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23/09/2012

De l'avis de Jacob sur le dernier Angot

Je n'ai pas lu le dernier livre de Christine Angot, Une semaine de vacances, pas encore. J'avais trouvé L'inceste un peu plat mais à lire les critiques ce n'est pas le cas cette fois. Ce matin en parcourant l’article : Assez! de Didier Jacob dans le Nouvel Obs, vitriolant l'ouvrage et plus encore la démarche de l'écrivain, j'ai eu un haut le coeur et je me suis dit qu'il y avait encore fort à faire pour que dans l'esprit de tout à chacun l'inceste dans toute sa cruauté fasse son chemin. Jacob se désole qu'une scène de fellation soit décrite sur une centaine de pages, soit, c'est peut-être long, je me ferais mon idée en lisant cet ouvrage, mais qu'il puisse dans quatre courtes phrases écrire: "Les poils du monsieur, la bouche de la petite. Elle est sa fille, voyez-vous. C'est un inceste, c'est du Angot. La routine, en quelque sorte." Une centaine de pages alors, c'est bien peu. Mais ça n'est pas ce qui m'a fait le plus bondir et qui m'a fait prendre conscience du long chemin encore à parcourir. "Une jeune fille, apparemment séduite par un père, qui ne se sépare jamais de son Guide Michelin, se soumet au bon vouloir du monsieur, un imbécile patenté dont on se demande pourquoi elle ne lui met pas une claque dès la page 2 (ce qui aurait arrangé tout le monde). Ils roulent en Peugeot, fellation, on part au restaurant, vaseline dans le trou du cul, on visite une église, et vas-y que je te suce encore mon petit papa chéri. Scandaleux? Si seulement! Christine Angot sent bien que ça ne suffira pas, le coup de l'inceste, pour susciter l'admiration des gazettes en mal de corporel. Qu'est-ce que je vais donc trouver, s'interroge-t-elle probablement, pour passer au JT? Faute d'idées nouvelles sur le terrain de la pornographie, Christine Angot se rabat sur la pipe dans le confessionnal. Mais qui croit-elle choquer - si ce n'est l'intelligence?". Ouch! Là, c'est Jacob qui me choque, m'entrechoque, me bouscule dans mes retranchements et titille mon intelligence. Comment un être humain normalement constitué n'arrive pas à comprendre dans quel état un inceste peut mettre un enfant, comment se peut-il qu'un journaliste de talent puisse penser qu'en écrivant à sa manière ce qu'elle a vécu Angot brigue une quelconque admiration? Peut-on s'attendre d'ailleurs à une admiration quand on a le besoin voire la nécessité de partager une telle souffrance, un tel destin, une telle mainmise sur une vie? Comment peut-on un instant penser qu'une jeune fille est pu être séduite par son père, pire apparemment. Il n'y a guère de séduction dans une relation incestueuse. C'est une relation qui n'en est pas une pour tout dire, c'est le pouvoir d'un être sur un autre, il n'y a pas concertation. Et si un père veut plusieurs fellations par jour, et s'il faut qu'elles soient longues, le temps d'écrire une centaine de pages par exemple, et s'il faut qu'elles se fassent dans un confessionnal parce qu'il y bande mieux, quel choix pour l'enfant soumis à cet amour haïssant ou cette haine amoureuse d'une perversité sans nom? Peut-être celui plus tard, une fois devenu grand, d'écrire une autofiction qui je cite: " est aujourd'hui tombée en désuétude, sauf pour les quelques écrivains qui en appliquent encore bêtement les règles, ainsi qu'en peinture autrefois s'acharnaient, en pleine révolution des styles, les ténors de l'art pompier." Il s'est dit que la critique est facile et l'art si difficile. Oui, l'art de s'en sortir et l'art de sortir de sa plume le jus d'une telle engeance, oui c'est difficile. Angot n'est peut-être pas arrivée au travers de son livre à faire comprendre cela à Jacob ou c'est Jacob qui ne le peut vraiment pas comme tous ces gens qui préfèrent ne pas en entendre parler, ou ne peut penser que ça puisse être aussi pornographique et aussi désolant qu'un mauvais film de cul. Que l'écriture mérite mieux, alors qu'en l'occurrence, pour m'y être essayée, je sais qu'elle investissement de soi elle demande, quelle douleur elle engendre et quel volonté elle consomme, une autofiction de cette nature là.

 

Commentaires

changer le sang en encre, c'est peut-être la seule survie qu'elle ait trouvé, aussi comment pourrait-on lui en vouloir ? si ce monsieur est rebuté par ce livre, il n'avait qu'à en choisir un autre pour remplir sa critique ! c'est pas ce qui manque, les livres ! Non, tu vois, j'ai dans l'idée qu'il le descend pour se dédouaner de cette sorte de culpabilité inconsciente de chaque mâle devant ce genre de geste....il ne peut cracher sur le père parce que ce serait cracher sur un pair....donc il crache sur celle qui brise le tabou du silence, mais son horreur de ce qui se lit là transparaît au-delà de la personne qu'il attaque dans sa critique, - enfin, j'aime à le penser. Sinon, ce n'est qu'un imbécile de plus s'étant fourvoyé dans ses lectures.

En tout cas, il en dit du mal certes, mais il en parle. Il aurait pu faire le choix du silence....car il y a toujours ce choix-là, en définitive, en face des mauvais livres : le silence. Il parle, donc, ce livre est lisible. - supportable, c'est une autre affaire, apparemment.....

Écrit par : anne des ocreries | 23/09/2012

elle me sort par les naseaux cette Angot, va-t-elle se faire incarcérer pour connaitre le sujet et le coucher sur la page, quel dommage qu'elle ne fusse pas un homme pour goûter sous la contrainte la compagnie envahissante. Dans ton billet j'ai eu des hauts de cœur.
Tchao et débats.

Écrit par : le bourdon masqué | 23/09/2012

ok-
Semblerait que cet homme là ait quelques comptes à régler avec l'auteur, aussi je ne publierai pas mon premier commentaire défendant la mixité des perceptions, alors qu'il s'agit d'une règlement de comptes dont les dés sont pipés. Provocation inféconde, bien en dehors du sujet, Héléna, je le crains.

Écrit par : laure K. | 24/09/2012

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