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14/01/2013

Premiers gestes

Tous les matins, depuis début janvier je reprends mon rituel du début de l'année dernière auquel s'est ajouté les trois pages d'écriture "sans penser" conseillées par "Comment développer sa créativité". Je m'enveloppe dans une veille robe de chambre tantôt bleue tantôt fraise écrasée et j'allume mon ordinateur. D'abord aveuglée par la lumière de l'écran, les yeux encore collés par une nuit chargée de rêves et peuplée d'imageries et d'élucubrantes idées, je consulte mes mails. Quand je vois que j'en ai reçus, je ne les ouvre pas tout de suite, un peu comme je faisais plus jeune avec mon courrier, j'attends, je me délecte d'abord de l'expéditeur en espérant lire encore et encore de quoi me nourrir et je vais faire un tour chez moi et chez mes amis pour sentir ce qui s'est passé pendant la nuit dans leurs vies et dans leurs têtes. Je sens alors que mon esprit amalgame le tout. Le futur passé chez Christian, le chier un schtroumpf chez Mac, le coeur à palme chez Laure, la Tarasque chez VieuxG., Plumi chez Plumi, l'invitation à la valse chez Lelius, Orfeenix et Michael chez Mokhtar et toute la matière à se griser les neurones en commentaire chez moi parce que Laure, parce que Bizak, parce que chaque réaction provoque en chaîne une pensée à l'autre bout. Je me pose. Je réfléchis. Il est déjà sept heures et demie. J'essaie de ne pas me laisser surprendre par des interférences d'ordre pratique, tout ce que je vais devoir accomplir dans la journée. J'essaie de mettre à l'écart les pensées noires, tordues, désernégisantes, empêcheuses d'avancer et je tente de me concentrer sur ce qui me vient à écrire. Les fameuses trois pages d'écriture du matin sont normalement des pages personnelles que personne à par celui qui les écrit ne doit lire. Cela s'avère exact qu'au bout de trois semaines de cet exercice ressortent en filigrane les désirs les plus profonds, les besoins, le mode d'expression. Boileau d'un seul coup me revient en mémoire, le fameux Boileau cité par Venise à son insu, repris par Laure sur son blog, ce qui ce conçoit bien s'énonce clairement, à croire que notre esprit est construit avec cette fulgurance puisqu'il est capable de fabriquer lui-même une réponse à nos problèmes pourvu qu'on veuille bien lire ce qu'il a à dire. A ce moment précis de ma réflexion, je sens le besoin d'aller relire la note de Mistral, parce qu'elle m'a perturbée. Autant le CUS de Mac m'a fait lyeser, autant le questionnement de Christian m'a interpellée, vraiment: Un autodidacte célébré pour sa maîtrise du langage peut-il, avec le moindre espoir de convaincre, exprimer le drame de l'ignorance structurelle de sa génération? Et dénoncer la sienne propre, s'il songe à tout ce qu'on a criminellement négligé de lui enseigner? Peut-il avec succès alerter ses contemporains à l'urgence d'agir alors même qu'il semble incarner à lui tout seul l'inexistence du problème qu'il soulève? Toute son éloquence ne servira qu'à dissimuler l'agonie de l'éloquence. Ultimement, la logique exigera qu'on ne sache plus parler pour persuader autrui des périls que court la parole, qu'il ne sache plus nous comprendre, il faudra perdre le lire et l'écrire pour qu'un illettré adresse à un autre une missive bien sentie s'inquiétant du cours des choses. Absurde à un bout, absurde à l'autre et sans substance au milieu: ce fil de réflexion me contraint depuis longtemps, aussi sûrement qu'une chaîne soudée à un piquet planté dans un champ, quand elle mène à un collier coulant qui ceint le cou d'un grand chien jaune. Aïe. Ne pouvons-nous donc pas nous permettre l'imperfection? Ne sommes-nous pas condamnés à toujours peaufiner et à toujours aiguiser nos couteaux, comme en cuisine, plus on s'en sert, plus il faut affûter la lame pour qu'elle reste coupante? Je reste avec ma réflexion un bon moment avant de mesurer la souffrance qu'implique une telle prise de conscience, une telle absurdité. En même temps je sens qu'elle me pousse dans mes retranchements, et toi que fais-tu pour que ça change, quelle pierre vas-tu mettre à l'édifice de l'humanité, comment vas-tu t'y prendre? 


Commentaires

"Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément." me précise ma douce.

Pourquoi charcute-t-on, assez souvent, cette citation, alors qu' elle devient tellement plus évocatrice lorsqu'elle se résout dans sa finalité.

Écrit par : MakesmewonderHum! | 14/01/2013

Parce que y en a qui ont des têtes de pioches, voilà pourquoi. T'auras beau te défoncer en coulisses pour prévenir les boulettes et insister sur l'importance de citer Boileau correctement, ne serait-ce que pour éviter des comms comme le tien, y en a que ça rentre juste pas.

Écrit par : Christian Mistral | 14/01/2013

Non, sois rassurée, ce n'était pas l'but, plutôt une patenthèse, c'est que la citation se présentait à nouveau amputée, alors que ma blonde m'en faisait la remarque il y a quelques jours. Maintenant, faut toujours un peu distraire, question de voir si les gens étaient réellement attentifs à ce fort texte de Christian, lu et relu avec le même intérêt sur les deux sites...

Écrit par : MakesmewonderHum! | 14/01/2013

C'est "marrant" comme on se charge nous-mêmes de fardeaux, de "devoirs", de "missions"....et si on vivait, tout simplement ? et voilà que pof, un autre paquet de questions : qu'est-ce que vivre ? qu'est-ce que la simplicité ?

Voilà un com' qui semble bien à côté de la plaque....et qui n'y est peut-être pas tant que ça...

Écrit par : anne des ocreries | 14/01/2013

@ Makes:

Oh! Makes, je ne comprends pas mon commentaire a disparu, ce qui donne au tien, un côté surréaliste!
Bon, je vais tenter de remettre le contexte pour ceux qui suivraient notre conversation. Je te faisais, me semble-t-il gentiment la remarque que, évidemment Christian veille au grain pour ce qui est la teneur et la source des citations mais qu'en l'occurrence cela ne me paraissait pas le plus important présentement et qu'il y avait plus à lire dans mon texte que l'amputation de la magnifique citation de Boileau...
Je suis rassurée, ouf, ça n'était qu'une parenthèse, genre l'arbre qui cache la forêt... hé,hé...

Écrit par : helenablue | 14/01/2013

@ anne:

C'est quoi vivre tout simplement? Tu veux dire sans réfléchir?
C'est peut-être présomptueux, peut-être maladroit, peut-être pas la voie, pourtant je ne peux pas faire autrement que de me penser responsable de ce que je vis et suis incapable, juste, de vivre sans y penser.
Oh! Que ce soit clair, je sais profiter des bonnes choses, et j'essaie au maximum d'être à ce que je fais, ce que je suis. genre quand je discute comme ce soir avec mon petit dernier de ses amitiés perdues autour d'un chili con carne ou que je me regarde les trois " Le Parrain "d'affilée, je suis à ce que je suis sans me demander qu'est-ce que vivre et qu'est-ce que la simplicité?
C'est la conscience qui me titille, toujours. les questions ne sont pas un fardeau pour moi, elles m'alimentent, j'ai le sentiment que le jour où je ne m'en poserais plus, je serai froide comme un des bouts de viande à l'étal de mon boucher.

Écrit par : helenablue | 14/01/2013

j'ai pas dit sans réfléchir...ça, je crois qu'on ne peut pas....j'ai dit "simplement" - et c'est fichtrement complexe, la simplicité, je crois ; c'est une notion que je perçois sans jamais vraiment la saisir....j'y inclus non pas de l'insouciance, ni de l'inconscience, mais plutôt de la légèreté....une capacité à prendre le "carpe diem".....vivre sans y penser, on ne peut pas le faire tout le temps, mais ne faire que penser sa vie, ça n'incite pas au "lâcher prise ", parfois nécessaire aussi....tiens, encore un équilibre à trouver, du coup.... il est " à cascade", ce billet, on le lit, on part sur une réflexion qu'on se fait sur la fin, on glisse vers d'autres eaux vives, insidieusement...et en tout cas, j'ai posé ce qu'il m'a inspirée, en ayant finalement reçu quelques éléments de plus qui m'aident à te découvrir...c'est bien, d'affiner comme ça ce que nous cherchons à dire, ou à comprendre... :)

Écrit par : anne des ocreries | 15/01/2013

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