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15/06/2011

Une extraordinaire journée ordinaire (soir)

"Tu m'as dit que j'étais faite pour une drôle de vie
J'ai des idées dans la tête et je fais ce que j'ai envie
Je t'emmène faire le tour de ma drôle de vie
Je te verrais tous les jours...

Si je te pose des questions,
Qu'est-ce que tu diras?
Et si je te réponds,
Qu'est-ce que tu diras?
Si on parle d'amour,
Qu'est-ce que tu diras ?

Si je sais que tu mènes la vie que tu aimes au fond de moi,
Me donne tous tes emblèmes, me touche quand même du bout de ses doigts,
Même si tu as des problèmes, tu sais que je t'aime, ça t'aidera,
Laisse les autres totems, tes drôles de poèmes, et viens avec moi

On est partis tous les deux pour une drôle de vie
On est toujours amoureux et on fait ce qu'on a envie
Tu as sûrement fait le tour de ma drôle de vie
Je te demanderai toujours...

Si je te pose des questions,
Qu'est-ce que tu diras?
Et si je te réponds,
Qu'est-ce que tu diras?
Si on parle d'amour,
Qu'est-ce que tu diras ?

Si je sais que tu mènes la vie que tu aimes au fond de moi,
Me donne tous tes emblèmes, me touche quand même du bout de ses doigts,
Même si tu as des problèmes, tu sais que je t'aime, ça t'aidera,
Laisse les autres totems, tes drôles de poèmes, et viens avec moi..."
 
 
 
 
A tue-tête, en boucle, c'est à dire trois ou quatre fois de chez moi à la boutique, j'ai entonné la chanson de Sanson, ça me détend le zygomatique! D'ailleurs à un moment, tellement absorbée par ma star-ac personelle en BM, je n'ai pas remarqué que je suivais un car blanc et bleu de flics. Le policier à l'arrière riait à gorge déployée de me voir ainsi, comme une midinette, chanter sans me soucier du monde extérieur. Il m'a fait un petit signe. J'ai juste répondu par un mouvement de tête, encore plus à mon affaire!
 
14h 14, encore en retard! Si ton père te voyait, ma pauvre vieille, il en ferait direct une apoplexie!
On dit que les chats font pas des chiens, c'est vrai, mais les chiens eux, peuvent sans rien y comprendre mettre au monde une chatte de mon acabit!
 
J'y suis, j'y reste. J'en ai pour toute l'après-midi.
Les coups de fil pleuvent, as usual, fournisseurs, banquiers, vendeurs d'idées, résolveurs de problèmes même ceux que tu n'as pas, empêcheurs de tourner en rond, pauvres personnes n'ayant trouver que le phoning en dernière option, personnages étranges qui tentent de te vendre du papier hygiénique fabriqué par des handicapés, clubs de golf qui te propose de les sponsoriser, jeunes filles n'alignant pas un mot de français cherchant un stage dans la vente, et ouf, au milieu de tout ça une voix amie!
On arrive à 16 heures comme pour rire! Et toujours rien de concret. Rien à se mettre sous la dent.
 
Parfois les silences sont denses.
 
Heureusement, alors Blue vient à ma rescousse et me tient du bout des doigts. C'est tellement suffoquant d'être là à attendre, à ne pas savoir par quel bout prendre les choses, à ne pas pouvoir agir. Faut un certain cran, une patience infinie et une bonne dose de goût du risque et de l'improbable pour faire ce genre de métier, parole!
 
Comme quand Elle entre ici.
 
Elle, c'est Angélica, elle déploie tellement ses ailes qu'on dirait qu'il n'y a qu'elle! Une belle plante, superbe même. Argentine, cheveux de jais, regard noir cuisant, des bagues deux fois plus grosses que les miennes, ongles noirs, pieds d'albâtre, elle est peintre. Pendant longtemps j'en ai eu une peur bleue, vraiment, viscéralement, tant elle décoiffe, femelle et animale. Et puis avec le temps, sans doute par ma manière d'être attentive et dans le non-jugement mais plus encore parce que tout comme moi elle dévore les livres et qu'elle a une sorte de vénération pour Sarah et Frida, nous sommes devenues plus complices et plus civilisées l'une envers l'autre, surtout elle vis à vis de moi.
 
Je lui ai fait découvrir Mistral.
 
- Ton québécois, quel souffle! Pourquoi me l'as-tu caché si longtemps!
- C'est mon affaire.
- J'ai lu Vamp, j'ai lu Valium, non  mais Valium, tu te rends compte quand même!
- Quoi?
- C'est énorme!
- Me semble te l'avoir dit... Rien sur Vautour?
- Ah! Là! J'ai été transportée, et tu dis connaître cet homme là?
- Oui. Je le dis.
 
Je garde, que Christian me pardonne, suffisamment floue notre relation si particulière, parce que telle que je perçois la personne, affamée, insatiable, je n'ai pas envie vraiment qu'elle vienne sonner demain à la porte du Bunker et qu'elle le mette en pièce! Le Bunker, j'entends!
Aujourd'hui, j'avais pour elle la robe qui lui fallait, THE dress! Fourreau, en soie moulante d'un vert de gris couleur de son fard à paupière, longue jusque plus que par terre, échancrée, décolletée, sans manche, le genre qui me fait moi aussi succomber tant elle est féminissime. Elle l'a essayée et adoptée.
Quand elle est sortie de la boutique avec son "Ciao" guttural, je me suis sentie seule au monde, il y avait comme un grand vide. 
 
Alors j'ai repris ma navigation sur mes blogs amis, et j'ai entrepris de répondre sur le mien! Pour moi ce blog fût plus que salvateur, une manière unique de m'évader, une manière unique de communiquer de ma prison dorée... J'avais tellement soif d'ailleurs et tellement besoin d'entreprendre.
Entreprendre, c'est toute ma vie.
 
Tiens, un groupe de copines qui se baladent entre elles, et qui font les boutiques comme d'autres les musées. " Pour le plaisir des yeux", qu'elles disent. Soit. Parfois j'ai envie de dire:" N'oubliez pas le guide!", mais bon, j'ai bien conscience que ça serait déplacé! Et puis c'est de bonne guerre, partager c'est aussi dans ma carte du monde, je ne peux pas m'en empêcher!
L'heure tourne, inexorablement. Je pense au dîner de ce soir, à ce que je vais faire pour nourrir tous ces hommes qui vivent avec moi. J'opte pour des pâtes aux fruits de mer et j'évalue vite fait dans ma tête si j'ai bien tous les ingrédients nécessaires. Me manque juste l'ail, Au Soleil d'Agadir, ouvert jusqu'à pas d'heure, comme les dépanneurs, je devrais bien pouvoir trouver ça. J'y ferai une halte avant de rentrer chez moi.
 
Oups! Voilà  une dame comme je les aime. Elle se plante devant moi et le dit, droit dans les yeux:
 
- Relookez-moi! Je veux tout changer! Tout! Il n'y a rien qui va.
- Ah?
- Plus rien de rien!
- N'exagérons pas.
- Ah?
- Tout changer est une vue de l'esprit, si je vous emmène à l'autre bout du spectre, vous n'allez pas vous retrouver et ça n'est pas ce qu'il faut faire. Que vous ayez envie de changement, d'autre chose, d'un nouveau regard sur vous, je le comprends parfaitement mais de là à tout balayer d'un revers dans un caprice insensé, c'est une erreur, je vous assure. Les vrais changements se font progressivement, petit à petit, en douceur. Pas de panique, pas de violence et pas de coup de barre d'un coup. Step by step.
- C'est vrai, vous avez raison, que me conseillez-vous alors?
- D'essayer, d'essayer tout ce qui vous passe par la tête, tout ce qui vous plaît dans le magasin, tout ce que vous n'avez jamais osé mettre, et tout ce que vous pensez pas normalement fait pour vous. Ensuite, si vous voulez, je vous ferais quelques suggestions, infimes, de vêtements qui me semblent pouvoir vous aller, fonction de votre stature et de votre personnalité.
- Ok.
 
Deux heures d'essayage, tout y est passé. On en a rit aux larmes parce que parfois c'était pas franchement joli, joli à regarder et finalement elle a trouvé par elle-même une jupe et un top lui allant à merveille. J'ai juste rajouté un collier, pièce unique, en pâte de verre et bronze qui finissait à la perfection, enfin presque, la tenue qu'elle s'était choisie. Encore une heureuse. Deux, en fait.
 
Tout le monde ferme autour, c'est qu'il doit être l'heure. Toujours en retard le matin mais toujours la dernière à fermer. Je ne sais pas plus ouvrir à l'heure que clore dans les temps! J'aime bien d'ailleurs ce moment étonnant où on est entre la vie du jour et la vie de nuit parce qu'alors la rue change. Les bars prennent le relais, l'ambiance n'est plus la même, et le public d'un coup rajeunit! L'heure où je m'encanaille... Dans la tête! Après je retrouve ma marmaille et mon rôle inépuisable de mère et d'amante. Je ferme le rideau, réamorçe l'alarme, enfouis mon habit de lumière sous un grand manteau noir, reprends encore une fois le volant et retourne chez moi avec encore en tête que vraiment j'étais faîte pour une drôle de vie. Celle-ci.
 
 
 

Commentaires

Chouette ta drôle de vie, petit théâtre côté cour, côté jardin, et toi là qui écrit tout ce qu'on ne peut percevoir du moine et de l'habit !
Quelle vivante matière tu écris là !
"Délectable", je l'ai déjà dit ?

Écrit par : laure K. | 15/06/2011

Déjà hâte à demain, pourvu que le plafond de la boutique ne lui tombe pas sur la tête, surtout la logeuse du 3 ième étage avec ses 110 kilos de ragots et 12 chats!

Écrit par : MakesmewonderHum! | 15/06/2011

Le roman en chantier, les amis, vous vous rendez bien compte qu'il vous est livré en primeur et en parcelles à mesure qu'il s'élabore? Vous êtes un méchant tas de chanceux, héhé.

Écrit par : Christian Mistral | 16/06/2011

Je suis bien accrochée. J'ai vu un moment donné que tu nous racontais pas une journée ordinaire. J'ai même relu un peu, peut-être avais-je manqué une introduction, une phrase-clé quelque chose qui me dirait pourquoi ce n'est pas tout à fait comme d'habitude. Le longue haleine, ça sent pas tout de suite, ou bien on ose pas trop y croire, pour son propre souffle court.

J'espère que tu n'as pas oublié l'ail.

Écrit par : Venise | 16/06/2011

Ven! Viens plus souvent, please. Farcer sur l'ail et le travail de longue haleine, lyes!

Love,

C

Écrit par : Christian Mistral | 16/06/2011

T'as raison, Christian, ma douce vient de relire à voix haute, les trois extraits avec juste un tantinet de francité expressive de la "Frince". Le rythme des textes est super bon, sa clientèle désirée et indésirable bien brossée, le tout bien arrosé de ses réflexions "euh! hum!" d'observatrice, devant toutes ces années, derrière le comptoir à les paufiner. J'pense qu'in partie pour y donner une bonne ride en rollercoasters à Boucle d'Or. J'ai bin peur que Stella n'a pas finie d'yre'placer le toupette!

Écrit par : MakesmewonderHum! | 16/06/2011

@ MMWH

Lyes...

Ce ne sont que des esquisses, des croquis, des exercices musculaires de cette belle bête bleue. Et va falloir s'y mettre à tous pour la convaincre de ne pas nous les montrer à mesure.

Hâte de voir. Si vous l'aimez assez pour vous priver de sa substance en fragments. Son roman potentiel en dépend.

Ici, on doit être son système de support, sa garde prétorienne, sa tribu rapprochée: lui faire confiance aveuglément et la défendre contre les borgnes, triper quand elle dénude un coin de peau mais ne pas en réclamer davantage, détourner les yeux s'il le faut quand elle s'excite trop. Ce roman qu'elle a dans la viande, ce sera quelque chose de très spécial, pas seulement un amas d'anecdotes bien jolies, pas juste un tas d'écriture stylée: ça dira quelque chose sur les choses de notre temps, en plus de dire un tiers, voire la moitié de ce qu'on peut savoir sur Blue. C'est un travail important et fragile, difficile. Vous tous qui êtes présents dans sa vie durant l'élaboration de l'ouvrage avez un rôle à jouer, et aucun ne sera oublié dans ses prières si elle en vient à bout. Moi, ce roman, je veux le lire, et quiconque interfère sera dans les miennes, de prières. Not the best place to be, I'm told.

Écrit par : Christian Mistral | 16/06/2011

@Christian
Right ! Ok avec tout.

Écrit par : laure K. | 16/06/2011

Rock & roll, Lorka!

Écrit par : Christian Mistral | 16/06/2011

En attendant, nous on se cache derrière le pin blanc à côté de la grosse roche, j'espère bin qu'il n'y aura pas trop de maringouins pendant tou'l temps qu'ça prendra!

Écrit par : MakesmewonderHum! | 16/06/2011

Ché pas vous autres, mais moé je viens de sortir de la tente pour aller pisser pis y a de la mouche noire épais comme une boucane de vieux tires, j'en voyais pas le bout de ma bite, pis c'est pas pour me vanter.

Écrit par : Christian Mistral | 16/06/2011

Moi j' y vois à peu près, ça fait un oeil qui veille c'est déjà ça, mais je m' en vais fermer les deux, il en faut un qui reste de garde; le loup gémit...

Écrit par : laure K. | 16/06/2011

Ah, ce loup-là, il est vieux, il est gâteux, il gémit à coeur de jours, il n'a plus de dents et il pète; va falloir l'emmener dans le bois et mettre un terme à sa misère.

Écrit par : Christian Mistral | 16/06/2011

"Mais de qui y parle, là?"

Écrit par : helenablue | 16/06/2011

Marlène Sasseur.

Écrit par : Christian Mistral | 16/06/2011

et Sant son foulard ? elle va prendre froid, pas malin ça, la nuit.

Écrit par : laure K. | 16/06/2011

et Sans son foulard ? elle va prendre froid, pas malin ça, la nuit.

Écrit par : laure K. | 16/06/2011

et merci la double portion.

Écrit par : laure K. | 16/06/2011

@ Christian:

" Avouez que c'est confusant! "

Écrit par : helenablue | 16/06/2011

T'es bourrée, Lorka, et tu déprimes, et t'es pas drôle.

Vrai, Isadora Duncan s'est guérie du rhume ad vitam aeternam grâce à son foulard.

Je préfère Blue enrhumée avec la tête sur les épaules. Et crois-le ou pas, ma préférence a préséance.

Écrit par : Christian Mistral | 16/06/2011

Je me préfère mille fois enrhumée que perdre la tête! C'est quand même plus facile pour récupérer...

Écrit par : helenablue | 16/06/2011

Confusant comme le crisse. Entre la nymphomane, la foldingue, ses quatre chiens, sa soeur et la légitime, on s'y retrouve pus. Encore heureux qu'il reste Juste Leblanc à venir se joindre au bordel.

Écrit par : Christian Mistral | 16/06/2011

Right! C'est juste.

Écrit par : helenablue | 16/06/2011

N'empêche que, je crois que je n'ai pas autant pisser de rire en concert au- delà des océans qu'avec cette scène, Françis n'en pouvant plus devant un Thierry dépassé et un Jacques époustouflant!

Du plus loin qu'il m'en souvienne... ma plus belle histoire de rire... c'est avec vous!

Écrit par : helenablue | 16/06/2011

Fuck, j'ai pas le choix, là, faut que je me la repasse!

Écrit par : Christian Mistral | 16/06/2011

Faut bien vivre en Europe pour pouvoir se permettre une telle latitude dans ses heures d'ouvertures! Ici, il me semble, la boutique ne ferait pas long feu. Trop stressés, trop pressés d'être pressés... une chose que j'adore de ton coin de pays : les gens prennent leur temps. Et profitent. Comme tu profites de ton premier réveil, et de la longueur du second. C'est une attitude merveilleuse face à la vie, que bien des gens ont perdu sur le continent américain. C'est bien malheureux.

Écrit par : Maxime | 20/06/2011

Hey! Hello Max!
Tu as le mal du pays?
Vraiment, vous êtes si "speedou" par chez vous? Pas eu cette impression, faut dire que je suis venue un week-end où en plus le Lundi était férié! Tu es bien mieux placé que moi pour juger de cette dîfférence...
Vas-tu revenir faire un tour par icitte, hum?

Écrit par : helenablue | 21/06/2011

Merci beaucoup, Blue, pour cette tranche de vie. J'y étais, en p'tite souris.....au fait, moi aussi j'ai lu Vamp....LE CHOC ! d'emblée sur le cul. Parce que.....je me suis tellement retrouvée, dans les mots de Christian ! j'attend d'avoir l'opportunité du suivant du cycle.....les livres, c'est comme l'amitié : chacun attend son heure. :)

Écrit par : anne des ocreries | 21/06/2011

Plus speedou oui. Exemple bien simple, dîner (déjeuner) deux heures comme je le faisais pendant mon stage à Lille est énorme pour nous ici. C'est rarement plus d'une heure, si nous sommes chanceux une heure trente.

J'ai constamment le mal du pays quand je pense à Lille tu le sais bien! C'est dans mes plans d'y revenir, mais les opportunités se font de plus en plus rares avec l'université en régime coop (stages alternés avec des sessions d'étude toute l'année sans réelles vacances). J'y reviendrai, ça c'est sûr, je dois encore faire découvrir le Noooorddd de la France à mon chum! ;-)

Amicalement,

Écrit par : Maxime | 21/06/2011

Je le sais Max!
Quand tu viendras avec ton chum, n'oublie pas de me prévenir, ok?

Bises.
Blue

Écrit par : helenablue | 22/06/2011

Je ne pourrais faire autrement! ;-)

Écrit par : Maxime | 22/06/2011

Je sais bien!
:-)

Écrit par : helenablue | 22/06/2011

:-)

Écrit par : Maxime | 23/06/2011

Les commentaires sont fermés.