Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/03/2010

Forsythia

forsythia_arbuste_en_fleurs-site.jpg

 

 

 

 

 

 

C'était plus fort que moi, cette floraison jaune et présage de printemps m'y ramenait inexorablement. J'ai mis des années à comprendre le rejet irrévocable de cette fleur annonciatrice de beaux jours et de lumière qui ne m'inspirait qu'ombre et sombres pensées. Je reste encore aujourd'hui stupéfaite de l'impact d'une image gravée au fond de l'inconscient, tout comme certaines odeurs d'ailleurs, ces sortes de madeleines empoisonnées. Et pourtant c'est un jour comme aujourd'hui que l'explication a jailli, en laissant mon regard baguenauder alentour, un jour comme ce matin tout pareil la nature de l'émotion revenant en boomerang, intacte: il y en avait UN, énorme à la porte d'entrée de la maison abritant les dix premières années de mon existence, un gros forsythia vigoureux et florifère qui chaque année annonçait la montée de séve et donc dans la foulée la demande plus gourmande des protagonistes qui ont tourmenté, traumatisé mon enfance, ce jaune là pétant de vie me donnait du gris mortifère à l'âme, du moins tant que le fantôme de l'inceste était là... Maintenant je ne tremble plus à l'évoquer, voire même le voir...

 

 

Commentaires

...

Écrit par : hoplite | 27/03/2010

"Des madeleines empoisonnées". L'expression est tellement évocatrice... Mes souvenirs d'enfance sont empreints de la rudesse de la tendresse mêlées de mes parents, mais ils me sont doux. Je ne sais pas comment on se sort d'une enfance pareille, je ne parviens pas à l'imaginer. Je comprends mieux à présent ce qui émane de tes billets, le bleu de ta belle âme.

Écrit par : piedssurterre | 27/03/2010

Même fleurs du fond de mon jardin familial, mais les souvenirs sont tendres ... je n' ose même pas imaginer ce que le printemps pouvait représenter pour toi, c'est difficile de lire ces aveux-là... et difficile de commenter, me disais-je il y a quelques billets précèdents.
Maintenant, je pense effectivement que de pouvoir écrire ces maux là relève d' une nécessité absolue, et d 'un courage arraché chaque jour pour supplanter la douleur des blessures.
J' ai moins de déroutes aujourd' hui face à ces révélations et j'ai envie de t'encourager sincèrement, Héléna... pour tous ceux et celles qui n'ont pas encore encore pû poser les mots ... je n' en connais que trop.

Écrit par : laure K. | 27/03/2010

"Au clair de la lune, près de la mer, dans les endroits isolés de la campagne, l'on voit, plongé dans d'amères réflexions, toutes les choses revêtir des formes jaunes, indécises, fantastiques."
Les chants de Maldoror
Isidore Ducasse, dit comte de Lautréamont


Chacun de nous porte en lui, me semble-t-il, une couleur terrible. La tienne l'est doublement car en plus elle crie à l'oeil.

Écrit par : Arthémisia | 27/03/2010

Tant mieux, si tu ne trembles plus, parce que c'est un de mes arbustes préférés ! il est porteur, chez moi, de tout à fait autre chose, et je me souviens du sourire de ma mère, à leur floraison, quand elle chantonnait en arrangeant dans un vase les tiges jaunes fraîchement coupées au jardin de mon enfance.....ça annonçait les tous proches oeufs de Pâques que j'aurais à chercher, certain matin, dans un ciel souvent pur et bleu, mais froid, et je me souviens, l'anorak enfilé sur le pyjama, de mes impatiences à partir à la chasse des trésors savoureux que les mains de ma mère avaient soigneusement semés sur mon chemin....Que de souvenirs de bonheur, en cette plante, pour moi ! je les partage avec toi, pour que les images se lèvent dans ta tête sur une petite fille qui aurait pu être toi, sur les joies simples que j'aurais volontiers partagé, afin que s'efface l'influence de ces sombres moments. La pauvre plante, ce n'était pourtant pas de sa faute si elle foisonnait près de ta porte ! Rejoins moi, regarde, on a six ans, et dans l'allée du grand jardin nous marchons en nous retenant de sautiller partout, notre petit panier en main, à la recherche des papiers colorés qui dans l'herbe cachent ces oeufs venus de Rome pour nous, aiguiser nos jeunes gourmandises ! Et le vent joue dans les tiges jaunes de l'arbuste odorant, regarde, là, ne vois tu pas,à son pied, sous son papier aluminium bleu électrique, le lapin en chocolat qui n'attend que nos quenottes impatientes ?
bises, Blue, bon dimanche !

Écrit par : anne des ocreries | 28/03/2010

Le jaune a souvent une connotation de folie cf "Crimes et chatiments" et peut être même" le petit pan de mur jaune" mais effectivement ce qui est remarquable chez toi c'est tout ce travail de réflexions créatives qui nait du petit carré jaune Bravo Blue cela m'aurait fait plaisir d'accompagner Laure...

Écrit par : laurence | 28/03/2010

Écrit par : laure K. | 28/03/2010

@ laurence:

ce n'est que partie remise!

Écrit par : helenablue | 28/03/2010

@ anne:

oui, oui, la chasse aux oeufs, moi aussi je me souviens de ma fébrilité et de mon excitation à déloger ses trésors, j'y pense il m'arrivait d'être joyeuse aussi, une des puissances de l'enfance sans doute, arriver à choper le rayon de soleil au milieu des horreurs de la vie!
J'ai 6 ans aussi ce matin, et nous gambadons en" foufelle" et le lapin bleu et le chocolat et l'air qui s'engouffre dans nos pyjamas, et les fleurs jaunes du forsythia, oui, soeur Anne, je suis là!

Bises chocolatées et tendres.
Bon Dimanche à toi.
Blue

Écrit par : helenablue | 28/03/2010

@ Arthemisia:

je pense aussi que chacun à son petit bagage, plus ou moins lourd, plus ou moins jaune, plus ou moins visible à l'oeil nu...

Écrit par : helenablue | 28/03/2010

@ Laure K:

au fond ça me rassure tu sais, que pour toi cet arbuste évoque de doux et tendres souvenirs, c'est plus dans l'ordre des choses. Savais-tu que c'est l'une des floraisons préférées des français, sans doute sa connotation printanière, sa générosité aussi, sa couleur peut-être!

Merci de ton amitié, Laure, c'est vrai maintenant que je peux poser en mots ces maux avec calme et prise de distance aussi, je mesure le chemin accompli avec cette souffrance qui m'a si longtemps handicapée et parfois anéantie. Une nécessité absolue, oui vraiment, et si cela peut permettre à d'autres de s'écouter et s'entendre, voire même d'arriver à se dire, alors ça donnerait à tout ce parcours une dimension humaine supplémentaire dont je n'aurais pas à rougir.

Pourtant, encore parfois, je retiens les mots pour les rendre recevables, la violence peut être telle que je m'en effraie moi-même, comment n'est ce pas si petite on peut faire face et que de dégâts, mais que d'espoirs aussi dans la libération que m'a offerte l'écriture, et l'art plus "vastement".

Avec toute mon amitié.
Hélèna

Écrit par : helenablue | 28/03/2010

@ Piedssurterre:

difficile à imaginer, oui, mais on en sort, du moins on peut en sortir, forcément un prix à payer, une sorte d'innocence perdue et toujours une blessure, une cicatrice réactivable réactivée dans certaines situations ou face à certaines injustices douleurs violences, une sensibilité exacerbée car mise très tôt à l'épreuve mais aussi un regard sur le monde un désir d'humanité et une manière d'être induite par ce parcours...
Je n'ai pas eu le choix que de vivre ce que j'avais à vivre, et puis de vivre avec ensuite, ça m'a construite telle que je suis maintenant avec mes travers, nombreux et mes envies et cette énergie.
Merci de ta présence ici.

xxx
Blue

Écrit par : helenablue | 28/03/2010

@ Hoplite:

Bises Hop! Take care.
Blue

Écrit par : helenablue | 28/03/2010

Fort ému, je suis de tout coeur avec toi.
Amitié et paix, Hélène!

Écrit par : Bona | 28/03/2010

Merci Bona.

Écrit par : helenablue | 29/03/2010

Blue, très, très difficile cette lecture ce matin, on a beau sentir la souffrance en filigrane chez les gens, passage obligé du respect et de la compréhension des êtres que l'on côtoie, mais cette douleur cachée?
Lorsque je regarderai mes forsythias , je vais essayer d'y voir la couleur jaune
"baume" que tu viens de créer, ce jaune qui n'apparaît qu'à travers une larme.

Écrit par : MakesmewonderHum! | 29/03/2010

MmwH!, je reconnais que cela ne doit pas être facile à lire pas plus qu'à appréhender, c'est une réalité qui effraie et qui est confondante d'inhumanité si je puis dire. J'ai mis un moment avant de savoir si c'était bien ici le lieu de telles confidences, mais comment dire, cette douleur m'a constituée et c'est sans doute pour cela qu'elle transpire.
Ce chemin s'est fait dans le temps, et j'en parle maintenant pour témoigner au fond de l'évolution possible des choses et de l'être. J'avais jusqu'à encore une bonne dizaine d'années une amnésie des dix premières années de mon enfance et puis tout cela est revenu par pans, ce fut extrémemet douloureux et difficile, déstabilisant aussi, frôler la folie d'aussi près n'est pas un mince affaire mais voilà on a en soi les ressources, et puis j'ai fait aussi des rencontres plus que salvatrices et l'art aussi, ma réponse à Pourquoi l'art?
Je voudrais que cela paraisse plus comme un message d'espoir de reconquête de soi, car tel est mon cas.

Ce jaune "baume" dont tu parles, j'en ai fait un bouquet, et c'est la première fois suite à ce billet, qui prend la lumière sur ma table de cuisine!

Merci de tes mots.

Écrit par : helenablue | 29/03/2010

Les commentaires sont fermés.