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14/03/2010

supplément tribal

"Je ne fais aucune différence entre l'amour et l'amitié. C'est la même chose. Les nuances sont d'ordre sexuel, superficiel. Desjardins chante:" Quand j'aime une fois, j'aime pour toujours." C'est l'évidence en moins de dix mots. On peut ne plus pouvoir sentir quelqu'un qu'on a aimé un jour, voire ne plus jamais le revoir, mais que l'affection cesse est impensable: ce serait se trahir soi-même. Non?"

Christian Mistral -

 

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J'ai entre les mains depuis quelques jours déjà ce numéro très spécial des Lettres Québécoises, spécialement adressé à mon intention par Sandra Gordon qui a pris l'heureuse initiative de me l'envoyer, relayé par Christian lui-même avec pigeon voyageur plus lent et dont j'attends impatiemment la venue espérant recevoir la même revue nourrie d'une dédicace. Mon amitié pour cet homme magnétique et cet écrivain énergétique n'est un secret pour personne sur la blogosphère, moins encore pour les lecteurs assidus qui passent ici au quotidien et je dois dire que c'est avec une grande émotion que j'ai feuilleté d'abord, caressé du regard, lu et relu ces pages spéciales Mistral.

 

D'abord un portrait juste, lucide et respectueux dépeint par Louis Hamelin, j'aime ce qu'il en dit je l'y retrouve, puis une interview vivante et passionnante par André Vanasse son éditeur pour finir par un article de Sébastien Lavoie sur cet écrivain de l'amitié qu'est sans conteste Christian Mistral. Il écrit de l'amitié, par l'amitié, comme personne et je partage la vision et le ressenti de ce sentiment qui l'anime. J'en voulais plus encore, c'était trop court, alors dans mon euphorie coutumière je me suis dit:" Et qu'en pense la Tribu ?", cette fameuse famille mise en place et créé par le maestro lui-même comme un roman live au travers de son Vacuum II. D'où cette folle entreprise de réunir des textes, témoignages, photos des uns et des autres, du moins d'une partie d'entre eux, certains plus proches que d'autres pour moi, certains qui sont devenus au fil des notes sur ce blog et sur les leurs au fil des commentaires et discussions parfois endiablées des amis, pour mettre en forme ce supplément très spécial aux Lettres Québécoises spécial Christian Mistral, le supplément Tribal.

Auparavant je voudrais rapporter ces confidences d'André Vanasse que je partage et je crois bien tous ceux qui participent à cette note atypique: "Mistral n'a jamais cessé de croire en la littérature même s'il a douté parfois. L'écriture a été pour lui une bouée de sauvetage, comme cela a été le cas pour Bruno Roy, mort le 6 janvier dernier... Ceux qui connaissent Christian savent à quel point il peut être attachant. Il aime de façon totale. Et c'est ce qui fait son si grand charme. Pour moi, il reste un auteur à part. Sans doute précisément à cause de la charge d'émotions qui nous unit... Salut, Christian, et reste toujours toi-même."

 

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A Christian Mistral.

Pour ouvrir le bal, ce savoureux petit texte de GeeBee:

 

Quand Helenablue m'a demandé de participer à la petite fête, j'ai couru à la bibliothèque municipale, confiant d'y trouver les écrits de Christian Mistral.

"A remettre pour le 21 Monsieur Blais", et j'ai vu ma balloune se dégonfler avant même de franchie la porte. Comme si je pouvais assimiler un tel auteur en lisant ses livres en diagonale.

Pis Helenablue, pire qu'un prof du secondaire, qui demandait de rendre le tout samedi en huit.
Alors fuck ses livres! J'allais parler de l'homme.
Mon respect pour Christian Mistral a commencé le 29 novembre 2007. Ce jour-là, le bougre avait laissé un commentaire sur mon blog. Non mais imaginez un peu! Ça faisait pas un mois que j'écrivais sur la blogosphère que "LE" Christian Mistral venait commenter chez moi:
"Vous pédalez dans le bon sens, je trouve. M'est avis qu'on trouve sa liberté en défendant celle des autres. Je me dis en vous lisant que vous seriez peut-être intéressé par Èric McComber, qui pédale en France en ce moment et qui cherche me semble, ce que vous cherchez."
Voilà! je voue un profond respect pour Christian Mistral depuis ce temps.
M'en voudrais tout de même de ne pas terminer par un extrait d'un de ses livres.
Parce qu'à 10 ans la seule littérature qui m'était accessible s'appelait Allo Police. Alors Monica-la-mitraille...
" R.I.P. Machine-gun Molly
Parce que la démence, l'indigence et la violence sont soeurs de lait, p'tit père. parce que le bruit chaud des balles de mitraille sent bon dans la nuit. parce qu'il n'existe pas de façon propre de mourir et parce que c'était écrit, aussi ne fera-t-on que réécrire après qu'il se sera joué, cet acte de l'antithéâtre américain.
Il pleuvait de la viande de chien
Sur Montréal ce matin-là
Non pas de la pâtée
Du chien en côtelettes
Saignantes et poilues"
(Carton-pâte p.51 )

- Gaétan Blais - alias GeeBee -

 

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Dans la foulée de Carton-pâte, un des rares livres de Mistral que je n'ai pas lu car introuvable puisqu'épuisé, la touche verte et féminine de notre batracienne préférée:

 

"Le cunni-linguiste. Voilà le personnage qu'évoque pour moi Christian Mistral. La raison est l'image que j'avais en tête quand j'ai lu Carton-Pâte. À cause? Un passage où Christian écrit avoir cunnilingué X tout l'après-midi et que cette dernière était tellement gelée qu'elle ne ressentait rien, sauf dans la tête... d'où le terme cunni-linguiste que je vais faire breveter... merci pour tout Christian!"

- Raymonde - alias Rain -

 

L'hommage de Ranger se passe de commentaire, il est à l'image de son écriture, riche et puissant, ciselé:


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C'est étrange, quand je me suis demandé quoi et comment écrire en hommage félicifère et vérozsizsi-gabor! à cet homme, ce Christian Mistral, et m'aussitôt senti suis allégé, ragaillardi car voilà qui enjoue, un excentrisme qui ne quérit rien que le cœur qu'on y a, les fleurs m'ont manqué, les figures de rhétorique m'ont fait va donc chier, ou serait-ce moi? et j'ai eu honte, et j'ai eu peur, tu vas parler pour vrai, ça fait longtemps, ça compte, c'est grave, en public, pas dans l'intimidité, et que, pour réfonce, j'ai eu recours à l'idée de la citation, c'est à Rabelais, Françoué qu'allai-gé-je.

Non, ce n'est pas étrange.

«Donnant Pantagruel ordre au gouvernement de toute Dipsodie, assigna la châtellenie de Salmigondin à Panurge», va le début du Tiers Livre, adressé aux gens de bien, «aux buveurs de la prime cuvée».

«[...] Et se gouverna si bien et prudentement monsieur le nouveau châtelain, qu'en moins de quatorze jours il dilapida le revenu certain et incertain de sa châtellenie pour trois ans. Non proprement dilapida, comme vous pourriez dire, en fondations de monastères, érections de temples, bâtiments de collèges et hôpitaux, ou jetant son lard aux chiens; mais dépendit en mille petits banquets et festins joyeux, ouverts à tous venants, mêmement à tous bons compagnons, jeunes fillettes et mignonnes galoises(1), abattant bois, brûlant les grosses souches pour la vente des cendres, prenant argent d'avance, achetant cher, vendant à bon marché et mangeant son blé en herbe.»

Laissons le docteur continuer :

«Pantagruel, averti de l'affaire, n'en fut en soi aucunement indigné, fâché, ni marri. Je vous ai jà dit, et encore redis, que c'était le meilleur petit et grand bonhomet qui oncques ceignît épée. Toutes choses prenait en bonne partie, tout acte interprétait à bien, jamais ne se tourmentait, jamais ne se scandalisait. Aussi eût-il été bien forissu(2) du déifique manoir de raison, si autrement se fut contristé ou altéré, car tous les biens que le ciel couvre et que la terre contient en toutes ses dimensions, hauteur, profondité, longitude et latitude, ne sont dignes d'émouvoir nos affections et troubler nos sens et esprits. Seulement tira Panurge à part et doucettement lui remontra que, si ainsi voulait vivre et n'être aucunement ménager, impossible serait, ou pour le moins bien difficile, le faire jamais riche.

''Riche? Répondit Panurge, aviez-vous là fermé votre pensée? Aviez-vous en soin pris me faire riche en ce monde? Pensez vivre joyeux, de par li bon Dieu et li bons homs. Autre soin, autre souci ne soit reçu on(3) sacrosaint domicile de votre céleste cerveau. La sérénité d'icelui jamais ne soit troublée par nues quelconques de pensement passementé de meshain(4) et fâcherie. Vous vivant, joyeux, gaillard, de hait(5), je ne serai riche que trop. Tout le monde crie : 'Ménage, ménage!' mais tel parle de ménage qui ne sait mie que c'est.''»

[1. Luronnes. - 2. Banni. - 3. Au. - 4. Chagrin. - 5. de bonne humeur.]

Pour moi, Christian, ta voix me parle comme là Rabelais via Panurge à son lecteur, aux hommes, à tous.

«Mais, demanda Pantagruel, quand serez-vous hors de dettes?

- Es calendes grecques, répondit Panurge, lorsque tout le monde sera content, et que vous serez héritier de vous-même.»

Sans autre commentaire.

Oui, un : Christian, t'es un inqualifiable de bon frère. C'est un honneur pour moi, tout petit sois-je, de te connaître, ça l'est depuis que je t'ai lu les premières fois, tu tends les bras à travers les calvaires pour appeler le meilleur, je te souhaite la santé, la longévité, la quiétude forte et palpitante.

SR

- Stéphane Ranger - alias aka Danger Ranger -

 

Une autre manière de dire en évoquant autrement que par les mots, il n'y avait qu'un Gomeux pour arriver à le faire en une image qui parle...

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"Cette photo est en somme une antithèse de l'image que je me fais de Mistral.
Une planche à voile (objet véloce, tout comme la plume de Mistral) plantée dans la terre, réduite à la fonction de décoration."

- Guillaume Pâquet - alias Gomeux -

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J'aurais aimé aussi avoir le ressenti d'Emcée et les mots de Kevin, deux personnes très importantes et qui comptent tant pour Christian et que tous les tribaux connaissent et rencontrent au gré des notes mistraliennes, mais ne l'ai pas fait pas demandé pas osé! Par contre dans un tout ordre registre j'ai receuilli il y a peu l'avis d'un néophyte, qui n'a pas particulièrement d'accointance avec la littérature quoique cela est en train de changer je pense, en la personne de mon fils aîné à qui j'ai prêté Vautour il y a quelques semaines maintenant, il m'en parlait lors d'un déjeuner en tête à tête tantôt: "J'avais peur tu sais au début, comme en général ce que tu lis c'est pas toujours facile, je craignais que ça me prenne la tête, de ne pas comprendre de ne pas aimer. J'suis pas très littéraire et les classiques me barbent vite, mais là, maman, c'est dingue. Ton Mistral quand il écrit j'ai l'impression qu'il s'adresse à moi qu'il me parle en profondeur, ça me touche ça me remue je pleure avec lui je ris aussi je rage je transpire et j'ai envie d'une page à l'autre d'en savoir plus, d'en connaître davantage. Il me reconcilie avec les livres lui, tu sais! J'aime vraiment bien. D'ailleurs il me semble que ton préféré ça en est un autre, non? Valium, je crois... Pourquoi ça Valium d'ailleurs? Dés que j'ai fini ce Vautour, ma chérie veut le lire à son tour, tu me prêteras l'autre alors, OK! Pis quand est ce que tu vas à Montréal, dis?" J'étais fière comme Artaban et si émue aussi que je ne résiste pas à partager avec vous ce grand moment filial!

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Je n'ai pas été déçu par son humour et sa gouaille, il y met les formes l'artiste, faut savoir que cet homme là c'est une tête et loin d'être blonde, sacré Oldcola!


"Je parlerais volontiers de mes potes et mes copines, en long en large et en travers. Pour vanter leurs mérites et leurs qualités, pour me moquer gentiment de leurs défauts et de leurs travers, pour mettre en avant ce qui m'attire chez eux. Peut-être que je le fais déjà sous un pseudo quelconque dans un blogs sur skyblogs, qu'est-ce que vous en savez ;-)
Je parlerais volontiers des gens que je n'aime pas, pour raconter leur connerie, leur bêtise, ce qui me révulse chez eux. Pour me vanter de ne pas les aimer.
Je pourrais même vous parler de gens que je ne connais pas bien, de la nouvelle voisine et ses tenues extravagantes, du nouveau voisin et de son môme qui louche un peu, de la vieille que je croise depuis plus de 25 ans et à qui je dis bonjour et dont je ne connais presque rien, de la bouchère qui me fait un peu bander chaque fois qu'elle dit bonjour, de la boulangère qui surveille son mari comme la prunelle de ses yeux, jalouse de son moindre sourire même s'il s'adresse à une chatte.
Il y a toujours des choses intéressantes à raconter au sujet de gens qu'on connait, qu'on les connaisse bien, ou que l'on brode un peu, ou qu'on exagère le trait pour caricaturer. Ca peut-être du croustillant, du marrant, du scandaleux, du banal à s'endormir, du à mettre dans sa cuisine, du à utiliser pour draguer, du conseil pour les dernières expositions d'arts plastiques, ou pièces de théâtre, ou films, ou livres, ou balades, ça peut-être du n'importe quoi qui attirerait votre attention : sur eux, moi ou vous même.
Je suis bavard à vous en raconter pendant des heures, des jours, des semaines, à condition que j'ai de quoi m'éviter la gorge sèche.
On m'a demandé de parler d'une personne en particulier. Et ma toute première réaction a été : ah non, je n'ai rien à dire de lui. Plus rien à dire de lui.
Tant que je le connaissais peu, puis par la suite quand je ne le connaissais pas bien, j'aurais pris le temps de vous en raconter des tonnes. Sur ce qu'il disait, écrivait, sur ce que l'on se racontait à travers le Net peut-être, si le sujet s'y prêtait.
Mais maintenant je n'ai plus rien à dire à son sujet.
Je ne parle jamais des amis qu'à des amis. C'est un sujet intime, il n'a pas sa place en public. C'est entre moi et une autre personne et ceux que j'aime de la même façon. Et de préférence les autres doivent aussi le connaître pour qu'on se le raconte chacun à notre façon.
Ainsi, de Christian Mistral je n'ai rien à vous dire. Pas tant que nous ne sommes amis. Faudra quand même qu'un de ces jours je trouve l'occasion de me mettre autour d'une table avec Christian, et Kevin, et Cynthia et que l'on se raconte les uns les autres. Histoire de justifier la bière contre la gorge sèche et nous faire un peu plus de souvenirs communs. Avant qu'on ne soit trop vieux pour qu'on s'en souvienne.
Espèce de grand dadais, tu me manques ;-)."
.
- Antoine - alias Oldcola -
.

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La "Tribu" construite et orchestrée par Mistral est une bande d'êtres qui partagent en plus de l'amour des mots et l'amitié à l'initiateur, l'amour de la vie et de l'humain, une bande d'amis somme toute régit par cette même quête de sens et cette même exigence relationnelle que ce soit avec soi ou avec les autres. Rien d'autocratique pas de pensée unique et pas la même vision du monde mais la même soif d'échanges et de partages, de remue-méninges et d'émotions vraies. Une bande de gourmands et de gourgandines à laquelle je ne suis pas peu fière d'appartenir moi qui suis plutôt d'un naturel indépendant et autodidacte, j'y ai trouvé chaleur et réconfort, franc parler et ouverture, tolérance humour respect même si parfois les discussions pouvaient tourner vinaigre, probable que la nature québécoise de cette tribu là mistralienne de surcroit y est pour beaucoup dans le fond et la forme.

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Les deux qui vont suivre me sont plus particulièrement chers, et sont devenus au fil du temps et des échanges de véritables amis avec qui j'ai grand plaisir à être et à converser. Deux individus bourrés de talent et d'intelligence, de sensibilité aussi. Deux personnes que j'aime beaucoup et qu'il me tarde de rencontrer aussi à l'instar d'une autre amie rencontrée chez Christian, la fée cannelle de l'endroit, Venise.

Je l'imagine grand échalas aristocratique fin et tendre pourtant dit le Terrible, il m'apparaît profond, réfléchi et congruent, aimant le bon vin, la bonne chère et les bons livres tout comme nous tous ici sans doute, quand le Vacuum s'est trouvé infligé de l'étiquette Danger par la censure" bloggerienne" il a été un des premiers à monter au créneau pour défendre la liberté d'expression de l'écrivain et ami Mistral bien sûr mais aussi de la liberté d'expression en général et a, tout comme Raynette d'ailleurs, autocensuré son blog en signe de protestation, j'ai trouvé ça fort et noble et je le trouve encore...

 

_DSC6769(cover).jpg" J'aime les gens de lettres, ce sont mes gens et je suis des leurs."

- Christian Mistral -

 

Et comment qu'il est des leurs, illustre même
et cela m'importe plus que tout ce qui s'écrit
ou dit sur l'homme, à tort ou à raison.
Pour tous les grands artistes,
je crois qu'il faut séparer l'oeuvre de l'humain
et la sienne est grande en littérature.
Directement proportionnelle au respect que je lui porte.
Ma rencontre avec sa prose remonte à 1988, année de la parution de "Vamp", j'avais 25 ans.
Lecture marquante qui m'a labouré la tête et le coeur, telle la charrue renversant la terre endormie au printemps.
La fureur de vivre, la table rase d'idées reçues, le renouveau littéraire québécois à travers un fabuleux plumitif
qui odore bon l'urbanité montréalaise virée sens dessus dessous avec la maîtrise,
la fraicheur et la force propres aux grands vents du Nord qui décoiffent. Mistral...
Un électrochoc dont l'effet sur mon cerveau pourrait s'apparenter au solo de guitare
sur "Packard Goose" de Frank Zappa à la même époque.
Le souffle et le rythme de ce livre m'avaient vachement secoué de "trashitude"
et en même temps réjoui par la fluidité musicale qui s'en dégageait
en plus de son vibrant témoignage sur cette ville que j'habitais dans les années 80-90.
"C'est un poète mauditement fou" que je me disais,
"ça doit pas être de tout repos de le fréquenter"
que je me disais. Mais quel plaisir de le lire!
Un plaisir qui ne s'est jamais démenti.
Un jour sa plume peut vous mordre le visage par sa froidure;
un autre elle peut être baume à l'âme par son humanité;
un autre encore, brûlante d'une "ultra sensibilité" en furie
ou en extase, selon l'arrivage.
Dans un cas ou un autre elle est pleinement incarnée, émouvante,
toujours en prise directe avec le coeur, peu importe la direction empruntée.
Authentiquement et rageusement libre,quoi;
en plus d'être homme de parole, d'honneur
et d'amitié.
L'amitié...Valeur Mistralienne suprême.
Il porte définitivement bien son nom:
Mistral de toutes les saisons, from Montréal
et grand est le pouvoir de ses mots qui
peuvent être tour à tour glaives tranchants
et soies caressantes.
Je ne suis pas prêt d'oublier le jour où il m'a offert
un de ses derniers exemplaires de "Papier Mâché-Carton Pâte".
Le soin amoureux avec lequel il manipule les livres
comme autant de morceaux vivants en papier précieux
et le signet qu'il inséra dedans en me le tendant, resteront autant
d'images de pure amitié à jamais gravées dans ma caboche.
Écrivain et poète lumineux, il est encore plus que ça.
C'est un ami.
Merci de ton amitié et de ta littérature Christian,
merci aussi de m'avoir donné l'occasion
de faire la connaissance de gens exceptionnels.
See you and read you around...

- Yvan LaFontaine - alias Terrrible -

 

Le texte de Sandy est telle qu'elle, généreux entier drôle affectif et bigrement bien écrit, un crisse de beau texte qu'elle nous livre là, la grande!

 

 

 

Donner quelque chose à son siècle.

Christian Mistral vu par Sandra Gordon

 

N.D.L.R. : Cet entretien ne devait paraître nulle part.  Il n'a d'ailleurs jamais existé.  Pour une raison que vous venez d'apprendre en parcourant ce billet, cet entretien se retrouve publié ici ce matin.  Nous remercions HelenaBlue, rédactrice en chef du blog Open your mind,  d'avoir chaleureusement orchestré ce programme dominical fort singulier qui souligne un homme et sa virtuosité, ainsi que sa couverture violet pourpre amplement méritée.

 

G.S. - Christian Mistral.  Christian Miiiiistraaaal.  Ça sonne, vous trouvez pas?

S.G. - Pour sonner, ça sonne.

G.S. - Ça souffle fooort diraient certains...

S.G. - Ouais.  Ça décoiffe.

G.S. - Mistral, vent.  Vent, mistral...

S.G. - Je pense qu'on a compris l'analogie.  Je l'ai déjà utilisée une fois en me croyant bien originale...

G.S. - (Toussotements) Bon.  Alors.  Le dernier numéro de la revue Lettres Québécoises est consacré à Christian Mistral.  L'avez-vous lu?

S.G. - D'après toi?

G.S. - Que pensez-vous de la page couverture?

S.G. - Ce que je pense de la page couverture?  Magnifique.  Ce regard émouvant.  Et ce violet, c'est vraiment plus que parfait.  Je suis sacrément contente pour lui...

G.S. - Et le contenu?

S.G. - Très intéressant.  Mais trop court.  J'en aurais pris plus.

G.S. - Ça on le sait, vous n'êtes jamais contente.  Qu'est-ce qui vous plaît dans les romans de Christian Mistral?

S.G. - (Rires)  Ça m'arrive d'être contente, c'est juste que je ne m'en aperçois pas souvent.  C'est son style.  Fort, imagé, singulier.  Sa plume acérée.  La musicalité des mots choisis avec grand soin.  Sa maîtrise du verbe, de l'ironie, et de la beauté.  Sa capacité de faire sourire le lecteur, de le faire rire aussi, et ça c'est rare, et de l'émouvoir trois lignes plus loin.  Son écriture peut être brutale et sensuelle à la fois.  Mistral possède l'art d'inclure le lecteur, comme s'il y était, comme s'il faisait partie de cette communauté de paumés sans le sou mais néanmoins riches.  J'aime sa poésie, son originalité.  (Silence)  Vamp finit par « Merde. », ça m'avait marqué.  Ouais.  Bon.  C'est pas le « Merde. » comme tel, on s'entend, mais c'est le fait qu'il soit placé là, minutieusement, juste après une riche et longue envolée lyrique.  J'avais trouvé ça percutant.  À l'image de ce qu'il écrit.

G.S. - Nommez-moi une scène qui vous a particulièrement émue?

S.G. - À brûle-pourpoint?  (Silence de réflexion)  C'est l'fun dire ça, brûle-pourpoint.  C'est un beau mot.  Brûle-pourpoint, brûle-pourpoint.  La scène du bain dans Valium.

G.S. - Pourquoi?

S.G. - Parce que.

G.S. -Que retenez-vous de ce que vous avez lu de lui?

S.G. - Quand on le lit, on a - comment dire - on a envie de vivre.  Je sais pas...  On a le goût d'improviser une sonate à la lune, le goût de s'envoyer en l'air, de s'envoyer une poutine ou bien de concocter un pâté chinois fromage paprika, de se louer un 8 ½ à' gang, d'écrire des lettres, de se commander un double scotch au comptoir d'un bar, puis un deuxième, un troisième, on a envie de ne plus les compter, on a envie de se raconter.  On a le goût de déclamer un poème en cadeau à un ami,  d'errer dans les rues de la ville ou de s'enfermer dans sa chambre pendant trois jours.  On a le goût d'aimer Montréal autant que lui.  On peut pas faire autrement.  On la sent.  On la hume.  On la vit.  D'ailleurs je ne vois plus Montréal de la même façon.  J'ai appris à l'apprécier autrement.  À l'apprécier, point.  Je ne vois plus le carré Saint-Louis de la même façon.  La fontaine n'est plus qu'une simple fontaine, elle est un symbole.  Un organe.

G.S. - Vous l'avez déjà rencontré?

S.G. - Qui, la fontaine?

G.S. - Funny girl.  Je parle de Christian Mistral.

S.G. - Oui.

G.S. - Est-ce que vous vous en souvenez?

S.G. - Ça veut dire quoi ça?

G.S. - Je sais pas.  Je veux dire : sur votre blogue, vous avez parfois l'air d'une furieuse picoleuse de mauvais whisky américain.  C'est pas moi qui invente ça hein.

S.G. - Je te signale que t'es mon double inversé, et que cet entretien est en vérité un entretien truqué, simulé.  Je vais quand même pas t'apprendre qu'on a le même œsophage pis le même foie hein?  Quand je l'ai rencontré, je l'ai rencontré à jeun.  En fait, je n'étais pas à jeun.  J'achevais un de ces cafés qu'on vend à tous les cent mètres sur le Plateau.  Le mien était noir, dans un gobelet ceinturé d'un carton gaufré servant à ne pas se surchauffer les corpuscules de Krause logées dans les mains, mais il était tiède depuis longtemps.  J'avais du Jack dans le fond de mon sac pour plus tard.  Pour trinquer.  À nos santés.  Sans blogs interposés.  Anyway.  Tu dois le savoir, t'étais là.

G.S. - Je me souviens.  Difficile d'oublier.  En quelques mots, comment vous le décririez?

S.G. - En quelques mots?  Hum.  Affable, entier, direct.  Il parle beaucoup, et il écoute beaucoup aussi.  C'est une belle qualité ça.  Il a un rire sonore et contagieux.

G.S. - Peu de temps avant, c'était son anniversaire.  Je crois comprendre que t'avais pas que du Jack dans ton sac.

S.G. - Tu me tutoies maintenant? On n'a pourtant pas élevé les abeilles ensemble...  Je rigole.  C'est que t'as l'air un peu fuckée à t'auto-vouvoyer.  Ouais.  On disait?  Ah oui.  Chez-nous, mes livres sont classés par ordre alphabétique.  Je suis pas une freak du rangement hein, tu le sais, mais j'hayis ça chercher un livre pendant dix ans.  Les Christian Mistral se retrouvent entre mon édition de L'homme rapaillé de Miron, qui date de 1970, et feu mon édition des Poésies complètes de Nelligan.  Je dis feu parce qu'elle ne s'y trouve plus : je l'ai donnée à Christian pour son anniversaire.  Elle m'avait coûté quatre piasses au Village des Valeurs, mais dans mon cœur elle en valait pas mal plus.  Je l'avais emballée dans un sac Biorisque jaune garni de gros morceaux de scotch-tape.  Martha Stewart n'aurait pas été fière de moi, ça avait l'air du yab'.  Et j'ai dit comme on dit souvent : « C'est pas grand-chose, mais c'est de bon cœur en crisse. »

G.S. - C'est ridicule de dire ça quand on offre un livre à quelqu'un.  Surtout quand il s'agit d'un livre de Nelligan.  Surtout quand on l'offre à Christian Mistral.

S.G. -  Ouais, peut-être.  Il était ému, et je l'étais mille fois plus.  Un esprit de beau moment...

G.S. - Tu voulais pas lui offrir ton édition de L'homme rapaillé ?

S.G. - T'es-tu folle sacrament?  Faut pas charrier!

G.S. - (Rires)  En terminant : y a-t-il quelque chose que vous souhaiteriez lui dire, mais que vous ne lui avez jamais dit?

S.G. - Oui.  Les diminutifs, c'est comme les émoticones : j'hayis ça.  Sandy, tsé...

G.S. - Autre chose?

S.G. - J'ai hâte à son prochain roman.  Ouais.  (Silence)  Ça fait que c'est ça.  En attendant, eh bien, vivons.  De toutes nos forces.  Tant que faire se peut, et davantage.

 

« Je crois furieusement que personne n'est sur cette terre pour écrire des livres.  Il faut vivre, dans la joie la plus féroce que nous permet notre tempérament, seulement, oui, quand le livre est fini, on en commence un autre, jusqu'au dernier hoquet, en essayant de retenir un peu de beauté entre ses doigts, et de ne pas écrire trop de conneries ».

 

Christian Mistral, Origines, Éditions Trois-Pistoles, coll. Écrire, 2003, page 102.

 

 

À la tienne, cher Christian

Amitiés,

Sandra

- Sandra Gordon - alias Sandy -


 

origines1.jpgHum, à part Butch en vacances au moment de l'élaboration de cette note, il manquait un vieux de la vielle comme on dit par icitte, un comparse jalousé et aimé, un personnage fier et intrépide, un quoi! chasseur d'étoiles et d'étincelles, un faiseur d'histoires, un conteur hors pair, je cite È . Pour l'avoir hébergé dans mes murs et couché au dernier étage de mon vaste chantier, j'en sais plus sur ce bougre attachant et princier. Il ne manquait que lui pour que la boucle se boucle, j'entends là de facto, et derechef j'en profite pour remercier les uns et les autres de leurs enthousiasmes, leurs amitiés, leurs profonds coeurs, et leurs présences. J'avoue être très émue de tant d'affects...


 

"Dieu, Mistral et moi"

Il a soufflé toute la semaine, le Mistral. C’est simple, ici, quand c’est du Nord, c’est le Mistral. Tempête du siècle annuelle. Bon, pour cette fois, on peut dire que les Français ont reçu une vraie tempête de neige. 30 cm. Ouââ. Les cactus et les palmiers s’en sont pris plein la yeule. Les violettes, les amandiers et les bicyclettes vont devoir surseoir. Sans compter les Gardoises, qui venaient à peine d’inaugurer leurs minijupes.

Blue me fait l’honneur de me demander un texte. l’Occase : Mist à la une de Lettres Québécoises. Ah ? Je le crois pas. C’est vraiment la première, toute première fois ? Eh, beh. Ah. Euh… Y avait beaucoup de très grands auteurs à tapisser, sur les 136 numéros précédents, doit-on supposer.

Nous avons le même âge, mais la première fois que j’ai vu Mistral (l’auteur, pas la calamité météorologique), c’était à la télé. J’étais un tout jeune batteur de rock n’roll à l’époque et j’officiais dans un horrible groupe hommage à Rush. Je me souviens m’être dit qu’il avait l’air d’un type dont j’aimerais lire le roman. « Enfin un qu’a pas une face de tapette de fils de riche à marde, asti », avais-je songé, dans mon subtil brogue de Montréal-Nord. Je me suis assis et j’ai écouté l’interview. Je comprenais sans souci les questions de l’animatrice mais, comme elle, je n’avais pas la moindre idée de ce que signifiaient les réponses. Mistral parlait d’auteurs dont je n’avais jamais soupçonné l’existence, évoquait des mouvements qui me paraissaient ésotériques, employait des mots dont j’ignorais la signification. Je m’étais senti tout petit et insignifiant, un peu comme devant ma blonde du temps, qui venait juste d’entreprendre courageusement mon éducation littéraire.

Je l’ai revu dans les bars où je chantais, vingt ans plus tard. On ne se parlait pas tellement. Dix mots en dix ans. Pour une raison qui m’échappe encore, j’ai publié Antarctique en 2002 et je me suis retrouvé au salon du livre de Montréal. Ce n’était pas totalement jojo à mon kiosque et je crois que Mistral l’a senti. Il est débarqué devant moi avec un verre de rouge que j’ai calé d’un trait. Il a souri et m’a entraîné chez un autre éditeur, où ça coulait à flot. Tout le monde voulait lui parler, alors je suis resté en retrait. Un grand type qui avait l’air important m’a ordonné de ne plus écrire de dialogues en joual. Un autre m’a dit qu’il était best-seller. J’ai calé mon verre. Quatre ou cinq coups de pinard plus tard, quand j’ai fini par retourner à ma dédicace, je me sentais infiniment mieux.

Mistral m’avait accueilli sans plus de cérémonie dans la gang (il n’avait pas encore commencé à l’appeler sa tribu). Réchauffé comme je l’étais par la boisson et la fierté, plutôt que de continuer à imiter mes collègues dissimulés derrière un journal avec leurs écouteurs sur la tête, je me suis levé et j’ai commencé à fourrer mon bouquin directement dans les mains des passants, ce qui est devenu ma marque de commerce par la suite.
— Eeh, lis-ça man !

Tout ça semble si loin. Depuis, j’ai quitté la cité, le continent, le consensus, tout, presque. Nos personnalités électroniques croisent le fer et se font l’accolade. Où sommes-nous tous ? La Terre tourne en tabarnak. En tout cas. Dieu ne m’a jamais offert à boire, ce que Mistral a fait, lui. Quant au diable, beh… Euh… Comme d’hab, y est aux vaches !

 

- Eric McComber - alias Big Mac -

 

9782764605653.jpgPrévenu tard, il est aussi de la fête, pas là hier mais bien présent aujourd'hui et rien d'infâme dans ses propos bien au contraire:


J'ai reçu un message d'Héléna me demandant un petit texte pour une note surprise sur Christian Mistral. Holy phoque! Honoré et intimidé, je me mis tout de même à l'ouvrage. Dès le départ un problème de taille se posa, par où commencer? Crisse! Par le commencement, me dit une voix dans ma tête. Attention. Je plonge.


Je dois d'abord dire que je ne suis pas un  intime de Christian. Tout ce que je connais de l'homme, je le tiens de ses livres, de ses apparitions médiatiques et de son blog. Ainsi, chacune de ses présences (à la télé, à la radio) m'a touché. Ça me fascine et me laisse sans voix car je ne le connais pas, mais quand je le vois ou l'entends à la télé ou à la radio sa sensibilité me bouleverse. Tout comme certains de ses textes sur VacuumII : Scrapbook, particulièrement lorsqu'il parle de son fils ou des ses amis. Il le fait avec cœur et authenticité et ça impose le respect. Dans le monde plus blanc que blanc dans lequel on vit, un homme comme lui, qui prend sa plume, son clavier pour ouvrir son cœur ou  exprimer son avis, son opinion, son désaccord, sa dissidence face à ce répugnant univers demeure un exemple et un modèle à suivre. Respect.


Respect aussi devant la fidélité et l'amour qu'il porte à ses amis. L'amitié demeure pour moi la pierre d'assise de l'œuvre mistralienne. Or, s'il y a un roman où l'amitié imprègne tout le récit, c'est bien Vautour. C'est un très grand roman souvent sous-estimé ou oublié lorsqu'on parle de la production de Mistral. Un simple merci pour ce grand roman et pour les autres. Je me permets d'en citer un ti bout :

 

''Pour une histoire aussi simple, il y a de quoi désespérer de la littérature si on n'accepte qu'elle demeure impuissante à mouler les tragédies ordinaires. Si simple, je le répète que chacun devrait y ressentir le parfum d'une perte proche.''

 

Cher Mistral, ne désespère pas de ta littérature car elle a non seulement moulé une tragédie ordinaire, mais en plus à la lecture de Vautour, j'ai senti et ressenti la perte d'un ami qui m'était très cher. Grâce à tes mots, j'étais moins seul avec ma peine et le vide que laisse toujours la grande faucheuse.


Amitiés et hommages flashgordoniens


L'infâme Paul Giguère, mieux connu sous le nom de Flash Gordon

- Paul Giguère - alias Flash Gordon -

 

 

1547797947.jpg
"Sylvia" est le premier livre que j'ai lu de Mistral, je l'ai avalé d'une traite en une nuit je m'en souviens encore, j'ai depuis dévoré tous les autres à ma portée " Léon, coco et mulligan" compris et j'ai envie de dire comme son frère de sang et de coeur, " écris" ! Tout comme si j'avais pu rencontrer Shakespeare j'eusse aimé lui dire, (no comment), oui il faut vivre dans la joie la plus féroce et mordre et ingérer la vie et le vivant et brasser même en nage coulée tout ce qui s'offre à nous et tout ce qu'on croque et chaparde au hasard des rencontres de l'existence, pour ma part c'est Christian qui m'est arrivé de meilleur ces temps derniers, lui et moi on s'est chopé à la volée dans chacun un moment clé de notre existence, un tournant et c'est un immense plaisir et une inaltérable amitié qui nous étreint, du moins de mon côté des eaux, outre noir, outre-mers.

Amitiés profondes.

Blue


Christian,

je ne peux finir cette note sans te citer, et j'ai tellement apprécié ce livre que naturellement je m'y réfère," Origines"...

Hâte de te lire de nouveau.


" Si écrire veut dire publier, s'exprimer, se vendre et se racheter, faire la guerre et faire carrière, et faire l'amour à l'individu qu'on voudrait devenir, alors: j'ai écrit pour que ma mère me félicite, j'ai écrit pour démontrer à mon beau-père que j'étais bon à quelque chose, j'ai écrit pour séduire ma future épouse et j'ai écrit pour doter le fils qu'elle m'a donné, j'ai écrit pour qu'on se souvienne de moi, pour que le monde conserve une trace de mon fugace passage et qu'il en soit changé, tant soit peu, pour le meilleur ou pour le pire ou le pareil au même, mais que le monde vire à droite ou à gauche comme un char fait un violent secret écart pour éviter un écureuil, et l'écureuil est épargné, de même que la conscience du conducteur, et le monde est ainsi désormais; pour ça, j'ai écrit."

- Christian Mistral- Origines, Éditions Trois-Pistoles, coll. Écrire, 2003, page 67.


 


 

 

Commentaires

Pas tout lu mais maudit beau travail helenablue. Je repasserai. En attendant je fais le relais vers chez-toi.

Écrit par : gaétan | 14/03/2010

Idem pour le relais.

Merci Blue. Merci tous. Love you all.

Écrit par : Gordon | 14/03/2010

Bravo Héléna ! Ce qu'il va être content Christian. Je lirai tout au complet. J'ai hâte de lire sa réaction !

Écrit par : rainette | 14/03/2010

C'est du beau boulot en calasse ça!
Vraiment émouvant.
Merci Blue.

Écrit par : Gomeux | 14/03/2010

Wow, vos pensées sont toutes très touchantes, fantastiques - et Blue, quel geste! et tu y a mis vraiment l'amour, et l'amitié (qui sont la même chose)... Un grand merci pour l'invitation. Très ému d'être inclus en si belle compagnie.

Écrit par : Ranger | 14/03/2010

Quelle belle compagnie indeed !
Magistralement orchestrée
par tes soins méticuleux, Blue.
Il t'en a fallu de la patience et du travail
pour nous rendre tout cela de si belle manière!

Merci. Ce fut un honneur,vraiment.

Écrit par : Yvan L. | 14/03/2010

Sacré bonhomme ! ici où là, les mots de lui qui sont cités ne m'ont pas déplu, cet hommage mérité ne me déplaït pas plus ; quand j'aurais l'occasion de le lire, je ne laisserai pas ma part aux chiens. C'est dit.

Écrit par : anne des ocreries | 14/03/2010

:-), régale toi là, anne, tous ces textes écrits avec le coeur et les tripes.

Je dois dire que cette expérience a été plus qu'émouvante pour moi à bien des aspects, d'abord l'enthousiasme de tous à l'évocation du projet et puis petit à petit les textes qui arrivaient, en tout premier la spontanée Raynette d'ailleurs toujours sur le qui-vive, celui de Gaétan qui m'est parvenu bien après qui m'a fait gentiment sourire mais qui m'a aussi déstabilisée, est ce que je mettais trop la pression aux protagonistes, les mots d'Antoine à la française, et l'image de Guillaume, tous les jours un cadeau une bouffée d'amour, l'orfèvrerie de Stéphane, la passion d'Yvan, l'in-extremis de Paul sollicité un peu tard et cette fameuse auto-interview de Sandra virtuelle et si criante de vérité, et les mots d'Eric comme si on y était au salon du livre... Du plaisir, du plaisir par tous les bouts, ça se ressent n'est-il pas? Le plaisir d'écrire, le plaisir d'aimer et de le dire, le plaisir de partager, un moment rare à la mesure de l'inspirateur...

Écrit par : helenablue | 14/03/2010

C'était super ce matin, de trouver chez presque tous le même lien vers ce magnifique ici. Je m'imprègne de ces textes d'amour pour Monsieur Mistral qui, il y a quelques temps, m'invitait me tirer une buche et à m'approcher du feu. Sa générosité envers moi l'anonyme, m'avait touchée au plus profond. Et chez toi aujourd'hui, la chaleur de ce feu me parvient.

Écrit par : piedssurterre | 14/03/2010

Oui, courtois et prévenant, je me souviens de ton passage au Vacuum... Il a l'amitié réchauffante et parfois brûlante aussi je garde des souvenirs frissonnants voir même un peu effrayants de ses coups de sang, mais il est ainsi comme le dit si bien Sandy, affable, entier et direct!
Fanfan, viens n'hésite pas à te réchauffer, c'est une belle bande tu sais que tous ces gens là!

Écrit par : helenablue | 14/03/2010

Hélèna, je numérise Carton-Pâte et te l'envoie par courriel. Stu correct ça ? C'est pas volumineux, en papier j'veux dire, mais ce l'est en mots. C'est mon préféré. Et puis Papier-Mâché vient avec. Deux pour un !
Bises
(Léou Christian ? Oulé Christian ?)

Écrit par : rainette | 14/03/2010

:-)

Bah! Tu sais toujours ses problèmes de connexion, je crois, il trouvera bien ce billet un jour ou l'autre...
Bises itou.

Écrit par : helenablue | 14/03/2010

ah oui, c'est vrai.

Mais là, il faut qu'il vienne corriger ma faute : "Papier mâché" ça s'écrit ainsi. PAs de trait d'union. Et d'ailleurs, pourquoi il n'y a même pas de trait d'union à trait d'union hein ? Pourquoi c'est si compliqué la langue française !!! :)

Allez Christian, vient me disputer, allez allez.....hihi

Écrit par : rainette | 14/03/2010

Tiens, une autre faute : Carton-pâte....

Puis tu sais Hélèna, je suis sérieuse pour la numérisation. C'est mieux que rien !

Écrit par : rainette | 14/03/2010

Marde, mon mien est bourré de coquilles. Je suis mort, mais demain, je te revoie ça. Désolé.

Chouette de lire tout ce beau monde.
C'est la fête.

Écrit par : Top Floor Man | 14/03/2010

@ Rain:

Ok Raynette, merci beaucoup... Même si je suis encore indécrottable à préférer le papier pour ce genre de lecture, comme tu dis, c'est mieux que rien!

Écrit par : helenablue | 15/03/2010

@ Top Floor Man:

Chouette indeed!
:-)

Écrit par : helenablue | 15/03/2010

Blue, t'auras qu'à l'imprimer sur papier hihihih!!!!!

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On a des nouvelles d'Emcée!!!

Écrit par : rainette | 15/03/2010

:-))

Oui, j'ai lu, Emcée dit que Christian est bouleversé...

Écrit par : helenablue | 15/03/2010

je m'en doutais qu'il serait bouleversé. Je le serais à moins !

Écrit par : rainette | 15/03/2010

En fait je le suis moi aussi tu sais, encore toute émue d'une telle générosité des uns et des autres et de tant d'amitié.

Écrit par : helenablue | 15/03/2010

je le savais ça aussi !

Écrit par : rainette | 15/03/2010

Bon, après un argumentaire pareil ce serait idiot de passer à côté ... je lirais le Magistral un jour ... très bientôt;
bize
laure

Écrit par : laure | 15/03/2010

C'est exact, ce serait idiot de passer à côté, on en parlera en se voyant, très bientôt je pense...
Bises itou.
Blue

Écrit par : helenablue | 15/03/2010

Le Québec a bien compris qu'il lui fallait aménager sa propre chêneraie. Avec le temps se sont installés les plus grands, les plus forts, enracinés envers et contre toute l'adversité de ce sol. Il est bien là , un peu à gauche, on l'entend maugréer à tous vents, certes, mais surtout chanter entre les branches qu'il n'y a finalement que l'amour.

Lire à tous les genres.

Écrit par : MakesmewonderHum | 16/03/2010

@ MakesmewonderHum:

Quelque chose de différent dans vos arbres par chez vous, un suc une profondeur une puissance bien personnelle peut-être liée sans doute à l'âpreté l'adversité dont vous parlez, je ne sais dire. Le petit libraire de ma rue, "converti" à votre littérature( eh oui) me disait tout récemment," il y a une force et une sorte de désespoir, quand même, c'est un peu noir, un peu écorché, non, leur manière d'écrire." Hum, je ne l'ai jamais lu ainsi, je ressens pas cette désespérance dont il me parle, au contraire, j'y sens de la vie vraie et de l'amour oui, beaucoup. Et chez Christian Mistral, c'est flagrant, chez Hamelin aussi que je découvre peu à peu ... Cet amour viscéral de la vie dans toute sa violence...
C'est sans doute ce qui m'interpelle et me lie à cette langue, cette langue française façonnée et orchestrée, mise en musique avec tant de sensibilité...

Écrit par : helenablue | 16/03/2010

Je suis dur d'oreille et je reste avec un œil étranger à Montréal, je m'y perds facilement même si j'habite cette ville depuis 30 ans! Encore samedi soir dernier, j'ai fait faire des pas de trop à une belle, ne sachant plus si le El Vivo était à l'est ou à l'ouest du théâtre Denise-Pelletier! Je me débrouille bien mieux dans le bois. Néanmoins, j'aime beaucoup ça lorsque les écrivains me font voyager sans bouger dans la ville aux cent clichés. J'affectionne particulièrement le bijou qui suit :

« Si le centre-ville est l'organe génital de Montréal, par où la ville copule tristement et sans illusions avec le reste des civilisations, le carré Saint-Louis se situe quelque part entre le sein et le nombril, comme un mamelon supplémentaire (...). Ce n'est pas un carré comme les autres carrés, parce que son aire s'étend bien au-delà de ses angles, un problème à faire bander les poètes géomètres.

En ce temps-là, j'avais l'impression que tout en partait et que tout y revenait. Encore aujourd'hui, vous pouvez vérifier, allez-y et plaquez votre oreille contre un arbre centenaire, mieux encore jetez-vous au sol, écartez les poils du gazon et collez votre pavillon à la peau de la terre; vous entendrez, sourd mais régulier, battre le cœur de l'île entière. »

- Christian Mistral, Léon, Coco et Mulligan, Boréal, 2007, p. 12.

Merci!

Écrit par : Jacques | 17/03/2010

@ helenablue, d'abord nous te remercions d'avoir si affectueusement déroulé cette plage improvisée pour se chauffer la couenne un peu à l'ombre du grand Mistral. Celui-ci toujours occupé et préoccupé à élever son moulin à mots pour qu'il résiste bien aux soudaines et douloureuses bourrasques de nos vies. Pour la suite des choses, tu as bien saisie. Les nôtres n'ont pas le monopole de la souffrance mais de part notre culture gossée avec les ongles, faute d'Opinel ou de Laguiole nous résistons bien à celle qui nous incombe.

@Jacques, le secret le mieux gardé concernant le carré Saint-Louis, Mistral te le confirmera, et bien c'est qu'il est rond, je te le jure, j'y ai titubé sur ses reliefs tous en courbes et volutes pendant les plus belles années de ma vie, avec ma blonde Ti-cul, mon piano et Madame Latrimouille, notre chambreuse.

Écrit par : MakesmewonderHum | 17/03/2010

@ MakesmewonderHum:

Merci, suis sensible très et plus encore au delà de ce que tu imagines à ton regard et ton intérêt, j'aimerais savoir d'ailleurs, incorrigible curieuse, le quoi du comment d'un tel pseudo, quoique j'en respire les effluves.
Le Mistral a à son actif cet effet et génère, c'est un accoucheur d'âme.

Quant à la littérature québécoise que je découvre à pas de loup, dans la steppe des possibles, j'avoue jusqu'à aujourd'hui ne pas être en reste. Grave! Quel trésor!

Je revis à vous lire.

Écrit par : helenablue | 17/03/2010

@ jacques:

tu n'imagines même pas à quel point, pardonne le "tu", mais suis française alors , please, j'ai hâte de me perdre dans Montréal!

Écrit par : helenablue | 17/03/2010

@helenablue Simple, la langue anglaise pour plusieurs d'entre nous, on s'en sert
comme d'une bande dessinée pour imager. Dans ce cas-ci, c'est pour gouacher un peu le pseudo. Il y a tant de gens, circonstances et événements qui nous laissent totalement perplexes et songeurs qu'ils me MakesmewonderHum! J'adore lorsque tuséqui, oui, oui le Mistral s'y met, c'est un pure délire.

Allez, âme amie, bonne nuit, ferme doucement tes beaux quenoeils si envoûtant.

Écrit par : MakesmewonderHum | 18/03/2010

Ké, MakesmewonderHumsigh je les ferme dans un souffle...

Écrit par : helenablue | 18/03/2010

Mais c'est délire, amie.
Montréal n'est pas tant.
Loin s'en faut.
Si vous étiez présente,
ce serait à demi.

:)

Écrit par : Yvan L. | 18/03/2010

Oops ? Am I late... ? :-)

Un brûlant hommage. Bravo.

Écrit par : Guillaume Lajeunesse | 23/08/2012

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