30/01/2012
De la sagesse
- Gustave Moreau -
"Je méprise cette sorte de sagesse à laquelle on ne parvient que par refroidisement ou lassitude."
- André Gide -
11:47 Publié dans pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : sagesse, lassitude, passion, vie, pensée du moment, art, partage, humain
Commentaires
J'aime beaucoup Gustave Moreau ; Gide, moins, globalement. Je ne sais que penser de sa citation....je croyais que c'était l'expérience, qui rendait "sage"......ce dont il parle, ça s'appelle ou devenir indifférent, ou devenir blasé, mais ça n'a rien à voir avec les acquis de l'expérience, et bien peu avec la sagesse......c'est "se ranger", plutôt - "faire une fin", même, et quelle horreur, en effet !
Écrit par : anne des ocreries | 30/01/2012
J'adore Gustave Moreau également, et je n'ai pas non plus une passion pour Gide mais cette phrase de lui correspond bien à mon état du moment. Je me sens assagie parce que je suis lasse et ça me perturbe, en fait je n'aime pas cet état d'être où je me sens dépossédée de moi-même, de là à le mépriser, non, je le prends comme tel. Tout comme toi, je crois que la véritable sagesse est le fruit de l'expérience mais aussi d'une prise de conscience de sa faillabilité et de son importance dans l'aventure de la vie.
Pourtant cette posture peut apparaître pour certain comme de la sagesse, ce calme apparent, alors que c'est plutôt une sorte d'état second lié à un fort don de soi, comme je le disais par mail à Chrisitan, un état d'être comme après chacun de mes accouchements... C'est très particulier. On se mesure à se démesurer.
Écrit par : helenablue | 30/01/2012
Mm, pas vraiment d'accord, Blue. Avoir conscience de sa faillibilité n'est pas seulement une condition, mais une prémisse de la sagesse. Celui qui n'en a pas conscience passé l'adolescence est un abruti.
De l'autre côté, l'expérience en est une composante, non essentielle, mais utile, surtout dans la mesure où elle est faite de nombreux déboires et échecs. Aucune réussite n'a apporté en soi la sagesse. Il en faut, au contraire, beaucoup, de sagesse, pour digérer le succès.
Quant a avoir conscience de son (sa propre) importance, le dernier imbécile n'en manque point; et la sagesse consiste justement à prendre conscience de l'infiniment peu d'importance de notre minusculité individuelle au sein de l'aventure de la vie.
Quant à la "sagesse" de Gide et son pauvre petit nietzschéisme gallolatinisé, bof!
Écrit par : giulio | 30/01/2012
L'expérience;souvent un ramassis de mauvais souvenirs non réutilisables, la sagesse connais pas...
Écrit par : manouche | 30/01/2012
@ Guilio:
Par importance, j'entendais responsabilité en fait et non cette arrogance de supériorité caractérisant pas mal d'imbéciles heureux! Et il me semble que cette conscience là est une des composantes de la sagesse , ou plus approprié encore de la sérénité.
La sagesse est un sujet qui me passionne, j'aimerais être une vieille sage folle. Je n'aime pas cette idée assez commune qu'il faille perdre sa fantaisie afin d'être considérée comme sage.
Ok avec toi pour la prémisse et non la condition: la faillibilité, la conscience de sa faillibilité est à mon sens indispensable pour mieux apprendre et pour grandir.
Pour Gide, qu'entends-tu par son pauvre petit nietzschéisme gallolatinisé?
Écrit par : helenablue | 30/01/2012
@ Manouche:
Hum, Manouche, c'est un peu pessimiste tout de même non? n'as-tu pas l'impression qu'on apprend de ses erreurs et que certains mauvais souvenirs impulsent des changements notables en nous?
Je ne sais si je la connais ou non, pas l'impression d'être sage mais je me suis assagie, oui et ça me donne des ouvertures d'une autre nature, je dois dire... Néanmoins la féline en moi est bien toujours présente mais je suis plus, mesurée!
Je me sens plus lestée et moins en embrouille avec le monde dans lequel je vis. Je reste pourtant étrangement et démesurément idéaliste! En en souffrant moins, en le vivant mieux et surtout en en ayant plus honte!
Au fond,il n'y a pas de sagesse standart, elle est unique à chacun. En fonction de ses aspirations et de sa capacité à composer avec les idées, les désirs et les conflits d'autrui. Il me semble que c'est un peu de cette " sagesse" relationnelle que j'ai acquise avec le temps, je suis moins sauvage, plus sociable, plus tolérante aussi et moins revancharde. Mais néanmoins je reste fière!!
C'est complexe mais passionnant de tenter de devenir meilleur.
Écrit par : helenablue | 30/01/2012
Chère Blue, mon mémoire de bac (il y a un demi siècle) portait sur Gide et son nietzschéisme édulcoré. Plus possible de le retrouver, alors, pour faire court, voici des extraits d'un texte de l'abbé Delfour sur www.gidiana.net/articles/GideDetail5.1.23.htm, où tu peux le lire entièrement :
"... M. André Gide est un nietzschéen. Il se flatte d'avoir compris toute la philosophie humaine, trop humaine, de Zarathoustra, et même sa folie finale. Un protestant dégagé de préjugés ne s'embarrasse pas pour si peu : cette folie de Nietzsche, c'est un suicide transcendent, c'est le sublime aboutissement d'un long effort surhumain…
Une inquiétude se fait sentir maintenant dans la conscience bourgeoise de M. André Gide. Si Nietzsche, pourtant, n'était qu'un vulgaire anarchiste ? Oui, se réponds à lui-même M. Gide, Nietzsche démolit ; il sape, mais ce n'est point en découragé, c'est en féroce ; c'est noblement, comme un conquérant neuf violente des choses vieillies.
M. André Gide ajoute tout simplement un inutile blasphème aux violences sacrilèges de son maître. Nietzsche se révèle destructeur, parce qu'étant Allemand et protestant, il ne sait pas ou ne peut pas s'adapter au seul ordre qui existe, l'ordre catholique romain…"
En fait, autant j'adorais la langue et le style de Gide (G.F.V., le triangle parfait du français - les deux autres sont France et Voltaire), autant j'ai trouvé, après un bref engouement post-adolescent, sa pensée aussi délétère que celle de Nietzsche, mais sans la grandeur crépusculaire de ce dernier. C'est que la porte pour y accéder était vraiment trop étroite pour Gide.
Écrit par : giulio | 31/01/2012
@ giolio et Blue
"Quant a avoir conscience de son (sa propre) importance, le dernier imbécile n'en manque point; et la sagesse consiste justement à prendre conscience de l'infiniment peu d'importance de notre minusculité individuelle au sein de l'aventure de la vie."
J''ajouterais "l'aventure universelle", les hommes ont tendance à oublier leur minusculité individuelle en rapport à l'univers, sa complexité, son âge vénérable, sa profondeur etc.
Pour revenir au débat entre, à un bout du spectre, les passionnés excités et l'autre, les parfois trop sages contemplatifs ainsi que toute la gamme des entre deux je dirais; qu'il ne faut pas sous-estimer les effets du vieillissement. Surtout ne pas les confondre à la sagesse, pire, lassitude et refroissement. Juste accepter que les énergies à déployer ne sont plus les mêmes et qu'il faut cèder la place à d'autres "gentils énergumènes" pour nous remplacer. En vieillissant, il y a une certitude qui se dégage pour moi à tout regarder ce beau monde. S'il fallait que 7 milliards d'individus se mettent à s'exciter à l'unisson pour se réaliser tous et chacun d'entre eux pendant leur vie active, outch! planète. Ce qui me laisse croire qu'il faudra bien, tôt où tard regarder les contemplatifs comme des sauveurs potentiels.m La question qui se pose, est-ce que mon modèle de vie est applicable à toute l'humanité? Dans mon cas bien précis, la réponse est non, et sans avoir également de solutions à cela.
Écrit par : MakesmewonderHum! | 31/01/2012
MmwH, merci ! c'est extrêmement bien dit, tout cela.
Écrit par : anne des ocreries | 01/02/2012
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