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14/07/2010

murmures derrière les murs...

 

- Toile de Bernard Pouchin - technique mixte -

 

L’emmurée

Derrière ce mur tout blanc,
Je devine la nuit de tes lèvres,
Le voyage de ton désir ligoté
Dans ta langue enflammée
Qui éclate dans le fracas
De ton appel que tu ravales,
Au creux des cris de tes supplices !
Murs ! Murs ! Murs ! Murs !
Naissance de soleils arrêtée !
Derrière ce mur tout blanc,
Dans ta nuit ambulante,
Tu deviens, impuissante,
Paquets de marbres,
Silences, peurs et soumissions !
Derrière ce mur, bien loin des arbres,
D’autres murs, sous terre,
T’enserrent, t’enterrent
Dans les  spirales, tout en vaines prières,
De tes silences de momie !
Bouquets de braises endormies
Que seul le souffle de l’amour, ma belle,
Pourra rallumer en une infinité d’ailes !

- Mokhtar El Amraoui -

 

 

Commentaires

Splendide, cher Mokhtar! Je me suis déjà tellement insurgé contre les murs que les hommes dressent partout entre les hommes, mais ne sont-ils pas le reflet de murs intérieurs que nous n'arrivons pas exploser? Cette femme emprisonnée dans ses propres murs, voire emmurée en eux, est poignante. C'e poème est magistral, mais aussi trop beau pour aller se diluer dans les deux derniers vers: leur rose bonbon, l'apostrophe cavalière "ma belle" et la vilaine rime "belle-ailes" .

Écrit par : giulio | 14/07/2010

@Giulio
Tu ne peux, t'imaginer , très cher Giulio, l'immense bonheur que j'éprouve, en lisant tes belles paroles que je sais sans complaisance aucune et tu m'en donnes la preuve. Loin de vouloir polémiquer, pour moi, le fait que "l'emmurée" soit désignée par son amoureux comme "belle"l'humanise après toute cette réification des murs qui l'ont complètement momifiée. J'ai, à travers cet appellatif, joué sur un effet de contraste.Pour ce qui est des ailes, je crois que leur symbolique renvoie à cette quête de libération que souhaite l'amoureux pour sa bien-aimée.
C'est, du moins, mon sentiment sur la question. Je trouve que tu as lancé là une belle matière à débat.
Encore une fois, merci pour ta proverbiale sincérité, très cher poète!

Écrit par : Mokhtar El Amraoui | 14/07/2010

@ Mokhtar : d'accord cher ami; je comprends ton intention, mais je dois persister et signer quant au "ma belle" (question de génie de la langue française - "ma très belle" ou "très belle" serait déjà plus poétique". Quant aux ailes, c'est très bien, seul la mauvaise rime me démange.
Tu es à part ça beaucoup plus poète que moi, mais ausssi en tant que tel, beaucoup plus engagé dans ta propre sensibilité et ta poétique, donc subjectif dans ton processus créatif. On sait ce qu'on ressent, ce qu'on veut dire, exprimer et, peut importe ce qu'on relit, ce n'est jamais que ce qu'on ressent qu'on lit et relit et non nécessairement ce qu'on a écrit, ce qui s'y trouve objectivement. Combien de fois ne l'ai-je pas constaté en essayant de me corriger! Je pense APOSTROPHE, j'écris AMOSTROPHE, simple coquille, mais quand je me relis, je relis APOSTROPHE. Je relis ce que je veux y voir et non ce qui y est.
Essaie donc à l'avant-dernier vers: "Que seul le souffle de l’amour, mon amour," et tu m'en diras de nouvelles.

Écrit par : giulio | 15/07/2010

@Giulio
Peut-on, cher Giulio, immense poète devant l'éternel, vraiment emmurer une langue, surtout si elle est géniale, dans des moules et standards prêts à être placés dans une interchangeabilité" mécanique",loin de l'éprouvé?
Peut-être aussi, dans mon inconscient, ai-je voulu qu'elle se fasse la belle et échappe à tous ces murs ? Mokhtar qui adore ta sincérité!!!

Écrit par : Mokhtar El Amraoui | 15/07/2010

@ As-tu vécu en France, cher Mokhtar? Il ne s'agit pas de moules ou d'autres règles convenues dont je n'ai que faire. "Ma belle" ne dérangera sans doute personne en Tunisie, mais dans l'hexagone, ça prend volontiers un petit langage de perm. de caserne.

Quant à ton "immense poète devant l'éternel"! Je retiens la leçon, cher Mokhtar, m'accroche à mon fromage et attendrai la sortie de ton recueil pour commenter tes poèmes.

Écrit par : giulio | 15/07/2010

Hum, ça n'est pas tout à fait faux, ce que tu dis Giulio, quand j'ai lu ton premier commentaire j'ai pensé: " Que seul le souffle de l'amour, mon bel amour", et puis j'ai aimé la réponse de Mokhtar avec la volonté de l'aimant que l'aimée se fasse la belle... Probable c'est tout à fait juste que "ma belle" en Tunisie, prend une autre dimension que par chez nous, mais dans le poème de Mokhtar El Amraoui, il se dégage une telle puissance que cela ne m'a pas frappé de prime abord, on aurait pu imaginer aussi " Que seul le souffle de l'amour, ma plus que belle," mais je ne suis pas immense poète devant l'éternel pour en juger!!
:-)

Écrit par : helenablue | 15/07/2010

@Giulio
Je persiste et signe et trouve que ta poésie est vraiment superbe!
Je dis cela le plus sincèrement du monde; je ne vois pas pourquoi cela t'énerve.
En effet, toute langue est, selon moi, qu'elle soit maternelle ou aimée et incorporée,
une réappropriation personnelle.
La poésie se nourrit librement de tous les registres de langue.
Je ne vois pas en quoi" un petit langage de perm". serait à bannir de toute intertextualité poétique. Oui,j'ai eu plusieurs fois la chance de visiter la belle France, tout en n'oubliant jamais que je suis Tunisien mais ouvert et tolérant par rapport à d'autres cultures et qui oeuvre contre toutes les formes d'exclusive;
par ailleurs, en Tunisie, on maîtrise bien, et nous en avons donné la preuve, les subtilités de cette magique langue française , tout en l'enrichissant de nos spécificités; c'est le destin de la francophonie, elle ne peut s'assécher dans un hexagonalisme sclérosant ! Cher Giulio, c'est un immense honneur que tu me ferais, en lisant mon recueil , pour lequel j'oeuvre d'arrache-pied et j'accepte,
d'avance tes critiques, car je sais pertinemment qu'elles me feront avancer!

Écrit par : Mokhtar El Amraoui | 15/07/2010

@ Mokhtar : merci pour ta compréhension et ta proximité, cher ami. Continuons donc à persister et signer, mais sur ce poème, de préférence in petto, car j’estime que nous avons déjà suffisamment occupé cette fois le blog de Blue, dont l’absence de ses visiteurs habituels devient carrément assourdissante. Je reste ton admirateur quasi(excepté ma belle)-inconditionnel, et à la prochaine!

@ Blue : Quant à toi, chère Hélène, je te serais gré de pardonner cette invasion à un écrivant qui, n'étant pas fichu d'avoir son blog et ne participant faute de temps (sauf brève accalmie comme aujourd’hui) à aucun forum, semble prendre ton blog pour un salon littéraire… À moins que tu sois partante pour la succession des Dames de Scudéry ou de Sablé !

Écrit par : giulio | 15/07/2010

@ Giulio:

Une idée bien loin de me déplaire , cher Giulio, tu le sais bien, c'est un ravissement que de vous lire vous entretenir entre poètes...
je ne pense pas un instant d'ailleurs que mes visiteurs habituels ne s'en offusquent, ils sont tout comme moi friands, je pense, de beaux mots, de belles émotions et de réactions vraies, intelligentes et sincères, et s'ils n'interviennent pas dans votre conversation tout comme moi qui ne l'ai fait que du bout des doigts, c'est qu'ils s'enrichissent de l'autre, de vous, de vos recherches et de tout ce qui peut ouvrir au meilleur...
Tu es ici chez toi, sache le, et que s'il te venait le moindre doute à ce sujet, sache que j'en serais très peinée.

Écrit par : helenablue | 15/07/2010

Je me permets de rajouter, d'ailleurs, que c'est ce qu'il me semble faire l'essence même d'un blog, du moins un espace comme celui-ci, et c'est ainsi que je l'ai toujours imaginé et désiré...
" Le dernier salon où l'on cause " !!

Avec toute mon amitié.
Blue

Écrit par : helenablue | 15/07/2010

Ouah ! J’adore cet échange à fleuret moucheté entre gens d’esprit, ça met du pep dans le commentaire. Et Helenablue qui rame à cause de la rime et fait dans le genre « j’éponge donc j’essuie ».
Au commencement il y avait Dieu, Adam et puis Ève sortie par où vous savez ! Eve était bien roulée et Adam pensant qu’il y avait une ouverture lui jeta la phrase qui tue : « Alors ma belle tu veux voir mes estampes japonaise ? »(il était vieux jeu le bougre). Ève n’a rien compris, elle le fixa comme s’il était martien… Adam n’en pouvait plus et voulait conclure « …et le plus vite sera le mieux, dit-il dans sa barbe ». Il s’approcha d’elle et il lui roula une pelle mémorable. Il a même mis la langue et depuis ce jour là on parle de la langue adamique, langue comprise de tout le monde. On prétend même que cette langue était la seule en vigueur jusqu’au jour où il eut les constructeurs de Babel. Vous connaissez la suite, la sanction divine n’a pas tardé : la confusion des langues. Et depuis ce jour là, la multiplicité des langues créa l'incompréhension parmi les hommes (c’est peut-être à cause de cette incompréhension qu’aujourd’hui on s’attaque aux tours et on entretient ainsi la division, c’est le serpent qui se mord la queue ?).

Post-scriptum : un ami, habitant de la ville d’Anvers, me disait que la meilleure contrepèterie belge est « il fait chaud et beau ». Certains disent que c’est une contrepèterie de la Suisse romande. Cela mérite enquête ! Si quelqu'un...

Écrit par : Halagu | 15/07/2010

C'est un moment anthologique de très grande bande dessinée que votre commentaire ,Halagu!
Hilarant et renversant!
Merci et chapeau, mon beau!

Écrit par : Mokhtar El Amraoui | 15/07/2010

Les murs sont faits pour être abattus, et qu'on y ouvre brèche - il y a là un poète, c'est indéniable, et ces mots brûlants ouvrent une brèche, font leur chemin, tracent un avenir.......
Un texte magnifique, et qui chante d'espoir vers les grands horizons ouverts ! Bravo !

Écrit par : anne des ocreries | 16/07/2010

Merci, très chère Anne, pour ces mots si doux et leur verve qui m'encouragent
à consacrer ma poésie à lutter contre les murs des haines, des préjugés et des
peurs.

Écrit par : Mokhtar El Amraoui | 16/07/2010

@ anne:

N'est ce pas là la force de la poésie que d'ouvrir les bréches, sentir les failles,les provoquer même et permettre au coeurs et aux sensibilités de tout un chacun de jaillir?

Écrit par : helenablue | 16/07/2010

@ Mokhtar:

Surtout continue, cher poète, car cette lutte est de taille et a bien besoin qu'on y consacre son art voire sa vie. Et toi, tu le fais avec tant de puissance et d'esprit aussi...

Écrit par : helenablue | 16/07/2010

Très chère Hélènablue, c'est grâce à des personnes aussi généreuses et humaines que toi que cette longue et dure lutte devient un savoureux sacerdoce.
Merci pour tes doux encouragements!

Écrit par : Mokhtar El Amraoui | 16/07/2010

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