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18/11/2014

Trop sensible

 

 

On pense toujours qu’on a réussi à cautériser ses anciennes blessures, on se dit que c’est bon, que la résilience est faite et que tout cela n’est plus qu’un vieux mauvais souvenir. C’est vrai, en partie. Parce que même si la mémoire fait le tri, même si je ne pense pas tous les jours à ce qui s’est passé, Dieu soit loué, même si je sais en conscience que j’ai pu m’extirper de toute cette histoire qui est mienne et que j’ai pu tout de même conduire ma vie pour en être où je suis, je dois bien reconnaître que je suis rattrapée, parfois, par mon petit cœur altéré, ce petit cœur de la petite fille que j’ai été ou que je n’ai pas pu être. Ce matin, en visionnant cette courte vidéo qu’a entrepris ce papa de sa fille pendant ses quatorze premières années, j’ai pleuré. Pleurer ne m’est pas étranger, bien au contraire, je me demande d’ailleurs toujours comme le corps fait pour toujours fabriquer encore et encore des larmes alors que j’ai tellement eu souvent l’impression d’avoir épuisé mon quota, là, ça n’était pas des larmes ordinaires, elles étaient plus salées, plus difficiles à tomber, plus intérieures je dirais, plus profondes, des larmes qui venaient de loin, des sortes de larmes de rage mêlée de tendresse, des larmes anciennes. Quoiqu’il en soit, et quoi que je veuille, je ne pourrais pas changer ce passé compresseur et assassin mais je peux continuer, continuer à me battre pour plus d’humanité et continuer à croire en la capacité qu’à l’être humain a devenir meilleur. Désolée, il fallait que ça sorte par les mots, il fallait que j’en parle, je serais toujours, à vie, trop sensible, c’est certain !

 

 

Commentaires

" je serais toujours, à vie, trop sensible, c’est certain "
J'en parlais encore il y a peu (avec une connaissance commune).
Une fois que l'on en est conscient, (et que l'on est entré en résilience), on apprend à vivre avec et aussi à se dire que cela nous apporte aussi des choses que d'autres n'ont pas ou moins. Mais cela reste en effet très dure à vivre à d'autres moments. C'est bien de partager, merci.

Écrit par : Louis-Paul | 18/11/2014

Oui, Louis-Paul, évidemment cette sensibilité a... ses avantages. On a une perception des choses, un regard et une approche de l'autre certainement différente, une sorte d'acuité aussi, un feeling à fleur de peau, et puis une ouverture à la beauté même la plus infime... Longtemps, j'ai pensé qu'il fallait se protéger et puis finalement je crois qu'il faut vivre sa sensibilité comme un cadeau même si parfois c'est vraiment douloureux, c'est précieux !

Écrit par : Blue | 18/11/2014

La sensibilité chère Hélène...c'est un plus, pourquoi la cacher...? Peut être ceux qui la cachent deviennent durs...insensibles...et peuvent devenir des monstres, justement en cachant l'euro faiblesses ou mieux ce qu'ils pensent être des faiblesses. Attentino à ma pas vouloir faire le même, inconsciemment...

Écrit par : Licia | 18/11/2014

Oh ! Licia, je ne cherche pas à la cacher, bien au contraire... j'ai oeuvré dans ce sens toute ma vie pour la laisser émerger... je dis juste que parfois, elle me fait souffrir, enfin, ça n'est pas juste, ça n'est pas d'être sensible qui fait souffrir, c'est que cette sensibilité a été piétinée... On ne devrait pas faire mal aux enfants... Dans ce petit portait, ce qui m'a frappé, ce sont les sourires et l'envie de s'exprimer et la possibilité de s'exprimer... Si on permet aux enfants d'être ce qu'ils ont a être, et si on leur en donne les moyens et l'amour dont ils ont besoin
, on devrait aller vers un monde plus humain...

Écrit par : Blue | 18/11/2014

Chère Hélène je pense que il faut travailler beaucoup sur la compassion...! Il faut apprendre à avoir de la compassion envers ceux qui nous ont fait souffrir et je vous assure que cela est possible. Cette compassion peut commençer à se sentir quand on peut comprendr que ceux qui ont fait "du mal", eux aussi sont "les victimes" de leur histoire et que la chaìne se répète...dans l'histoire des familles !!! Inconsciemment naturellement...La méditation peut être une très bonne voix pour arriver à se recentrer et à percevoir de la compassion eners autrui. Il faut comprendre que nous sommes des victimes, d'autre que eux aussi ont étés victimes à leur tour...

Écrit par : Licia Raimondi | 18/11/2014

Oui, Licia, j'ai cette compassion, je sais que mes parents ont fait du mieux qu'ils pouvaient au vue de leur propre histoire, je sais qu'ils sont eux-même victimes... la chaîne de répétition est brisée.... C'est ce travail de compassion et d'exonération qui m'a permise d'avancer, de comprendre, de donner du sens et d'être en paix par rapport à tout ce passé. Je n'ai plus de ressentiment, ni de haine, j'ai ressenti tout ça, je l'ai éprouvé, tout ce cheminement m'a libérée. C'est autre chose qui se joue, je crois, autre chose qui s'exprime là, dans ces larmes, c'est un travail d'acceptation et d'amour de soi... Une prise de conscience d'être. Je suis telle que je suis parce que j'ai eu à vivre ce que j'ai vécu. Quand je suis submergée comme hier matin par cette tristesse et que je l'exprime à vif, je sais bien que j'ai la réponse à mes questions et que cette fragilité, cette sensibilité est ma force, que c'est cette même sensibilité qui m'a fait faire tout ce parcours et pour rien au monde, je ne voudrais être autrement que celle que je suis devenue... la médiation, votre conseil est bon, la méditation m'a beaucoup aidée et me permet d'avancer encore vers plus d'humanité mais je n'ai pas pu faire l'impasse de ré-éprouver et l'écriture m'a toujours été d'un grand secours et l'est toujours... Tout cela est une histoire sordide d'un certain point de vue et magnifique d'un autre, on peut vraiment se sortir du pire, on a en soi les ressources et on peut faire beaucoup pour autrui quand on l'a compris...

Écrit par : Blue | 19/11/2014

L'accélération du temps permet (paradoxalement) de marquer une pause.

Cette vidéo n'est pas loin du film "Boyhood".

Si on devait, en revanche, voir sa propre vie en quatre minutes, cela serait peut-être décourageant ?

Écrit par : Dominique Hasselmann | 20/11/2014

Décourageant, je ne sais pas, mais déroutant, certainement...

Écrit par : Blue | 21/11/2014

C'est la petite fille blessée qui est en toi qui a pleuré en regardant cette vidéo, Blues, et je le comprends. Même l'acceptation n'empêche pas de pleurer, et j'ai envie de dire : tant mieux ! C'est que la sensibilité est toujours là, et comme le dit cette citation que j'avais fait mienne pendant longtemps : "Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie" (Baudelaire)
Amitiés, Blues.

Écrit par : Françoise | 26/11/2014

Les commentaires sont fermés.