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01/05/2012

1er Mai

Mon père pensait que le bonheur n'était pas de l'ordre du possible sur cette terre, qu'on était tous là pour en baver, pour expier, pour se racheter de je ne sais quelle erreur, celle d'être né peut-être... Il n'aimait pas cette tradition d'offrir des clochettes parfumées pour le premier mai, il n'aimait pas les fleurs en général sauf les roses rouges qu'il offrait à sa femme à chaque anniversaire de mariage, une rose par année, ils va bientôt pouvoir lui en amener une belle brassée. Il n'était pas apte au bonheur, je ne l'ai jamais vu profiter de la vie, je ne l'ai jamais vu rester à rien faire à réfléchir ou à rêver, c'était inutile d'aprés lui, il ne pensait qu'à travailler, seul ça, lui importait, travailler et se battre. Avec son sempiternel: " l'avenir appartient au gens qui se lévent tôt " et son quotidien " il n'y a pas d'avance ", les marches militaires misent à fond de caisse le Dimanche dans toute la maisonnée pour nous faire décaniller du lit dès l'aube, il a tenté toute ma jeunesse de m'inculquer ses valeurs et ses vues de l'esprit. J'en ai gardé quelques unes comme: on a rien sans rien mais j'ai vite fait en sorte d'en oublier beaucoup d'autres; l'idée d'être coupable pourtant est celle dont j'ai le plus de mal à me défaire, et me permettre d'être heureuse me donne encore des vertiges, forcément je désobéis, et c'est pas bien! 

Mon père pensait que le bonheur n'était pas à atteindre ou à vivre présentement, qu'au contraire il fallait bien souffrir dans sa vie terrestre pour mériter le bonheur dans l'au-delà. Il fallait endurer, il fallait courber l'échine, mordre la poussière. Je n'étais pas d'accord en mon for intèrieur mais je pliais aux diktats paternels, en apparence, parce que dès qu'il avait le dos tourné je m'enfonçais dans la rêverie et comble de la perte de temps pour lui je lisais des livres, en cachette, sous mon lit. J'en souris, je me vois encore avec ma lampe de poche, malingre en chemise de nuit, avaler des milliers de pages, assoifée que j'étais de voyage et d'audace et d'autres possibles. J'ai pleuré et j'ai ri et je me suis enflammée pendant des heures à en oublier ma prison dorée. Il m'a fallu attendre dix-huit années pour qu'on m'offre un brin de muguet. A mon tour d'en distribuer.

Belle journée à vous, bon premier Mai. C'est si bon d'aimer.

 

Commentaires

milles baisers au coeur....

Écrit par : Laure K. | 01/05/2012

merci pour ce billet du coeur; Ha si sarko pouvait le lire et se rendre compte combien son comportement a détruit de petits gens !
mille bonheurs pour toi et ta famille

Écrit par : alex | 01/05/2012

Plein de bisous en forme de clopchettes...

Écrit par : manouche | 01/05/2012

j'aime bien cette petite fleur tendrement parfumée

Écrit par : laurence | 01/05/2012

Tu n'as pas eu le droit à Ferrat, les Choeurs de l'Armée Rouge, Mouloudji et les "cocos" qui passaient le dimanche matin en criant "L'Huuuumaaa dimanche" le muguet c'était celui de dessous le cerisier, ma mère ne voulait pas que l'on y touche, horreur des fleurs coupées, je tiens d"elle.
Passe tes doigts délicatement dans la lavande ou ne résiste pas au lilas en le laissant sur sa branche.
Je vais m'attendrir allez. Bzzz...

Écrit par : le bourdon masqué | 01/05/2012

Merci Helena.

Écrit par : Guillaume Lajeunesse | 02/05/2012

Les commentaires sont fermés.