillées, soit en nervosité gouleyante, qu'importe la monnaie, on trinque de toute façon à créer, c'est un fait. Enfin mon humble avis, et expérience. Et comme je ne sais pas comment faire autrement, le "tout donné" reprendra ses droits, un jour ou l'autre.
A ce moment là, j'éspère que mon corps et ma tête auront au moins tenu jusqu' au cinquante.

Écrit par : laure K. | 13/09/2010

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