21/07/2012
Ma petite soeur
Ma petite soeur est clown, clown-thérapeute. Nous nous aimons mais nous n'en parlons pas. Nous avons du mal à communiquer elle et moi, pas sur le fond mais sur la forme. Elle se grime, porte le nez rouge, et avance dans la vie, rebelle. J'ai tenté à l'inverse de me démaquiller, de faire tomber les masques et de vivre le plus possible en congruence, ce qui m'a obligé à parcourir un chemin compliqué et douloureux. Les histoires de famille quand elles sont lourdes et pénibles demandent une certaine endurance et une sorte de bonté pour s'en extirper. On se voit peu, tellement peu que ça en devient plus mais nous savons l'une et l'autre que chacune existe et que dans le pire des cas, chacune peut compter sur l'autre. L'inceste fait des dégâts, le déni en fait davantage encore. C'est son anniversaire, je ne peux aller à la grande fête qu'elle organise dans son trou perdu du monde avec tous ses amis près à réinventer une forme de vie sur terre. Nous n'avons jamais eu les mêmes façons de faire, ni les mêmes visions, ni les mêmes passions si ce n'est celle de se tirer d'affaire et d'offrir à nos enfants une vie autrement différente que celle qu'on a vécu petites. Elle me manque. Sa folie douce me manque. Ses coups de gueule aussi. Vais lui faire suivre ce petit texte pour qu'elle sache que même si on n'est pas d'accord, pas raccord et pas solidaire sur tout, on l'est sur l'essentiel: l'amour de la vie et de l'humain. Bon anniversaire, Laetitia. Je t'aime.
00:37 Publié dans art de vivre, état d'âme | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : clown, art de vie, anniversaire, famille, soeur, fratrie, amour, partage, message, humain
Commentaires
Joyeux anniversaire à elle ! Elle a un joli prénom. D'autant plus avec cette orthographe. Héhé.
Où habite-t-elle, dis donc ? Outre-mer ?
Les chemins qu'on peut prendre dans la vie, n'est-ce pas... Tant de stratégies possibles... En tous les cas, heureux de voir que vous vous êtes toutes deux formidablement adaptées, bien que très différemment !...
Écrit par : Guillaume Lajeunesse | 21/07/2012
:-)
Elle habite en Auvergne, ça n'est pas si loin au fond mais ce n'est pas une région qui me procure de bonnes vibrations, vieux souvenirs pas encore dépassés!!
Les chemins qu'on peut prendre dans la vie sont multiples et variés, c'est une lapalissade mais c'est bon de se le rappeler... Ce qui me frappe, concernant ma soeur et moi et qu'ils sont atypiques et créatifs et avec cette racine commune: permettre à l'autre de s'exprimer, de se connaître et d'être mieux avec lui-même. Par notre expérience, notre endurance, nos prises de conscience et notre grain de folie indéniable!! Nous n'aurions peut-être pas cette vie et cette vision si nous n'avions pas eu à endurer et à sublimer ce que nous avons dû vivre petites et plus grandes aussi. L'essentiel étant d'avoir pu trouver l'énergie en soi pour être au monde le plus sereinement possible. Il y a longtemps que je n'ai pas parlé avec elle, notre dernière discussion doit remonter à deux ans, ou peut-être trois... Mais peu importe. je sais que lorsque que l'occasion se présentera ou que nous la provoquerons l'une ou l'autre, nous nous parlerons d'âme à âme et ça sera bon...
Quel prénom fantastique, n'est-ce-pas! Et prophétique!! Hé,hé...
D'autant plus avec cette orthographe? Je ne comprends pas??
Écrit par : helenablue | 21/07/2012
http://www.wat.tv/video/gainsbourg-laetitia-qy2k_2gdbp_.html
pour elle pour toi pour vous
Écrit par : le bourdon masqué | 21/07/2012
Merci! Pour elle et pour nous tous. Belle chanson que je n'avais pas entendue depuis un bail!! L a e dans l'a t i t i a...
Écrit par : helenablue | 21/07/2012
La résilience, et les personnalités bien particulières que l'on peut développer dans ce type de vie. Ça me rappelle mes lectures de Cyrulnik. Et, pourquoi pas, ma vie...
Je n'étais pas très clair, au sujet du prénom ! J'aime le prénom Leticia, lequel je connaissais orthographié ainsi. C'est en portugais. Mais à bien y penser, je connaissais Laetitia Casta... ;-) J'avais simplement oublié. Chouette nom, à tout prendre.
Écrit par : Guillaume Lajeunesse | 21/07/2012
J'éspère que la vie vous fera vous reconnaître l'une à l'autre un jour, aussi improbable qu'il soit d'ésperer être entendue par sa soeur ou ses parents dans ce qu'on a de véritable. Lui souhaiter un bon anniveraire, parce que tu n'en as qu'une, de soeur.
Le masque du bonheur des tristes ?
Écrit par : Laure K. | 22/07/2012
@ Laure:
Je ne sais pas, je n'ai pas encore bien compris pourquoi elle a choisi cette voie, je crois que je ne cherche pas à comprendre non plus. Depuis toute petite, elle a toujours fait ça, le clown, I mean...Je n'attends pas ou plutôt plus d'être entendue par elle ou par un quelconque membre de ma famille, je sais que ça ne leur est pas possible, alors pourquoi attendre en vain? Je préfère donner sans penser recevoir. D'ailleurs je crois avoir généralisé cette manière d'être dans toutes mes relations humaines, donner sans attendre et recevoir sans me faire prier et sans me faire une idée préconçue de ce que je voudrais qu'on me donne et qu'on me pardonne. J'ai mis pas mal de temps à être dans cette disposition d'âme, cela évite pas mal de quiproquos, pas mal de frustrations et ça ouvre le regard qu'on porte sur autrui. Je crois avoir nettement développé mon empathie ainsi, ce qui fluidifie ma relation au monde. Euh! Je ne suis pas une sainte, faut pas pousser, je fais encore des caprices, j'ai encore et toujours des désirs inassouvis, des exigences et la volonté d'être entendue mais moins d'être comprise. Disons que j'attends moins qu'avant que l'autre me devine, j'essaie d'arriver à me dire et à m'assurer d'avoir fait ce qu'il fallait, m'assurer d'avoir employé les bons mots, avoir eu les bons gestes pour que l'autre puisse me comprendre. Je crois que quand il y a dysfonctionnement dans une relation, c'est que les attentes ne sont pas les mêmes de part et d'autres et que surtout ces attentes sont inconscientes. En tentant de vivre plus en conscience mes émotions et mes ombres, il me semble que c'est plus facile d'être en contact et que c'est moins douloureux.
Pour prendre l'exemple concret de ma petite soeur que j'aime telle qu'elle est, je n'attends pas d'elle qu'elle me comprenne ou même qu'elle m'aime telle que je suis, le saura-t-elle jamais? Non. Je lui donne ce que je peux lui donner au stade où j'en suis, ma sincérité, à elle d'en faire ce que bon lui semble. Je me sens rassasiée de mon côte d'avoir pu lui écrire ainsi, d'avoir pu le faire, d'être fière d'avoir dépassé mes ressentiments, d'avoir compris, d'avoir tenté de l'entendre et de la respecter là où elle en est. Je ne dis pas que j'éprouverais pas une grande joie si elle se manifestait à moi et si elle pouvait prendre ce que je lui donne comme une preuve d'amour vrai, même au fond de moi je l'espère. J'aimerais tant réparer les dégâts que la génération d'avant nous a fait. mais je ne peux l'y obliger et je ne dois pas la faire. Chacun a son parcours à parcourir et les résiliences sont multiples et variées, pas toute de la même nature et pas toutes aussi effroyablement établies par un passage terrible à la vérité crue d'un vécu arrachant.
Je ne sais pas si elle cache sous son masque ou si à l'inverse ce que son masque dévoile. l'important pour moi, c'est qu'elle ai pu trouver dans cette voie singulière, l'amour que nous n'avons pas reçu ou si mal et qu'elle puisse à sa manière le transmettre à ses propres enfants.
Avec un prénom comme le sien, toute désignée déjà, dès le berceau, elle ne pouvait que choisir le rire comme arme. Mais le rire du clown est étrange, je trouve, il peut même être pathétique... Et concernant ma petite soeur, je suis partagée. Les accès confirmés que j'ai eu à notre histoire de famille, à la mienne, à celle de mon frère, à la sienne et celle de notre mère m'obligent à une certaine lucidité et en même temps une certaine réserve. Le savoir rend humble et tolérant, sage et confiant dans l'évolution des choses. Alors même si notre amour n'est pas possible maintenant, tout en sachant qu'il existe, le fil reste présent. Quand il sera nécessaire à l'une ou l'autre de l'activer, il n'y aura pas de problèmes. Depuis longtemps la lâcheté dans les relations avec ma famille m'a quittée et je préfère, et c'est meilleur pour moi, faire face et prendre ce qu'il y a à prendre et même aller jusqu'à aider les protagonistes à fournir du bon grain plutôt que de l'ivraie. J'ai appris avec le temps qu'on provoque ce qui nous arrive, consciemment ou inconsciemment, que devenir adulte c'est le plus possible en prendre conscience et agir en conscience. Enfant, c'est le rôle des parents de nous protéger des inconsciences, inconsistances et déraillements des autres . En l'occurrence dans notre cas personne n'a pu nous protéger, on a du se débrouiller toutes seules, il a bien fallu qu'on trouve des solutions pour vivre malgré tout. On continue tant bien que mal et pour ma part je tente de partager mes découvertes et j'essaie le plus possible d'être ce que je dis et de dire ce que je suis. Ainsi je me bonifie et je m'apaise.
Hum, suis partie dans tous les sens, là, pour tenter d'expliquer qu'il ne me semble pas qu'il faille toujours attendre de l'autre, que c'est en étant acteur et actif dans la relation qu'elle s'amplifie et se construit, que ce soit avec ses parents, sa soeur ou ... n'importe qui. Tu en penses quoi?
Écrit par : helenablue | 22/07/2012
@Helena
Etre actif, acteur, être ce qu'on est et dire qui on est, mais on peut en crever de ça.
Si j'assumais toutes mes part d'ombres, en les rendant "actives" dans ma vie mais je serais six pieds sous terre à l'heure d'aujourd'hui. Ou alors, je ne comprends pas bien le message, possible.
Le jour où j'ai moi aussi porté des masques, des vrais, au théâtre, ils étaient énormes, grotesques et bien plus révélateur de son être profond. Et c'ets vrai pour n'importe quelle forme d'expression. J'en ai conscience, rapport au texte d'hier soir. Si le message est d'assumer ces profondeurs et de les vivre et de les dire, on a peut être raison de poser un masque, c'est peut être la seule façon acceptable pour y survivre. ce n'est pas la tienne, et je le comprends de par ton parcours. mais je peux comprendre ta soeur, aussi.
A l'époque des masques et de "sur la route", la personne que j'aimais m'a avouer ne pas être qui elle était. j'en étais profondément triste pour elle, et, je n'ai rien oser. Deux ans plus tard, elle mourait.
Alors soit, il ne faut rien attendre des autres, j'ai pas encore le cran d'assumer, "young jedï "qu'il a écrit le boss... ben oui, y a des vérités qui sont des putains de vérités. Si je vous rencontre c'est peut être que j'aimerais pas crever un dimanche de juillet, alors oui, c'est possible Héléna, que j'attende trop de l'autre, qu' il me sauve de ma propre errance, qu'il me révèle à moi-même. Même avec le sentiment d'avancer vitesse grand V, ici ou là, d'accord de ne rien attendre de l'autre, je comprends, j'ai juste dix ans de moins que ça.
Écrit par : Laure K. | 22/07/2012
On se construit au fur et à mesure des expériences qu'on vit. Je n'ai absolument pas la science infuse, je ne parle que ce que j'ai pu déduire de mon vécu et je suis sûre que cette manière de voir et d'être au monde n'est pas la seule possible. Il faut du cran pour résister, il en faut aussi pour exister telle que l'on est. Et puis il y a autant de manière d'être au monde que d'être vivant.
Quand je dis, ne rien attendre de l'autre, ça n'est pas qu'il n'a rien à donner et rien à nous donner, bien au contraire, c'est juste lui permettre de nous donner autre chose, de l'inespéré, de l'impossible pour nous à formuler, une autre possibilité et alors peut-être se rendre compte que c'est bon pour nous sans qu'on ai pu le savoir et même pu l'imaginer.
Comme notre amitié particulière, par exemple. Tu saisis? Young lady?
Écrit par : helenablue | 22/07/2012
Il me semble "percevoir" exactement aujourd' hui, ce pourquoi on se rencontre Héléna. Et ce n'est pas inscrit ici en toutes lettres, ok ? tout ce qui s'écrit n'est pour moi que le résultat des forces en action. Je parle d'expression de soi, à travers l'autre et de l'autre à travers l'Autre.Etc. Transmission, mise à l'épreuve, initiation... that 's what you mean, Lady mots ?
Écrit par : Laure K. | 22/07/2012
Absolument! C'est ce que je veux dire, merci de l'avoir compris...
Écrit par : helenablue | 22/07/2012
:-)
Écrit par : Laure K. | 22/07/2012
Les commentaires sont fermés.