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26/03/2010

l'humain isolé

- toile de Françoise Danel -

 

 "La littérature, c'est ce que vous écrivez et que personne d'autre ne peut écrire à votre place. La petite part d'humain que vous transportez et que vous allez faire passer sur le papier. Comme un savant isole une souche de microbes. La littérature, c'est l'humain isolé."

- Louis Hamelin -

 

 

Commentaires

Chic, nous sommes tous des écrivains alors ?

Écrit par : anne des ocreries | 26/03/2010

Non chacun peut s'exprimer par l'écriture ce qui est un peu différent...

Écrit par : laurence | 27/03/2010

Nan! Nous sommes tous L'humain isolé, Anne. Sauf que lui, Louis, c'est son anagramme.

Écrit par : Christian Mistral | 27/03/2010

Jolies réponses, laurence et Christian, du genre que j'ésperais recevoir.....! :))

Écrit par : anne des ocreries | 27/03/2010

On peut tout de même se demander, chers amis, comment un écrivain de la classe de Louis Hamelin peut aussi puérilement généraliser. Et dire que s'il avait formulé sa phrase à la première personne (q'q'chose comme "Ma littérature, c'est ce que j'écris et que personne d'autre ne peut écrire à ma place. La petite part d'humain que je transporte... etc"), c'eût été profond, voire, peut-être, vrai.
La Littérature, c'est beaucoup trop vaste et protéiforme pour être enfermé dans une formule.

Quant à la petite part d'humain que nous sommes censés transporter et jeter sur papier, c'est un non-sens. Car l'entièreté de ce que chacun de nous transporte est humain (dans tous les sens du terme); et c'est tout cela qui peut se retrouver sur le papier, du pire comme du meilleur.

Pour ce qui est de l'isolation, c'est lieu commun ou fadaise: bien sûr que chacun de nous est isolé dans son sac de peau, seul deux hublots et quelques autres appareils lui permettant de communiquer avec l'extérieur et ses congénères. Mais la littérature sous toutes ses formes, donc plutôt les littératures, mais aussi l'art, la musique, etc., ça permet à l'écrivant et, mieux encore, à l'écrivain ou autre créateur-communicateur-passerelle de briser cette isolation et de faire transiter à peu près TOUT vers TOUS par son canal transmetteur. Il ne s'isole point et n'isole rien, communique sur tout en direction de tous, sinon sous toutes, du moins sous une multitude de formes.

Écrit par : giulio | 27/03/2010

"Ce n'est pas pour devenir écrivain qu'on écrit. C'est pour rejoindre en silence cet amour qui manque à tout amour."

La part manquante ...(Christian bobin)

Écrit par : laure K. | 27/03/2010

@ Guilio:

Hum, de facto, n'est ce pas ce qu'il fait en utilisant ainsi son anagramme dans la phrase, de parler de sa littérature. Cette phrase isolée perd peut-être un peu de son sens alors que dans le livre passionnant d'où elle vient elle en est une belle conclusion, l'as-tu-lu, Guilio, L'humain Isolé de la collection "écrire" des éditions trois-pistoles?

Pour le lieu commun, ça ne me dérange pas de le rappeler parfois, j'en parlais hier soir dans une nouvelle discussion dense avec mon benjamin, chacun dans sa réalité, à chaque individu une réalité et alors oui bien sûr l'art sous toutes ses formes pour créer du lien, un pont entre les êtres, pas seulement d'ailleurs, aussi un pont avec soi-même, un liant.

Et puis une autre notion aussi, d'où le paralléle intéressant je trouve avec le savant qui isole la souche, les mots qui viennent donner du sens, un ordre, subjectif bien sûr, mais qui permet de grandir, de comprendre et de toucher et d'entrer en relation.
Je crois que si on prend conscience que notre façon de voir ou de ressentir ou d'être n'est pas forcément la même que celle de notre voisin, notre enfant, notre hôte, on peut plus facilement alors entrer du moins tenter d'entrer dans sa réalité. Les mots écrits nous donnent un moyen puissant de dire la sienne et de s'ouvrir à celle de l'autre, et parfois on se rencontre et là c'est fort!

Écrit par : helenablue | 27/03/2010

Assez d'accord avec toi, chère Hélène, sauf que ce n'est pas ainsi que je comprends Louis Hamelin que je ne connaissais pas et que, toujours avide de nouvelles découvertes, j'ai un peu exploré sur le net. Conclusion: des choix diamétralement opposés aux miens et une approche 100% différente de la littérature et des rapports avec l'autre. Je respecte en tous points son altérité, celle de ses choix, tout-à-fait respectables et qui eussent à une époque ou dans une autre vie pu être les miens, mais il n'en reste pas moins très loin de ma tasse de thé. Ci-dessous pour info, au cas où tu ne l'aurais pas déjà lu, un bel article de Marise Belletête. Il y a là à peu près tout ce que j'eus pu aimer, mais qui ne m'emballe pas, que je respecte, mais sans atomes crochus:

"Se tenant le 29 septembre 2009 à l’UQAR campus de Rimouski, la conférence donnée par l’écrivain québécois Louis Hamelin reflétait bien les préoccupations nourrissant, en grande partie, la production littéraire de ce dernier. À l’instar des nature writers américains dont il ne nie pas l’influence, Hamelin a exposé d’emblée les liens profonds qui l’unissent au monde sauvage. L’auteur originaire de la Mauricie avait d’ailleurs jeté son dévolu sur des études en biologie et en écologie avant de se tourner vers la littérature! Il n’est donc pas étonnant de retrouver dans ses œuvres des enjeux environnementaux, comme la dénonciation de la coupe à blanc dans son roman Le joueur de flûte, ou tout simplement des observations sur la faune et la flore, sur le peuple autochtone et sur la vie en forêt. Pour l’occasion, Hamelin se proposait donc de réfléchir aux liens qui unissent la création et la nature, liens caractérisant sa propre sensibilité artistique. Il tentait aussi par là de répondre aux questions suivantes : en quoi l’environnement dans lequel travaille un écrivain peut influencer sa création? Pourquoi naît chez l’auteur l’envie de se retirer pour écrire, entraînant cette idée d’ermitage littéraire? Selon Hamelin, plusieurs raisons poussent certains créateurs à vivre en retrait et à rechercher cette communion particulière avec les éléments de la nature. « Avoir la paix » pour écrire en s’isolant ou en « s’encabanant », comme il le dit, en est une. La recherche de la contemplation ou encore l’observation scientifique de la nature, qui sont des regards poétiques et passifs posés sur le monde, sont également convoitées et peuvent être des motifs qui entraînent un tel mode de vie. Cela peut aussi découler d’un certain goût pour l’aventure, comme lieu de défi physique où l’on se prouve à soi-même. Finalement, ce retour aux sources, qu’il soit permanent ou périodique, permet un contact avec la réalité et la crudité des choses, tout en se rapprochant de la « vie vivante ». Toutes ces raisons combinées mènent à ce qu’il nomme l’eccéité, thème que l’écrivain a mis en valeur dans son roman Betsi Larousse - ou l’ineffable eccéité de la loutre. Il le définit comme étant une expérience unique touchant à l’existentiel et à l’essentiel, lorsqu’une créature sauvage, par exemple, s’incarne et se révèle dans son unicité. En somme, le besoin des auteurs de se retirer est souvent davantage mu par le désir de se sentir vivre plutôt que pour écrire. Ce mode de vie intact, non technicisé, semble être un moyen privilégié pour éviter la déshumanisation qu’entraîne trop souvent, aux dires de l’auteur, la technologie multipliant les intermédiaires entre l’homme et l’extérieur, ce qui le coupe du monde réel, matériel et tangible. D’où l’importance de se replonger dans l’authenticité de la nature, afin de la ramener en littérature." - Marise Belletête

Écrit par : giulio | 27/03/2010

@ Guilio:

merci pour cette article que je n'avais pas lu, néanmoins je m'interroge encore , pardonne-moi, cher Guilio, en quoi les choix et la littérature d'Hamelin est à ce point diamétralement à l'opposé de tes choix et de ton approche de l'art?

Écrit par : helenablue | 28/03/2010

@ Helenablue: Il y a, chère Hélène, beaucoup de sensibilités en littérature/art/musique qui, sans s’exclure pour autant, peuvent se côtoyer, se compléter même, faire un bout de chemin ensemble parfois, fusionner rarement et leurs auteurs/créateurs suivre des chemins bien distincts sans s’aimer vraiment, mais sans se désaimer non plus. Souvent ont-ils eux-mêmes (comme moi) un temps bu à ces autres sources, fréquenté ces autres chemins avant de trouver celui qui leur est congénial. J’ai adoré à une époque Paul et Virginie, Robinson, Jack London, Frison Roche, les romanciers de la campagne, ceux du Wild, de l’Amaznie, de la nature, du grand nord. Et qui n’a pas rêvé un jour de son block house au Canada? D’une vie dans la nature, seul ou trappeur parmi les « bons sauvages » ? Moi oui, bien sûr.
Mais aujourd’hui, profondément plongé dans la recherche de l’humain social et politique à l’échelle de sa totalité et dans ses impératifs co-existentiels, je laisse ce genre de rêveries, de solitudes nostalgiques de plus en plus irréalistes, de tours d’ivoire sylvestres aux nature-writers américains ou autres, que j’estime pourtant et dont je reconnais qu’ils font oeuvre utile, tout en menant mon propre combat sur un front déjà beaucoup trop vaste pour moi. Quand la forêt brûle, il en faut qui aillent arroser ça, débroussailler, installer des coupe-feu, aider les animaux à fuir, en hélitreuiller qui sont pris au piège des flammes, mais il en faut aussi qui essaient de sauver la maison et les gens…
Marise Belletête parle du « besoin des auteurs de se retirer, comme étant davantage mus par le désir de se sentir vivre plutôt que pour écrire », lorsque, personnellement, je n’ai nul besoin de me retirer pour vivre intensément, que soit seul, en petite, en moyenne ou en vaste compagnie, voire dans la foule. Non, si et quand je m’isole, c’est pour réfléchir, lire ou écrire. D’ailleurs, même quand je suis physiquement seul (vois donc cet article «Bon anniversaire Pablo», que tu as lu, je ne le suis jamais vraiment, entouré des milliers d’auteurs qui peuplent ma mémoire et ma bibliothèque, des dizaines de milliers d’expériences amicales vécues, éphémères ou durables, superficielles ou profondes, des millions de femmes, d’enfants, d’hommes dont je me sens dramatiquement, quotidiennement et impuissamment proche…
Alors, tu sais, l’eccéité de la loutre… Ce qui ne signifie pas que je ne signerais pas une pétition en faveur de sa préservation. Disons que je me suis fixé d’autres priorités. Note, il n’en a pas toujours été ainsi et je ne me suis réveillé qu’il y a une dizaine d’années, à la fin de ma vie auto-boulot-dodo où littérature et art et musique n’étaient pour moi que délassement. Mea culpa! Mais on est ce qu’on est et personne ne peut sauter plus loin que son ombre.

Écrit par : giulio | 28/03/2010

@ Helenablue: p.s. giulio, s.t.pl. et non guilio

Écrit par : giulio | 29/03/2010

Oups! Mille excuses Giulio!

Écrit par : helenablue | 29/03/2010

Et merci d'avoir ainsi développé ta pensée...

Écrit par : helenablue | 29/03/2010

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