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22/03/2010

l'ombre d'un doute

Cela va faire maintenant une année plus les trois quarts d'une autre que je sévis ici sur la toile sous ce pseudo d'helenablue délicieusement rebaptisé Blue. Pour les vieux routiers de la blogosphère, les doutes chez certains sont récurents et on voit régulièrement deci delà se défaire certains blogs, ils le sont chez moi, d'autant que je ne suis pas dans mon quotidien franchement encouragée et gratifiée d'une telle entreprise qui a démarrée d'une façon si inattendue, étant jusqu'alors complétement étrangère à ce monde dit virtuel. Pourtant sans conteste cela m'a beaucoup enrichie, m'a énormément ouverte à d'autres cultures, d'autres sensibilités, d'autres manières de voir et a provoqué beaucoup de partages féconds parfois incongrus et impensables autrement et permis des rencontres de chair vivantes passionnantes voire passionnées. Alors qu'est ce qui me rend si perplexe quant à la finalité, n'est ce pas un dessein en soi que de créer, recréer un monde qui nous ressemble, de l'exprimer et le partager? N'est-on pas là pour transmettre d'une part et intéragir nos consciences et nos soifs de découvertes par ailleurs?

 

 

Commentaires

Perplexe quant à la finalité ... ainsi va la vie, non ? rester ouvert "aux chants" des possibles ...

Écrit par : laure | 22/03/2010

Le champ des possibles loin du chant des sirènes...
De fait je ne suis pas perplexe de tout ces champ(t)s, je me sens plutôt sur la touche, et ne me demande pas pourquoi, Laure, je suis bien incapable de te répondre mais loin de l'être de te rencontrer, enjoy!

Écrit par : helenablue | 22/03/2010

La vie l'emporte!

Écrit par : helenablue | 22/03/2010

Pourquoi chercher tout le temps le pourquoi du comment ? on a envie de bloguer, on blogue, point ! ça nous rapproche, on échange, c'est tout un monde et c'est aussi dans le monde, c'est un jouet, c'est sérieux, ça nous ressemble, on s'y vit, et c'est plein de joie en ce qui me concerne !

Écrit par : anne des ocreries | 23/03/2010

Mouais, Anne, vu ainsi ça semble si simple, mais quoique je ne cherche pas le pourquoi du comment, je reste sensible , pardonne moi aux effets pour moi et les secondaires, pas sans importance.
Pour ma part, comme pour toi, beaucoup de plaisir, mais pas seulement, beaucoup de questionnement aussi, en fait je n'y joue pas même si je m'y amuse parfois, j'y suis, telle quelle.
Et c'est en quelque sorte toute la mesure et la démesure d'une démarche artistique faîte avec les tripes et le coeur. Du moins à mon humble mesure.
J'ai bien le sentiment, là, d'être à marée basse...

Écrit par : helenablue | 23/03/2010

on a pas idée de tous ces gens
sans nom sans visage sans voix
qui ont rempli des cahiers et des cahiers
avec des perles arrachées de leurs tripes
j’en connais, j’en ai connu
pour quoi faire?
à quoi bon?
jamais personne n’y jettera le moindre regard
la parole
l’écrit
pas pour tout le monde mon pote
pareil pour tout ce qu’on peut créer
y a toujours un comité qui décide
de ce qui sera vu, entendu, lu
(pensé?)
enfin, jusqu’à il y a peu…
mais même sans le moindre espoir d’être jamais entendu pourtant
cette poussée irrépressible
cette aberrante certitude
d’un sens
une sorte de magie si on veut
ou de douce bêtise
cette absurde conviction qu’en traçant des signes
on bouleverse en profondeur l’ordre des choses
on abolit l’espace et le temps
la matière
la lourdeur
les plus pitoyables limites
cette seule poussée-là
a animé des marées d’esprits engloutis à jamais
qui culminent aujourd’hui en êtres lumineux
et rares malgré les apparences
propageant des faisceaux de sens
sans vraiment le réaliser
parmi eux une inconcevable Blue
s’interroge et me foudroie
tant elle est…

…cool!

Écrit par : le plumitif | 23/03/2010

Tout à fait d’accord avec Anne : le pourquoi n’a guère d’importance, Blue. Les moteurs peuvent être multiples, les raisons également, mais ce qui compte, c’est l’envie de le faire.
Tu écris/composes des papillons, des billets, remplis des bouteilles et les lances dans la blogosphère. Mais pas n’importe où, plutôt par ce canal, ce blog, que tu t’es choisie et où t’attendent, parfois, pas toujours, souvent, ou moins souvent, les amis blogueurs, parfois des connaissances de passage, les amis des amis, parfois les curieux, des éphémères, même des importuns, d’autres fois de nouveaux venus sympas qui restent un peu, beaucoup ou pas du tout. Ton blog, c’est ce bistro sympa, pas loin de chez toi, où tu rends parfois, sans rendez-vous, parce que tu sais que tu as des chances d’y retrouver les copains et même des inconnus à qui peux parler/écrire, où tu peux aimer sans nécessairement être aimé, ou être aimé sans le savoir. Quelle importance !? C’est merveilleusement léger et totalement généreux, car aussi désintéressé que sans trop grand intérêt. C’est les échanges, le flirt culturel, c’est la vie trépidante, mais légère sauf, par ci par là, une pointe de profondeur, une étoile, mais pas nécessairement…

Écrit par : giulio | 23/03/2010

Ah oui, Hélène, j'oubliais. Voici une rencontre de bistro relatée il y a quelques années dans "mon" journal. Je n'avais pensé, sans en être sûr, y rencontrer que Rogers, un vieux copain et puis... Bon, j'admets que ce n'est vraiment probable, mais sur un blog, là, on a parfois encore de tout autres surprises.

Joyeux centenaire, Pablo !
ou
Petites retrouvailles de «famille» chronologiquement indéfendables

Nous avions poussé l’une contre l’autre deux tables du bistro et rassemblé six chaises. Le regard atone d’un consommateur appuyé au zinc s’anima, se fit ébahi, le regard, bien sûr, pas le zinc. L’oeil du barman itou. Ils devaient se demander pourquoi Rogers et moi avions besoin de tant de place.
- Crénom, pesta Louis, un coup d’oeil en coulisse sur le siège inoccupé. Va-t-il encore nous laisser poiroter longtemps, le Pablo? Je m’en souviendrai, de ce 12 juillet. Je n’a pas l’éternité devant moi.-
Là, il avait tout faux. Mais la patience n’était pas le point fort d’Aragon. Federico Garcia Lorca fit un signe discret à Paul Eluard, que la mauvaise humeur de son vieux copain n’impressionnait guère.
- Et si, en attendant, tu nous lisais un extrait du poème que tu as composé pour lui, proposa-t-il à Louis.- Ricardo(1) sera certainement coincé par ses supporters. Ils sont des milliers, agglutinés depuis midi dans le parc de la Villa Vauban, à être venus entendre les vers de son «Canto General». C’est que les militaristes Yankees en prennent pour leur grade.
- Ce n’est pas une raison.
- Que si, objecta Rogers Delgado, le seul parmi nous à avoir combattu aux côtés de Salvador et Pablo.- Si un pour cent seulement des victimes des militaires sont venues écouter le récital de son centenaire, il n’est pas sorti de l’auberge. Ajoutes-y les échanges de souvenirs avec des vieux copains, un sourire charmeur au-dessus d’une gorge sexy, les autographes, et ce n’est pas demain la veille.
- Tant pis, soupira Federico.- Mais toi et ton ami, n’êtes vous pas un peu jeunots, pour venir vous attabler avec des revenants comme nous? Louis est de 1897, Paul de 1895, Pablo a cent ans et moi je suis né en 1898.
- La valeur n’attend pas le nombre des années. J’ai été invité personnellement, moi, ensemble avec Giulio et Salvador, qui n’a pas pu venir. Une inspection à Santiago.
- A Santiago du Chili? grogna Louis.- Quelle blague! Il n’y a rien à y inspecter. La démocratie a été rétablie, et vous avez même un gouvernement de centre-gauche.
- Tu parles d’un centre-gauche! Salvador n’en dort plus. Les bourreaux de 1973 courent toujours, le Capital continue à écraser le peuple et le peuple à écraser les cancrelats dans ses masures, ce qui en prive les rats qui se refont sur les orteils des gosses.
- Et qui fait l’affaire des compagnies américaines et des gros bourgeois. Mais il est cinq heures, et toujours pas de Neruda!
- A las cinco de la tarde. Eran las cinco en punto de la tarde(2), murmura Federico rêveur, interrompu aussi sec par Paul Eluard.
- Arrête ton char, Federico! Tu ne vas pas commencer à nous bassiner avec tes complaintes. On fête les cent ans de Pablo et non les tiens. Ecoutez plutôt ce que j’ai préparé : «Au nom des hommes en prison / Au nom des femmes déportées / Au nom de tous nos camarades / Martyrisés et massacrés / Pour ne pas avoir accepté l’ombre // Il nous faut drainer la colère / Et faire se lever fer / Pour préserver l’image haute / Des innocents partout traqués / Et qui partout vont triompher.(3)»
- Pas mal! commenta Louis Aragon.- Mais de 1943, du réchauffé!. Pourquoi pas le chant des partisans, tant que tu y es? Moi, je vous propose quelque chose de plus, comment dire…
- Contemporain, suggéra Louis.- Le plat du chef. Vas-y, on t’écoute.
- Je vais dire la légende / de celui qui s'est enfui / et fait les oiseaux des Andes / se taire au coeur de la nuit.- Aragon respira profondément. Le coin de son œil gauche brillait, humide. Il poursuivit: «Si bas que volât l'aronde / dans le ciel de par ici, / la plus belle voix du monde / effaçait les prophéties. // Comment croire, comment croire / au pas pesant des soldats, / quand j’entends la chanson noire / de Don Pablo Neruda»(4).
- Tiens, tiens, s’écria Federico.- Le voilà enfin, mon vieil ami. Quand on parle du diable on en voit la queue.
- Ho, ho, ho! Celle-là, je la réserve aux dames, répondit Neruda, la voix encore toute rauque de sa récitation, en repoussant derrière lui la porte du bistro.
- Qu’est-ce que tu as l’esprit mal tourné, Pablo, répliqua Lorca, l’air comiquement vexé. Ce n’était qu’une façon de parler.
- Ça va; je connais tes goûts. Je ne suis pas un polyvalent comme Dali, moi, précisa Neruda en riant. Puis, après s’être assis, tourné vers Rogers.- Mais, je te connais, toi. Je t’ai vu à Valdivia lors de ma campagne pour les présidentielles, non? N’étais-tu pas dans les Elenos et aussi chef des Jeunesses socialistes?
- Les Elenos, s’exclama Aragon. Oh lala! C’était des vrais guévaristes, ça.
- Eh oui, nous expliqua Neruda.- Au Chili, la gauche, ce n’était pas comme en Europe. Les socialistes étaient des vrais marxistes et non des sociaux-démocrates inféodés au grand capital. A certains égards, on pouvait les considérer plus à gauche même que le PC Chilien qui, malgré une certaine fidélité à Moscou avait balancé par-dessus bord la dictature du prolétariat. Salvador Allende, lui, était un vrai révolutionnaire. Il disait de lui-même: «Je suis un militant de toute ma vie», et il finit en héros et en martyr, comme le Che qu’il admirait, et comme bien d’autres, assassinés par la CIA, les militaires à leur solde ou les milices.
- Les USA ont toujours considéré l’Amérique Latine comme leur colonie. C’est eux, les maîtres, dit Louis.
- Non là où aura triomphé le socialisme, répliqua Neruda et ajouta: «Mais si tu envoies tes armées, oh Amérique du Nord, / pour détruire cette frontière pure / et pour envoyer le boucher de Chicago / contrôler la musique et l’ordre / que nous aimons, / nous surgirons des pierres et de l’air pour te mordre: / nous surgirons de la dernière fenêtre pour t’inonder de feu: / nous surgirons des ondes les plus profondes pour te clouer avec des épines: / nous surgirons du labour pour que la semence te frappe comme un poing colombien, / nous surgirons pour te refuser l’eau et le pain / nous surgirons pour te faire brûler en enfer. // Et ne mets pas le pied, soldat...
- A Tocopilla(5), poursuivit Rogers.- «Ne viens pas y pêcher, car l’espadon y connaîtra vos dépouilles, et l’obscur mineur ira à travers l’Araucanie(6) ramasser les anciennes flèches cruelles qui attendent, enterrées, de nouveaux conquistadores»(7).
- Ah, tu me connais bien, jeune ami.
- Hélas, non, Pablo, pas vraiment. Mais tes poèmes, oui. J’étais socialiste, moi, mais je reconnais volontiers que la culture et le folklore c’était surtout la force des communistes. Ta poésie était notre étendard à tous.
- Déchiré, lacéré, Rogers, foulé aux pieds après trois années d’amère victoire.
- Oh oui, approuva Rogers.- Je me souviens de ces moments, de cette fin, et à l’époque je ne comprenais pas pourquoi un chanteur si formidable comme Victor Jara était assassiné par les militaires. Je ne comprenais pas pourquoi Allende, mon Allende, l’ami de mes parents, le docteur des pauvres, était assassiné. Toutes ces questions, ces amertumes ont certainement accéléré ta mort. Tu ne pouvais survivre à la mort des tiens, de tes idées, à la destruction de tes livres, à la mort de tous ces jeunes militants de l’unité populaire.
- Et pourtant, tu vois, je suis toujours là. Seul les hommes meurent, non la mémoire, observa Pablo Neruda en souriant. Puis, en levant son verre: «Venceremos!»
Federico, Paul, Louis, Rogers et moi levâmes aussi nos verres et répondîmes: «Hasta la victoria siempre!» et les vidâmes cul sec. Je fis signe au barman, qui vint emporter les verres vides. Un instant plus tard, il nous rapporta les deux verres fraîchement remplis.
* * *
1) Pablo Neruda est un pseudonyme, devenu nom d’art et de combat. Il s’appelait en réalité Neftali Ricardo Reyes Basoalto.
2) Il était cinq heures du soir. Il était cinq heures précises du soir. Les deux premiers vers de «La cogida y la muerte».
3) Deux strophes extraites de «Les sept poèmes d’amour en guerre» de Paul Eluard.
4) Les quatre premiers et les huit derniers vers de la «Complainte de Pablo Neruda» de Louis Aragon.
5) Tocopilla: port chilien dans la province d’Antofagasta.
6) Région déshéritée du sud chilien, chérie de Neruda, où vivent les derniers indigènes Araucans.
7) Aussi bien les vers déclamés par Neruda, que les derniers, dits par Rogers, sont traduits par moi et extraits du Canto General de Chile de Pablo Neruda.

Giulio-Enrico Pisani
Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek, samedi 10. juillet 2004

Écrit par : giulio | 23/03/2010

Il n'y a pas très longtemps que j'ai rédigé un bilan de trois ans d'activité sur un blog de lectures...
je crois qu'on se pose tous de temps en temps les questions que tu te poses...

Écrit par : sylvie | 23/03/2010

@ Plumitif:

:-) ♥, tu devrais plus souvent me rendre visite cher Plumitif, tes mots sont si justes et si savoureux...
A bientôt, je l'espère fort.
Blue

Écrit par : helenablue | 23/03/2010

@ Guilio:

Une fois de plus tu nous gâtes, toujours beaucoup de plaisir à te lire, merci...
Jolie cette nouvelle au bistrot!

" Ton blog, c’est ce bistro sympa, pas loin de chez toi, où tu rends parfois, sans rendez-vous, parce que tu sais que tu as des chances d’y retrouver les copains et même des inconnus à qui peux parler/écrire, où tu peux aimer sans nécessairement être aimé, ou être aimé sans le savoir. Quelle importance !? C’est merveilleusement léger et totalement généreux, car aussi désintéressé que sans trop grand intérêt."

Il y a cette légéreté et ce don, oui, mais pas uniquement, je sais ça peut paraître stupide mais il y a aussi un besoin de reconnaissance et d'amitiés, d'expression aussi, du moins pour moi, alors parfois je doute d'être à la hauteur, d'intéresser et ça me trouble et m'alourdit, je n'arrive pas à complétement "m'en foutre" mais le plaisir d'écrire et de partager l'emporte, et prend toujours le dessus du moins jusqu'à présent ainsi que cet immense bonheur de faire de belles rencontres comme la tienne, Guilio!

Écrit par : helenablue | 23/03/2010

@Blue

"j'ai bien le sentiment,là, d'être à marée basse..."
Justement regarde sur la plage derrière toi tous ces gens qui se penchent et ramassent ce que tu y laisses si généreusement. Ils échangent et marchent calmement , reviennent énergisés de ces balades, les pieds et l'esprit un peu mouillés par tes flux et reflux. On la sent bien cette mer, parfois agitée, puissante même, mais elle revient inlassablement à ses accalmies comme autant de fluides oasis.

Écrit par : MakesmewonderHum! | 23/03/2010

@ MmwH!

merci, c'est vraiment joliment dit et ça me touche...
Amitiés.
Blue

Écrit par : helenablue | 23/03/2010

@ Sylvie:

Suis allée voir ton bilan, impressionnant! On se pose sans doute ce genre de questions aussi parce qu'on est en recherche soi-même.

Écrit par : helenablue | 23/03/2010

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