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10/05/2012

en deuil

" Dans le désarroi du chagrin, il est vain de chercher une réponse à ses questions."

- Charlie Chaplin -

 

Le chagrin envahit tout et colore l'existence d'une brume épaisse. Il n'est pas un état, il est un passage obligé pour faire au mieux son deuil, c'est un processus naturel et il est vain de tenter d'aller contre, je crois même qu'il n'est pas bon de ne pas laisser cette tristesse couler dans nos veines blessées. La perte d'un être cher est source d'un chagrin incommensurable. Endeuillée moi aussi, je porte en mon sein la tristesse de mon homme qui vient de perdre son père qu'il aimait tant et celle de mes fils qui adoraient leur grand-père. Pourtant je sens en moi que cette perte et ce chagrin viennent réveiller une blessure plus ancienne dont je croyais, pour le coup, avoir fait le deuil. Celle de ne pas avoir eu de père, ou du moins pas un père comme il aurait dû l'être. Et malgré tout le plein qu'a pu m'offrir ce beau-papa affectueux, je sens en moi un immense vide, une sorte d'abîme dans lequel je tente de ne pas plonger. Grand-papa m'a permis pendant de longues années d'éviter sans doute de m'y confronter par sa présence chaleureuse et structurante et, j'ai pu ainsi panser mes plaies; mais maintenant, les cicatrices à l'air, en plus du chagrin d'avoir perdu l'amour de cet homme bon, j'ai en doublon celui de n'avoir jamais reçu le véritable amour d'un père et j'ai le coeur qui pleure à gros bouillons.

 

Commentaires

"au bout de mes cils tremble un prisme de larmes
désormais gouttes d'Eau" (extrait de "secousse" Louis ARAGON)

Écrit par : alex | 10/05/2012

les mots me manquent pour répondre aux tiens dont l'amertume et le sel ne peuvent être cicatrisés, mais dire est ne pas oublier, le sommeil lui, est l'oubli de nos douleurs. Ecrire, dit-elle.

Écrit par : Laure K. | 10/05/2012

C'est intense de sentiments, ce que tu nous communiques. Tu as raison, il faut vivre sa noirceur, c'est une étape nécessaire.

« Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé » (Lamartine), n'est-ce pas ?

Je sais comme il est difficile de vivre sans certaines personnes qui ont été cruciales. L'édifice de notre psyché semble en prendre un coup.

Ça n'aidera peut-être pas, mais c'est important que tu le saches : cette bienveillance, cette grandeur d'âme, ce cadre apaisant qu'il t'offrait, toute cette splendide nature qui est également la tienne en somme, souviens-toi que tu l'offres à une grande quantité de personnes...

Écrit par : Guillaume Lajeunesse | 11/05/2012

On peut dire,quoique... Le deuil est un Etat "naturel", par contre, il devient pathologique, si la personne n'a pas fait son deuil au delà d'un an.

Il y a des gens qui ne font jamais leur deuil.

Je suis entièment d'accord sur la revivisance de phenomènes de deuil anciens pas finis.

Une chose, qui 'est pas naturelle, c'est le décès d'un enfant.

Le deuil "se traite, à mon avis, par la parole, parfois (deuil non fait) par les antidépresseurs.

Écrit par : Dr Sangsue | 11/05/2012

@ Alex:

Merci pour ces si jolis mots d'Aragon...

Écrit par : helenablue | 11/05/2012

@ Laure:

Ecrire, oui.

Écrit par : helenablue | 11/05/2012

@ Vieux G.:

Oui, c'est un peu ça. Il y a un gros manque qu'il va falloir sublimer.
Hier soir, mon aîné avait un grand besoin de parler, il s'étonnait que lui revienne en mémoire des tas de scènes avec son grand-père qu'il pensait avoir oubliées. Elles étaient nichées dans sa mémoire, petits trésors, pépites d'amour...
Il disait aussi trouver que tout semblait sans importance, que cette mort semblait lui faire prendre conscience à quel point l'essentiel est dans cet amour qu'on se donne les uns les autres et combien plein d'autres choses lui parraissent des broutilles... Ce chagrin que nous partageons, ce deuil que nous faisons tous est un ciment supplémentaire à notre relation familiale déjà forte et puissante, c'est ainsi que les personnes décédées qui nous ont aimés et qu'on a aimées continuent à vivre en nous.

Écrit par : helenablue | 11/05/2012

@ Dr Sangsue:

" Une chose qui n'est pas naturelle , est le décès d'un enfant."
Grand-papa et grand-maman ont perdu un de leur fils dans sa vingtième année, il y a plus de trente ans, ils ne s'en sont jamais remis...

Écrit par : helenablue | 11/05/2012

Lorsqu’un des nôtres aimés nous quitte, une ligne toute fine, de son contour familier, guide nos pas maladroits par tant de peine et sanglots puis s’estompe peu à peu pour laisser place à nos souvenirs partagés, toujours les plus heureux.
Pour ceux qui blessent nos vies, est-ce à nous de toujours chercher le moindre fragment qui les rendent enfin acceptables à rebâtir? La réponse est parfois bien enfouie en chacun de soi.

Écrit par : MakesmewonderHum! | 11/05/2012

Hum, je le crois, oui. Je crois que si nous nous en sommes donné les moyens, il nous faut séparer le bon grain de l'ivraie. Ce n'est pas facile et pas toujours possible, je reste pourtant intimement persuadée qu'il y a toujours matière à trouver puisqu'au pire du pire, dans les plus grandes noirceurs qu'on eut à traverser les protagonistes de notre vie, il se fait qu'on l'est toujours encore... en vie!

Écrit par : helenablue | 12/05/2012

Les commentaires sont fermés.