12/04/2009
Qui je fus
Il l'emparouille et l'endosque contre terre ;
Il le rague et le roupète jusqu'à son drâle ;
Il le pratèle et le libucque et lui barufle les ouillais ;
Il le tocarde et le marmine,
Le manage tape à ri et ripe à ta.
Enfin il l'écorcobalisse.
L'autre hésite, s'espudrine, se défaisse, se torse et se ruine.
C'en sera bientôt fini de lui ;
Il se reprise et s'emmargine... mais en vain
Le cerceau tombe qui a tant roulé.
Abrah ! Abrah ! Abrah !
Le pied a failli !
Le bras a cassé !
Le sang a coulé !
Fouille, fouille, fouille,
Dans la marmite de son ventre est un grand secret
Mégères alentour qui pleurez dans vos mouchoirs ;
On s'étonne, on s'étonne, on s'étonne
Et on vous regarde
On cherche aussi, nous autres, le Grand Secret.
- Henri Michaux -
20:26 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : tableau d'hundertwasser, henri michaux, art, poésie
Commentaires
Magnifique ! C'est vrai parfois, les mots s'emmêlent et c'est un grand bonheur ou une grande émotion...
amitiés
Écrit par : Christiane | 12/04/2009
quel type quand même ce Michaux!!
j'adore...
Écrit par : Coumarine | 12/04/2009
C'est du ch'ti?
Écrit par : gaétan | 13/04/2009
@ gaétan :
Parbleu non ! :-)
Juste un français imagé, riche et joueur de mots !
Tu sais je ne parle pas ch'ti dans la vie courante , j'ai juste fait une entorse pour vous mes amis du Québec , un sacré challenge pour moi! Stie.
Bises.
Blue
Écrit par : helenablue | 13/04/2009
@ Coumarine : Oui , un sacré bonhomme et quel poète !
Écrit par : helenablue | 13/04/2009
Parfois la perte d'un être cher vous plonge aussi, comme une partie de soi, dans de semblables paysages complexes, insolubles,ou se mêle une descente vers un moi entaillé, une coupure avec ce et ceux qui vous entourent Je crois que ce point là vous aveugle...
Écrit par : laurence | 13/04/2009
@ Laurence : C'est un point qui aveugle et isole aussi , tant la souffrance est insoutenable, ravageuse ... mais l'espoir subsiste, nous avons en nous les ressources nécessaires, du moins je pense, mais parfois beaucoup de difficulté à les mobiliser.
Et puis, la vie elle-même se charge de mettre des signes sur notre route, à défaut de voir, se permettre d'être touché, peut-être...
Les blessures mettent toujours du temps à cautériser, il subsiste toujours une sensibilité, mais elle donne aussi une sorte de force pour peu qu'on les surmontent.
Tout est si complexe,
et si unique pour chacun ...
Écrit par : helenablue | 13/04/2009
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