10/03/2013
Drôle de Dimanche
Réveil normal, tôt, amical. Rien ne semblait pouvoir ombrer cette journée froide et humide dehors mais chaude et chaleureuse dedans. Poulet-purée habituel. Discussion et échange en famille aussi. On décide de voir un film. " La taupe", le film de Thomas Alfredson. Le matin entre le thé et le déjeuner j'avais été remuée par un documentaire sur Yves Saint Laurent et Pierre Bergé que Pat m'avait enregistré, me suis pas méfiée! Quand la Taupe est arrivée, j'ai fait un malaise, submergée. Saleté d'inconscient. Bon, pas de panique, je connais la chose, quand elle veut s'exprimer elle n'a pas d'heure. Me suis couchée. Me suis réveillée trois heures après, la langue pâteuse et surtout les idées grisées. Et plein d'options dans la tête! Un dialogue intérieur, une sorte de mal être, toujours ces vieux démons qui hantent mon esprit et puis aussi ces questions lancinantes: c'est quoi tout ce tremblement, qu'est-ce que je fous, à quoi je sers, suis-je vraiment aimable, aimée? C'est idiot. Je le suis. Mais j'en doute. Parce que je doute de ce que je suis. Je sais, ça commence à bien faire, ça fait quatre années que je dis ça ici, que je cherche, que je creuse, que j'escamote. Mais bon, c'est comme ça. Je tiens le bon bout mais un élastique m'empêche de vraiment couper le cordon. J'ai mis au monde trois beaux gars, magnifiques et denses. Je vis avec et tout contre un homme fabuleux. J'ai des amis formidables, des amours, je me réalise peu à peu, une sorte de course à l'échalotte! Je veux vivre ma vie, la vie telle qu'elle m'est donnée à fond, jusqu'au bout. J'ai besoin d'oeuvrer. De dire. D'écrire. Je ne suis pas poète mais j'y suis sensible...
"Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d'amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n'en garder que les quintessences. Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, - et le suprême Savant ! - Car il arrive à l'inconnu ! - Puisqu'il a cultivé son âme, déjà riche, plus qu'aucun ! Il arrive à l'inconnu ; et quand, affolé, il finirait par perdre l'intelligence de ses visions, il les a vues ! Qu'il crêve dans son bondissement par les choses inouïes et innommables : viendront d'autres horribles travailleurs; ils commenceront par les horizons où l'autre s'est affaissé!"
- Lettre du voyant - Arthur Rimbaud -
20:23 Publié dans art, art de vivre, poésie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : art, poésie, art de vivre, écriture, état d'âme, partage, humain
Commentaires
Mettre en images soit meme et ou symboliser reste a essayer. Christiane n a peut etre pas tout a fait tord avec sa proposition de sculpter. La matière. La terre. Le territoire.
A explorer.
Écrit par : lorka | 10/03/2013
Peut-être...
Pour l'instant ma matière c'est les mots que je triture, malaxe, façonne dans mon silence et que je brûle, comme Soulages le fait de certaines de ses toiles qu'il ne trouve pas bien, au fond de mon jardin (en fait dans ma cheminée, toi qui connaît l'endroit, vais pas te raconter des histoires)...
Écrit par : helenablue | 11/03/2013
Garde le cap, Blue ; ton instinct saura mieux que quiconque t’emmener où il faut. Nous, on cause, mais au fond, qu'est-ce qu'on sait, nous ? On peut juste être là - et pour sûr, on y est. xxx
Écrit par : anne des ocreries | 11/03/2013
:-) Merci Anne. Je fais de mon mieux... Vous êtes plus que "juste" là, bien plus...
Il neige aussi par chez toi? Ici c'est tout blanc...
Écrit par : helenablue | 11/03/2013
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