19/06/2011
Papa
Papa,
Normalement, par le calendrier, c’est ta fête today. Pourtant, pour moi, sigh, ça n’est pas si simple! Pour ce qui est du père de mes enfants, c’est sans problème. Là, quel ravissement!
Non, c'est entre toi et moi que c'est plus compliqué, tu devines bien pourquoi même si t'as oublié. Tu as été mon père longtemps, tant que je n'avais pas accès à ma mémoire, tu l'es toujours pourtant maintenant que je l'ai retrouvée, mais je ne sais qu'en faire! Je veux pas faire dans le pathos, de ton côté, tu l'as bien éprouvé. Mais je ne peux non plus pas m'enfouir dans le non-vouloir voir, dans le non-vouloir être et dans le non vouloir-dire, père!
Le déjeuner entre hommes fut drôle, généreux, magnifique. Tu sais, papa, j'avais autour de moi mon homme, mes fils, et puis un petit gars que je porte dans mon coeur depuis longtemps. C'est le meilleur ami de ton petit-fils que tu ne connais pas par la force des choses et par sans doute ton incapacité à les voir comme elles sont, je ne t'en veux pas, comment pourrais-tu les appréhender alors qu'elles n'ont jamais été à ta portée? Lui, son père lui a mis une beigne et l'a foutu dehors. Il doit s'en mordre les doigts, l'enfoiré de papa, comme toi quand tu m'as dit que je ne faisais plus partie de la famille si je disais vrai. Dis-moi, aurais-je pris le risque de mentir à ce prix? Tu verrais ce p'tit gars, papa, que t'en serais le premier étonné tel que je t'imagine. Tel que je voudrais que tu sois.
N'empêche, je suis bien emmerdée. Je ne sais pas quoi faire, c'est la fête des pères, je devrais avec joie te la souhaiter, au pire sans grand plaisir. Mais je n'y arrive pas. Pourquoi? Pourquoi papa, fuck, pourquoi?
19:11 Publié dans état d'âme | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : questionnement, être, papa, enfant, filiation, échange, souffrance, humain
09/04/2011
20 ans
Il y a vingt ans, presque heure pour heure, mon dernier fiston venait au monde. Au même âge que lui aujourd'hui, c'est avec son frère aîné que je bataillais pour qu'il pointe le bout de son nez et pareillement toujours au même âge ma mère me donnait tant bien que mal vie. Le temps passe... Je suis émue. C'est aussi l'âge qu'avait celui qui aurait pu être son oncle quand il a mis fin à ses jours. La vie nous joue parfois des tours, des meilleurs et des pires! Bon anniversaire mon petit grand. Je t'aime. Maman.
19:16 Publié dans pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : pensée du moment, anniversaire, filiation, vie, temps, amour, famille, humain
13/01/2011
équation
On peut-être l'un avec l'autre l'un contre l'autre l'un à côté de l'autre l'un envers l'autre l'un dans l'autre l'un pour l'autre l'un et l'autre, mais on est rien, l'un sans l'autre.
02:16 Publié dans pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : pensée du moment à l'instant, vie, échange, amour, amitié, filiation, rencontre, art de vivre, poésie, humain
25/11/2010
trésor
- Photo Laure K -
A quoi rêve une petite fille qui vient d'avoir cinq ans, à quoi rêve une grande fille, les rêves de la petite appuyés sur son coeur, que sont devenus nos rêves de-quand-on-était-petits, en quoi sont faits nos rêves, maintenant, devenus grands?
16:36 Publié dans amitié, pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : amitié, enfance, rêve, anniversaire, rencontre, filiation, famille, pensée, humain
19/11/2010
Murs
- Murs - de Constantin Cavafis -
(Musique extrait "Ascenseur pour l'échafaud" de Miles Davis- Montage Barner - Voix Blue)
J'ai plus que rarement parlé avec mon père, d'abord parce qu'il n'aimait pas ça et m'envoyait toujours bouler en touche vers ma mère quand je tentais une approche et puis aussi parce qu'on n'était et ne pouvait jamais être d'accord, ce qui dans son système de valeur est plus qu'insupportable. La seule véritable discussion que nous ayons pu avoir remonte à plus d'une quinzaine d'années, il avait même pris pour l'occasion rendez-vous avec moi, ça m'avait fait tout drôle, il me traitait finalement comme une de ces affaires, comme un dossier, un problème à résoudre, ce que je ne manquais pas d'être alors à dire ce qu'il ne fallait pas dire et à chercher à comprendre et à en sortir. J'ai retenu de cet entretien étrange, trois petites phrases de lui, il faisait dans le court en matière de verbe comme en matière d'affect: "va pas fouiller", "faut dépasser son passé" et "un mur se présente devant moi, je le défonce"... A la première injonction, utilisant la même technique, je me souviens avoir répondu "trop tard"... à la seconde, " le passé! je crois qu'il faut le faire sien"... et à la troisième, "je n'aime pas la technique, je préfère démonter le mur pierre par pierre, brique par brique, pour bien arriver à comprendre comment il s'est construit, et puis on ne sait jamais c'est peut-être bien un mur porteur, j'ai pas trop envie, tu vois que tout s'écroule et me reste dans les doigts, c'est que je tiens à en sortir indemne, je suis kamikaze certes mais pas complètement cinglée!". Le silence entre nous s'est vite réinstallé et juste avant de me dire au revoir en pensant adieu, il m'a lâché un "tu vas le regretter, tu ferais mieux de prier et de demander l'aide de là-haut", ce à quoi je n'ai pu manqué de réagir, "c'est plus de la tienne dont j'aurais eu besoin, là, ici, que tu puisses pour une fois dans ta vie donner à ta fille ce dont elle a besoin, je sais je vais souffrir mais pas beaucoup plus qu'hier et sans doute beaucoup moins, nous n'avons pas la même façon de voir ni d'opérer, ni d'agir, papa, ce n'est pas un scoop ni pour toi, ni pour moi, je ne t'apprends rien là, je reste une possédée à tes yeux et pour moi tu es toujours une énigme, c'est plus qu'un mur qui nous sépare, c'est une enceinte, des murailles, va, tu vas bien mieux vivre sans moi... et de mon côté, j'ai du pain sur la planche, pour défaire ce que tu as bétonné à outrance pour que ça ne sorte pas. Vois-tu, je n'y peux rien, c'est inéluctable, j'ai encore tant à faire dehors, tant à donner et tant à apprendre. Peut-être qu'on aura avant que l'un de nous se retrouve au cimetière l'occasion de pouvoir en reparler, peut-être aussi que non, que je n'en aurais même plus l'envie, ni le besoin, ni les mots pour me dire à toi... mais rien ni toi, ni personne d'ailleurs ne m'empêchera de faire ce que j'ai à faire et comme je sens qu'il faut que je le fasse, c'est comme ça." Là j'esquisse un sourire, car je me rappelle soudain que quand j'étais petite fille et que je lui posais une question parfois bête pour comprendre les choses, il répondait toujours "c'est comme ça, c'est pas autrement!", et me disait aussi "quelle têtue de bourrique tu fais!" finalement, au secours, je lui ressemble un peu, on se rejoint sur un point, pas question de lâcher l'affaire, m'aurait-il transmis sa ténacité? Peut-être mais on ne la met pas lui et moi au même service, lui il tente de plus en plus d'enterrer ce qu'il ne peut pas voir et se flagelle sans savoir ce qu'il a fait, et moi, je m'ouvre à la lumière et à la conscience de mes actes et de ma vie tout entière... Nos chemins ne sont pas près de se croiser et probable que c'est mieux ainsi, parce ce que j'y vois n'est pas joli, joli et pas facile à digérer non plus pourtant ça se fera, je sais, et je pourrais alors oublier et l'exonérer de ce qu'il a fait et... de ce qu'il n'a pas su faire, juste être mon père.
21:23 Publié dans état d'âme, fragments, poésie, réflexion | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : filiation, famille, relation, poésie, musique, photographie, émotion, rencontre, découverte, partage, art, état d'âme, humain
28/08/2010
birthday
Y'a des anniversaires plus difficiles que d'autres, les siens souvent, parfois aussi ceux de quelques autres. Moi, celui de maman est toujours un problème, encore maintenant! Pas de "je t'aime" en vue, pas de prise dans les bras, de fierté, d'audace et de compréhension. Non. Juste, quand même, quelques mots sur une carte, pour l'intention, et je me dis "quand bien même!" Je me dis "Pourquoi pas?" Je me dis, je me dis tant de choses, et je trouve qu'il y a un tel gâchis à ne pas vouloir voir les choses et leur réalité, telle que la vit autrui, telle que je la perçois.
Là, j'ai mal, oui, j'ai mal à ma mère, presque même je dirais que j'ai peine pour elle. Pourtant sans déconner, sans faire dans la dentelle, elle ne m'a jamais épargnée, ni, non plus, oubliée, toute l'ambivalence d'un sentiment diffus: attraction-répulsion!
"On aime sa mère presque sans le savoir, et on ne prend conscience de toute la profondeur des racines de cet amour qu'au moment de la séparation dernière"
- Guy de Maupassant -
J'aimerais tant pouvoir t'aimer, vraiment, maman.
Happy birthday, mum. Take care.
Quand bien même je suis là, et malgré les orages, malgré les tremblements, malgré toute cette rage qui afflue à l'instant en bousculade dans le sang que toi seule m'a donné, je considère la chose, tu sais moi aussi je suis mère et moi aussi j'aspire à être vraiment aimée.
23:01 | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : art, peinture, état d'âme, filiation, mère, relation, ouverture, tentative, femme, humain
07/08/2010
mots entrebus
Suite à une discussion fort intéressante chez mon ami Didier suite à sa note dont je pique le titre, je me pose cette question:
Faut-il donc être parfait et irréprochable et bien sous tout rapport pour être de bons parents?
10:55 Publié dans réflexion | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : réflexion, filiation, parent, enfant, comportement, éducation, humain
15/07/2010
lettre à ma mère
Maman,
Les années passent et je ne peux toujours pas t'appeler chère maman, je crains d'ailleurs que cela me reste impossible à mon grand regret.
Je t'ai haï, maman, j'ai haï te haïr, j'ai même eu très peur d'éprouver cette émotion avec autant d'intensité, de violence, d'évidence aussi. J'ai eu très peur de devenir monstrueuse et meurtrière tant la puissance de feu de ce sentiment nouveau pour moi à l'époque, il y a de ça plus de dix ans maintenant, m'a terrassée et m'a crucifiée de douleur.
Nous avions pas mal de différents et ça depuis un moment, ça faisait pas mal de temps qu'on ne pouvait plus se parler ni s'entendre ni même s'approcher tant la blessure était grande. Tu n'as jamais supporté cette vérité qui est la mienne, tu ne le peux davantage aujourd'hui mais cela n'a plus la même importance dorénavant, j'ai fait ce que j'avais à faire pour sauver ma peau et celle de mes fils, devenir ma propre mère; néanmoins je ne peux m'empêcher de penser souvent à ce moment précis de ma vie, ce moment où j'ai finalement tué ma mère, tué ma maman idéalisée, tué celle que j'aurais voulu et eu besoin que tu sois, ce jour où j'ai fait sauter pour de bon ce verrou "amnésiant" et aliénant qui aurait pu me rendre vraiment folle pour de bon, ce moment précis de ma vie où j'ai hurlé et craché du fond de mes entrailles: " maman je te hais". J'ai vraiment eu peur des mots, moi qui ne les craignais guère, peur de leur intensité peur de leur influence peur de la vérité de l'horreur dans laquelle tu m'avais plongé depuis ma naissance.
Maintenant je l'ai bu jusqu'à la lie cette haine, j'ai même compris qu'elle pouvait revêtir les mêmes atours que l'amour, s'infiltrer dans les mêmes voies les mêmes canaux, "l'ahour" devrais-je dire, car après l'avoir ressenti si profondément dans toutes les fibres et méandres de mon être, elle s'en est allée pour faire place au véritable amour, pas pour toi maman, cela me sera toujours probablement difficile j'éprouve à ton égard plutôt une sorte de compassion, non, je te parle de l'amour tout court, l'amour de la vie, l'amour de l'amour, l'amour de l'art, l'amour de l'autre, de mon corps, de mon sexe, de la femme que je suis devenue, l'amour de l'homme, du masculin, de l'alter ego et l'amour de mes enfants, l'amour de mes enfants de la maternité de la famille. Car vois-tu, ce qu'il y a de plus douloureux pour moi et qui le reste encore, ce n'est pas tant que tu n'aies jamais pu m'aimer que celui que tu ne m'aies pas permis de le faire.
J'ai bien essayé d'y tendre, oh oui, de toute la force dont j'étais capable, je me suis écartelée jusqu'au presque point de rupture pour éprouver exprimer partager cet amour auquel je n'avais pas accès, et ça n'est qu'en le découvrant, qu'en débloquant la source en déverrouillant le passage que j'ai mesuré à quel point j'étais loin de la réalité.
Vivre l'amour est bien plus intense bien plus stupéfiant de beauté et de simplicité, bien plus nourissant que ce que je n'imaginais.
Tard, mais pas trop tard je l'espère, quoique certains jours j'en doute et que cela me désespère, tard mais pas trop tard j'ai pu l'offrir en cascade à mes fils déjà grands et qui me l'ont rendu au centuple eux-mêmes soulagés de cette libération tant attendue.
Si tu savais, maman, à quel point tout cela endommage, à quel point tout cela t'a toi-même endommagée et à quel point on renoue avec soi-même en explorant ce chemin de la vérité et de l'épreuve, ce chemin que tu as toujours redouté et comme je peux le comprendre, tu t'autoriserais à ton tour cette haine en amont, qui, une fois sortie de soi ouvre la porte à la vie même dans toute sa quintessence.
Take care, maman.
Ta fille
15:19 Publié dans fragments | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : fragments, enfance, écriture, maman, émotion, filiation, humain
13/07/2010
"maman!"
- Dis-moi Charles, si tu m'appelais Hélène au lieu de "maman" dorénavant, ce serait plus cool, non... Et puis ça pourrait nous permettre d'être plus proche, genre ami-ami...
- Ben! Maman, t'as fumé la moquette?
- Non, écoute j'me suis laissée dire que c'était peut-être un peu trop directif, voire dépassé ce besoin que j'ai que tu m'appelles maman, que c'était à toi de choisir, que tu ne m'appartiens pas, que ça pourrait te permettre d'être plus libre dans la relation et que peut-être on pourrait vraiment devenir amis...
- Maman, si tu n'as pas fumé là, c'est que tu as certainement bu un peu trop de jaja, imagine, genre, je te dis cette même phrase avec ton prénom, écoute bien, Hélène t'as fumé ou t'a bu un coup de trop là?
- Non, oui, enfin c'est pas ce que je veux dire, c'est par exemple si toi tu avais un truc important à me dire, tu sais, par exemple, au hasard: "maman ou Hélène, j'ai foutu l'feu à autrui tout en m'injectant des drogues par intraveineuse par simple plaisir!"...
- Oups! Je me demande bien là, franchement maman qui c'est qui s'est injecté quoi, mais je vais te dire ce que j'en pense sérieusement de ce qu'implicitement tu me demandes là, comme tu dis parfois " je te connais comme si je t'avais fait ", et j'entends que c'est ce que tu veux savoir est ce que je pense au fond de t'appeler "maman", de ce que ça représente pour moi, de l'importance du mot, de l'importance de ce qu'il recouvre de ce qu'il dit, de l'impact dans ma chair et dans mon coeur d'enfant à l'intérieur de mon corps d'homme... Alors écoute moi bien Hélène maman que j'aime: s'il devait m'arriver d'avoir à te dire ce que tu me proposes je ne suis pas sûr que j'aurais quand bien même l'envie de t'appeler autrement que maman, sans doute j'emploierais un ton moins tendre que celui que j'ai là dans cette conversation avec toi, j'y mettrais de l'ironie ou de la haine mais j'aurais bien le coeur quand même à le faire savoir à ma mère.Tu es unique pour moi, dans le bonheur comme dans le malheur, que tu sois bonne ou mauvaise, que tu ai fait ce qu'il fallait ou que tu sois passée à côté, je n'aurais jamais qu'une maman, tu ne peux pas être mon amie, tu n'as pas à l'être tu es ma maman et c'est bien autre chose, bien plus compliqué, bien plus ancré en moi, que je le veuille ou non, que tu le veuilles ou non. Je ne t'apprends rien là, je sais que tu sais pour l'avoir éprouvé toi-même qu'on ne remplace pas une mère, pas plus qu'un père d'ailleurs, et que même si les enfants n'appartiennent pas aux parents et comme tu me l'a dit toute ma vie n'appartiennent qu'à eux-mêmes, le lien qui nous unit ma petite maman chérie est unique, je vois pas d'autre mot, comme je n'en vois pas d'autre pour t'appeler autrement que maman, ni un autre pour appeler papa autrement que papa.
- Oh! Mon coeur...
- Je crois que c'est important d'ailleurs que ce soit ainsi, regarde mon copain Jean, il va pas bien, ses parents, sa mère surtout a toujours plutôt voulu être sa copine que sa maman, sous prétexte qu'à l'adolescence on en a plus rien à foutre de tout ça et que c'est beaucoup plus facile de se faire appeler Colette, ben regarde lui, ça lui porte pas vraiment chance de ne plus avoir ce cadre sécurisant et cet sorte d'amour inconditionnel qui peut se permettre d'être, à l'intérieur du cadre, ça me fait toujours un malaise quand je le vois parler à sa mère comme si c'était une bonne copine, il manque une dimension je trouve dans la relation, peut-être du respect, non, je crois pas que ça soit ça, plutôt oui cette dimension d'unicité, ce fait que quoi qu'il arrive quoiqu'il se passe quoi que la vie nous réserve maman est maman, papa est papa.
- Je pense tout comme toi, et je vais de ce pas répondre au Terrible chez Mistral à ce propos...
- Hé,hé, je me doutais bien que c'était encore un de tes brainstormings bloguesques, c'était quoi l'histoire?
- "Fabrice"! Tiens lis donc là...
07:50 Publié dans réflexion | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : psychologie, art de vivre, christian mistral, filiation, réflexion, échange, humain
30/05/2010
fête des mamans
C'est la fête des mamans aujourd'hui, je sais qu'elle s'attend à avoir un signe de moi, un petit coup de fil un mail une pensée, pendant des années j'ai zappé, impossible pour moi de lui écrire quoi que ce soit de tendre ou pire encore de lui dire quoi que ce soit de recevable pour elle, et puis le temps a passé, j'ai changé j'ai grandi peut-être, j'ai compris et sans doute ai-je adouci mes feelings à son égard. J'ai pris mon téléphone et je lui ai laissé un message sobre doux et même aimant finalement, mais je ne peux pas dire que ça me comble ou que ça m'enchante, cette non relation ne m'est pas agréable, pas plus que la relation que nous avions auparavant, cette sorte de consensus, de correct de retenue ne me convient qu'à moitié, elle s'en contente moi plus difficilement quand même, j'aurais aimé plutôt un rapport plus franc plus authentique plus profond mais cela ne peut pas se mettre en place, alors, je me résigne je crois à quelques petits gestes de courtoisie, de savoir vivre. Pourtant c'est ma maman et cela devrait avoir plus de corps plus d'envergure plus d'élan... On va dire que ma consolation vient des mes fils qui eux n'ont pas à se forcer ni à y réfléchir tant la spontanéité de leur amour est réelle, et celui que j'éprouve en retour pour eux aussi. La joie du jour viendra de là, de ces élans de tendresse et de complicité non feinte... Bonne fête mamans!
11:33 | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : état d'âme, maternité, relation, filiation, famille, echange, émotion, réflexion, humain
17/02/2010
page d'histoire perso
Ma grand-mère maternelle vient de mourir, 94 ans bien malade depuis un bail, elle n'avait plus toute sa tête, après une agonie d'une dizaine de jours insoutenable pour ma mère elle a rendu l'âme dans cette solitude qui a toujours été sienne au fond. La dernière fois que je l'ai vue ce n'était pas dans des circonstances légères, je venais alors lui demander des comptes par rapport à son inactivité face aux troublantes et incestueuses activités de son pédophile de mari, une entrevue pas banale et assez violente qui ne lui avait pas franchement plu ce que je peux comprendre avec le recul maintenant et qui nous a laissées elle et moi comme ça sans réaction ni d'un côté ni de l'autre pendant une quinzaine d'années. Depuis son décès je fais des rêves nouveaux, elle m'apparaît plus jeune avec sa permanente à laquelle elle tenait tant et ses mains rougies par le travail mais surtout des souvenirs remontent que j'avais occultés, des odeurs des sons des images, sa terrine de lapin aux pruneaux, ses petites tricheries aux cartes, ses câlins maladroits, son " ainsi font font font les marionnettes", le petit panier offert pour cueillir les cerises, le baiser obligé au crucifix au dessus de l'énorme lit bateau à l'édredon fleuri dans lequel je couchais parfois pendant les vacances scolaires... Une brave femme au fond, quatorze frères et soeurs, énorme famille régit comme un régiment tous à la baguette, ses parents n'étaient pas tendres du peu que je me souvienne, sa mère surtout, elle n'a pas eu une vie facile ni frivole travaillant à la ferme du matin au soir, c'est elle qui m'a apprise à traire les vaches, une vie de labeur de chaque instant mais elle ne se plaignait jamais, du moins je ne l'ai jamais entendu se plaindre. Je ne sais dire si je suis triste aujourd'hui de ne pas l'avoir revue depuis et je m'efforce de garder d'elle ce qui a pu et dû sans doute être bon pour moi malgré tout, ce qui me frappe par contre c'est l'attitude de ma mère son unique fille qui en perdant la sienne me sollicite plus que de coutume et se réintéresse à moi comme si elle prenait conscience d'un coup de l'importance de cette filiation. Pas pour autant que la relation soit simple, toujours compliquée et à double tranchant, pourtant je me sens plutôt apaisée et je crois que je commence à accepter cette part d'obscur en elle et tout ce à quoi elle a du elle aussi faire face même si je n'en aime ni les conséquences ni les dégâts collatéraux. Une autre page de l'histoire familiale se tourne, une mémoire s'éteint, une autre s'ouvre une sorte de soulagement bizarre, comme si ça s'épurait de soi-même, je le vois chaque fois un peu plus dans le regard aimant de mes enfants et dans celui que je porte sur la vie...
11:59 Publié dans fragments | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : famille, décès, histoire, filiation, enfance, souvenirs