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13/07/2010

"maman!"

- Dis-moi Charles, si tu m'appelais Hélène au lieu de "maman" dorénavant, ce serait plus cool, non... Et puis ça pourrait nous permettre d'être plus proche, genre ami-ami...

- Ben! Maman, t'as fumé la moquette?

- Non, écoute j'me suis laissée dire que c'était peut-être un peu trop directif, voire dépassé ce besoin que j'ai que tu m'appelles maman, que c'était à toi de choisir, que tu ne m'appartiens pas, que ça pourrait te permettre d'être plus libre dans la relation et que peut-être on pourrait vraiment devenir amis...

- Maman, si tu n'as pas fumé là, c'est que tu as certainement bu un peu trop de jaja, imagine, genre, je te dis cette même phrase avec ton prénom, écoute bien, Hélène t'as fumé ou t'a bu un coup de trop là?

- Non, oui, enfin c'est pas ce que je veux dire, c'est par exemple si toi tu avais un truc important à me dire, tu sais, par exemple, au hasard: "maman ou Hélène, j'ai foutu l'feu à autrui tout en m'injectant des drogues par intraveineuse par simple plaisir!"...

- Oups! Je me demande bien là, franchement maman qui c'est qui s'est injecté quoi, mais je vais te dire ce que j'en pense sérieusement de ce qu'implicitement tu me demandes là, comme tu dis parfois " je te connais comme si je t'avais fait ", et j'entends que c'est ce que tu veux savoir est ce que je pense au fond de t'appeler "maman", de ce que ça représente pour moi, de l'importance du mot, de l'importance de ce qu'il recouvre de ce qu'il dit, de l'impact dans ma chair et dans mon coeur d'enfant à l'intérieur de mon corps d'homme... Alors écoute moi bien Hélène maman que j'aime: s'il devait m'arriver d'avoir à te dire ce que tu me proposes je ne suis pas sûr que j'aurais quand bien même l'envie de t'appeler autrement que maman, sans doute j'emploierais un ton moins tendre que celui que j'ai là dans cette conversation avec toi, j'y mettrais de l'ironie ou de la haine mais j'aurais bien le coeur quand même à le faire savoir à ma mère.Tu es unique pour moi, dans le bonheur comme dans le malheur, que tu sois bonne ou mauvaise, que tu ai fait ce qu'il fallait ou que tu sois passée à côté, je n'aurais jamais qu'une maman, tu ne peux pas être mon amie, tu n'as pas à l'être tu es ma maman et c'est bien autre chose, bien plus compliqué, bien plus ancré en moi, que je le veuille ou non, que tu le veuilles ou non. Je ne t'apprends rien là, je sais que tu sais pour l'avoir éprouvé toi-même qu'on ne remplace pas une mère, pas plus qu'un père d'ailleurs, et que même si les enfants n'appartiennent pas aux parents et comme tu me l'a dit toute ma vie n'appartiennent qu'à eux-mêmes, le lien qui nous unit ma petite maman chérie est unique, je vois pas d'autre mot, comme je n'en vois pas d'autre pour t'appeler autrement que maman, ni un autre pour appeler papa autrement que papa.

- Oh! Mon coeur...

- Je crois que c'est important d'ailleurs que ce soit ainsi, regarde mon copain Jean, il va pas bien, ses parents, sa mère surtout a toujours plutôt voulu être sa copine que sa maman, sous prétexte qu'à l'adolescence on en a plus rien à foutre de tout ça et que c'est beaucoup plus facile de se faire appeler Colette, ben regarde lui, ça lui porte pas vraiment chance de ne plus avoir ce cadre sécurisant et cet sorte d'amour inconditionnel qui peut se permettre d'être, à l'intérieur du cadre, ça me fait toujours un malaise quand je le vois parler à sa mère comme si c'était une bonne copine, il manque une dimension je trouve dans la relation, peut-être du respect, non, je crois pas que ça soit ça, plutôt oui cette dimension d'unicité, ce fait que quoi qu'il arrive quoiqu'il se passe quoi que la vie nous réserve maman est maman, papa est papa.

- Je pense tout comme toi, et je vais de ce pas répondre au Terrible chez Mistral à ce propos...

- Hé,hé, je me doutais bien que c'était encore un de tes brainstormings bloguesques, c'était quoi l'histoire?

- "Fabrice"! Tiens lis donc là...

 


Commentaires

Oui, il manque une dimension, en effet.
Kiss, Blue.
Bird

Écrit par : Bird | 13/07/2010

Celui-là j'ai pu le lire. Je le prends, je le garde, je le dépose dans "mes" textes précieux.

Écrit par : Mik | 13/07/2010

Et ça fait "Pan !"

Écrit par : Mik | 13/07/2010

Zut, mon fils s'appelle Charles!

Écrit par : Arthémisia | 13/07/2010

:-)

Écrit par : helenablue | 13/07/2010

@ Mik:

Heureuse que celui-là tu aies pu le lire et qu'il ai fait mouche!!
Me diras-tu un peu plus ce que tu en penses, où est-ce trop douloureux ou trop tôt?

Amitiés
Blue

Écrit par : helnablue | 13/07/2010

C'est complet, logique et juste. Même si on voit tout venir, il importait que ce fut dit... ainsi.

Écrit par : Claudio | 13/07/2010

@ Bird:

Et comment!!

Écrit par : helenablue | 13/07/2010

Maman et Papa, bien sûr, Blue! C'est quoi ces histoires de copains?
De toute façon, à plus de trente ans, bardés de diplômes et avec des positions et des paies dont je n'ai jamais même osé rever pour moi, ils sont quand même tout le temps là (surtout pour Mamaaa!) à demander conseils, dépannages, consolations ou encouragements. Oui, la mamma! Je ne vois pas la copine à qui ils pourraient demander tout ça.

Écrit par : giulio | 13/07/2010

C'est justement ce que je tente d'exprimer par cette petit histoire Giulio! La relation d'une mère ou d'un père à ses enfants et réciproquement est d'une toute autre nature que l'amitié, une autre forme d'amour... Et il n'y a pas d'âge pour appeler maman ou papa !!

Écrit par : helenablue | 13/07/2010

Ca fait pan parce que je vois une très belle relation entre un fils et sa maman et que c'est bien là l'oeuvre de bons parents.

J'y aspire...

Et ça fait réfléchir parce que dans cette lettre-là, j'ai surtout dit autre chose que maman et papa, même si quelques fois ça m'a échappé.

Le "tu" est ici naturel : J'aime :-)

Écrit par : Mik | 13/07/2010

S'il n'y a pas d'âge pour appeler papa ou maman, je n'ai jamais
dit que la filiation était seulement de nature amicale,un instant.
Je n'ai jamais dit cela de cette façon mais je dois nuancer
mes premiers commentaires chez Christian vu les proportions réjouissantes de cet échange développé chez-lui
d'abord et qui se poursuivent chez-toi, chère Blue.

Jamais je n'aurais cru vivre un tel échange prenant
naissance au Québec avec quelques phrases de Mistral
pour se poursuivre en France!
Lyes! C'est vraiment marrant. J'ai touché une corde
sensible de sang transmis ça a tout l'air.
Il semble bien aussi que je sois assez seul à défendre
le prénom entre parents et progéniture.

Bon. J'attache ma tuque solide et on remet ça!
Je suis pas peu fier d'avoir été l'amorce d'une
pleine dose de Blue!
Non j'me trompe.
L'amorce et la mèche fut installée par Christian;
j'y ai foutu l'feu et là ça me pète à la gueule.
Merci à vous deux, je suis ravi d'enfiler mes patins!
Il me fait du bien de patiner un peu,
une fois de temps en temps!

Ton fils Charles est drôlement allumé en passant.
Faut dire qu'il a une mère et un père qui le précèdent.
Héhé.
Conversation hyper-intéressante à lire mais
ça m'aurait froissé qu'il me demande si j'ai fumé
la moquette, peu importe le papa ou le Yvan tu vois.
Idéalement faudrait pouvoir converser autour
de ce sujet mais l'écrit étant notre seul moyen
de communication, je ferai de mon mieux pour
traduire ma pensée le plus exactement possible.

Je vois aussi que la tradition des gènes transmis
par noms imposés est bien incrustée,consanguine.
Génétique "gaga" quoi.
Blague.
Je serais aussi gaga que n'importe quel
parent en devenir devant la venue éventuelle
d'un rejeton,masculin ou féminin.Me faire appeler
Papa est une joie encore inconnue et franchement
disparue depuis le moment où je me suis rendu compte
que la vie de couple m'était impossible,vu les déconvenues
connues et accumulées au fil du temps conjuguées
à mon propre caractère,mais ça reste dans le domaine
hypothétique à vrai dire.

Je m'éloigne de notre propos. J'en ferai un billet éventuellement.
Don't get me wrong. Je comprends très bien la filiation
et le respect qu'elle suggère fortement et apprécierais
hautement me faire appeler papa le cas échéant.
De toute façon cela est inéluctable.

Revenons à l'exemple vécu et soulevé par Chrisitian
si tu veux bien: il y relate le fils appelant son père
"papa" et qui ne répond pas jusqu'à ce qu'il l'appelle
par son prénom Fabrice.

Pourquoi a-t'il fallu que le fils appelle son père
par son prénom pour qu'il réagisse enfin
à la demande de son propre fils?!

Je veux bien croire que ce n'est qu'un exemple
parmi des millions de familles mais pour moi
il est significatif, comme l'est le tien
que tu cites en exemple et qui n'en est
qu'un parmi des millions d'autres,tout en sachant
que la majorité aura toujours raison.

L'exemple contraire doit aussi être soutenu et défendu.
That's my whole point here, dear.
En plus d'avoir eu exemple de mon propre père
qui a défendu l'idée avant moi avec ses élèves.
Je sais c'est pas la même chose mais c'est dans la
même veine.
Appeler son père ou sa mère par son prénom
offre une autre voix, une autre voie, une autre couleur,
c'est un autre son de cloche qui s'exprime en demandant
une autre réponse. Différente.
J'ai toujours appelé mes parents papa ou maman dans
la majorité des cas mais il existe dans l'histoire de notre
famille des cas où je les ai appelés par leurs prénoms.
Ils ne s'en sont jamais offusqués mais je vais refaire
le test avec ma mère survivante, héhé, en plus
de m'enquérir auprès de mes amis parents pour voir
comment ils voient la "chose" en 2010.

Fascinant échange.
Merci.

Amitiés,

Y.

Écrit par : Yvan L. | 13/07/2010

@ Yvan:

Là, je dois bien dire que tu soulèves un point d'importance dans cette petite histoire mistralienne,

"Pourquoi a-t'il fallu que le fils appelle son père
par son prénom pour qu'il réagisse enfin
à la demande de son propre fils?! "

Pourquoi en effet, le père ne pouvait-il donc pas être à l'écoute de son fils probablement trop à l'écoute de lui-même, pourquoi a-t-il fallu que le fils emploie le subterfuge de l'ami qui appelle l'autre par son prénom pour que d'un seul coup le père retrouve son rôle de père, pourquoi diable est-ce si compliqué pour ce père d'en être un?

Je te remercie de soulever ce point de vue autre, pas du tout sans intérêt. En tant que parents, je ne parle qu'en mon nom, alors disons en tant que mère, j'ai mis des enfants au monde, ils s'avèrent que ce ne sont que des fils mais qu'importe, j'ai pourtant toujours pensé et je le pense encore, qu'on met des enfants au monde mais que ce sont les enfants qui font de nous des parents...
Dans ce dialogue entre Fabrice et son fils, il y a peut-être cette difficulté du père à être père, parce qu'il ne faut pas croire que c'est une tâche facile, au fond c'est un apprentissage, surtout quand on a pas eu la chance d'avoir des parents structurants...

Tu sais, ça arrive à mes fils de m'appeler par mon prénom, pour rire, ou pour dire autrement, comme tu le fais remarquer avec justesse, mais c'est toujours sur le mode humour. les choses , les propos les plus denses et sans doute les plus " pierre angulaire " de leur vie, du moins jusqu'à présent m'ont été dit sur le mode maman.

Ce que ton père a défendu et arrête moi si je me trompe auprés de ses élèves c'est cette idée de subordination de l'adulte, comme si l'adulte avait droit a plus de respect que l'enfant, nous savons bien toi et moi que tout individu quel qu'il soit et quel que soit son âge mérite le respect et qu'il n'est pas question que l'avancée dans la vie en donne plus à l'un qu'à l'autre, du moins est-ce ainsi que je le lis.

Quant à mon fils , Charles, qui me demande si je n'ai pas fumé la moquette, pourquoi diable m'en offusquerais-je, je trouve plutôt que c'est une saine répartie bourrée d'humour de surcroît, confronté à une question que je ne lui aurais jamais posé naturellement, il a eu une réaction , disons créative, il connaît bien sa mère et son grand sens de l'humour!
Lyes!!

Cet échange me ravit, vraiment merci Yvan, comme quoi les océans même les plus vastes n'empêche pas les coeurs de se frotter l'un l'autre et les esprits de s'échauffer.

Love,
Blue

Écrit par : helenablue | 14/07/2010

Lyes!

Sois certaine que je te reviendrai
là-dessus un jour. Merci de m'avoir confronté,
d'avoir posé tes tripes sur la table de si belle façon.
Tu m'as doucement obligé à faire de même
et aller au bout de ma pensée en ce qui me concerne.

Tu as l'oeil du lynx sur les questions familiales
à mon humble avis.

Take care,
sweet friend of mine.

Écrit par : Yvan L. | 14/07/2010

J'ai lu hier votre conversation sur le sujet de l'appellation, mais hier j'étais aussi dans une conversation sur la légitimité d'accéder au rôle de "père" et à la dénomitation pourtant naturelle de "papa" avec l'intéressé qui ne s'intéresse pas vraiment à ça ! en tout cas mal !
En plein dans le mille, je ne savais quoi dire ... je "comprends" ce qu'écrit Yvan, et je trouve fort intéressant héléna que tu aies interroger un de tes fils sur la question. La frontière entre les termes me parait elle, devoir être étanche comme un roc.

Ma fille m'a appelée par mon prénom, il y a quelques jours, tiens peut être même ce week-end, dans cette fête familiale où tout allait et venait... elle était en demande d'une écoute particulière, oui sans doute, j'ai été surprise et du tac au tac je lui ai dit: Non, pas Laure... "maman" ! comme une supplique... "ne te trompe pas petite fille"... Laure est autrement ailleurs. Sans doute j'y mets un point d'honneur car notre relation est plutôt fusionnelle dû à l'absence du père.
Ce qui peut expliquer mon positionnement, de devoir poser les limites.
Le meilleur étant quand même d'entendre dire qu'il faut se sacrifier entièrement !
Et puis quoi encore ?

Les enfants ne nous appartiennent pas mais nous, nous leurs appartenons, dans le cadre du "maman" et du "papa", et nous avons "devoir de".
Hors de ça, notre propre existence compte tout autant, et reste à multiple facette.

Nos enfants ne nous connaissent pas dans tous les contextes de notre vie et ils doivent aussi apprendre à respecter ces autres sphères de l'adulte qui ne leurs appartiennent nullement. Il me semble que l'appellation par le prénom dans une relation d'enfant à parent instaure une forme d'autorisation et de non respect des rôles.

Maintenant, je veux bien entendre et lire des arguments contraires, pour faire avancer le débat !

Écrit par : laure K. | 14/07/2010

Le mot est une enveloppe, ce qui est important c'est l'intention mise dans le mot ... On peut dire" maman" et ce maman là peut vouloir dire "je te déteste"on peut dire Laure et dans ce Laure là toute la confiance...en l'adulte qui vous a donné le jour...certains me disent maman, d'autre pas, parfois ils employent les deux...peu importe la relation est là même...
Mais Charles a beaucoup d'humour...

Écrit par : laurence | 14/07/2010

Je pense pour ma part, Laurence, que le mot est bien plus qu'une enveloppe, et je comprends parfaitement Laure dans sa volonté justement d'y mettre un certain ordre, un certain sens et pour elle et pour sa fille.
Je vous ai répondu plus amplement chez Christian Mistral sur ce que j'en pense mais peux le refaire ici avec cet exemple tout simple, au Vacuum je vous en explique le pourquoi, si mon fils Charles devait , avait à me dire parce que dans sa réalité: " maman, je te hais " cela aurait plus d'impact pour lui pour son psychisme de le dire en ces termes avec ce mot plutôt que de contourner l'obstacle et me dire " Hélène, je te hais ", pour moi l'incidence serait la même, une grande détresse sans doute mais pour lui, ce serait plus constructif.
J'en parle aisément pour l'avoir vécu en tant qu'enfant, malheureusement...
Et pourtant il m'a fallu contourner la difficulté à éprouver ce sentiment envers mon PAPA et ma MAMAN en les appelant d'abord par leurs prénoms, tant la charge affective était forte et insupportable, d'où encore l'importance de ce langage bien particulier et bien spécifique lié à la filiation.

Une filiation qu'on ne choisit pas, qui s'impose à nous pour le meilleur et pour le pire, dont on ne divorce pas et qui ne sombre même pas dans la mort tant elle est puissante qu'on le veuille ou non, et qui demande cette particularité de langage, sans doute beaucoup plus agréable et constructive dans l'amour car vraiment assassine et perverse dans le désamour justement par l'importance de sa fonction dans la construction de notre psychisme...
Je le pense vraiment et profondément.

Charles ne manque pas d'humour en effet, un atavisme peut-être?
:-)

Écrit par : helenablue | 15/07/2010

Je me disais, sans l'avoir écrit, que dans cette lettre ne pas leur dire Papa et Maman était peut-être une manière de les renvoyer à eux-mêmes, volonté qu'ils se comportent en adultes, responsables de leurs actes, je me disais aussi peut-être une manière de me protéger, de me dire mon Papa et ma Maman n'auraient pas pu faire ça, de mettre une distance entre le ressenti et les actes, en pure analyse distante, sobre, objective oserais-je. Tu le traduis tellement mieux que moi cette impossibilité à dire Maman et Papa en même tant que "je vous hais". Les com' aussi dans les précieux.

Écrit par : Mik | 15/07/2010

@ Mik:

c'est tout à fait ça, Mik, cette difficulté voire cette impossibilité d'associer ce puissant sentiment de haine à un papa ou à une maman, pourtant il est bien nécessaire que sorte cette émotion empoisonnante et emprisonnante mais chaque chose en son temps car l'expérimentation au fond de ses entrailles de ce sentiment précis est d'une douleur incommensurable et est particulièrement effrayant, l'étape de passer par l'exprimer aux protagonistes d'une enfance maltraitée est indispensable, du moins l'a été pour moi, comme il semble qu'elle a à l'être pour vous.

Je ne sais si je devrais vous le dire, qui qu'en même temps c'est plutôt porteur d'espoir, mais une fois cette étape franchie, celle de cette haine, cette rancoeur, et toutes ce humiliations refoulées macérantes telles un affreux marécage au fond de l'âme de l'enfant que nous sommes à l'intérieur, il se passe une sorte de libération salvatrice et comme une sorte de grâce qui permet de comprendre et de ressentir à quel point l'enfant que nous étions n'était qu'amour, demande et offrande d'amour. Et on se retrouve réconcilié de ce fait avec son humanité toute entière, on se sent vivant et aimant et non plus prisonnier et effrayé.

Je n'ai jamais parlé à ma mère, du moins je ne me suis pas encore autorisée à lui parler de ce qu'avait provoqué en moi l'intensité de se sentiment haineux, de la peur de moi-même qu'il a provoqué de savoir qu'en j'en éprouvais le besoin l'indispensable impensable et pourtant là, mais aussi d'une plus grande compréhension du monde. Je sais bien que ce n'est pas la peine pour elle, mais ça l'a été pour moi. Je pourrais par contre écrire cette lettre à ma mère, maintenant, dix ans se sont écoulés, et j'ai grandi.
Le plus difficile pour moi à accepter, à vous parler je formule, c'est que cela à entraver douloureusement et dangereusement le flux d'amour pour mes enfants, que j'ai aussitôt ressenti à faire sauter ce verrou, qu'ils ont aussitôt ressenti eux aussi, mon aîné avait déjà 14 ans, et Dieu m'est témoin que la peine que j'ai à le dire et à le ressentir et immense et profonde...

Écrit par : helenablue | 15/07/2010

Merci Blue.
Cette douleur de folie, je crois l'avoir ressentie oui, une douleur immense et l'on croit mourrir, crucifiée oui crucifiée sur place, et ça vous troue le coeur, tant d'amour qui jaillit et ne rencontre qu'un mur ou des silences, ou rien. La fulgurance de cet amour-là, impossible à donner à ceux-là.
Du chemin il en reste, comme certains positionnements dont je ne sais pas encore quoi faire, cet enterrement auquel je pense chaque jour, qui sera dans un mois, dans dix ans, ma présence ou pas, les mots que je pourrais dire ou cracher ou taire.
Et Dieu que vous êtes une vraie maman, aimante, vos fils en témoignent ; ils vous ont vue faire la traversée, ont vu les fulgurances des douleurs et fort heureusement au travers des douleurs l'on apprend aussi la vie, l'intensité à ressusciter, la possibilité. Ils savent qu'on se relève. Et vous n'êtes pas que cela. Pas juste maman. Mais Femme aussi. Incandescente, intense cette fois dans l'amour corporel, charnel, dans l'offre de soi, dans l'accueil du mâle et du masculin. Vous vibrez, de force d'un amour vivant, c'est évident. Et ça me nourrit tellement.

Aksanti

Je lirai votre lettre à ma mère. Que je laisserai sans doute sans commentaire.

Écrit par : Mik | 15/07/2010

Et dans tout ce contraste, voilà ce sentiment éprouvé hier là, d'un immense plaisir, d'une joie d'être vivante, et d'un mouvement naturel, spontané, une pensée tout de suite "maman si tu voyais ça", l'amour encore qui jaillit malgré soi vers ceux-là, mais auquel en retour ne sera que le silence et peine perdue.
Le temps aussi permet de mettre du baume sur les blessures.
Gulls in the sky and in my, Blue, eyes
you know it feels unfair

But there's magic everywhere

Écrit par : Mik | 15/07/2010

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