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03/04/2010

en vrac

Tout à trac, tout en vrac, je voulais faire une note sur la légèreté parce que ça m'inspirait là dans le moment présent, du moins hier au coucher et ce matin au réveil, sans doute une influence printannière... Et puis, heureusement dans cet état de grâce, j'ai vécu des expériences pas forcément drôles ni légères, de fait ni l'un ni l'autre.

Vieillir, c'est loin d'être facile et râgoutant, j'étais il y a peu chez mes beaux-parents qui dévalent la pente, l'un perdant la vue et la santé et donc l'autonomie et l'autre perdant la mémoire et même la tête et donc l'autonomie aussi, la sénescence qui me jaillit ainsi à la figure chez des gens que j'aiment et qui comptent beaucoup qui ont toujours été présents et affectifs encourageants et aimants, là me fait mal au ventre mais c'est ainsi n'est ce pas, à accepter, et là aussi toute l'empathie possible est nécessaire pour éviter de projeter et éviter d'attendre d'autrui ce qu'il a surtout besoin de recevoir, une présence acceptante et de l'amour tout simplement.

Souffrir de l'âme, c'est pas une mince affaire non plus, un coup de fil tout à l'heure, cette femme que je connais depuis longtemps, mais que je n'ai pas vu depuis un bail et qui m'appelle là, pour une broutille au début de la conversation pour finir dans un énorme sanglot venu de si profond que j'en ai encore le frisson me raconte ses dix dernières années, celles où on ne s'est plus trop vu, la dépression profonde et gravissime de son mari, son divorce, sa solitude, son fils, son livre qui va sortir sous peu, sa détresse. Je lui propose de se voir, elle ne dit pas non mais elle est à fleur, écorchée: "Personne ne comprend quand je parle de ma traversée du désert, dix années de ma vie, vous rendez vous compte! ", je lui demande si ça va mieux, s'il va mieux, s'il s'en est sorti, "Je crois, je l'espère, je suis bannie de sa vie, son fils aussi, c'est cruel, c'est une maladie effroyable, c'est monstrueux vous savez, et je vous en parle là, je me suis permise de vous appeler parceque j'ai su que vous aviez traversé cette épreuve, vous pouvez me comprendre, n'est ce pas!", oui bien sûr que je peux comprendre d'autant que je les connaissais bien tous les deux, des individus jeunes, sensibles, elle professeur de philosophie à la faculté et lui de sciences naturelles au collège, tous les deux pleins d'espoirs et de rigueurs, des gens perfectionistes et pointus, commme je comprends ce qu'elle me hoquéte, le rejet, l'agression, la honte, le regard des autres et la dégringolade, les moyens mis en oeuvre pour l'en sortir, l'échec, la perte d'amour, le deuil à faire, je l'ai écouté du mieux possible s'en trop m'en mêler tout en cadrant, émouvant.

Alors la légèreté d'un coup m'est apparue salutaire, et je me suis remerciée d'être dans cet état d'âme ces jours-ci, pour faire face et ne pas perdre la face, l'ancrage positif auquel je me suis moi-même raccroché, l'amitié et l'appétit de vivre...