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11/03/2013

Wilhelm Hammershøi, peintre de l'intime

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Descendant de Vermeer ou précurseur de Hopper ? Hammershøi, peintre danois dont la notoriété s'affirme dans les années 1880, est sans doute l'un et l'autre. L'intimisme minimaliste de ses intérieurs aussi bien que l'atmosphère trouble qui se dégage de son apparent rigorisme en témoignent suffisamment.

Hammershøi a sans doute inventé le portrait de dos, comme il existait un portrait de face ou de profil. Cette femme assise - dont on ne saurait dire s'il s'agit d'une bonne ou d'une bourgeoise, ni même deviner ce qu'elle est en train de faire - attire par son indifférence affichée vis à vis de celui qui la contemple. Au personnage silencieux correspond une gamme très raffinée de gris et de bruns, qui montre la sensibilité profonde du peintre aux atmosphères intérieures.

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 La composition est toute en angles droits : les lignes de la chaise, de la plinthe, de la desserte quadrillent cet éloge de l'absence avec une rigueur toute protestante. Mais il ne faut pas en conclure trop rapidement que cette toile est une allégorie de la solitude ou du tragique humain. Car Le vrai sujet en est peut-être la nuque, partie du corps la plus indécente dans l'imaginaire oriental. Aussi bien ces rares mèches folles, l'ouverture de la blouse laissant apercevoir la blancheur du dos, en contrepoint de la coupe en forme de fleur posée sur le meuble, constituent-ils les antidotes radicaux à la tentation d'une lecture platement puritaine. (Source Musée d'Orsay)

 

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" Il n'y a rien que cet espace enclos dans les lignes minuscules et vertigineuses du parquet, du plafond, la symétrie des moulures sur les murs, un parallélisme obsédant qui se cherche des points de fuite, une ouverture. Une lumière exsangue et bleue, fatiguée de se frayer un chemin à travers des rideaux, des tentures, des bibelots espacés, respectables, inutiles. Et puis cette nuque un peu penchée... Froide ou chaude ? C'est dans l'incertitude que la sensualité progresse, en silence, en secret. "

- Philip Delerm - Intérieur -



Commentaires

Je ne connaissais de lui que le portrait de sa mère, assise et de profil. Ce billet m'incitera sans doute à m'approcher de ce "Hopper" avant l'heure.
Merci!

Écrit par : Lelius | 11/03/2013

Il a un manière de peindre les paysages aussi tout à fait stupéfiante, on a le sentiment que le temps est suspendu...

Écrit par : helenablue | 11/03/2013

en tout cas, qu'il est gracieux, ce modèle ! Ah, une belle découverte que tu me fais faire là !

Écrit par : anne des ocreries | 11/03/2013

Fameuses peintures que ces intérieurs et ces silhouettes féminines et solitaires de dos. Elles m accompagnent depuis un moment et je pensais beaucoup á elles dans le film de Terrence Malick. Ce point de vue là, derrière la nuque est très particulier, a la fois tres intime et tres lointain. On ne laisse pas quiconque se placer derrière soi et y rester un moment. Le dos est un espace corporel sensible. Parfois lunaire ou papyrus de hiéroglyphes.
Tout ce qui émane de ces représentations d intérieurs m intriguent me racontent. Je connais moins les peintures de paysages d Hammershoi, il faut que j aille voir.

Écrit par : lorka | 11/03/2013

très tendre surtout je suis réceptif à cette sobrièté et comme Laure je partage son avis sur ces nuques féminines.
Bzzz...

Écrit par : le bourdon masqué | 11/03/2013

et puis tu en dis quoi toi, de ces peintures, Blue ?

Écrit par : Laure K. | 12/03/2013

J'aime énormément ces peintures de Wilhelm Hammershøi, tout spécialement la dernière que tu as déposée. Sans doute parce qu'elle m'a toujours fait penser à ma mère, une ressemblance dans le maintien, la nuque, je pense.

Écrit par : Françoise | 12/03/2013

postures dictées par le regard une épaule un bassin l'appui croisé et ondulant de deux pieds qui mettent en mouvement face à l'austérité des objets immobiles...je dormais...

Écrit par : laurence | 13/03/2013

@ Laure:

La lumière dans ces toiles me fascinent, elle semble suspendue, irréelle. Je ressens un état d'être que je connais, cette sorte de jouissance de la pensée, seule avec soi-même et la bonté des gestes simples, quotidiens, répétés. Et je ressens aussi un grand trouble face à ces dos de femmes, une sorte d'impudeur dans le regard, j'ai le sentiment d'entrer en elles plus que si je les voyais de face, le sentiment d'entrer dans leur intimité et d'ainsi prendre contact avec la mienne. L'art agit souvent en miroir. Ce peintre m'invite à l'intériorité. En fonction de l'état où je suis, je souris en toute complicité et d'autres fois les larmes me viennent tant je suis touchée et que j'y pressens l'attente et l'indicible...

Écrit par : helenablue | 13/03/2013

Les personnages de dos étaient également, une curiosité romantique incitant à l'évasion, du peintre Caspar Friedrich.
La sensualité féminine mystérieuse en moins.
merci pour cette belle découverte.

Écrit par : babeth | 21/03/2013

Les commentaires sont fermés.