29/09/2009
cette histoire de miroir ...
J'ai sept ans, je suis pas bien épaisse blonde comme les blés mais tremblante toujours pour un rien, maman me sort du bain, toute nue elle me met devant la glace et me dit ces mots qui ont résonné longtemps: " Regarde, regarde comme tu n'es RIEN!".
Miroir, miroir miroir qui ne dit rien de ce que je voudrais entendre qui ne me renvoie pas qui me laisse livrée à ce moi-même en quête d'image et de reflet, j'ai cherché longtemps, longtemps je n'ai rien vu dans c'est fenêtre à tain sans teinte pour moi, sans reflet et puis un travail quotidien et aussi une confrontation de tous les jours à l'image des femmes face à elles-mêmes et à l'expression de leurs inquiétudes doutes souffrances et besoins d'exister si prégnant et touchant dans ce qui fait mes jours, des femmes jeunes des moins jeunes aussi avec ou sans poitrine opulente fesses plates ou rebondies callipyges ventre plat souvent vécu et avec traces jambes trop maigres ou trop variqueuses cheveux épars ou blanchis et parfois pourtant des crinières éblouissantes mains de reines qui s'ignorent, tous les jours je travaillent à leur image d'elle-même et à les conforter les bousculer aussi.
La beauté est en chacun de nous au delà de l'image, beaucoup en ignore l'existence, d'autres le sentent et le magnétisent et puis être belle et désirable à priori quand en votre fort intérieur vous n'êtes que méprisable et à vieillir, ou que vous n'avez pas accès à l'intériorité de vous-même, ce besoin d'être reconnue et aimée au delà de l'enveloppe alors que l'enveloppe développe, c'est une équation complexe.
La souffrance se véhicule en écho comme du morse intime, d'âme à âme, plus encore avec ces quelques comètes qui passent dans notre vie et qui nous en font mesurer tout le paradoxe, on se cristallise on s'organise on se mobilise soudain plus que de coutume parce que le message offert nous touche nous dépasse on en mesure toute la générosité. J'aime à croire pourtant qu'il est possible de délivrer vibrante et par étape la teneur de cette sorte de blessure profonde, j'essaie d'y contribuer.
21:43 Publié dans fragments | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : enfance, humain, image de soi, être
Commentaires
Voilà une mère dont je préfère ne pas dire ce qu'elle m'inspire, je sortirais de mes gonds. En plus, j'en ai eu une du même genre, persuadée d'agir "pour mon bien", merci l'Eglise, afin que point catin je ne devinsse, ni vaniteuse. Résultat ? je ne me supporte pas, ou du moins, en image, et j'aurais même pas assez d'une vie pour m'apprivoiser, c'est cool !
Ce texte ici est poignant de force et de beauté, et celui donné par le lien vaut largement le coup aussi, oui, je ne regrette pas d'avoir fait le détour.
Bises, Blue, la route est longue....
Écrit par : anne des ocreries | 30/09/2009
Les femmes n'ont pas le monopole des cruautés de l'apparence, pour chaque adolescente qui en pâtit on trouve un adolescent aussi, et ce discours de femmes en lutte pour les femmes comme s'il s'agissait d'une race à part ou d'une religion en guerre sainte ou d'un bloc géo-politique ne mène à rien sinon perpétuer les cruautés qu'on dit vouloir éradiquer. Quand l'humanité se fait baiser dur et sale contre son gré, se diviser n'est pas le moyen d'y mettre fin. Les filles sont différentes des garçons, certes, et le nier ne sert de rien non plus, mais ces différences pèsent peu en regard de ce en quoi ils se ressemblent: l'enfance est dure, la puberté pire, l'acné le gros nez la pression la sensation la découverte et la perte du premier amour et le conflit avec les parents qui se résout rarement et le corps qui torture toujours, car les grands et les grandes chialent autant que les petits et les petites et les maigres et les gros et les roux et les bigleux et les matheux et les timides et les extravertis et les gosses de riches et les enfants de la ferme et les trop pâles et les moins blancs et ceux qui sont jamais contents, hein? Ceux qui ne sont jamais contents? Ben oui, c'est tous ceux-là ci-haut, c'est nous, en leur temps c'était nos parents, quand Gilgamesh et Enkidu se tapaient sur la gueule au désert la jeunesse pubère d'Ur était déjà mécontente, bien qu'avec une espérance de vie de 23 ans et pour tout internet un réseau de scribes marathoniens suicidaires (SMS) et pour tout traitement de texte une tablette d'argile et un calame les petits salopards ne niaisaient pas autant qu'aujourd'hui à s'écrire des conneries ni à se lamenter sur le récit de leur ignoble enfance. Et pis les chicks en Sumérie étaient moins chiantes, aussi.
Écrit par : Christian Mistral | 30/09/2009
Les cruautés de l'apparence n'ont pas de sexe c'est exact, les hommes ne sont pas épargnés de ces difficultés et souffrances liés à l'image de soi, probables juste qu'ils sont plus pudiques sur le sujet, il n'a jamais été dans mon propos question de faire une différence quelconque entre hommes et femmes considérant que nous sommes tous humains et qu'à ce titre nos difficultés comme nos joies d'ailleurs sont communes, néanmoins je trouve que la pression de l'image est forte et imposante sur la gent féminine, on attend plutôt d'Elle qu'elle soit belle et d'Il qu'il soit fort et ceux me semble-t-il depuis la nuit des temps. Comment permettre à l'enfant futur adulte en puissance d'avoir en lui intégré la notion de confiance et d'amour de lui-même ce qui peut le mettre à l'abri de toute ces formes de pression ou d'oppression de la sorte, est-ce d'ailleurs possible, c'est un vrai parcours du combattant que la construction de son identité et sa présence au monde. La dureté de la vie la cruauté parfois les douleurs qu'elle nous impose n'empêche pas de ressentir néanmoins l'immense chance que d'être en vie, c'est ce qui permet d'ailleurs toutes les folies et toutes les audaces, se plaindre se lamenter et parfois même pleurer sur son sort au même titre que rager fulminer pester ou danser aimer et rire bombancer boire festoyer, réfléchir ressentir exprimer mettre au monde enfants écrits larmes poésie ou fruits de la terre apprendre échanger partager tout cela fait partie de la vie, je ne suis pas convaincu qu'il ne se véhiculait pas autant de conneries ou autres propos masturbatoires ou récits d'enfance ou d'ignominie de tout et de rien depuis la naissance du langage.
Écrit par : helenablue | 30/09/2009
http://www.youtube.com/watch?v=ZqvD8k02mvk
Écrit par : francis | 30/09/2009
Delon. Un homme si beau, ne ressemblant à personne et dont les traits animés par un brillant mystère exerçaient une si puissante fascination que les mecques du cinéma se l'arrachaient, Hollywood et Moscou, Berlin-ouest et Cinecitta, et tu ne m'ôteras pas de l'idée que quand vous avez dansé, ta brève déception devant la taille de la réalité n'était rien en comparaison de son traumatisme existentiel ancien: être si beau mais si petit, sûr que le bon Dieu se moquait de lui! À l'Armée il en a enduré des misères, imagine, et ensuite c'était pire, déjà qu'un écran de cinoche a quarante pieds de haut, même un géant est décevant quand une fille le rencontre au party d'après-première, le géant qui joue le boulanger dans la scène où le héros va quérir sa baguette et ses croissants et une fougasse aux anchois pour Lino Ventura, alors disons que t'es Delon, le héros, film après film après film, et t'es petit, petit, pas un homoncule comme Sarkozychaque fois que tu tournes en extérieurs et que la scène est prête éclairée sonorisée triangulée figurants placés acteurs maquillés pas trop tôt ça fait trois heures et tu sais ton texte par coeur et t'es concentré et quand t'entends «Silence sur le Plateau!» et le génie-en-Chef assis crie «On tourne» une grappe de lycéennes sort de l'école voisine ou un car de touristes Japonais passe et tu sens tu entends leur surprise Ah Oh C'est ça Delon cet avorton? Résultat la scène est fichue et le soleil perdu, faudra la refaire en studio dans les décors de «Bardot: vichy d'hier et d'aujourd'hui», Brigitte est partie pour trois jours au beau milieu de la production afin de voler au secours des phoques du Canada et, incidemment, condamner la morue à l'extinction et les pêcheurs Madelinots au chômage, donc on a trois jours sans lycéennes ni Japonais, Alain, tu pourras te concentrer trouver ton noyau stanislavskien accoucher de ton rôle aux forceps de l'inconscient profond car tu es le plus grand Delon le plus grand tu es grand tiens bois-ça et va relaxer dans ta roulotte en répétant Je suis grand Je suis grand.
Écrit par : Christian Mistral | 30/09/2009
Ok, va pour Alain son traumatisme est de taille être si grand si beau tout en étant plus petit qu'une cavalière de passage ma lègére déception n'est rien pour lui en comparaison, les jeunes filles de l'école à l'époque étaient sans doute en proportion les japonais de surcroit davantage mais rien n'est simple à vivre surtout avec une belle gueule si bien éclairée par Luchino face à une Cardinale plus qu'en beauté dans le Guépard. Je pense néanmoins que les épreuves du temps sont parfois lourdes à vivre pour certaines femmes icônes de beauté dans leur jeunesse et qui doivent affronter rides et pattes d'oie qui viennent contrarier leur image lisse en technicolor je pense à la grande Catherine croisée une fois dans le métro parisien l'année dernière qui m'est apparue bien petite aussi décidemment à croire que l'écran a un effet loupe et créve notre jugement et nos échelles, la Belle de jour qui a eu recours à la chirurugie qui lui fige les traits et qui perd au passage ce qui magnifie un visage aimé, la vie passée, Lauren, Claudia, Jeanne l'ont appréhendé autrement et avec plus d'intelligence ou de charisme. J'ai connu une jeune femme d'une beauté à couper le souffle, quand nous sortions en boîte ensemble à l'époque elle était l'objet de toutes les convoitises et pourtant elle souffrait de cette image parfaite de papier glacé, moi j'aimais chez elle ce qu'elle ne donnait que rarement à voir le contexte ne s'y prêtant que peu. Alors je ne sais pas je n'ai pas de solution miracle à proposer si ce n'est être soi-même femmes et hommes confondus, accepter aimer son corps ses traits ses rires ses larmes cette enveloppe charnelle évolutive qui influe de toute façon sur nos comportements et nos pensées et réciproquement. Personellement je m'aime davantage et suis beaucoup plus à l'aise avec mon corps et mon image que je ne l'étais à 20 ou 30 as et vieillir ne me fait pas peur disons en toute humilité pour l'instant, mais je n'ai pas l'immuabilité déroutante d'une Adjani ou la plastique d'une Sharon Stone. Je vois pas mal de jeunes femmes en souffrance anorexiques complétement déphasées avec l'image qu'elles ont d'elles-mêmes et j'ai vu grandir mes trois fils avec les difficultés boutoneuses de corps mal dégrossi de poils qui poussent de mue des premières déceptions amoureuses et autre recherches existensielles et je sais à quel point c'est laborieux; on vit dans une société où l'image a trop d'importance non? mais c'est une donnée incontournable tout comme la quête de l'éternelle jeunesse, les individus en oublient pafois de s'occuper de ce qui fait l'essence d'un humain son être, non son avoir.
Écrit par : helenablue | 30/09/2009
Comment transmettre l'amour et la confiance à ses enfants quand on a pas d'estime pour soi ?
La souffrance serait-elle héréditaire, génétique et comment dévier le déterminisme apparent de cette souffrance comme ancrée ?
Très beau texte que je n'ai pas envie de commenter, il se suffit amplement à lui-même.
Écrit par : Saravati | 01/10/2009
Hum, Saravati voilà bien deux questions d'importance,
pour la première, on va dire c'est difficile, l'enfant nous a au départ comme seul repère et intègre la manière dont on voit le monde et comment on s'organise, sans y mettre de mots il ressent, et parfois aussi s'en sent coupable, pense que c'est de son fait n'ayant qu'à s'occuper de son positionnement à lui face à ses parents en quête de l'amour et de la reconnaissance de ceux-ci, en sous estime de soi le père ou la mère va se servir de son enfant, l'instrumentaliser pour qu'il répare et lui donne ce qui lui manque, mais ce n'est pas irréversible, en faisant un travail sur soi, en en prenant conscience et en se donnant ce qui ne nous a pas été transmis.
Le plus beau cadeau que l'on puisse faire à son enfant c'est de s'aimer soi-même, c'est le meilleur moyen de le lui transmettre.
La souffrance héréditaire, génétique? psychogénéalogique, ça oui, pour le reste j'ai un doute sauf dans certaines maladies établies comme telles, on peut briser la chaîne de ce déterminisme en apparence, oui.
Merci une fois de plus pour tes mots.
Amitiés.
Hélèna
Écrit par : helenablue | 02/10/2009
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