24/10/2012
Élémentaire!
COMMENT WATSON APPRIT LE TRUC
par Sir Arthur Conan Doyle
Watson regardait son compagnon avec intensité depuis que celui ci s’était assis à la table du petit déjeuner. Holmes leva finalement les yeux, et aperçut le regard de son compagnon.
« He bien, Watson, à quoi songez vous ? », demanda-t-il.
« A vous».
« Moi ? »
« Oui, Holmes. Je songeais à quelle point sont superficielles vos petites astuces, et comme il est extraordinaire que le public continue à s’y intéresser. »
« Je suis assez d’accord », dit Holmes. «En fait, je crois me souvenir que je vous ai moi même fait une telle remarque par le passé ».
«Vos méthodes», dit Watson avec sévérité, «sont vraiment aisées à acquérir ».
« Sans aucun doute», répondit Holmes avec un sourire. «Peut être pouvez vous donner vous même un exemple de ces méthodes de raisonnement ?»
« Avec plaisir », dit Watson. « Je suis en capacité de dire que vous étiez fort préoccupé en vous levant, ce matin ».
« Excellent !», dit Holmes. « Comment avez vous su cela ? »
« Par ce que vous, un homme d’habitude soigné, avez pourtant oublié de vous raser. »
« Mon dieu, comme c’est brillant !» dit Holmes. «Je ne savais pas, Watson, que vous étiez un si bon élève. Votre regard de faucon a-t-il détecté autre chose ? »
« Oui, Holmes. Vous avez un client du nom de Barlow, et n’avez pas eu de succès sur son cas ».
«Diable, comment avez vous su cela ? »
« J’ai vu le nom sur une enveloppe qu’il vous a envoyé. En l’ouvrant, vous avez poussé un grognement, avant de la fourrer dans votre poche avec un froncement de sourcils ».
« Admirable ! Vous êtes effectivement très observateur. Encore autre chose ? »
« J’ai bien peur, Holmes, que vous vous adonniez à la spéculation financière. »
« Et cela, comment pouvez vous le dire, Watson ? »
« Vous avez ouvert le journal, regardé la page économique et eu une exclamation d’intérêt ».
« Ma foi, c’est très subtil de votre part, Watson. Une nouvelle déduction ? »
« Oui, Holmes. Vous avez mis votre manteau noir, et non votre robe de chambre. Cela prouve que vous attendez une visite importante d’un instant à l’autre. »
« Rien de plus ? »
« Je ne doute pas que je pourrais trouver d’autres éléments, Holmes, mais je ne vous donne que ces quelques la, afin de vous montrer qu’il y a d’autres personnes que vous dans le monde à pouvoir être aussi habiles.
«Mais certaines ne le peuvent pas», dit Holmes. «Je dois bien avouer que peu sont dans cette situation, mais j’ai bien peur que vous n’en fassiez partie, mon cher Watson. »
« Que voulez vous dire, Holmes ? »
« Eh bien, mon ami, j’ai le sentiment que vous déductions n’ont pas été aussi heureuses que ce que j’aurais souhaité. »
« Voulez vous dire que je me trompais ? »
« Oui, j’en ai peur. Reprenons tous les points dans l’ordre correct ; je ne me suis pas rasé car j’ai envoyé mon rasoir pour se faire aiguiser. Me voici en manteau pour un rendez vous matinal avec mon dentiste. Son nom est Barlow, et la lettre que vous voyez la me confirme le rendez vous. Dans le journal, la page à propos du cricket est juste à coté de l’économique, et je vérifiais si l’équipe de Surrey avait tenu face à celle de Kent. Mais continuez, Watson, continuez ! Mes tours sont vraiment très superficiels, et il n’y a aucun doute qu’un jour prochain vous saurez comment faire.
Cette histoire fut écrite par Conan Doyle à l’occasion de la création de la Queen’s Dolls’ House, en 1923. Le texte original est rédigé sur un livre de la taille d’un timbre, d’une écriture manuscrite.
12:37 Publié dans écriture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : écriture, sherlok holmes, conan doyle, matière grise, plaisir, partage, humain
Commentaires
Voilà au moins une preuve que tout est affaire de point de vue, et que nos interprétations hâtives peuvent bien souvent être cause de désagréments !
Écrit par : anne des ocreries | 26/10/2012
@ Anne:
Et oui! Comme le dit le vieil adage: " Chacun voit midi à sa fenêtre!"
Écrit par : helenablue | 27/10/2012
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