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16/05/2010

odeur

Certains livres ont une odeur, une odeur particulière. Le dernier que j'ai eu en main le temps de le lire dans un sens et dans un autre avait l'odeur de tabac froid, le sien sans doute, parfois me prenait le geste entre deux sourires de contentement à peine esquissés de feuilleter les pages d'un geste vif et d'y plonger frémissantes mes narines. C'est incongru et étrange peut-être, pas la manière la plus naturelle d'appréhender l'oeuvre d'un auteur mais bon j'ai toujours eu un goût pour l'olfactif assez prononcé et un nez à la hauteur! Je l'ai remarqué il y a peu encore avec un autre ouvrage du même auteur mais dans mon sac à main depuis des semaines et qui lui, neuf et juste à l'odeur d'imprimerie, s'est embaumé de mon parfum voisin du flacon que je transbahute toujours avec moi. Je souris de penser qu'on pourrait donner des odeurs singulières à chaque ouvrage, certains de sperme ou d'alcool fort, de terres fraîchement labourées, de rues de villes, d'autres de sucs intimes et féminins de sueurs de sang ou d'herbe, d'autres encore pourraient évoquer l'héroïne du roman par un effluve diffus, mais je m'égare... Rien qu'avec les mots l'odeur fait surface et nous chatouille les naseaux, ces mots qui peuvent tant à la fois évoquer la douceur ou l'âcre, le morbide ou le vivant, l'odeur de chair ou de cadavre, l'odeur même d'un sentiment...


 

Commentaires

Très beau billet, chère helenablue ! Il dégage l'odeur épicé de la ferveur sensuelle :-).

Très, très, beau billet, il n'en restera pas là.

Écrit par : Venise | 16/05/2010

Quand l' attrait devient sensoriel ... rien ne remplacera jamais la main de l'homme pour l' écriture, surtout quand c'est une femme qui l'écrit.

Écrit par : laure K. | 16/05/2010

Ah, les odeurs des livres ! Oui oui oui, je connais.....C'est envoûtant, n'est-ce pas ? La mémoire retient très bien les odeurs.....

Écrit par : anne des ocreries | 17/05/2010

L'odeur d'imprimerie, l'odeur de vieux livres, je veux bien.
Mais je ne fréquente plus les bibliothèques pour une seule raison : l'odeur de tabac est quasiment toujours présente dans les bouquins. C'est rédhibitoire. En plus, savoir que je lis le même bouquin qu'un fumeur m'enlève tout plaisir. Je refuse cette complicité.
Le tabac ça pue et les livres c'est sacré. Comment peut-on associer ces deux choses ?

Écrit par : Claudio | 17/05/2010

@ Venise:

merci Venise, ton commentaire me touche beaucoup!

Écrit par : helenablue | 17/05/2010

@ Laure K:

:-), la littérature éveille tous les sens, au sens propre et au figuré...

Écrit par : helenablue | 17/05/2010

@ anne:

la mémoire retient bien les odeurs, je crois même que c'est une des mémoires les plus archaïques... En tout cas pour moi, la mémoire olfactive est énorme et puissante d'effets, c'est parfois même impressionnant, la visuelle aussi. Il parait que nous avons tout à chacun des degrés de mémoire comme ça, certains privilégiant l'oeil au nez, d'autre le geste, la notion d'espace... C'est fascinant n'est-ce pas!

Écrit par : helenablue | 17/05/2010

@ Claudio:

hum, ce n'est pas tant l'odeur du tabac froid en général qui me touche là, mais l'odeur de ce tabac là. Il s'avère que l'odeur en question me touche parce qu'y sont imbriqués des sentiments d'une autre nature, le tabac est celui de l'auteur du livre et non d'un de ses lecteurs, que c'est un auteur que je n'ai jamais croisé de chair mais avec qui je suis en relation et qui me touche plus particulièrement, là c'était du tabac, ça aurait pu être l'odeur de bière ou de cuisine ou de fauve ou d'un parfum spécial d'ambre ou de myrrhe, c'était surtout une odeur lui appartenant d'où toute la suavité et l'émoustillement provoqués...
Je ne suis pas normalement très friande de l'odeur de tabac froid, surtout celle du cigare, pourtant c'est étrange comme les choses changent quand le sentiment amoureux s'en mêle, j'ai aimé un homme fumant la pipe et pendant des années ses livres en avaient le fumet et j'aimais ça!

C'est amusant, avant-hier soir nous avions une discussion avec mes fils sur les odeurs justement, qu'est ce qui fait qu'une odeur nous parait bonne ou mauvaise, ils se demandaient si on était pas conditionné au départ pour trouver telle ou telle odeur agréable ou non, si une odeur dite désagréable mais associée à une expérience agréable ne pouvait pas le devenir, plus encore dans le temps...

Mais au delà encore, c'est la puissance des mots à éveiller les sens qui est le véritable objet inconscient peut-être de ce petit texte, et aussi comment les sens peuvent être sollicités de manières différentes selon l'état d'esprit et l'état d'être dans lequel on est au moment de lire un livre, d'autant plus le livre d'un homme ou d'une femme qu'on aime...

Pour reprendre ta question autrement, je dirais les livres c'est sacré, la vie aussi et donc toutes les odeurs "de vie", pourquoi ne pas associer les deux, même si ça pue!

Écrit par : helenablue | 17/05/2010

Ça sent l'amour.

OK, Claudio, j'arrête de fumer. Ou d'écrire.

Écrit par : Christian Mistral | 17/05/2010

Ce tabac lui colle à la peau, tu sais, mais ses livres sont en odeur de sainteté...

Écrit par : Emcée | 17/05/2010

Sourire
Bien vu… si j’ose dire.

J’en parlais hier avec Madeleine,
L’odeur des livres,
L’odeur de l’argent,
De sainteté,
De l’autre,
S’encre en nous bien souvent.
Une ancre ? Que dis-je, c'est un cap...

Et avec la vapeur froide du tabac, déjà.

Écrit par : Scrat et Scrartina | 17/05/2010

@ Emcée:

pour la peau, toi seule peut en témoigner, mais pour les livres je te rejoins, ils le sont pour moi ...

Écrit par : helenablue | 18/05/2010

@ Christian Mistral:

Écrit par : helenablue | 18/05/2010

@ Scrat et Scratina:

:-)

Écrit par : helenablue | 18/05/2010

L'encre couchée s'abreuve au puit sans fond de la vie. Elle la sent, la goûte, l'entend ruisseler des profondeurs, touche ses parois et croit y reconnaître,tout au fond, son propre visage. Ses livres, eux, ramassent un peu du temps et des lieux où ils reposent. Nous, de cette encre et de ses livres, sommes toujours plus riches et remplis de cette vie.

Écrit par : MakesmewonderHum! | 18/05/2010

Les commentaires sont fermés.