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13/11/2011

Twombly

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- Plafond du Louvre de Cy Twombly -

 

C'est un ami tentant de m'expliquer sa peinture qui m'a fait découvrir Twombly. Mort d'un cancer cette année à l'âge de 83 ans, ce grand Monsieur de l'art "postwar" américain était une sorte de Jupiter solitaire et érudit, adorant Proust, vivant retranché dans sa maison perdue de Gaeta en Italie, fuyant toute interview depuis toujours, ne s'exprimant qu'avec son pinceau et la photographie. Il avait un rapport particulier avec cette dernière, celle d'un esthète qui vivait dans la beauté d'un passé arrêté comme les protagonistes du Jardin des Finzi-Contini. Il a mis plus de 30 années à être reconnu contrairement à ses deux amis Jasper Johns et Robert Rauschenberg mais il est maintenant exposé dans les plus prestigieux musées du monde et est devenu ce qu'on appelle un grand maître au même titre qu'un Turner ou qu'un Monet. Ses toiles sont tout un monde. Captivantes et poétiques. J'ai été subjuguée.

 

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"Depuis plus d'un demi-siècle, Twombly "écrit"la peinture. Les traits hâtifs qu'il inscrit à la surface, souvent de façon parcellaire, rehaussés de collages ou de crayon de couleur, établissent une tension, comme si la peinture ne pouvait supporter son accomplissement. Ainsi que l'écrit Pierre Restany en préface de la première exposition parisienne en 1961, Twombly dé-figure les symboles, les alphabets et les nombres. Son vocabulaire pictural se rapproche d'une écriture désintégrée. Les graphismes et autres écritures abstraites, empâtements somptueux, volutes répétées, qui traversent la feuille de part en part, sont autant de signes de reconnaissance d'une œuvre avec laquelle s'établit un fructueux dialogue visuel, précisément parce que la peinture ne s'impose pas au regard comme définitive. Mais qu'elle est toujours en devenir. Revenir à Twombly par le dessin, c'est insister sur les fondements mêmes de sa peinture."

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Edwin Parker (Cy) Twombly Jr. (né le 25 avril 1928 à Lexington, Virginie, et mort le 5 juillet 2011 à Rome est un peintre, dessinateur,sculpteur et photographe américain.

 

Son œuvre croise les enjeux majeurs de l'art au xxe siècle : le dilemme abstraction/figuration, l'intervention de la psychanalyse, leprimitivisme, le rôle de l'écriture en peinture, l'hommage aux anciens (il choisit souvent ses thèmes dans l'Antiquité ou dans la littérature ancienne), les liens artistiques entre Europe et Amérique.

 

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« Son graphisme, est poésie, reportage, geste furtif, défoulement sexuel, écriture automatique, affirmation de soi, et refus aussi... il n’y a ni syntaxe ni logique, mais un frémissement de l’être, un murmure qui va jusqu’au fond des choses »

- Pierre Restany -

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"La richesse expressive de Cy Twombly réside dans un langage métaphorique plein de symboles qui s’inspire de thèmes mythologiques, de l’écoulement du temps et de lieux chargés de sens pour l’artiste. L’histoire, la poésie, la mythologie classique et le paysage méditerranéen, telles sont quelques-unes des sources où s’abreuve l’artiste et nombre de ses titres reflètent d’ailleurs ces inspirations.

 

L'oeuvre de Cy Twombly est remarquable à cette graphie singulière, spontanée, colorée, presque primitive, qui scande sur la toile les noms des héros mythologiques et des vers de Sappho, Keats, Mallarmé ou encore Valéry. Ce trait fin et élancé, qui gribouille plus qu’il n’écrit, a souvent été apparenté au graffiti. Progressivement, il a perdu de sa neutralité, sans doute également de son autonomie, pour rythmer de grandes compositions abstraites dédiées à la nature, aux saisons ou aux fleurs. L’écriture s’extrapole peu à peu en un motif simple, presque enfantin, en une boucle infinie qui parcourt toute la toile y compris son hors-champ. Cy Twombly est le peintre de la méditerranée, puisant dans ses coloris chauds et dans son patrimoine."

- Le Monde -

 

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"C'est une chose enfantine que de peindre. Je veux dire avec la main. Je commence par utiliser une brosse, mais très vite, je ne peux pas continuer parce que l'idée se fige, c'est trop long. Je suis obligé de revenir en arrière, et ce faisant, je perds l'idée en cours. Alors, j'utilise ma main. Ou ces bâtons de peinture qui se révèlent formidables à l'usage. C'est instinctif, dans un certain genre de peinture... pas du tout comme si vous étiez en train de peindre un objet ou des choses précises. C'est plutôt comme de traverser le système nerveux. C'est comme un système nerveux. Ce n'est pas décrit, c'est en train de se dérouler. Le sentiment vient en même temps que l'oeuvre. Je pars d'un sentiment, de quelque chose de doux, de rêveur, de dur, d'aride, quelque chose de solitaire, quelque chose qui se termine, quelque chose qui commence. J'en fais l'expérience, et j'ai besoin d'être dans cette action de continuer, d'avancer. Je ne sais comment décrire cet état... Pollock, quand vous le voyiez travailler, pour moi, c'est l'un des plus grands peintres américains, c'est très lyrique. Ou Gorki, qui était très passionné et pouvait prendre un dessin et le copier exactement sur la peinture. Mirô aussi, pouvait traduire ses dessins en peintures. Il y a un certain maniérisme chez eux, que je n'ai pas. Je ne pense pas à la composition, ni à la couleur, je cherche juste à progresser. Cela ressemble plus à faire une expérience qu'à un tableau."

- Cy Twombly -

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Commentaires

Un des grands peintre de la seconde moitié du 20ème siècle!
La trace, l' écriture peinture, des schèmes qui déterminent la façon de peindre depuis Dada.
Un grand inspirant, vraiment!

Écrit par : Versus | 13/11/2011

@Versus, il a expiré cet inspirant.

Écrit par : le bourdon masqué | 13/11/2011

Eh oui Bourdon, et sa ligne, elle ne meurt pas!

Écrit par : Versus | 13/11/2011

Encore un que je ne connaissais pas. merci pour cet éclairage. Comme quoi les artistes ne sont pas tous dans la même façon de justifier leur travail pratique. La façon dont tu nous le présentes est un plaisir partagé.

Écrit par : alex | 14/11/2011

Ah, chouette découverte ! merci Blue !

Écrit par : anne des ocreries | 14/11/2011

Je ne suis pas un adepte d'art contemporain. Trop souvent, ça a l'apparence de fureurs mal canalisées, d'enfantillages pris au sérieux. Je trouve magnifique la pensée qui éclate en planétoïdes bariolées, les prises de position inopinées (sous l'action secrète de l'inconscient) qui donnent de l'audace aux gestes du créateur, mais cela ne permet guère plus, à mon sens, que d'offrir un spectacle d'intérêt moindre, si fugace qu'il n'en laisse aucune trace dans l'âme... Mais ça dépend de la conception de l'art ; une oeuvre doit-elle vibrer éternellement, ou remuer dans l'éphémère? Les deux positions sont à mon sens valables, mais je préfère la première. Et qu'importe la damnation qu'implique un style ou une époque, ces fatalités sont molles. Je trouve que ces oeuvres, dont il est question dans le billet, sont rachetées par certains éléments... Quelques-unes dressent des instantanités d'univers! D'autres sont des broussailles qui débroussaillent l'esprit. Certaines fleurs de couleurs, certaines formes nuageuses précédant toute essence jettent leur volupté profonde au fond des yeux. Certaines de ces toiles rupestres sont fécondes et rythmées. C'est à tout prendre un sympathique nuage de couleurs rugissantes. Du reste seule l'antépénultième oeuvre présentée a fait frémir mon âme...

Écrit par : Guillaume L. | 14/11/2011

Une peinture délicate et imposante.
H.S.

Écrit par : H.S. | 18/11/2011

@ H.S:

Ces deux mots caractérisent magnifiquement son oeuvre.

Écrit par : helenablue | 19/11/2011

Vieux G:

Je file et pense comme toé; toutefois, j'ai découvert à travers Blue que c'est possible de filer et penser autrement, si on est équipé pour, comme elle. J'y croyais pas avant, mais bon, Blue j'y crois. Et elle comprend aussi qu'il y a des handicapés comme toé pis moé, elle nous achale pas avec ça.

Écrit par : Christian Mistral | 23/11/2011

Ouep, c'est vrai, je vous achale pas avec ça. C'est pas la peine. La sensibilité qu'on peut avoir par rapport à la peinture, par rapport à l'art contemporain, c'est comme par rapport à la musique, on peut perfectionner ses sens mais on ne peut pas les inventer. Ce serait comme demander à un sourd d'entendre. Néanmoins, je sais que ça se travaille, pour peu qu'on est une sensibilité. Pour ça faut se permettre, se perméabiliser, s'autoriser, ché pas, j'ai toujours eu cette sensibilité sans rien y connaître, ça m'a toujours remuée. La peinture, la sculpture, la littérature, la poésie, le blues, le jazz, la cuisine, la beauté, l'aventure... Pour moi, tout l'amour du monde est là, concentré, dans l'art. Et plus encore quand l'art insuffle et inspire l'art de vivre...

Écrit par : helenablue | 24/11/2011

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