29/11/2010
La poupée d'Hélène
La poupée d’Hélène
à tous les enfants victimes de l’inceste
Hélène dort, les poings fermés,
Rêvant de la poupée ensanglantée
Qu’elle avait,
Quand violée,
Elle explosait,
En cris déchiquetés,
Moquée,
Brûlée,
Frappée,
Souillée !
Hélène dort,
Bercée par la houle d’or
De ses cheveux affolés
Pris d’assauts répétés
Par son putride bourreau
Mais jamais tendrement caressés
Par ce maudit grand –père
Qui aurai dû, pour elle, être le meilleur cadeau
Dont elle aurait été si fière !
Elle, ou ce qui, d’ailes, reste en elle,
Toujours cassée,
Sainte pucelle,
Par ce vil pervers,
A l’appétit vorace de lâche carnassier
Qui la prenait, dans ses serres,
Puis la reprenait, entre apéro et dessert !
Les anges pleuraient de rage et de colère,
De voir le minuscule ange
Se débattre dans tant de sang et de fange !
De honte et de douleur, tous les cieux
Venaient la pleurer,
Dans ses yeux,
Qui suppliaient, déchirant de leurs larmes épuisées,
Le lourd silence d’airain des vieux clochers pieux !
- Mokhtar EL Amraoui -
22:46 Publié dans art, poésie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : mokhtar el amraoui, poésie, photo, inceste, lutte, écriture, sublimation, dépassement, humain
Commentaires
... L' association de la photo de Laurence et du texte de Mokhtar mes paraisse comme un rempart
pour te laisser ecrire
"En paix" et mieux encore qu'ecrire,
Restituer,
Prendre parti,
Restaurer
Tuas des bleus aux chevilles Blue
Mais les pieds poses sur des rocs amis
Écrit par : laure | 30/11/2010
Hier j'ai compris. Dans tes précédents commentaires je n'avais pas décelé la véritable raison de ce chaos , pire je la pressentait mais je n'osais pas l'imaginer. Je suis coupable d'avoir détourné mon regard comme si de rien n'était. Pardonne moi.
Écrit par : le bourdon masqué | 30/11/2010
@ Laure K:
Oui, je suis bien entourée, par du vrai du solide et plein de coeurs aimants, ce qui me donne du coeur à l'ouvrage, restituer, prendre parti, restaurer, combattre.
L'inceste est un fléau, un broyeur d'âme, un "détourneur" d'identité, c'est l'abus le plus sournois que je connaisse parce qu'il se passe au sein de la famille et ne laisse pas de traces apparentes sur le corps de l'enfant, parce qu'il est difficile à déceler, il est maintenu dans le secret le mieux gardé et parce qu'il est souvent trans-générationnel ce qui renforce l'omerta, parce qu'il rend fou et qu'il éloigne l'individu de son humanité.
Mais on peut en sortir, on peut y arriver, avec de l'amour, des rencontres, de la ténacité et du vouloir-voir, du pouvoir-voir aussi, ce n'est pas un parcours facile mais c'est un parcours possible, il y a en chacun de nous une part d'inaliénable dans laquelle on peut puiser la force de tracer sa route.
Il faut en parler parce que c'est un crime souvent , trop souvent qui reste impuni, ce n'est pas une équation simple de sortir du cycle de la victimisation, car on se construit dessus sans en avoir eu le choix...
Laure, tu me connais, et tu sais que je peux en parler comme ça pendant des heures, j'en connais pas mal les méandres, pas mal les mécanismes destructeurs, mais je connais aussi le bonheur de pouvoir être rendu à soi-même, c'est ce qui me donne l'envie, le besoin de l'écrire sans doute.
Et puisque tu es dans les livres d'Alice Miller, c'est en partie grâce à elle que je dois cet appétence à écrire, encourageant toute personne à dire pour permettre à d'autres de se dire à leur tour, pour permettre à tout individu de prendre la place qui lui revient et de rétablir son équilibre interne, d'être serein.
Révéler et s'affranchir, deux des vitalités de l'écriture. Et parler de ce qu'on sait, quel qu'en soit la manière romancée ou poétique, car j'aime cette voie de la sublimation, pouvoir parler du pire en donnant le meilleur de soi-même.
Merci de ton amitié.
Merci de votre amitié à tous.
Blue
Écrit par : helenablue | 30/11/2010
@ le bourdon masqué:
Je n'ai rien à te pardonner, bourdon, j'ai depuis un moment sur ce blog de manière diffuse parlé du sujet, parlé de ce parcours qu'est le mien, mais toujours de manière saupoudrée, à décrypter à demi-mots... Ta sensibilité t'honore au contraire, ton commentaire le prouve, ce n'est pas quelque chose qu'on voudrait pouvoir voir, et pourtant cette chose existe bel et bien et bien plus qu'on ne le croie ou qu'on ne puisse l'imaginer, certains même l'ignorent encore dans leur chair, au sein d'eux-mêmes.
On est pas préparé à recevoir ce genre d'information, on a du mal à croire que cela puisse être, même celui qui l'a vécu pense qu'il a fait un cauchemar, qu'il a perdu la tête, qu'il s'est fait des idées, comment cela est-il possible?
L'inceste engendre la honte, la honte est tueuse, la honte enferme, isole même l'individu de lui-même et donc l'isole du monde.
Merci de ta présence, et de ton honnêteté.
Écrit par : helenablue | 30/11/2010
@ le bourdon masqué & Blue, Mokhtar, Laure et autres amis :
Eh bien moi, ça fait une trotte que j'avais pigé,
mais pas dans quelle mesure, pas jusqu'à quel degré,
aussi en faisant preuve d'une vague compréhension,
je m'assurais l'entrée au cercle sans grande compromission.
Et voilà qu'aujourd'hui, à ma grande confusion,
Mokhtar n'hésite pas à dire les choses comme elles sont
et me donne, à moi, l'aîné, par la même occasion,
par sa cruelle poésie une très dure leçon.
Car le tout n'est pas de s'affirmer engagé
et de compatir, compréhensif, aux maux de son prochain.
Mais d'agir, briser des lances, écrire la vérité,
de dire les mots qui aident à briser les chagrins.
Car à force d'être prudent on risque l'inertie.
Et pour avoir craint de retourner le couteau
dans la plaie, qui n'a jamais pu s'être guérie,
on se risque complice, faute d'avoir été bourreau.
Mea culpa et bravo Mokhtar!
Écrit par : giulio | 30/11/2010
L'horreur est "une" non fractionnable du moins il me semble. C'est du domaine du "ON, OFF".
Écrit par : le bourdon masqué | 30/11/2010
@Giulio
Il fallait vraiment stigmatiser ceux qu'Hélènablue appelle les incestueurs!
Ce poème, je l'ai voulu, après le"de facto" d'Hélènablue comme un manifeste militant, de lutte contre ces affres dont elle a été victime et dont sont , un peu partout dans le monde , victimes des milliers d'enfants qui, malheureusement , ne peuvent pas s'exprimer , faute de réseaux de transmission et d'écoute!
Réussiront-ils, à leur tour, comme Hélènablue à vaincre ces pièges du silence imposé dans les lâches labyrinthes hypocrites de la culpabilisation familiale du genre "Comment oses-tu dénoncer tel ou tel membre de ta famille?"
Arriveront-ils à dépasser leurs brisures par l'écriture romanesque comme Hélènablue qui s'est libérée du statut de victime qui lui collait à la peau et où d'aucuns voulaient l'enfermer?
Souhaitons-le-leur et oeuvrons-y, tous!
Écrit par : Mokhtar EL Amraoui | 30/11/2010
J'éprouve... à la fois colère, indignation, écoeurement à relire ton texte De facto,
une épreuve pour le lecteur, mais un espoir tellement plus fort qui émerge de la fange dans laquelle on a tailler amputer l'enfant... j'ai tellement de peine à imaginer
cette horreur là, je pense à ceux qui ont survécu aux camps d'extermination...est-ce semblable à cela ?
Comment vivre après la survie à l'avillissement corporel et psychologique ...
tous les jours est un combat, semble-tu écrire ici.
Réecrire son histoire, ne serait-ce pas le droit de s'octroyer une mémoire neuve ?
A demain, hâte de plonger dans tes yeux de si grande tendresse humaine...
Écrit par : laure K. | 01/12/2010
Mokthar , merci pour ce superbe poëme .
Écrit par : Manouche | 02/12/2010
@Manouche
Merci d'avoir apprécié mon poème.
Je l'ai senti comme une modeste contribution dans ce si noble combat que mène, à sa façon, Hélènablue avec tant de courage et surtout de lucidité, ayant pu sortir de cette gangue où d'aucuns voulaient l'enfermer.
C'était juste pour dire à ces criminels qui auraient espéré la faire taire qu'elle est bien plus solide que leur bigoterie et qu'elle a su/pu maintenir son équilibre créatif tant sur le plan poétique que romanesque , ne cessant de progresser et de tracer son chemin littéraire!
Écrit par : Mokhtar EL Amraoui | 02/12/2010
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