22/01/2014
Il faut beaucoup aimer les hommes...
Avant-hier soir, j'étais au restaurant sur l'île Saint Louis en compagnie de mes deux amies, mes deux L. ... Délicieuse soirée. Nous étions heureuses de nous retrouver toutes les trois, heureuses de deviser, d'échanger et d'interactiver. A la fin du repas, en reprenant mon manteau, j'aperçois derrière moi un homme attablé devant un verre de vin blanc, un livre à la main. Le titre du livre m'interpelle et je lui dit, il me sourit et à son tour me lance: " La phrase de Duras en exergue est bien meilleure encore! " me tendant son bouquin afin que je la lise. Je me précipite alors vers mon sac pour prendre mes lunettes et je lis, et souris :"savoureux ! Je suis tout à fait d'accord..." Là, son sourire s'agrandit : " Je m'en doutais... "
08:49 Publié dans écriture | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : écriture, amour, pensée du moment, art de vivre, partage, humain
Commentaires
Aller dans l'Île Saint-Louis avec Marie Darrieussecq, oui, si l'on a faim de lecture...
Écrit par : Dominique Hasselmann | 22/01/2014
J'aime beaucoup votre instantané.... et j'avais bcp aimé le livre. Un homme.
Écrit par : Bernhard | 22/01/2014
donc les femmes sont les meilleurs supporters (trices) des hommes mais se supportent elles aussi bien entre elles , lorsqu'elles ne font pas des bouffes ensembes? II semble que dans l'entourage du chef tifosi de l'Etat, il y ait quelques doutes :)
Écrit par : alex-6 | 22/01/2014
@ Dominique:
Où que je sois, j'ai faim de ça.
Écrit par : Blue | 22/01/2014
@ Bernhard :
Je n'ai pas lu le livre, pas encore, mais cet aparté m'a touchée.
Écrit par : Blue | 22/01/2014
@ Alex:
Il faut beaucoup aimer les femmes aussi...
Écrit par : Blue | 22/01/2014
Ah! Que oui, complètement d'accord. J'en suis un bel exemple. N'y a que ma blonde pour me supporter même si parfois je l'aide un peu, surtout lorsque je dors. Sinon, seul je n'y arrive pas. En toute circonstance j'aime également la compagnie de lesbiennes, fidèles entre nous sur un point, nous aimons tous les femmes!
Sortir ainsi du placard pour m'exposer de façon aussi vulnérable à vous mesdames, y a pas un peu de tarte aux pommes ou de gâteau au kirsh...et un petit verre de lait?
Écrit par : MakesmewonderHum! | 23/01/2014
Pour Héléna, l'élégance "canaille" de Madame Swann, anciennement Odette de Crécy:
"Quand Gilberte qui d'habitude donnait ses goûters le jour où recevait sa mère, devait au contraire être absente et qu'à cause de cela je pouvais aller au "Choufleury" de Mme Swann, je la trouvais vêtue de quelque belle robe, certaines en taffetas, d'autres en faille, ou en velours, ou en crêpe de Chine, ou en satin, ou en soie, et qui non point lâches comme les déshabillés qu'elle revêtait ordinairement à la maison, mais combinées comme pour la sortie au dehors, donnaient cet après-midi-là à son oisiveté chez elle quelque chose d'alerte et d'agissant. Et sans doute la simplicité hardie de leur coupe, était bien appropriée à sa taille et à ses mouvements dont les manches avaient l'air d'être la couleur, changeante selon les jours; on aurait dit qu'il y avait soudain de la décision dans le velours bleu, une humeur facile dans le taffetas blanc, et qu'une sorte de réserve suprême et pleine de distinction dans la façon d'avancer le bras avait, pour devenir visible, revêtu l'apparence, brillante du sourire des grands sacrifices, du crêpe de Chine noir. Mais en même temps à ces robes si vives la complication des "garnitures" sans utilité pratique, sans raison d'être visible, ajoutait quelque chose de désintéressé, de pensif, de secret, qui s'accordait à la mélancolie que Mme Swann gardait toujours au moins dans la cernure de ses yeux et les phalanges de ses mains. Sous la profusion des porte-bonheur en saphir, des trèfles à quatre feuilles d'émail, des médailles d'argent, des médaillons d'or, des amulettes de turquoise, des chaînettes de rubis, des châtaignes de topaze, il y avait dans la robe elle-même tel dessin colorié poursuivant sur un empiècement rapporté son existence antérieure, telle rangée de petits boutons de satin qui ne boutonnaient rien et ne pouvaient pas se déboutonner, une soutache cherchant à faire plaisir avec la minutie, la discrétion d'un rappel délicat, lesquels, tout autant que les bijoux, avaient l'air - n'ayant sans cela aucune justification possible - de déceler une intention, d'être un gage de tendresse, de retenir une confidence, de répondre à une superstition, de garder le souvenir d'une guérison, d'un vœu, d'un amour ou d'une philippine. Et parfois, dans le velours bleu du corsage un soupçon de crevé Henri II, dans la robe de satin noir un léger renflement qui soit aux manches, près des épaules, faisaient penser aux "gigots" 1830, soit au contraire sous la jupe aux "paniers" Louis XV, donnaient à la robe un air imperceptible d'être un costume et en insinuant sous la vie présente comme une réminiscence indiscernable du passé, mêlaient à la personne de Mme Swann le charme de certaines héroïnes historiques ou romanesques. Et si je le lui faisais remarquer: "Je ne joue pas au golf comme plusieurs de mes amies, disait-elle. je n'aurais aucune excuse à être, comme elles, vêtue de sweaters."
Marcel PROUST
A l'ombre des jeunes filles en fleurs
Folio pp. 189-190
Écrit par : Breuning Liliane | 23/01/2014
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