13/06/2010
Maria Elena Vieira da Silva
L'œuvre de Vieira da Silva surgit et l'aiguillon d'une douce force obstinée, inspirée, replace ce qu'il faut bien nommer l'art, dans le monde solidaire de la terre qui coule et de l'homme qui s'en effraie. Vieira da Silva tient serré dans sa main, parmi tant de mains ballantes, sans lacis, sans besoin, sans fermeté, quelque chose qui est à la fois lumière d'un sol et promesse d'une graine. Son sens du labyrinthe, sa magie des arêtes, invitent aussi bien à un retour aux montagnes gardiennes qu'à un agrandissement en ordre de la ville, siège du pouvoir. Nous ne sommes plus, dans cette œuvre, pliés et passifs, nous sommes aux prises avec notre propre mystère, notre rougeur obscure, notre avidité, produisant pour le lendemain ce que demain attend.
- René Char, 1960 -
Née à Lisbonne en 1908, l’artiste portugaise s’est exilée en France dès 1928 où elle a été une des fondatrices de l’école de Paris. Avant l'âge de vingt ans, elle étudie la peinture avec Fernand Léger, Charles Dufresne, la sculpture avec Antoine Bourdelle, et la gravure avec Stanley Hayter, tous des maîtres dans leur discipline. En 1930, elle épouse le peintre hongrois Arpad Szenes (mort en 1985). D’abord figurative, au milieu des années 1930, Maria Helena Vieira da Silva ébauche son style en forme de patchwork qui la rendra mondialement célèbre. En 1938, elle accueille dans son atelier parisien le jeune peintres, Nicolas de Staël. C’est dans les années 1950 qu’elle se positionne comme un peintre de premier plan. Elle est morte à paris en 1992.
« Ses toiles reflètent son goût pour les surfaces divisées baignant, surtout à partir des années 1970, dans la lumière si caractéristique du Portugal. (…) Souvent à la frontière entre figuration et abstraction, le monde de cette artiste en quête d’infini est construit à partir d’unités colorées et de lignes qui s’enchevêtrent en créant des espaces labyrinthiques. On pense parfois à Lisbonne, sa ville natale, même si elle y a fort peu vécu. » (extrait de Portugal, Hachette, 2002)
Elle a illustré de nombreux livres, des œuvres littéraires comme des livres pour enfants.
Une fondation inaugure à Lisbonne en 1994 un musée Arpad Szenes-Vieira da Silva qui dépend du Comité Arpad Szenes- Vieira da Silva. En France, le musée de Dijon possède la plus importante collection publique d'œuvres de l'artiste (une centaine de toiles).
- "Je lègue à mes amis
un bleu céruleum pour voler haut
un bleu de cobalt pour le bonheur
un bleu d'outremer pour stimuler l'esprit
un vermillon pour faire circuler le sang allègrement
un vert mousse pour apaiser les nerfs
un jaune d'or: richesse
un violet de cobalt pour la rêverie
une garance qui fait entendre le violoncelle
un jaune barite : science-fiction, brillance, éclat
un ocre jaune pour accepter la terre
un vert Véronèse pour la mémoire du printemps
un indigo pour pouvoir accorder l'esprit à l'orage
un orange pour exercer la vue d'un citronnier au loin
un jaune citron pour la grâce
un blanc pur: pureté
terre de Sienne naturelle: la transmutation de l'or
un noir somptueux pour voir Titien
une terre d'ombre pour mieux accepter la mélancolie noire
une terre de Sienne brûlée pour le sentiment de durée"
11:01 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : art, rencontre, peinture, découverte, émotion, femme, humain
Commentaires
Un bel hommage et un choix très pertinent de ses œuvres. Merci "Elena"
Écrit par : Sylvaine | 13/06/2010
J'aime bien son legs de couleurs dans le dernier paragraphe.
Écrit par : gaétan | 13/06/2010
elle tricote à merveille des cristaux lumineux .merci pour cette expo-à-domicile.
Écrit par : Manouche | 13/06/2010
Je suis sidérée. Quelle découverte pour moi !
Écrit par : Doodle | 14/06/2010
J'aime bien les vitraux d'en bas, mais je dois dire que le reste me passe devant les yeux sans plus ample émotion...je regarde, et je prends acte qu'elle fut, voilà.....Mais j'aime qu'elle ait été.
Écrit par : anne des ocreries | 14/06/2010
La citation liminaire le confirme: Char était bien un con...
Écrit par : Vinosse | 06/08/2010
Ah?
Écrit par : helenablue | 06/08/2010
tout mes respect.un travail de maitre
Écrit par : TESSI | 21/09/2012
quel étonnement et en même temps pas tellement, mais si, quand même !
Une peinture m'a attiré hier depuis mes errances sur le cortex et les images liées aux nouvelles technologies et j'ai retrouvé dans cette peinture les décloisonnements colorés du cerveau humain. En cherchant un peu de quoi satisfaire ma curiosité, je suis tombé chez toi. Quoi, vous ici ? ah... ça fait plaisir d'apprendre à revisiter la galerie Blue. Blue Cortex. Merci pour la visite. ;-)
Écrit par : Laure K. | 10/10/2012
:-)
Écrit par : helenablue | 12/10/2012
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