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25/09/2012

explore ton corps

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- Photo Dmitry Kuklin -


Il y a comme ça des images que je croise et qui opercuts, me percutent. Explore ton corps. Suite à une discussion hier avec Laure, je me suis posée et j'ai tenté de penser mon corps. Longtemps je me suis sentie chose, rien, voire moins que rien, en tout cas rien d'humain. Longtemps mon corps n'a été qu'un étranger pour moi, insondable, impossible, trop lointain, comme si je devais le garder à distance. Et puis, à dix-neuf ans, j'ai accouché. J'ai souffert, j'ai crié, pourtant pas tout à fait là, dissociée de moi-même, comme anesthésiée. Je me suis demandée si l'enfant que je venais de mettre au monde était bien de mon fait, si j'avais pu faire ça. Quelque chose s'est brisé, une digue a craqué et j'ai découvert en donnant vie à un petit être que j'avais une vie moi aussi, une vie et un corps. La prise de conscience de ce corps meurtri fut brutale, j'étais comme rouillée. Trop longtemps absente je ne savais pas quoi faire de ce grand corps qui d'un coup s'imposait à moi, demandait à faire corps avec ce que j'étais. J'ai mis du temps à l'apprivoiser, à le connaître, à le sonder. Encore aujourd'hui, il me déroute, il me surprend. Mais j'ai découvert en l'explorant qu'il avait beaucoup à dire, qu'il était ma mémoire et mon ami. Parfois je lui parle, je lui demande de l'aide, je le mets à contribution pour parcourir, pour avancer, pour comprendre encore et toujours ce qui m'est arrivé, ce qui m'arrive, ce qui se passe en moi.


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- Photo Jaime Ibarra -


Je danse. Je bouge. Je me positionne et j'apprends à le regarder. Je ne pouvais pas me voir dans les miroirs plus jeune, rien, il n'y avait aucun reflet. Je passais un temps fou devant la glace, mes yeux ne me percevaient pas, ne voulaient pas me voir. C'est fou quand j'y pense, fou d'avoir pu vivre ainsi pendant plus de vingt ans, c'est cruel de s'en rendre compte, de mesurer qu'on a ainsi vécu un quart de sa vie sans avoir pu être au monde. Maintenant, c'est fini. Et s'il reste encore quelques zones d'ombre, j'ai pu me reprendre en mains, me rassembler, m'accepter et jouir de ce corps qui m'a été donné. Le serpent de Guem. Cette musique me donne des ailes. Mon corps alors me semble léger aérien, telle une plume offerte aux alizées. Etonnament plus je m'exprime avec mon corps, plus j'arrive à formuler, à écrire, à réfléchir. Cette fameuse relation du coprs et de l'esprit n'est pas une duperie, c'est si bon de sentir tout son être vibrer, respirer, accueillir, offrir, aimer. C'est bon d'arriver à cet état de grâce, à cet abouti. J'ai lutté, je me suis battu avec mes névroses, je lutte encore pour éviter qu'elles ne reviennent polluer cette relation entre mon corps et moi. J'explore encore. Je me crée. J'écris.



Commentaires

c'est ce qui peux t'arriver de mieux ; persiste !

Écrit par : anne des ocreries | 25/09/2012

:-)

Écrit par : laure K. | 25/09/2012

comme tu as souffert !

Écrit par : solveig | 25/09/2012

La c 'est pas rien Helene.

Écrit par : lorka | 25/09/2012

ces photos sont superbes; pour ma part je dialogue plus avec le cerveau qui gère cet ensemble complexe d'organes qui constitue le corps et ma fois ça se passe pas trop mal, disons qu'on se supporte bien quelque soient les aléas de la vie.

Écrit par : alex | 26/09/2012

L'existence est une complexe expérimentation, et c'est court, une vie, pour s'apprivoiser! Joyeuse découverte de votre intérieur et ses rouages!:-)

Écrit par : La Gambade | 26/09/2012

@ La Cambade:

Rien ne fut joyeux dans la découverte de mon intérieur et de ses rouages, c'était même plutôt l'horreur, j'ai souffert, je souffre encore mais j'ai acquis une certitude, on a en soi des ressources étonnantes et stimulantes, on n'est pas obligé de souffrir, de subir, de maudire. On peut envisager, avancer, deviner, créer, sublimer, construire. Tout dans ce qui m'attend en revanche, m'excite et me ravit. Quand on vient de rien de loin du pire, le meilleur est possible, non?

Écrit par : helenablue | 26/09/2012

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