Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/01/2014

Manuel Mendive

mendive3.jpg

« Tout ce qui vient de la terre m’intéresse »

- Manuel Mendive -

 

Manuel-Mendive-Hoyo.Rio-de-Amor.2007.jpg

2783_1.jpg

2775_1.jpg

 

Les créatures de Mendive, qu’elles soient zoomorphes, phytomorphes ou même fantastiques, sont des mélanges que les mots peuvent difficilement expliquer : ils envahissent l’espace et transcendent la matière. Le pouvoir communicatif de sa peinture est reconnu à Cuba comme à l’étranger. Prix National des Arts Plastiques en 2001, c’est l’un des peintres au spectre géographique le plus large. Il s’identifie au public des Caraïbes, des Amériques, d’Afrique, mais il captive aussi en Europe. En effet, Venise, Paris, L’Espagne, Vienne par exemple, mais aussi des pays d’ Asie jusqu’en Extrême-Orient accueillent également les tableaux du peintre cubain.

Chez Mendive, il existe un mélange convaincant entre l’académisme et la force des racines. En plus d’être un peintre connu dans le monde entier, c’est sans doute le plus populaire à Cuba et celui qui mobilise le plus ses compatriotes.

 

4595_1.jpg

4049_1.jpg

4617_1.jpg

Ce havanais naquit dans le quartier de Lawton et vécut dans la municipalité du Cotorro. Il fut le porteur d’un langage éblouissant que certains considèrent comme mystérieux. Il n’est pas nécessaire de connaître les Arts Plastiques pour comprendre son œuvre, où sont présentes les racines africaines de Cuba. Son intention n’est pas comparable à celle d’autres créateurs dont l’œuvre ressemble à un catalogue didactique : Mendive ne perce pas le mystère de la légende, il lui redonne vie, la nourrit d’éléments sortis de son imagination et la laisse à la portée du spectateur pour que ce dernier puisse s’interroger et réfléchir.

 

mendive21.jpg

 

Sa façon de parler est lente, presque musicale. Il est robuste, et depuis un certain temps ses cheveux blancs sont tressés à la façon de ses ancêtres africains. Les personnages qu’il peint lui ressemblent parce que l’image de l’artiste est façonnable.

Il en existe d’autres, mais pour les cubains, Mendive est le peintre des corps par excellence. Sa façon particulière de peindre des tableaux qui se déforment face à l’eau, de faire de la peinture sur une toile aussi sensible que l’épiderme, constitue une de ses principales caractéristiques. Mais il a su aussi prendre en compte le contexte social : la rue, les quartiers, la ville.

 

mendive7.jpg

mendive9.jpg

mendive8.jpg

 

Le message de Mendive pourrait se résumer dans le propos de Sala Raul Oliva : Toute forme de discrimination engendre souffrance, gêne, haine, exclusion, violence et vulnérabilité. Son art est une belle leçon d'humanité. Sa manière de l'offrir au monde aussi...

 

mendive14.jpg

 

28/01/2013

Lost in Motion

- Guillaume Côté -



the cold song

- Jason Kittelberger et Acacia Schachte -



25/09/2012

explore ton corps

dmitry kuklin.jpg

- Photo Dmitry Kuklin -


Il y a comme ça des images que je croise et qui opercuts, me percutent. Explore ton corps. Suite à une discussion hier avec Laure, je me suis posée et j'ai tenté de penser mon corps. Longtemps je me suis sentie chose, rien, voire moins que rien, en tout cas rien d'humain. Longtemps mon corps n'a été qu'un étranger pour moi, insondable, impossible, trop lointain, comme si je devais le garder à distance. Et puis, à dix-neuf ans, j'ai accouché. J'ai souffert, j'ai crié, pourtant pas tout à fait là, dissociée de moi-même, comme anesthésiée. Je me suis demandée si l'enfant que je venais de mettre au monde était bien de mon fait, si j'avais pu faire ça. Quelque chose s'est brisé, une digue a craqué et j'ai découvert en donnant vie à un petit être que j'avais une vie moi aussi, une vie et un corps. La prise de conscience de ce corps meurtri fut brutale, j'étais comme rouillée. Trop longtemps absente je ne savais pas quoi faire de ce grand corps qui d'un coup s'imposait à moi, demandait à faire corps avec ce que j'étais. J'ai mis du temps à l'apprivoiser, à le connaître, à le sonder. Encore aujourd'hui, il me déroute, il me surprend. Mais j'ai découvert en l'explorant qu'il avait beaucoup à dire, qu'il était ma mémoire et mon ami. Parfois je lui parle, je lui demande de l'aide, je le mets à contribution pour parcourir, pour avancer, pour comprendre encore et toujours ce qui m'est arrivé, ce qui m'arrive, ce qui se passe en moi.


jaime ibarra.jpg

- Photo Jaime Ibarra -


Je danse. Je bouge. Je me positionne et j'apprends à le regarder. Je ne pouvais pas me voir dans les miroirs plus jeune, rien, il n'y avait aucun reflet. Je passais un temps fou devant la glace, mes yeux ne me percevaient pas, ne voulaient pas me voir. C'est fou quand j'y pense, fou d'avoir pu vivre ainsi pendant plus de vingt ans, c'est cruel de s'en rendre compte, de mesurer qu'on a ainsi vécu un quart de sa vie sans avoir pu être au monde. Maintenant, c'est fini. Et s'il reste encore quelques zones d'ombre, j'ai pu me reprendre en mains, me rassembler, m'accepter et jouir de ce corps qui m'a été donné. Le serpent de Guem. Cette musique me donne des ailes. Mon corps alors me semble léger aérien, telle une plume offerte aux alizées. Etonnament plus je m'exprime avec mon corps, plus j'arrive à formuler, à écrire, à réfléchir. Cette fameuse relation du coprs et de l'esprit n'est pas une duperie, c'est si bon de sentir tout son être vibrer, respirer, accueillir, offrir, aimer. C'est bon d'arriver à cet état de grâce, à cet abouti. J'ai lutté, je me suis battu avec mes névroses, je lutte encore pour éviter qu'elles ne reviennent polluer cette relation entre mon corps et moi. J'explore encore. Je me crée. J'écris.



25/05/2011

Renversant!

 

 

 

 

19/03/2011

hernie discale

 Je me sens ligneuse, dure, tendue et fragile comme un vieux chêne.

 

04.jpg

 

24/09/2010

histoire de seins

Je n'en avais encore jamais passé, je sais pourtant qu'à partir de quarante ans il est conseillé vivement d'en faire une, mais mon appréhension de la chose me faisait y aller à reculons. Hier dans l'après-midi, j'ai pris le taureau par les cornes et surtout mon téléphone pour prendre rendez-vous, justement comme par le plus grand des hasards il restait une place: " Venez demain madame, avec votre carte vitale à 11h30, on vous attend!". Oups, j'ai dit oui quoique complétement effrayée et tendue, mais bon, fallait le faire alors pourquoi attendre, pourquoi attendre encore! J'avais quand même le sein gauche nettement plus sensible et plus gros que le droit et j'avais beau y trouver des raisons romantiques érotiques ou parce que du côté du coeur, il me fallait passer par l'imagerie, et expérimenter une mammographie. J'ai pas dormi de la nuit tellement j'étais inquiète et puis on pense au pire dans ces situations là, debout dès six heures j'étais pétrie d'angoisse, j'ai tout tenté pour qu'elle cesse, mais n'est-ce-pas, on sait quand elle vous tient à quel point elle étripe. Quand l'heure a approché je n'en menais pas large, pas honte de dire même que j'avais une peur bleue, et puis sur place, toujours sur le qui-vive on me met presque à nu dans une petite pièce de deux mètres sur deux. Là assise à attendre le poitrail découvert bien droite dans mon jean et mes bottes me vient un flash construit presque comme un court, le parcours de l'organe. C'est vrai, je me suis revue les attendre et les sentir pousser, je me suis souvenue non sans grande tendresse avoir nourri mes enfants à leur générosité et puis ressentir à m'en tendre les caresses de l'aimé les chérissant des mains, ils me paraissaient avoir fait tant de chemin, je me disais:" Pas le moment de baisser la garde, allons Blue, ils ont encore à vivre à donner, à exprimer, à susciter et à vibrer, ils ne vont pas aujourd'hui te lâcher d'un coup sec, t'inquiètes!".

Là, en plein milieu de mes réflexions poitrinaires, il me fait entrer dans une pièce froide appareillée à souhait, me met d'abord le gauche dans une sorte de moule à gauffre, pas franchement plaisante comme position et puis le droit, de face et les deux de profil. Il m'enjoint alors de le suivre pour les palper, et puis pour les échographier, c'est pas la même chose, les rayons x voient, et le sonnard lui sonde, beaucoup de précautions, c'est de la prévention, il n'y a rien à craindre. Pendant qu'il parcourt l'intérieur de l'interne de mes seins, il me parle gentiment, il est doux, il est tendre, je me laisse bercer. Il me dit qu'aucune femme à cet endroit précis n'est construite de la même manière, étonnament c'est une matière particulièrement créative, c'est pas comme les os qu'on a tous pareil, tiens je songe que c'est très poétique, puis il découvre à droite un kyste en goguette, rien de plus normal, il paraît qu'on en a tous qui traîne ici et là, quand même il le mesure et le garde en réserve, de l'autre côté, tiens en voilà un autre à peine un peu plus grand et puis, ah, une drôle de tâche noire, il revient une fois puis une deuxième dessus, ce serait un nodule. Un autre nom pour un même genre d'image! "Bon il doit être bénin, mais j'aimerais vous revoir, dans deux mois par exemple pour voir l'évolution." " Ok, docteur! ", je sens l'angoisse m'étreindre, il rajoute dans un regard complice: "Vous savez, c'est par pure précaution, c'est comme faire tenir un pantalon avec une ceinture et des bretelles!", " Ah!".

Là, je me retouve dans la petite pièce, la pièce à réfléchir, je me rhabille doucement, je les caresse un peu même au passage, comme pour les rassurer, dès fois, on a des gestes pour soi tout à fait étonnant. Je me pose sur la chaise à nouveau avant de repartir dans le monde des vivants, je verse même une larme, la santé c'est vraiment important. Je me dis, c'est beau un corps de femme, c'est beau et c'est touchant. Je pense à toutes celles qui ont vécu l'épreuve de quelque chose de grave et de mutilant à cet endroit, je me sens solidaire soudain de leur souffrance. Pouquoi ne mesure-t-on les choses auxquelles on tient qu'une fois qu'on risque de les perdre. En tout cas mon angoisse, elle, est retombée et mon appétit de vivre en est sorti encore plus aiguisé. Mon appétit de vivre et aussi celui d'aimer, et d'aimer corps et âme, fièrement, seins en avant.

 

 

29/08/2010

esprit et corps

 

_British_Museum_source_sandstead_d2h_128.jpg

PHIDIAS_Ilissos_British_Museum_of_Art_source_LS_d2h_06.jpg

PHIDIAS_East_Pediment_L_and_M_British_Museum_source_sandstead_d2h_04.jpg

PHIDIAS_East_Pediment_L_and_M_British_Museum_source_sandstead_d2h_09.jpg

- Sculptures de Phidias -

- Photos de Lee Sandstead -

 

 

 

" Lorsque l'esprit est libre, le corps est délicat."

- William Shakespeare -

 

 

22/07/2010

"helenablue nue"

 

6a00d8341ce76f53ef00e54f4b80dd8834-800wi.jpg

- Photo Helmut Newton -

 

 

 

Non mais t'y crois toi, v'là-t'y pas que ça démange certains ou certaines de voir Helenablue dans son plus simple appareil. J'avais même encore jamais eu ce genre dans les mots clefs du moteur de recherche. Ça vous arrive à vous? Je me dis, qu'est-ce-que ça peut bien faire de regarder le corps dévêtu de celle qui en dévoile déjà tant, qu'est-ce qui motive un tel appétit un tel besoin une telle aspiration à voir quelqu'une tellement plus insolite et délicate à deviner et à projeter, le trouble l'idée qu'on se fait l'imaginaire ne nourrissent-ils pas de meilleure manière nos fantasmes les plus chers? Je préfère suggérer comme je préfère inspirer, je ne suis pas voyeuriste dans l'âme ni exhibitionniste non plus... N'en suis pas pour autant une sainte, je n'irais pas dire que ce me déplaît tout à fait en fait pour être sincère d'être nue vraiment nue comme un ver mais la nudité a pour moi une valeur intrinsèque et je ne peux la défaire du sentiment de l'intime et de la profondeur de ce que je peux ressentir et en jouer ne me pose pas de problème dans la relation, pas plus que de poser à poil pour quelqu'un que j'aime... Bon évidemment si Polanski ou Almadovar insistent, allez même Woody Allen, ou la réincarnation de Bacon, le double de Balthus ou l'arrière petit fils de Renoir, sauf si cela alimente un pair de Nelligan de Baudelaire d'Eluard, sauf si ce corps invite à une aubade une ode un concerto une trilogie une aquarelle ou si Helmut Newton n'en peut plus d'attendre, je ne dirais peut-être pas non, l'artiste habille de son regard le corps nu, en attendant je ne me sens pas l'âme ni même l'envie ni le délire d'affoler et iconiquement devenir une nouvelle star sur écran plasma avec laquelle on bande dans la pénombre de ses peurs et de ses angoisses ou de ses fantaisies en produisant sur le web ce genre d'image trop ... dépouillée... Quand même! aurait dit sans doute Sarah Bernhardt. J'aime mieux et davantage l'idée de faire jouir, réfléchir et donner du plaisir par des mots suggérants et suggestifs...

 

 

 

 

07/07/2010

jour de grâce...

Il est de ces jours rares et précieux où je me sens étonnament femme, féminine, femelle, de ces jours où j'aime mon corps et où je lui rends grâce, de ces jours qui me réconcilient avec ce plus profond de moi, une communion extrême avec mon intime qui me rend intense et légère à la fois. Aujourd'hui est un jour comme celui-ci, alléluia, une sorte de jubilation dense puissante et sereine, comme une évidence... L'évidence d'être tout à fait là.

 

07/02/2010

appréhension

La note de Sandy avec son histoire de lapin, la semaine de cadeau de Didier toute en douceur, le "fuck" de Rainette et la planche de vérité chez Terrible ont temporisé ces quelques jours d'angoisse.

 

875863922.jpg

 

visiblebody2.1205931494.JPG

Le corps, on y pense pas forcément, je veux dire inside, quand tout fonctionne et marche normalement on ne se préoccupe pas de ses viscères, pourtant quand on y songe quelle mécanique étonnante et quelle chimie effarante. J'ai mal depuis quelques mois déjà à l'abdomen, le stress auquel je suis confronté depuis ces deux dernières années ma tordu les boyaux et griffé la paroi de l'estomac générant des ulcères que je croyais réservé aux hommes d'affaires trop affairés, le toubib me traite mais rien n'y fait, pas le bon médoc peut-être pas assez de détente et d'exercices respiratoires zens, trop d'épices dans la cuisine ou alors autre chose encore, la médecine est précise et a à son actif maintenant nombre d'outils sophistiqués pour en savoir plus, me voici donc programmé pour un examen de l'intérieur du ventre sous anesthésie générale, j'ai peur. Je ne sais si j'ai plus peur de l'examen ou du résultat, hum, ou de passer l'arme à senestre, c'est pourtant pas la première fois qu'on m'endort ni la première fois qu'on me visite de dedans ni la première fois que je m'allonge de gré ou de force sur un billard...Un genre cadeau empoisonné que cette appréhension en sus déjà de celles qui me sont familières.

En parallèle et avec cette dose d'introspection qui m'est habituelle aussi je m'interroge du coup sur cette machine que nous sommes dont on ne mesure pas la complexité et la préciosité, c'est notre capital au fond. Plus jeune j'étais fascinée par les planches d'anatomie, d'ailleurs avec la psycho et la physiologie le cours "d'anat" est un des cours que j'ai suivi le plus assidûment pendant mes deux premières années de médecine, j'adorais ça, comprendre du dedans, je continue à m'y intéresser d'une autre manière me plongeant plus volontiers dans les états d'âme de mes contemporains et les miens, comme aujourd'hui d'ailleurs, car paradoxalement cette peur générée par ce qui m'attend me fait prendre conscience de mon état de vivant, un mal pour un bien, le présent pourri qui en devient un pour de vrai, comme tout peu changer de couleur et de saveur pour peu qu'on l'appréhende de façon constructive, on a toujours à apprendre de soi, de l'humain mais je ne vais pas à l'hosto avec alacrité quand même, j'avoue...

Je me sens un peu fragile et vulnérable pour être tout à fait honnête, je me demande ce qu'il peut bien se passer et bien sûr je me fais des films catastrophes, je regarde mes enfants et je pleure, je me dis qu'à la veille de mes quarante cinq ans je n'ai encore rien fait qu'il me reste encore tant à faire, pour faire court je pense au pire et j'ai pas le droit de plus de noyer mon spleen dans l'alcool, c'est pas bon pour ce que je traîne, la boucle est bouclée, fuck! Bon, maintenant que j'ai pu tout écrire ou presque je me sens un peu mieux, et vais me faire couler un bain cadeau du Dimanche, un bon bain brûlant aux huiles essentielles comme la vie...

 

 

 

 

16/11/2009

décorporalisation

 

569909904-1.jpg

C'est la première fois que je lis ce mot rencontré dans un article sur la prostitution et amené par Judith Trinquart médecin de santé publique, ça m'a frappé car c'est exactement ce qui est arrivé à l'enfant que j'étais lors des abus perpétrés dans la famille, les symptômes sont les mêmes, pendant l'acte sexuel on se détache de son corps, on est plus là pour ne pas ressentir le vécu. Ca m'a longtemps taraudé et mise en souffrance dans ma vie de femme cette absence sur laquelle je ne pouvais rien, le mécanisme se mettant d'emblée en route, un mécanisme réflexe somme toute qui me venait de si loin. C'est vraiment un processus dissociatif qui dans le cadre d'une relation amoureuse et aimante est très handicapant, et pour celui qui le vit et pour celui qui le partage. On ne sent plus son corps il n'est plus qu'un instrument, pas faute d'essayer d'y tendre de tout son être, cela m'était et m'a été pendant longtemps inaccessible. A qui appartenait mon corps, à qui appartenait mon sexe? Ce genre de questions que je ne me posent plus mais qui ont alourdi considérablement ma sensibilité à l'érotique en live me réfugiant alors dans la littérature de cette nature et dans l'imaginaire, ce qui m'a aidée à avancer au fond en partie, à force d'y penser et d'y croire.

Ce n'est pas par besoin de voyeurisme d'aucune sorte que j'ai eu envie de rebondir sur ce concept qui n'avait jusqu'alors pas de mot pour moi mais juste pour exprimer la non irrémédiabilité de ce processus, pour cela il faut réaccaparer l'image de son corps, le réinvestir cela n'est possible qu'en sortant du processus de victimisation qui anesthésie et qui maintient dans cette torpeur, sortir du cercle infernal du "je ne vaux rien, je ne suis rien" et s'arroger le droit et le devoir de s'occuper de soi. Une aide extérieure est alors la bienvenue, les témoignages aussi et puis réapprendre la sensualité de son corps par le toucher, les massages, et l'écoute. C'est un travail de longue haleine mais qui en vaut la peine, j'ai découvert le plaisir tard, parfois encore il m'échappe mais Dieu que c'est incomparablement bon que d'être toute là dans les joies expressions et fantaisies du sexe.

 

******





Judith Trinquart, médecin, est l’auteure d’une thèse sur la décorporalisation dans la pratique prostitutionnelle. Elle nous explique ce processus et revient sur les conséquences physiques et psychologiques de la prostitution  

Le thème de la décorporalisation est au coeur de vos travaux. Pouvez-vous nous expliquer son processus?

La décorporalisation est engendrée par la violence que représente la situation prostitutionnelle avec sa répétition d’actes sexuels non désirés. Ce processus agit à la fois sur deux plans.
Sur le plan psychologique, il conduit à une dissociation de l’image corporelle. Deux personnalités apparaissent : la personnalité privée, en dehors de la prostitution, et la personnalité prostituée dans le champ de la situation prostitutionnelle.  La personne prostituée essaye de protéger au maximum la personnalité privée de ce qui se passe dans la situation prostitutionnelle.
Sur le plan physique, on peut constater l’apparition d’un seuil de tolérance à la douleur très élevé. La personne essaye de se protéger, physiquement, du ressenti de ce qui se déroule pendant « les passes ». Elle se coupe d’une partie d’elle-même, de ce qu’elle ressent dans la situation prostitutionnelle. On parle alors d’« hypoesthésie », c’est-à-dire d’une diminution du ressenti, des sensations qui, quand la situation se prolonge peuvent conduire à une absence du ressenti de la douleur.

Des personnes prostituées frappée pendant l’activité prostitutionnelle ne ressentent pas la douleur ; puis lorsqu’elles rentrent chez elles et se regardent dans la glace, elles voient les écchymoses, les contusions... Ces mécanismes d’hypoesthésie et d’anesthésie conduisent à une auto-négligence de soi : le corps devient instrument, objet.
La décorporalisation est très nette chez les personnes prostituées mais on l’observe également dans d’autres contextes, notamment chez les femmes victimes de violences conjugales à répétition ou chez les personnes en situation de clochardisation.


Quelles sont les conséquences physiques et psychiques de l’activité prostitutionnelle ?

On a de nombreuses conséquences physiques notamment sur le plan gynécologique (peu ou pas de suivi ou de dépistage pour les cancers), les problèmes péri-ménopausiques, la contraception, des problèmes d’ordre traumatique. on a également une mauvaise prise en charge du problème infectieux en général (on ne les voit venir que lorsque les maladies sont déjà évoluées)...
Sur le plan psychologique, que ce soit des dépressions, des angoisses, des phobies, ou des tentatives de suicide, les taux sont beaucoup plus élevés que dans la population en générale. On observe une aggravation des maladies ou troubles à composantes psychosomatiques comme les maladies cutanées, les maladies d’origine gastrique, les problèmes rhumatismaux, les pathologies d’ordre addictif (toxicomanies). D’un point de vue général, la situation prostitutionnelle aggrave les désordres sanitaires...

Par ailleurs, bon nombre de personnes sont atteintes de PTSD ou Post Traumatic Stress Disorder qui peuvent prendre de multiples formes : des souvenirs répétitifs et envahissants, des cauchemars, la peur que l’agression se renouvelle, des conduites d’évitement, l’hypervigilance, la réduction des contacts et des affects pour éviter tout  ce qui semble risquer de répéter l’agression, des troubles du sommeil engendrés par cette hypervigilance, des troubles de la mémoire et de la concentration. Certaines études avancent le chiffre de 67% de PTSD sur une population observée de personnes prostituées.


Pouvez-vous nous parler de l’impact des antécédents (violences sexuelles ou autres) observés chez bon nombre de personnes prostituées ?

On s’est aperçu récemment que les cas d’antécédents de violences sexuelles (inceste, pédophilie, viols) dans la population des personnes prostituées représenteraient de 80 à 95% des personnes. Les proxénètes qui utilisent les viols individuels ou collectifs pour formater les filles de la traite l’ont d’ailleurs très bien compris.
Quand il n’y a pas d’antécédents de violences sexuelles, on retrouve très souvent des contextes de vulnérabilité sociale avec des familles fragiles, précaires, maltraitantes ou désociabilisées.
Il y a systématiquement un facteur déclenchant d’entrée dans la prostitution. Mais si le contexte économique précaire peut jouer, il faut garder à l’esprit que ce n’est pas n’importe quelle personne qui se lancera dans la prostitution.


Dans l’idéal, quelles seraient les solutions thérapeutiques les mieux à même de répondre à cette décorporalisation ?

La première chose à faire est évidemment de stopper la situation prostitutionnelle. Il faut ensuite casser cette loi du silence. C’est un milieu où les personnes n’existent pas, elles n’ont plus de nom, plus d’identité. Il est important qu’elles puissent se retrouver et parler de ce qui s’est passé. Puis, il faut une dévictimation, une phase où on reconnaît la personne comme victime. 

Il y a une différence entre victimisation et se reconnaître victime. Il est indéniable qu’étant en situation de violence, la personne prostituée en est victime comme toutes les autres situations de violences sexuelles (viols, etc...).  Le travail de reconstruction ne peut avoir lieu sans que la personne ait pu reconnaître son statut de victime. C’est le même raisonnement que pour les victimes de génocides...
Ensuite seulement on peut dépasser ce statut. La réparation passe aussi par les soins et l’accompagnement avec un réseau d’intervenants variés (la justice, les psychiatres, les médecins, les travailleurs sociaux). Des groupes de paroles de survivantes de la prostitution peuvent être un bon support de dévictimation.

Il faut ensuite un travail de recorporalisation pour permettre à la personne de se réapproprier son propre corps par des thérapies très spécifiques . Le corps doit redevenir un lieu à sensations positives...

Il faut proposer des thérapies à médiation corporelle : kinésithérapie, activités sportives en groupe et des activités artistiques corporelles comme le théâtre, la comédie, l’art-thérapie, qui sollicitent l’interaction de la personne avec les autres participants et la réintègrent dans un vrai jeu social qui permet la communication corporelle. 

Ce qui est vraiment victimisant, ce sont deux choses : soit maintenir la personne dans un statut d’éternelle victime en ne lui offrant pas les solutions concrètes pour en sortir, soit la non reconnaissance de la violence dans la prostitution, voilà bien ce qui est victimisant...

******

 




 

 

31/08/2009

astre du ventre

 

nombril.1184253795.jpg

 

 

Nombril, je t'aime, astre du ventre,

Oeil blanc dans le marbre sculpté,

Et que l'Amour a mis au centre

Du sanctuaire où seul il entre

Comme un cachet de volupté !


- Théophile Gautier -

 

 

 

 

 

08:58 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : poésie, corps, sensualité

bains brûlants


13/03/2009

Hammam

 

pascal_hammam_istanbul.jpg

L'eau , la chaleur, la vapeur , le hammam est un lieu de privilège . J'aime y aller et confier mon corps ainsi aux éléments , aux mains expertes du gommage et du massage , je sors de là confiante et lavée des tensions accumulées , c'est un moment de grâce .

Je n'étais pas allée faire un hammam depuis un bon bout de temps , pourtant ce n'est pas faute d'y penser régulièrement , et puis en plus de la sensation de bien-être que cela procure , je suis sensible aussi au lieu et à son esthétique ...

150px-Jean-Léon_Gérôme_013_Moorish_bath.jpg C'est un endroit où l'on s'abandonne , c'est étonnant et doux , cette sensation de se laisser faire , gommage au gant de crin , enveloppement de boue d'argile à la rose , rinçage délicat d'eau fraiche , et puis on vous lave et on vous rince à nouveau , et pour finir un massage à l'huile d'argan du plus pur délice !

Rien que d'y penser et de l'écrire , les sensations reviennent et m'apaisent , j'adore ça ...

D'un seul coup , je me sens plus fluide et mon esprit vagabonde. Une sorte de voyage dans l'espace-temps au pays de la sensualité et de la légèreté .

 

 

" Là , tout n'est qu'ordre et beauté , luxe, calme et volupté ... "

- Baudelaire -