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09/02/2010

Diane Arbus

" Ce que je préfère c'est aller où je ne suis jamais allée."

- Diane Arbus -
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Il y a comme ça certains destins qui me fascinent, surtout les jusqu'au-boutistes et les emprunteurs de chemins de traverse, de ceux qui dérangent qui montrent qui interpellent qui donnent une autre résonance et qui remuent, j'aime ça, et Diane Arbus que j'ai découverte tard dans ma vie lors d'une exposition quand j'ai commencé à m'intéresser de plus près à la photo et à tout ce qu'elle peut inspirer et dévoiler, fait partie de ces rencontres.

 

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"Issue d’une famille de la grande bourgeoisie newyorkaise Diane Arbus est devenue un mythe en ayant principalement photographié des travestis, des monstres de foire, des marginaux et des handicapés. Beaucoup de garçons sont sous le charme de cette jeune fille déterminée. A 14 ans Diane Nemerov sait avec qui elle se mariera, ce sera Allan Arbus de 5 ans son ainé. Contre l’avis et les manœuvres de ses parents elle arrivera à ses fins et l’épousera à l’âge de 18 ans. Le couple vivra confortablement de leur travail commun de photographe de mode pour la presse magazine. Mère de deux filles, Diane construit sa vie de famille avec passion et dévouement. A 38 ans elle réalise, avec le départ d’Allan pour une autre compagne, que tout ce qu’elle avait construit s’effondre. Le travail de photographe de studio ne lui a jamais véritablement plu, son besoin d’expression photographique est aux antipodes de ce qu’elle a réalisé durant sa jeunesse. Elle décide alors de suivre des cours de photographie et retiendra comme maître et confidente Lisette Model. Son travail interpelle toujours ses interlocuteurs mais ne lui permet pas de vivre paisiblement à l’abri des contraintes financières quotidiennes. En 1967, grâce à John Szarkowski, elle expose ses « freaks » (monstres) au MOMA, le Musée d’art moderne de New York, aux côtés de Lee Friedlander et Garry Winogrand. Si cette exposition fait beaucoup parler d’elle, les commandes se font attendre. Amante de longue date de Marvin Israel (ancien directeur artistique d’Harper’s Bazaar et peintre), à qui elle voue un véritable culte mais qui ne la ménage pas, Diane a des hauts et des bas. Sa vie sexuelle est chaotique, elle raconte à Walker Evans ses reportages dans des clubs échangistes. Elle donne des cours pour compléter ses revenus, elle multiplie les propositions de reportage mais en tant que femme, elle est payée deux fois mois que ses homologues masculins. Le 26 juillet 1971, elle se suicide dans son appartement de Westbeth en se tranchant les veines du poignet.

9782246710912.jpg45 ans après, Violaine Binet a interviewé le jeune garçon grimaçant de Central Park avec une grenade en plastique à la main. Le gamin devenu adulte, qui figure sur cette image qui a fait le tour du monde, nous raconte le contexte de la prise de vue. La biographe nous livre aussi le témoignage de la jeune serveuse d’un camp de nudiste. Ces éléments nous apportent quelques éclairages nouveaux sur les images en question. Avec cet ouvrage on découvre aussi qu’en 1969 Diane Arbus ne savait pas développer les pellicules alors s’occupait personnellement du tirage de ses photos. En fait elle confiait cette tache depuis toujours à un assistant d’Allan. Bien que séparé depuis 10 ans avec son mari, elle conservait de bonnes relations avec lui, c’est le déménagement de ce dernier qui va obliger Diane à développer ses pellicules et à devenir autonome.

Cette nouvelle biographie intègre au récit des interviews datant de 2006 et 207 d’Allan Arbus qui a, à présent 91 ans, de Renee Nemerov Brown, Joel Meyerowitz, Peter Crookston, Robert Delpire, Ralph Gibson, Larry Fink, Eva Rubinstein… Ces témoignages, confirment ou rendent plus évident ce que l’on pouvait savoir de la vie de Daine Arbus. Violaine Binet s’attache à faire une description très détaillée des personnages qui se trouvent sur le chemin de Diane, comme John Szarkowski, Lisette Modele, Walker Evans, Marvin Israel. Pour le lecteur qui découvre cette époque et la vie de la photographe, ces éléments l’aideront sans conteste dans la compréhension du parcours de l’artiste. Pour les autres, on frôle parfois le hors sujet en s’attendant à toujours plus de révélation sur la vie de Diane Arbus. On soulignera le travail pointilleux et le style fluide de Violaine Binet qui nous retranscrit le fruit d’un énorme travail avec l’aisance d’un conteur. Elle nous révèle enfin, qu’il manque les pages des 26, 27 et 28 juillet de l’agenda où Diane notait tout. Qu’avait-elle écrit sur ces pages le jour de son suicide ? Qui a soigneusement découpé ces pages ? Marvin Israel (décédé en 1984), qui découvrit le corps de Diane le 28 juillet 1971 en fin de journée ? Doom sa fille ainée ? En vérité, il n’est pas nécessaire de le savoir, on s’en fait une idée après avoir refermé le livre de Violaine Binet qui nous a fait partager quelques moments de la vie de Diane Arbus."

 

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" Je suis née tout en haut de l'échelle et, toute ma vie, j'en ai dégringolé aussi vite que j'ai pu " disait-elle, j'ai plus aimé la vie en elle-même, de la passionnante et passionnée Diane que l'écriture de Violaine Binet mais me suis régalée malgré tout, pas autant néanmoins qu'en savourant les portraits de cette artiste à l'oeil acéré et tendre qui flashe au vif avaleuses de sabre, femmes à peau de serpent, géants jumelles nains bizaretés et étrangetés de tous ordres, ombres de Manhattan, solitudes et désirs aussi dans les hôtels miteux ou recoins hors la loi de Central Park.

 

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"Un photographe est un secret sur un secret. Plus il en dit, moins vous en savez."

- Diane Arbus -

 

 

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Exploratrice insatiable, Diane Arbus repousse les limites, cherche, fouille, se heurtant ainsi aux violents rejets d'un public qui n'a encore jamais vu ça. Son influence sur la photographie américaine est considérable. Elle a contribué à imposer l'idée que la photographie est un art à part entière. Elle travaillait en noir et blanc et développait elle-même ses travaux afin de maîtriser complètement le résultat de ses œuvres. Ses photos me bousculent et m'émeuvent par leur sincérité et leur cruauté aussi parfois.

 

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26/10/2009

Henri Rousseau, dit le Douanier

 

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 Nous te saluons 
Gentil Rousseau tu nous entends
Delaunay sa femme Monsieur Queval et moi
Laisse passer nos bagages en franchise à la porte du ciel
Nous t'apporterons des pinceaux des couleurs et des toiles
Afin que tes loisirs sacrés dans la lumière réelle
Tu les consacres à peindre comme tu tiras mon portrait
La face des étoiles 
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Né à Laval, Henri Rousseau est commis à l’octroi de Paris jusqu’en 1893, année où il se consacre entièrement à la peinture. Douanier et peintre amateur, il expose pour la première fois aux Indépendants en 1886, recommandé par Paul Signac. 
Rousseau peint plusieurs types d’œuvres. Dans les portraits et scènes de la vie populaire, il représente les personnages de face, dans une expression figée, par un dessin gauche mais d’une grande netteté, et des couleurs éclatantes. Ses paysages sont peuplés de petits personnages d’une poésie idyllique et mystérieuse, tandis que ses scènes collectives traduisent une inspiration sociale et humanitaire, et des convictions républicaines transposées en allégories patriotiques (Le Centenaire de l’Indépendance, 1892).
Peu à peu l’art du douanier Rousseau évolue vers des scènes fantastiques (La Guerre, 1894,Le Rêve, 1910), et des sujets exotiques, qui obtiennent un grand succès et sont développés en grand format à la fin de sa vie (Le Repas du lion, 1907), pour lesquels il s’inspire de magazines et de visites au Jardin des Plantes, renouvelant l’exotisme par son style fantastique et son primitivisme moderne.
Le douanier Rousseau est admis en 1905 au Salon d’Automne dans la salle des Fauves, et acquiert la célébrité et des admirateurs, Alfred Jarry, Guillaume Apollinaire et Robert Delaunay, dont la mère commande au peintre La Charmeuse de serpents, et Picasso, qui offre un banquet en son honneur dans son atelier du Bateau-Lavoir en 1908.

 

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L’art complexe du douanier Rousseau est l’objet d’interprétations multiples. Son style apparaît comme «naïf», mais la franchise des couleurs, les formes synthétiques, et l’imagination qui y président sont méditées. Se proclamant «peintre réaliste», admirateur des peintres académiques et d’Ingres, l’artiste se sent très éloigné des impressionnistes et des modernes, malgré leur admiration pour lui.

 

 

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C'est un monde hors de l'ordinaire qui au fond intéresse Rousseau, un monde hors de la réalité de sa vie misérable de ses drames familiaux de ses déboires affectifs de ses échecs, il ne veut peindre que la nature. Il a été bercé par les contes traditionnels que lui racontait une vieille tante durant son enfance à Laval, impressionné quelques années plus tard par la lecture de Robinson Crusoé il restera imprégné de le lecture qu'il fera de Jean-Jacques Rousseau de l'homme naturel et du bon sauvage, il puise dans ses lectures et dans la vogue de l'époque des expéditions françaises vers l'Afrique son inspiration, il fréquente aussi les musées pour y copier des oeuvres et parfaire sa technique, il y découvre les toiles de Rubens, Van Loo, Géricault, Delacroix autant que Paul Gauguin qui lui raconte en 1894 ses périples dans les îles Polynésiennes. Il puise aussi beaucoup dans ses ballades au jardin des plantes, au muséum d'histoire naturelle ou au jardin d'Acclimatation et malgré la légende qu'entretient poétiquement son ami Guillaume Apollinaire, il n'a jamais quitté Paris et c'est dans son atelier qu'il compose ses célèbres jungles. Ses mises en scène exotiques, ses forêts vierges sont autant de traductions de ce qu'est pour lui la vie, une jungle avec ses cruautés, ses peurs, ses beautés, ses enchantements comme celles de ses épouvantes.


 

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12/10/2009

Gérard Garouste

 

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Je l'avais rencontré lors d'une exposition de mobilier crée conjointement avec sa femme Elisabeth mais ne savait rien de lui si ce n'est qu'il se dégageait de sa personne une sorte de force étonnante. Plus tard j'ai pu voir quelques unes de ses toiles puissantes, un livre qui retrace son auto-portrait, et bientôt une rétrospective dans le cadre de la FIAC, un homme attachant et un artiste remuant, c'est ainsi que je le perçois, le ressens.

images.jpegEtudiant à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris de 1965 à 1972, Gérard Garouste expose pour la première fois ses Dessins monumentaux en 1969, tout en pratiquant la scénographie avec son ami le metteur en scène Jean-Michel Ribes. Dès la fin des années 1960, l’artiste prétend peindre délibérément les thèmes de la peinture les plus traditionnels, le nu, le paysage et la nature morte. Ayant assimilé les avant-gardes, il veut faire face à l’histoire de l’art et se confronte sans cesses aux maîtres et aux textes anciens, par la représentation de scènes bibliques ou mythologiques, ou, depuis 1985, en s’inspirant de la Divine Comédie de Dante, de Don Quichotte ou de la Haggadah juive. Garouste associe parfois des sculptures à ses monumentales huiles sur toile, ou peint au pinceau noir sur des « indiennes » (toiles écrues). Ses figures sont tourmentées, fuyantes, déséquilibrées. Il a été sollicité de nombreuses fois pour des décors, notamment à l’Elysée, à la cathédrale d’Evry, à la Bibliothèque nationale ou pour le rideau de scène du Théâtre du Châtelet. En 1991 l’artiste fonde l’association La Source, dont le but est d’aider des jeunes issus de milieux défavorisés à se revaloriser par la création artistique. Gérard Garouste vit et travaille à Marcilly-sur-Eure dans l'Eure, depuis 1979, et est représenté en France par la galerie Daniel Templon, Paris. 

 

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Interrogeant sans cesse les grands textes comme la Bible bien sûr, Dante, Rabelais, Cervantès dont s'inspire beaucoup sa peinture, Gérard Garouste est aussi un coloriste de talent glacis blancs bleus profonds rouge sang ou théâtre avec toujours ces personnages déformés à la Gréco, en souffrance comme la sienne sans doute lui qui lutte et vit avec ce diagnostic depuis toujours de maniaco-dépressif bipolaire. Pierre Assouline en a fait une note lors de la sortie de son livre " L'intranquille" qui me laisse assez perplexe, j'avoue.

 

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"Pour moi, la peinture, c'est la pensée qui passe par la main. Je ne sais combien de fois on a annoncé sa mort. Je n'y crois pas. La peinture sera toujours recommencée, quelque part, dans un hôpital psychiatrique ou le cahier d'un enfant." 

"La chose la plus difficile du monde, c'est la simplicité. C'est trouver le geste exact, comme celui de Matisse ou de Picasso. Je ne pense pas que l'art soit un festival d'idées. Il faut laisser sa place au désir."

- Gérard Garouste -

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11:46 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : art, peinture, humain, biographie