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20/02/2011

Moi

Bacon.JPG

- Bacon - Photo expo Beaubourg -

 

 

Le Crâne, un coeur avec sa vie secrète,

Les chemins de mon sang dissimulés,

Et les tunnels du rêve, ce Protée,

Les viscères, la nuque, le squelette.

Je suis ces choses. Et, je ne peux y croire.

Je suis aussi une épée, sa mémoire,

Celle d'un soleil seul et déclinant

Qui se disperse en or, ombre, néant.

Je suis celui qui voit les proues du port;

Je suis ce peu de livres, de gravures

Fatigués par le temps et son usure.

Je suis celui qui jalouse les mots.

Et, plus étrange, l'homme qui assemble

Des mots chez lui, dans un coin de sa chambre.

 

- Jorge Luis Borges ( 1899-1986 )-( La Rosa Profunda, 1975 )-

 

 

 

Commentaires

Tu es, Tu es ... ce qui te rendra libre, ton "je " est ta plus belle victoire.

Love, mein Blue

Écrit par : Laure | 21/02/2011

Magnifique poème, et individuation réussie, ma chère ! :))

Écrit par : anne des ocreries | 21/02/2011

@Hélènablue
Merci d'avoir choisi ce poème de Jorge Luis Borges qui est aussi un très grand nouvelliste argentin . Ce poème a une double filiation shakespearienne et des Mille et une nuits.C'est la figure de la vanité de la vie (Le crâne) et le reste: sang; viscères ou toute forme de force s'évapore! Seuls restent les mots.
Cela rejoint et confirme l'amour qu'a ce grand écrivain pour les bibliothèques en tant que véritable monde.C'est sa conception de la réalité; le reste n'est que livre de sable!
Je crois que ton moi qui est en quête de mots pour se dire rejoint parfaitement cette vision du monde. Beau parallélisme entre la dame et le tableau de Bacon tout en évanescence.

Écrit par : Mokhtar EL Amraoui | 21/02/2011

Ce poème étonnant et imprévisible m'a fait chaud au coeur...

Écrit par : Guillaume L. | 26/02/2011

Ce poème me fait penser plus à Baudelaire par sa charge émotionnelle . Mais le tableau est joliment orné par la dame en blanc.

Écrit par : bizak | 09/03/2011

Les commentaires sont fermés.