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30/01/2010

Vortex Violet

Après dans l'ordre de mes découvertes Vamp, un opercut, et Valium, mon préféré lu deux fois, Vacuum que je picore encore, je viens de dévorer Vautour le dernier des Vortex Violet de Christian Mistral. Un roman attachant et tendre au sens où je l'entends, avec cette écriture mistralienne bien personnelle et unique qui me parle tant. Tout en ayant beaucoup d'amitié pour l'homme, je dois dire que Mistral est l'écrivain qui m'a le plus marqué dans les derniers mois qui viennent de passer, un verbe riche et dense, une sensibilité à fleur, une capacité à exprimer les tréfonds de l'âme humaine avec une sorte de grâce rebelle et un déchirement poétique tout à fait particulier, je ne m'en lasse pas, j'en redemande.

Plum en avait parlé en ces termes dans un de ses commentaires au Vacuum II: "...parce que je me souviens quand j’ai lu Vautour, il y a un bail maintenant, à quel point ça m’avait jeté sur le cul de lire quelque chose qui collait d’aussi près à ma propre vie, je veux dire dans plein de petits détails que je pourrais pas vraiment nommer, un mélange de sensibilité, vision du monde et plus prosaïquement de "conditions de vie" pas juste semblables mais vécues, intégrées d’une façon tellement proche… (C’est certain que le fait que nous ayons vécus "en parallèle" plus ou moins dans les mêmes lieux et à la même époque y est pour quelque chose, mais pas seulement. Puisque, évidemment, Mistral n’est pas le seul écrivain québécois de sa génération que j’ai lu et jamais, même si j’en ai bien sûr apprécié d’autres, jamais je n’ai ressenti ça aussi fort…)

N'ayant pour ma part pas vécu à Montréal en parallèle et pas de la même manière je ne peux en dire autant, mais par contre je retrouve chez Mistral dans sa langue et dans ses excès cette singulière importance de l'amitié et de l'amour pas si différents au demeurant, et quand il parle de ses états d'âme et de tout ce qui le remue et qui l'anime les gens qu'il aime ou qu'ils l'aiment ou le détestent, ça m'atteint au coeur et j'en vibre de l'intérieur, c'est une écriture émotionnelle comme une musique comme un poème. Et puis derrière cette teinte bien à lui, ce ton t'auto-dérision, cette sorte de nombrilisme bien caractéristique mais qui densifie encore davantage son écriture, il y a beaucoup d'humanité au fond et de volonté d'être au plus prés, une lucidité acérée sans compromis. La richesse du vocabulaire et cet humour un peu à la Buster Keaton ou plus encore peut-être à la Chaplin d'évoquer les scènes de vie truculentes et parfois si rocambolesques, tragiques et déchirantes aussi, cette manière de manier les mots tout à fait propre à son oeuvre me touchent vraiment profond et m'interpellent. Vautour est un cheminement comme chacun des Vortex d'ailleurs, une tranche de vie, une rencontre, toujours cette fatale présence de la mort et de la séparation de l'alcool des femmes aussi de tout ce qui donne un sens, à ceux qui comptent dans notre vie, aux méandres de l'inspiration et comment cela se tricote s'emboîte et nous transforme nous nourrit nous fait avancer, un bel hommage et une belle preuve d'amour à l'amitié et à l'écriture aussi, à la sueur, à la vie, pas un instant je n'ai douté de l'existence d'une telle expérimentation, c'est là aussi toute la puissance de cet écrivain indéniablement génial. Il parle de ce qu'il vit et comment ça vit en lui, et cela avec tant de talent. Vivant vivace percutant transpirant émouvant et décapant, moi ça me transporte...

 

vautour_fauve_vercors_chama.jpg

  

" Murmures de rêves étirés aux limites comateuses crues. Sursauts tout le long de la musculature et spasmes dans toutes les épaisseurs. Chorégraphies valsantes de rasoir Bic bleus et les deux lames leur sont des lèvres d'acier qui modulent des aigus. Et il m'arrive de m'éveiller, de me dresser fiévreux dans la nuit de mon lit, des pages plein la tête, et j'allume et j'écris tout excité à l'idée du bon matériau que ça fera pour le livre qui me travaille si les mots passent l'aube. Alors lambeau par lambeau par lambeau de lambeau, j'extrais de mon âme toute les épiphanies qui la brouillent comme un oeuf sanglant."

" Qu'ajouter? J'ai triché de toutes les inavouables façons que j'avoue maintenant. J'ai déterré de vieux trucs enfouis dans la boîte que je réserve aux vieux trucs, des trucs ue j'écris gratis et qui sont déjà vieux pendant que je les écris, et qui me faisaient penser à Vautour mais qui n'étaient pas Vautour. J'ai voulu les fourrer dans ce livre que je torchais pour le faire vivre et pour l'achever. J'ai pris le job de Dieu avec des moyens d'avorton. Pour une histoire aussi simple, il y a de quoi désepérer de la littérature si on n'accepte qu'elle demeure impuissante à mouler les tragédies ordinaires. Si simple, je le répète, que chacun devrait y ressentir le parfum d'une perte proche. En rencontrant Vautour, j'étais un raté jusqu'à preuve du contraire lui aussi, j'étais sur le point de connaître le succès, il était sur le point de mourir. Un an plus tard je file un coton pleurnichard et peureux. Rien n'est notable dans cette affaire. Aucun détail ne rachète le destin de ce jeune homme, pas plus que le mien qui s'élabore en toute injustice blafarde. Je songe aux horreurs que la nature suggère d'éprouver au contact de la peur, la grosse chienne, la vraie grosse peur de mourir, et je découvre stupéfait que cela me tranche le poignet qui scribouile. Je trace les signes avec l'énergie d'un restant de main, assis me soûlant devant un téléphone qui ne sonne pas, je suis vivant mais c'est bien peu quand le téléphone se dégonfle."

- Christian Mistral - Vautour -

 


 

Commentaires

Il est dans ma PAL (pile à lire).

On n'est pas obligé de te demander si tu aimé ... (Il arrive que certains (rares) blogueurs se cantonnent à une stricte description de l'oeuvre que l'on se demande encore après à quel point ils ont aimé).

Écrit par : Venise | 30/01/2010

@ Venise:

:-)

Pas la peine, en effet. Mon préféré néanmoins reste Valium mais il y a une tendresse particulière dans ce Vautour. J'y pense, c'est chez toi que m'es venue l'envie de lire Vacuum, vais le mettre en lien sur ta note de l'époque... As tu lu Origines? j'en ai parlé il y a quelques temps. Ca te plairait, je pense!

Ma PAL est pas mal, et beaucoup d'ouvrages québécois s'y pressent comme tu le sais, notamment cette correspondance dont tu as parlé il y a peu, et puis j'ai aussi un ou deux Louis Hamelin à lire et le livre de Mc Comber, mais avant tout ça je voulais finir la série des Vortex, l'écriture de Christian Mistral me remue beaucoup.

Écrit par : helenablue | 30/01/2010

bon, bin moi là je passe mon tour, forcément, j'ai pas encore rencontré tout ces livres là par chez moi....
C'est bien joli, un extrait, mais c'est comme l'odeur du poulet rôti qui t'affleure aux narines quand tu passes dans la rue, c'est pas comme le poulet dans ton assiette, hein....

Écrit par : anne des ocreries | 30/01/2010

Du poulet rôti?

Écrit par : Gordon | 30/01/2010

Du poulet rôti...
Bien en sauce avec pommes frites et salade.
Mistral est tout ça et plus encore,pardi!

Anne t'as raison je trouve, on a beau donner
des extraits en publiant un billet sur un écrivain,
cela reste toujours une odeur alléchante au
détriment du hors-d'oeuvre,l'assiette et son dessert.

Écrit par : Yvan L. | 30/01/2010

Wow ! Superbe billet LB !

Un bel hommage à mon amour !

;-)

Écrit par : emcee | 31/01/2010

J'aimerais beaucoup lire Origines, il m'intrigue beaucoup, mais je n'arrive pas à le trouver ! Peut-être n'ai-je pas suffisamment cherché.

Si je comprends bien tu as commandé la correspondance de Pauline Julien et Gérald Godin ? Parce que si ce n'est pas le cas, c'est le livre que j'avais choisi de te poster. Il est pas trop volumineux et si savoureux. Laisse-moi savoir ...

Écrit par : Venise | 31/01/2010

Venise, c'est bien cet ouvrage, en effet, mais si c'est celui que tu as choisi de me poster, j'annule derechef ma commande, j'en commanderai un autre car ce petit livre prendra plus de valeur encore à mes yeux s'il me vient directement de toi, il n'en sera que meilleur...

Origines, je l'ai commandé chez Pantoute et j'ai attendu plus de six semaines pour le recevoir, je n'ai pas été déçue outre mesure, je crois sincèrement que ça te plairait beaucoup, ce que dit Christian Mistral de sa vision de l'écriture et ce qui l'anime à écrire est vraiment captivant et touchant aussi, tu le connais avec cette densité et cette légèreté à la fois, c'est tripant!

Écrit par : helenablue | 31/01/2010

@ Emcée:

Merci.

:-)

Écrit par : helenablue | 31/01/2010

@ Yvan:

"Du poulet rôti...
Bien en sauce avec pommes frites et salade..."

Justement ce que je suis en route à faire pour le déjeuner dominical avec fils et belles filles en puissance...

:-)

Tiens, à propos de fils, j'ai passé Vautour à mon aîné, il était bien en vue sur mon bureau, et m'as demandé, c'est quel genre? j'ai dit Punk!, vivant, tripant; différent, il a embarqué l'ouvrage pour commencer à le lire dans la soirée, je vais probable avoir quelques échos tout à l'heure au déjeuner, suis assez curieuse de savoir...

Écrit par : helenablue | 31/01/2010

@ Sandy:

:-)

Écrit par : helenablue | 31/01/2010

@ Anne:

Evidemment c'est pas pas pareil, néanmoins l'odeur le frétillement des narines du moins pour ma part contribue au plaisir, comme une mise en bouche avant le repas, ça fait saliver et du coup ça prépare quoique dans le cas d'un Mistral, le plat dépasse en général et de loin l'idée qu'on peut s'en faire par ce qui est induit ici par ces quelques extraits.
Hum, ce n'est pas des livres que tu vas rencontrer par chez toi, il faut les faire venir... Si tu veux découvrir, je peux t'en envoyer un des miens mais attention j'y tiens, il s'appelle reviens!
:-)

Écrit par : helenablue | 31/01/2010

Alors si tu peux annuler la commande de celui-là en particulier, ce serait bien :-).

Écrit par : Venise | 01/02/2010

Ok! Aussitôt dit aussitôt fait...
:-)

Écrit par : helenablue | 01/02/2010

vivement ces livres, dans ma vie, son impact, sa réailté, son concept même de "vortex", ces textes, ces mots, ces maux, cette volupté vivante venant vous visiter, cet esprit rebel, ces petites situations tellement riches en émotions décrit d'une unique manière, ce silon en moi où il plante ses arbres, et qu'ils poussent en moi, de la crème pour planteur, j'ai été envouté, la proximité à laquelle je m'y suis collé, à laquelle je me suis senti littéralement aspiré, un talent qui vient chercher et dirige tranquillement ma personne au sein de l'existence même de l'être, une réflexion avec tant de (moi aussi) coïncidence incroyable de ma propre vie, quasi-calqué, (je pense à ouvrir la télé et fermer le son, justement, tout en étant assis en faisant autres choses, buvant, lisant, etc.), mais non, ce ne sont pas les faits décrits, mais la manière dont ils sont enduits d'un contexte si bien définit, si bien rendu, je n'ai pas eu à me plonger car la piscine elle-même est venue m'entourer, quel splash, une expérience, bref, une fuckin' connection direct, communication absolue, aurait dit les fourmis. à mon sens, une oeuvre incontournable.

Écrit par : braincras | 04/02/2010

«[...] cette écriture mistralienne bien personnelle et unique qui me parle tant. Tout en ayant beaucoup d'amitié pour l'homme, je dois dire que Mistral est l'écrivain qui m'a le plus marqué dans les derniers mois [...]»

*

Je dis pas ça en beurrage gratuit, parce que je pensais pareillement avant qu'il devienne mon ami et vice versa, avant même tout échange, tout message sur forum: selon ma conception de ce que doit être, doit faire une écriture, selon mon goût personnel quant au style et à la personnalité (intensité, précision maniaque, franchise et ouverture, sensibilité, sensualité, musicalité, vigueur rythmique et palette de couleurs, quoi d'autre), pour ce que j'en sais (peu, mais assez, je gage là-dessus) il n'y a aucun écrivain contemporain de langue française (pour comparer avec ce qui se compare) meilleur, ni que je puisse risquer de trouver meilleur, que Mistral.

À propos, ou presque... Je ne suis pas friand de poésie, j'en ai très peu lu, mais je suis formé pour savoir l'apprécier, discuter, critiquer ([i]credentials[/i]: un travail de session sur Mallarmé - adjoïe - lol), j'ai suivi quelques cours portant spécifiquement sur cette forme, dont un excellent sur la québécoise avec Pierre Nepveu, et la poésie de Mistral, ça vient de me frapper, est seule de son «courant», distincte, une «exception», si on veut, à ce qu'il me semble... (L'anthologie de la poésie québécoise de L. Mailhot et P. Nepveu - nouvelle édition de 1996 - se clôt sur Marie Uguay [1955-1981], la plus «jeune» des poètes retenus, et ne mentionne aucune oeuvre parue après 1984. Il reviendra à d'autres d'en mettre à jour le corpus...)

Écrit par : Stéphane Ranger | 04/02/2010

Oui, Braincras, Mistral nous ramène à nous-mêmes au fond, à ce qui nous tourmente nous assaille nous assagit aussi.Il a cette patte bien à lui de poser la bonne question, et il n'en donne ni la réponse ni le cheminement il nous y invite, il suggère que nous l'avons, tous tels que nous sommes, et ça par sa sincérité.
C'est fort, percutant, et comme pour toi à te lire direct. C'est sans doute pour ça que je parles d'opercut.
La piscine dont tu parles à mon sens n'est pas venue t'entourer mais te révéler à toi même, une eau rédemptrice, un baptême...

Écrit par : helenablue | 04/02/2010

@ Stéphane:

merci pour ton commentaire que je rejoins complètement en ce qui concerne notre ami commun...

Je me permets cependant une interrogation, sans malice aucune:

"...je ne suis pas friand de poésie, j'en ai très peu lu, mais je suis formé pour savoir l'apprécier, discuter, critiquer ([i]credentials[/i]: un travail de session sur Mallarmé - adjoïe - lol), j'ai suivi quelques cours portant spécifiquement sur cette forme..."

Je suis tout à fait interrogative par rapport à ce que tu exprimes là, pardonne mon audace, mais comment sans être friand de poésie et sans en avoir beaucoup lu voir tremblé de tout son être on peut l'apprécier et plus encore critiquer, pour moi cela ressort tellement de l'émotionnel, mais je me permets cette remarque en toute amitié, je ne suis pas habilitée à avoir un regard extérieur, je ne peux pour ma part vivre la poésie que de l'intérieur, et je te rejoins quant à l'impact de celle de Mistral, à l'instar d'un Baudelaire ou d'un Nelligan, ses mots et leurs ordonnancement me touche plus que de raison, j'avoue je m'en délecte et ne cherche pas à l'analyser, je laisse cela aux experts en la matière.

Écrit par : helenablue | 04/02/2010

oui un baptème, mais l'image que je voulais exprimer est le fait que moi je ne suis pas un plongeur et encore moins un écrivain ou davantage "quelqu'un qui saute, qui veut faire des vagues, qui veut briser l'eau sous son corps aidé de la gravité", non, ce que je voulais plus dire c'est que c'est venu me chercher, quoi, ces pensées, cette unique manière de décrire le monde, le monde qui tourne autour de nous jusqu'à la mort, peut être vécue avec cette philosophie, shit, les mêmes obsessions, les mêmes manies, le même existentialisme "du moment", jamais je n'aurais senti quelqu'un me raconter ce "ce qu'il se passe" en ces mots, dans cette exactitude de ce que justement la vie, notre vie, apporte, enlève, execute, tue ou caresse, il y a toujours cette notion d'existence qui renvoit le meilleur des messages, don't know why, mais cette proximité m'a mit dans un état second de semi-bien être de sentiments partagés, non pas de déjà-vu, loin de là, quelque chose que finalment, nous sommes pas seul, nous vivons activement les relents des mouvements souvent imposés de l'environnement à laquel nous nous donnons, litéralement, ce concept d'acceptance de ses choix, avoir le culot et surtout la force de passer au travers en s'accrochant à toutes les mêmes exhutoires qui ne peuvent être bannis de nous-même puisque nous sommes fait ainsi, l'accepter et essayer d'apporter un plus nécessaire et même des fois qui nous empêche de commettre le pire, ce pouvoir et cette vitalité qui baigne sa prose ajoute et démontre le talent. sérieusement, je pourrais en parler très longtemps de l'apport de ses textes, et qui m'ont été nécessaires, vous m'auriez vu mettre la main sur Vamp, ben neuf, au cover rouge, cela faisant trop longtemps que je voulais m'y collé, suivant ses fresques depuis un bout mais m'étant jamais concrètement enfoui dans sa vraie oeuvre, une délectation totale, merde c'était son premier, je catchais vraiment l'importance de sa prose, et j'y vais dans le même sens de tous ici, mistralienne n'est pas un mot "pour faire beau", mais carrément le qualificatif expressif désignant et classant parfaitement cet auteur hors pair qui m'a atteint et m'a refais vivre, m'a re-classé et décrasser un brin le cerveau, même si je bois toujours autant, que je me nique autant, que je m'enfume autant, et je vis autant, il a passé, il va revenir, je sais qu'il y a cette connection, et je dirais même, sans trop en mettre encore plus, que tous ceux qui ont été renversés par cette histoire, cette série de vortex, se sentent l'un et l'autre plus proche, moins seul, et surtout l'ouverture d'un monde, d'un endroit où nul autre que lui serait venu jouer, ouvrir, "mettre au jour" et que, finalement, pose des ponts entre ses lecteurs étends son écriture au-delà du physique même du livre. personnellement, il est clair que si un jour, je vois un mec, une fille assis là, lisant un de ses livres, je paye la bière, ou le vin, ou le joint, whatever, je sais que nous causerons, discuterons, parlerons, échangerons et pour sûr que cela sera constructif au final, [...]
aucunement posé (et long) j'avoue, mais c'est à vif et je l'editerai pas.
merci de ton partage.

Écrit par : braincras | 05/02/2010

@ helena

En réponse à ta question (bien légitime),
Ne pas être amateur de poésie ne m'empêche pas d'en apprécier la valeur ni d'être remué par celle que je trouve bonne. C'est juste que je préfère de beaucoup la prose. Un poème qui ne devient pas texte d'une chanson à la mode est quoi aujourd'hui? Une bouteille à la mer. En ce sens là, j'aime goûter à la poésie de temps en temps (tiens, avant-hier j'ai lu à ma Très Chère un poème de Saint-Denys Garneau, «Portrait», fabuleux), mais pas assez pour m'en dire «friand». Et puis, les poètes, quelle engeance! Pires que les romanciers, ce qui n'est pas peu dire. ;)

C'est un peu comme pour le cinéma. À part une flopée de cochonneries à grand déploiement vues dans mon enfance et mon adolescence, j'ai très peu regardé de films, je vais au cinéma tous les deux ans, en fait je ne sais pas si je vois plus d'un film qui a de l'allure par année en moyenne, mais je sais «lire» le cinéma et apprécier la valeur de celui que j'aime. (Le dernier film que j'ai vu en entier qui m'a vraiment touché, pour te donner une idée, c'est [i]Parle avec elle[/i] d'Almodovar.)

Écrit par : Stéphane Ranger | 07/02/2010

merci Stéphane de ta réponse concise et franche, pour ma part même si je lis plus de prose que de poésie, je l'apprécie beaucoup, elle me touche.
Pire que les romanciers, est-ce possible?
:-)

Quant au cinéma que j'affectionne pariculièrement, notamment le cinéma d'auteur, ceci dit en passant j'ai beaucoup aimé ce film d'Almodovar aussi, je ne le regarde pas, étonnament, je le vis. Un peu comme la peinture je dois dire, et la musique aussi, c'est émotionnel, je regrette par contre de ne pas trouver le temps d'aller au théâtre que je méconnais mais qui m'attire également, et toi y vas-tu?

Écrit par : helenablue | 08/02/2010

Le théâtre... J'aimerais ça aimer le théâtre plus que je ne l'aime. Ça devrait être un art important, mais malheureusement, c'est un art d'initiés, un milieu à cliques incroyable, qui en plus fait d'énormes concessions, je crois, à la popularité. Au Québec, en tout cas. Le théâtre devrait provoquer, mettre en mouvement, alors qu'il conforte, ici; même le théâtre le plus «subversif» se déroule dans des milieux déjà vendus aux idées, ça ne dérange personne. On va au théâtre, finalement, comme on va au cinéma ou voir le show de nos rockeurs préférés. De la bouette.

Personnellement, quand j'ai l'occasion d'aller au théâtre, je savoure l'expérience au maximum (c'est que ça coûte cher, aussi, hein... ;)
C'est un univers de représentation auquel je suis moins habitué, alors je goûte tout particulièrement le son, l'ambiance, les déplacements, les jeux d'éclairage, la disposition scénique, et surtout le jeu des acteurs. Mais là, je ne suis vraiment pas assez «connaisseur» pour me prétendre critique en la matière.

J'ai déjà fait du «jeu». De l'improvisation. Du théâtre, un peu. J'aime beaucoup. Ça n'entre pas dans mon destin prochain, mais j'aurais bien aimé faire plus de théâtre, je crois.

Écrit par : Stéphane Ranger | 09/02/2010

" De la bouette", jolie expression que je découvre, je vais retenir...

Hum, en province, puisque Lille est un grand village c'est un peu pareil, mais à Paris on peu faire des découvertes étonnantes même si je crois le théâtre souffre pas mal, de part le prix c'est vrai mais aussi parce qu'il n'a plus tout à fait le même écho dans le jeune génération, le peu de fois où j'ai pu assister à une pièce pourtant, ça été un véritable régal, il y a un souffle une ambiance et une présence tellement singulière propre à cet art, j'aime cette promiscuité.

J'aurais aimé m'y frotter aussi je crois, j'aime la scène, d'ailleurs dans le métier que j'exerce il y a un peu de ça, sauf que c'est de la pure impro chaque jour qui passe... Mais il y a cette notion de "jeu", avec distribution de rôle!

Écrit par : helenablue | 09/02/2010

J'ai assisté à une pièce à Paris, long ago. Dans le quartier des abattoirs. Deux Russes, selon mon souvenir. Ils attendaient Beckett, or something. Ça coûtait rien. J'en avais eu pour mon argent.

Écrit par : Christian Mistral | 09/04/2010

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