21/08/2009
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi
questa morte che ci accompagna
dal mattino alla sera, insonne,
sorda, come un vecchio rimorso
o un vizio assurdo. I tuoi occhi
saranno una vana parola,
un grido taciuto, un silenzio.
Cosi li vedi ogni mattina
quando su te sola ti pieghi
nello specchio. O cara speranza,
quel giorno sapremo anche noi
che sei la vita e sei il nulla.
Per tutti la morte ha uno sguardo
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi.
Sarà come smettere un vizio,
come vedere nello specchio
riemergere un viso morto,
come ascoltare un labbro chiuso.
Scenderemo nel gorgo muti.
La mort viendra et elle aura tes yeux
retrouvé sur la table de chevet de Cesare Pavese (9 septembre 1908 – 26 août 1950) après son suicide.
La mort viendra et elle aura tes yeux
cette mort qui est notre compagne
du matin jusqu’au soir, sans sommeil,
sourde, comme un vieux remords
ou un vice absurde. Tes yeux
seront une vaine parole,
un cri réprimé, un silence.
Ainsi les vois-tu le matin
quand sur toi seule tu te penches
au miroir. O chère espérance,
ce jour-là nous saurons nous aussi
que tu es la vie et que tu es le néant.
La mort a pour tous un regard.
La mort viendra et elle aura tes yeux.
Ce sera comme cesser un vice,
comme voir resurgir
au miroir un visage défunt,
comme écouter des lèvres closes.
Nous descendrons dans le gouffre muets.
12:05 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : poésie, art, humain, christian mistral
Commentaires
Texte très émouvant "viendra la mort et elle aura tes yeux...comme les paroles sur des lèvres closes ..." récité par cet acteur extraordinaire.
Je me souviens plus particulièrement de son rôle dans le film " Nous nous sommes tant aimés", histoire d'une amitié éternelle qui s'effiloche. Je crois que c'est dans ce film qu'il se retrouve avec une femme un peu simple qu'il avait épousée et pour lui plaire, elle s'ouvre des voies intellectuelles, devient très cultivée, et lui qui est resté stationnaire ne comprend plus...
Oui, un film superbe, plein de désillusions comme souvent la vie ...
Petit nuage de tristesse sous le ciel d'Helena !
Écrit par : Saravati | 21/08/2009
Choisie ou pas choisie !
Écrit par : Sylvaine | 21/08/2009
Même ne parlant pas la langue, on se laisse pénétrer par la poésie intense et triste de Pavese. Merci pour ce moment sublime.
Bises
L'oiseau
Écrit par : Bluebird | 21/08/2009
hélas, je n'ai rien compris - et pourtant je fus prise, prise par cette langue qui est belle, par cette voix qui vous écorche, par ces images déchirantes de beauté à crier, à pleurer, à haleter - et pourtant je n'ai rien compris, , mais j'ai pris la claque en pleine face comme la mer vous envoie un rouleau en plein ventre, souffle coupé, souffle oppressé, avec ce tremblement de l'âme quand elle s'étonne - quand elle est prête à se donner........
Écrit par : anne des ocreries | 21/08/2009
Anne , tu as compris l'essentiel l'émotionnel la poésie.
Va lire le poème chez Christian Mistral en cliquant sur la phrase d'introduction...
Écrit par : helenablue | 21/08/2009
Magnifique et à pleurer... Je l'ai regardé combien de fois ? Quelle émotion passe là, quelques secondes pour cette beauté, pour que cesse une vie, quelques secondes avant la chute... Terriblement grand ce texte de Pavese... Terrible, terrible...
Écrit par : brigitte giraud | 21/08/2009
J'ai pleuré, Brigitte.
Écrit par : helenablue | 21/08/2009
La simple émotion dans cette voix sans pareille si proche du coeur du poême...
Écrit par : laurence | 21/08/2009
Je l'éprouve autrement: du fait que Pavese était si jeune en somme et Gassman un vieil homme au moment de cette lecture, je ne peux quitter l'idée qu'on a là un texte pour deux testaments, le premier tragiquement avéré, l'autre paisible et sans détresse, Pavese poète au désespoir, Gassman interprète aux confins de son art et de sa voix livrant ces mots choisis non parce qu'il va se tuer mais parce que le rideau va bientôt tomber. Enfin, je ne sais pas...
Écrit par : Christian Mistral | 22/08/2009
C'est très beau ce que tu écris la et oui, on peut l'éprouver ainsi et que tu arrives ainsi à ce degré de sensibilité avec ton ressenti qui ne m'étonne pas apprenant à te connaître m'ouvre moi aussi à des nuances profondes et assez mélancoliques je dois dire à l'écoute de cette voix si enveloppante et mûre de Gassman avec les mots présents de Pavese. Et la mort en définitive et deux manières si différentes de la vivre...
Écrit par : helenablue | 22/08/2009
J'effectue ma ronde de routine, tu sais, avant de fermer boutique et comater, je vérifie que j'ai pas oublié mes virgules dans la serrure ou laissé un mégot se consumer sur un blog volatil ou confondu ma poudre avec le sachet d'acide borique avant de saupoudrer le tout dans les trous à cafard, et bingo! J'ai été distrait plus tôt et j'ai oublié de relever le titre du film évoqué par Saravati (j'y remédie): le synopsis m'attire et m'effraie, ça ne m'arrive guère plus désormais qu'aux deux ou trois ans quand on annonce un prochain Star Trek.
Écrit par : Christian Mistral | 22/08/2009
Sweet dreams ...
Écrit par : helenablue | 22/08/2009
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