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22/08/2012
élégie sans nom
" Je partirai demain pour me perdre à la dérive "
Le sable aux pieds nus la mer déshabillée Mer nue impatiente contemplée dans le ciel le ciel continué poursuivant son azur sans jamais le rencontrer sublimé
J 'allais effleurant le sable trop dieu tremblant pour mes solitudes fils d'esperanto et de toutes les langues déployant des regards de blancheur éparpillée
...
Le vent enflait ses voiles d'une force invisible il dansait dans l'oubli abandonné retrouvé et tu étais toi Je ne t'avais pas encore vue
...
Je t'offre à la vie entière du poème J'ai échoué sans honte puisque de cette terre mouillée de larmes sans prière tu nais - dahlia du vent - plus nue que la mer plus abandonnée que le ciel plus éternelle que cette étoile qui te poussait vers moi ma souffrance vers ton extase
Tu sais ? Je partirai demain pour me perdre à la dérive sur une barque d'ombres dans le violet des vagues et le chant des marins dans un silence astral lourd phosphorescent ...
Et mes lèvres tristes berceront ton nom sans jamais t'appeler et dans une chanson inutile toujours inutile toujours inutile je le murmure pour assoupir mon sang inutilement toujours
Les seins de la mort nourrissent ma vie .
- Emilio BALLAGAS -
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extraits de Sabor Eterno traduit de l'espagnol par Brigitte Le Brun Vanhove
Commentaires
L'un des plus beaux poèmes que j'ai lus. Merci, c'est sublime, oui, c'est sublime.
Écrit par : Guillaume Lajeunesse | 22/08/2012
Hum, sublime, je trouve aussi. Celui de Vian sur ton blog que j'ai découvert moi aussi est magnifique, lui aussi...
Comment vas-tu, Vieux G. dans tes nouvelles pénates?
Écrit par : helenablue | 22/08/2012
Le nouvel appartement, il est très bien. J'ai trouvé le moyen de me brouiller avec un voisin, mais ça, c'est dans mon tempérament.
Vian, Vian, Vian... Que serais-je sans cet être polychrome ?
Écrit par : Guillaume Lajeunesse | 22/08/2012
Ah! Toi te brouiller, je ne te voyais pas comme ça.. Quoique tu dois être très personnel alors!!
:-)
Vian, en quoi cet être t'a permis d'être toi? Tu peux l'expliquer , le formuler, l'écrire?
Moi, aussi étonnant que cela puisse paraître, deux m'ont vraiment profondément remuée, Flaubert et Mistral. Et pour parfaire parce que je ne peux me passer de lui et de sa poésie: Eluard, comme je l'aime celui-ci, presque autant que Baudelaire que je chéris aussi.
Écrit par : helenablue | 22/08/2012
Je suis soit un ange ou un furieux vampire. J'essaie de cacher cette dernière partie de moi-même. Ce n'est pas très beau. Comment dire, je m'en sers lorsque nécessaire, les gens sont toujours surpris. Je n'aime pas laisser la crasse de la haine alourdir mon coeur, c'est vraiment une mauvaise expérience... Disons que je frappe rapidement et sèchement, et ensuite c'est terminé. Mais j'évite d'avoir à le faire : je sais que je peux faire très mal. Or je ne veux pas. Disons que la personnalité idéale à mes yeux, c'est une espèce de Jésus violent : offrir l'amour immodérément, tenter de construire une somptueuse marche vers l'harmonie, mais sortir un uppercut acide lorsqu'on tente de nous mettre sur la croix.
Vian... Comment je t'expliquerais. J'ai commencé à lire très tard. À l'adolescence, j'avais seulement lu Vamp et quelques pièces du dramaturge Jean Barbeau, et un bouquin de psychologie aussi. Vian, j'y viens.
Le théâtre de Jean Barbeau était certes divertissant, mais ça ne m'enflammait pas. Je m'étais seulement dit : « Peut-être écrirai-je du théâtre un jour ! » Quant à Vamp, c'était du domaine de l'inaccessible : je trouvais ça enivrant, mais il était évident que l'homme derrière ce bouquin était un virtuose, et ça avait quelque chose d'écrasant : « Comment écrire quoi que ce soit si des gens peuvent écrire ÇA? » avais-je alors pensé.
Or, j'ai découvert Vian à quinze ans, en lisant L'écume des jours, et je l'ai redécouvert à seize ans, en m'attardant aux notes biographiques à son sujet. J'étais estomaqué : être éclectique (c'était donc le mot), cela se pouvait... J'admire Vian dans son intégralité. L'amoureux du jazz, l'ingénieur, le savanturier... L'humoriste, pour ainsi dire. Il est en soi un modèle. Si j'arrive un jour à être le dixième de ce qu'il fut, je serai infiniment heureux.
J'ai découvert avec lui que l'écriture pouvait être en 3D, qu'elle pouvait sortir du cadre de la littérature, et qu'on pouvait parler d'un continuum vie-oeuvre. Ça m'a diablement enchanté, et j'ai voulu devenir écrivain — mais surtout apprendre à vivre.
Mes deux auteurs préférés sont Mistral et Vian. Sans l'un d'eux, je ne serais sans doute pas en train d'affiner ma plume dans le but de devenir homme de lettres.
Puis il y a eu de nombreux autres coups de foudre. J'ai littéralement eu un ORGASME MENTAL quand j'ai découvert Rimbaud, avec le Bateau Ivre. J'étais entré dans une sorte de phase de manie instantanée ! Je sentais un fluide se répandre dans ma tête, qui me rendait archi-zen.
Baudelaire ! BAUDELAIRE ! Je l'aime tant. Au début je le trouvais sec, prétentieux. Je n'aimais pas ses poèmes. Puis, je suis tombé sur Les Paradis artificiels. Bonté divine. J'ai dû lire ce bouquin dix fois.
J'ai lu assez peu de classiques, ceci dit... Victor Hugo, un peu.
Éluard, je suis tombé en amour très tard avec lui. Nelligan aussi.
TANT D'AUTEURS SUBLIMES !
Ceci dit, je ne connais pas assez d'écrivains modernes. En as-tu à me recommander?
Écrit par : Guillaume Lajeunesse | 23/08/2012
Oh, ça, j'adore ! ça vibre....
Écrit par : anne des ocreries | 23/08/2012
@ Vieux G.:
Recommander, c'est un peu comme conseiller, non?
Le meilleur conseil, entre guillemets et entre nous, que je puisse te donner c'est de te fier à ton instinct. Erre chez un bibliothécaire et laisse toi faire, à mon sens le meilleur moyen de découvrir les écrivains modernes, surtout n'ai pas d'à-priori et lâche-toi! Tout est bon à lire, à vivre, à déguster. Parfois on tombe sur des navets mais c'est tellement plus rare que les jouissances qu'on découvre en toute intimité!
C'est vraiment un chemin à faire seul, surtout quand on est comme toi si, sensitif.
Hé, hé...
Écrit par : helenablue | 24/08/2012
Je crois que cette méthode est très peu scientifique, mais l'instinct, l'intuition, parfois, ça nous mène loin !
C'est un bon conseil à vrai dire.
En vérité, avant de lire un écrivain, j'ai souvent eu une profonde prescience de qui il était, et s'il allait me plaire ou non. Je n'ai aucune idée pourquoi.
Il faudrait que je songe à mettre plus souvent à jour la mosaïque de mes livres favoris, sur mon blogue. Sans suggérer directement, ça fournit une idée d'où j'en suis dans mon parcours. Et c'est chouette de mutuellement apprécier certains auteurs.
Bon sommeil, Blue.
Écrit par : Guillaume Lajeunesse | 24/08/2012
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