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22/08/2009

Cours Saleya

Amicales pensées à Jalila et Claudio.

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Bien malheureusement je ne pourrais me rendre à Nice cet été, trop de travail et d'embrouilles dans le Nord pour une escapade de plus je le regrette, c'est une ville qui a toute mon affection chargée de souvenirs importants et de taille pour moi. J'y ai vécu un an.
Il y a plus de vingt ans la même année j'épousais l'homme de ma vie, à peine rencontré je lui avais demandé sa main, j'attendais notre premier enfant je quittais mon Nord natal ma famille mes amis mes études mon quotidien mon passé pour vivre dans une ville que je n'avais jamais vue pour un temps indéterminé avec un mari que je ne connaissais pas vraiment dans une situation de devenir inconnue, c'était ma première grossesse, mais, en état de grâce. Je me suis mise à la socca au tricot layette sur la promenade des anglais entre deux lectures et de fréquentes escapades à la cinémathèque. J'avais choisi le gynécologue avec lequel j'avais étudié l'anatomie sur les bancs de la fac une référence livresque dans ce domaine, le professeur Libersa, il était de Lille en plus, un gage de sérieux!
Surprise au début je me suis habituée à être abordée dans la rue et prise pour une suédoise et puis cela s'est arrêté d'un coup, non pas que je déblondissais mais m'arrondissais.
Un après-midi de Juin, cours Saleya, je découvrais tranquillement A la recherche du temps perdu quand arriva un fort bel homme grand officier de marine à l'uniforme blanc éclatant digne d'une scène tirée direct d'Harlequin, ces romans à l'eau de rose qu'affectionnait particulièrement ma copine au pensionnat elle les lisait en masse un soir de désespoir adolescent j'en avais avalé une pile depuis plus, il m'aborde avec délicatesse et me demande tendrement:
- Pourriez-vous faire quel que chose de spécial pour moi?
Je m'entends répondre oui sans réfléchir et sans attendre.
-C'est assez intime.
Pas de problème de surenchérir, inconscience de la jeunesse goût du risque du romanesque ou que sais-je?
- Voilà, je ne suis pas littéraire, du moins j'aime les mots mais ne sait comment les agencer ensemble, me rendriez-vous le service d'écrire une lettre à ma fiancée genre que vous aimeriez recevoir elle est jeune et fraîche comme vous et je repars pour quelque mois, je reprends la mer...
Oups est-ce qu'elle est blonde aussi comme moi!
- Pas de longueur, quelque chose de court et de dense que cela puisse venir de moi elle me connaît suffisamment pour savoir que je serais bien incapable de noircir plus d'une demi page malgré toute l'ardeur de mes sentiments.
Le connaît-elle vraiment? Hum, déjà une lettre d'amour à une femme venant d'un homme mûr du haut de mes 19 ans venant à peine d'en découvrir la saveur de plus avec une économie de mots j'étais plutôt roman fleuve fleur bleue et romantique, comment pourrais-je retranscrire avec justesse et poésie les sentiments de cet énergumène casquetté...
J'ai écrit, il a lu satisfait a recopié a glissé dans l'enveloppe pré timbrée et m'a demandé de l'accompagner jusqu'à la poste parceque comme il l'a dit lui-même nous étions complices sur ce coup, pas faux.
Tous les quatre ou cinq ans, de manière récurrente je repense à cette rencontre, je ne me souviens plus du contenu mais du frisson, oui.
Juin 1984, Cours Saleya, Nice.

 

 

Commentaires

Tu as donc toujours eu le don pour attirer les confidences, Helena.
Une jolie histoire bien racontée et si fraîche. Ainsi, on te prenait pour une nordique ?
Quand je suis allée la première fois en Italie, un oncle de mon copain m'a pris pour une finlandaise, mais en Finlande, j'ai rencontré plus de sami aux cheveux noirs que de blonds ! Ah! les préjugés...
PS : Je ne suis pas blonde, pourtant, donc pas de confidences pour moi...

Écrit par : Saravati | 22/08/2009

Rencontres d'un instant, fugace, magiques... Ca n'existe effectivment pas que dans les Harlequins. Très belle histoire, Blue, merci de la partager avec nous.

Bises
L'oiseau

Écrit par : Bluebird | 22/08/2009

Quel savoureux, tendre et précieux récit! De ceux si rares qui nous font lever le regard et regarder nulle part en retrouvant dans l'instant quelque réminiscence de notre propre passé, remontant à la surface comme une bulle de champagne qui libère un parfum longtemps cru disparu, le parfum d'avoir vingt ans et d'être vivant, d'aborder chaque jour un nouveau continent sans bagage encombrant...

Alex Haley passa vingt ans dans la Garde Côtière avant de se consacrer à écrire pleinement, mais la réalisation de son talent et de sa passion remontait à la guerre, alors qu'il servait dans la Navy: un camarade matelot peinait à trouver les mots pour écrire à sa douce, et Haley lui fournit volontiers son avis, comme on discute le bout de gras entre gars sur la mer ou en prison je suppose, en tout cas cette lettre fut reçue d'une façon qui combla le copain au-delà de tous ses voeux, et bientôt un deuxième gars se présenta la photo de sa Denise dans une main et du papier à lettre dans l'autre: quand le Japon capitula, Haley avait prêté sa plume au plus gros de l'équipage, du cuistot jusqu'au capitaine en passant par le quartier-maître, souvent plus d'une fois par homme selon les ports où l'on mouillait et les succès qu'ils rencontraient, ce dut être une incomparable école d'écriture pour travailler la nuance, la souplesse, l'empathie et le détail, doser ses effets, en tester de nouveaux, et bénéficier de franches critiques littéraires administrées à coups de poings à fond de cale si d'aventure il se plantait et que son client recevait par retour du courrier une requête en divorce:-)

Écrit par : Christian Mistral | 22/08/2009

Vous deviez respirer la confiance, la demande était possible... Très belle histoire. Cet intime qui se dit, voilé quand même, mais une présence indéniable. Gardez cela comme un cadeau.

Écrit par : brigitte giraud | 22/08/2009

Hé bé dis donc ma belle, t'as vécu j'dirais ? Merci de ce joli récit, en tout cas, j'aime bien te connaître un peu....tu dirais : impulsive, ou spontanée, pour te définir ? ou les deux ?
En tout cas, tu oses ! génial.....J'en aurais pas fait le tiers ! (et surtout pas le gamin ! - ni le mari)
L'homme de ta vie....c'est toujours le même, ou ce n'est plus que le père de cet enfant ? (pardon d'être indiscrète, peut-être, c'est une question toute simple, mon intarissable curiosité qui fait des siennes - c'est une question "joker" : ne te sens pas obligée de répondre, si tu juges que c'est trop intime. Surtout pas ! Encore pardon. Je suis là à te lire et c'est comme si nous papotions en terrasse et je pose la question qui me vient, naturellement .)
C'est fou, ce marin on se prend à se demander ce qu'il devient, et s'il a encore la même amie....
On en fait, des trucs, des fois, hein ? ;-)

Écrit par : anne des ocreries | 22/08/2009

@ Christian , Hum, toujours une part de risque dans ce genre d'aventure!
:-)

Écrit par : helenablue | 22/08/2009

@ Brigitte, sans doute j'inspirais confiance...Moi même je ne savais pas à l'époque!

Écrit par : helenablue | 22/08/2009

@ Saravati: Oh! Toi aussi.... :-)

Écrit par : helenablue | 22/08/2009

@ L'oiseau, my pleasure.

Écrit par : helenablue | 22/08/2009

Anne, anne, anne, toujours curieuse et à l'affût! deux autres fils ont suivis, trois garçons tous plus beaux les uns que les autres, forcément!
Ne t'en dirais pas plus, patience...
Suis moi aussi sauvage!

L'officier et sa belle, j'espère ....

:-)

Écrit par : helenablue | 22/08/2009

De sauvage à sauvage, ça passe......pardon, Blue, je ne voulais pas t'effaroucher.....j'ai toutes les patiences. ;-)

Écrit par : anne des ocreries | 23/08/2009

Superbe récit. Ambiance bien restituée.
Désormais, je chercherai pendant mes balades une "nordique" blonde et légèrement arrondie dans ma ville. Sûr qu'il en reste un souvenir. J'aurai l'oeil curieux, c'est promis.

Et lorsque ce sera l'heure de revenir sur ces pas, n'oublie pas... la porte est ouverte.
Claudio et Jalila

Écrit par : Claudio | 23/08/2009

Je n'oublie pas , ça risque pas... merci encore à vous deux. Amitiés. Hélèna

Écrit par : helenablue | 23/08/2009

La première fois de ma vie que j'ai mis mes pieds à l'etranger, c'etait en France, à Paris. Je voulais errer dans le tout Paris, incognito, prenant n'importe quelle ruelle, je refusais de porter un nom, une nationalité, une carte d'identité, je voulais être moi avec les autres, tous les autres, me noyer dans la foule. J'avais, tellement dans le coin d'où je venais, subi des formatages: vous êtes ceci!, vous êes cela!, il vous est intedit ceci!, il vous est interdit celà! ou presque tout, sauf vous barrer, vous sucider ou adherer à un parti unique soviétisé.
Pendant donc que je flânais partout, un kiosque avait attiré mon attention, j'achetais une petite revue pour voir le programme des spectacles de la ville de Paris. Interessé par le titre d'un film "Autant en emporte le vent",je me mettais à la recherche de l'adresse du cinéma qui le projetait. J'accostais une jolie fille qui venait de passer et je lui demandais gentiment si elle pouvait me renseigner. Qu'elle fut ma joie quand elle m'avait bien fixé avec un joli sourire et m'avait invité à m'asseoir à côté d'elle, sur une marche d'escalier pas loin du kiosque et elle s'était mise à m'expliquer avec sa jolie voix envoutante.... Pendant que moi, transporté comme dans un rêve: "discuter le plus naturellement du monde avec une fille "qui devait être un ange. Je n'ai plus revu cette fille!. Où quelle soit aujourd'hui, je lui souhaite un endroit douillet au paradis.
Quel monde merveilleux est le notre avec des choses si simples et qui donnent du bonheur. ( Cette petite anecdote, je l'avais vécue et je ne l'oublierais plus)

Écrit par : bizak | 21/03/2011

J'aime ce genre de petite histoire peline d'espoir...
Merci Bizak!

Bises
Blue

Écrit par : helenablue | 21/03/2011

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