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19/06/2010

du Hyde en moi

J'ai été folle et pour cause, mon psy à l'époque il y a de ça un bail me l'a confirmé plus d'une fois, il me semble d'ailleurs parfois l'être encore, la frontière est si mince... Je le sais pour l'avoir vécu et en avoir souffert que ce n'est pas des plus commodes ni des plus confortables ni vraiment enthousiasmant que de vivre avec un dédoublement de personnalité!

Rien de plus difficile à mon sens que cette dualité, que de sentir qu'une partie de vous vous échappe complétement, rien de plus éprouvant que de se retrouver hagarde le matin ne sachant plus ce qui a bien pu se passer la veille à cette soirée à ce dîner devant ce film, rien de plus douloureux que de ne pas être là quand l'homme de votre vie vous fait l'amour passionément et qu'alors c'est un autre monde qui s'ouvre béant peuplé de fantômes de personnages bibliques de roi vous offrant en pâture à son meilleur garde ou à son invité de marque de dîners fins où vous êtes apportée comme mets sur un plateau doré à une tablée de convives assoiffés buvant à votre figue et se rassasiant l'un aprés l'autre de votre corps livré, rien de plus effrayant que de pas pouvoir aimer ce corps et en profiter librement et de ne pouvoir s'appartenir toute entière, rien de plus cruel de ne pouvoir aimer vraiment pas même ses enfants...

Il y a, il y a eu du Hyde en moi, je n'ai pas voulu ça et n'ai voulu que m'en dépatouiller, l'apprivoiser le comprendre... Et c'est tout un parcours de vie, un chemin du combattant que d'être à part entière pour moi, un chemin qui en vaut la peine en tout cas, un émerveillement de chaque instant!

 

Commentaires

Bien sûr qu'il y a du Hyde en toi. Et R.L. Stevenson n'a pas choisi ce nom au hasard, mais, à mon avis par homophonie parfaite (rare en anglais) avec le verbe hide (cacher, recouvrir, dissimuler) et substantif hide (dépouille, peau, fourrure). Nous possédons tous plusieurs personnalités. "Normalement", une seule d'entre elles se développe suffisamment durant l'enfance et l'adolescence, grâce à nos traits de caractère dominants, aux expériences marquantes, aux traumatismes "déclarés" et à l'éducation reçue, pour prendre le dessus et devenir les Docteur Jekyll que tout le monde connaît.

Restent les traits de caractère écartés, les expériences "non relevées", les traumatismes refoulés, autant de facteurs ignorés par l'éducation parentale, scolaire et même par l'auto-éducation. Ceux-ci continuent à vivre leur vie souterraine et peuvent rester cachés (hidden de hide) sous la personnalité apparente (hide = peau au sens large du mot) chez la plupart des gens toute une vie durant.

Ce n'est pas le cas des écorchés vifs, de ceux qui ont une sensibilité à fleur de peau ou qui subissent des chocs graves. Là, les barrières culturelles patiemment acquises se lézardent et la personnalité refoulée reprend le dessus et parfois au point de vivre en même temps que la personnalité principale, voire, parfois épisodiquement, parfois en permanence, de la supplanter. C'est la schizophrénie.

Je pense que personne n'est à l'abri de ça. Toute situation extrême qui vient bouleverser notre vie "normale" peut arracher brutalement la "peau", le voile (devenu fragile) qui "hide" nos personnalités cachées. Et l'on voit bien, en temps de guerre civile, de quelles horreurs le gentil boulanger du coin, bon père de famille, charitable avec les pauvres, hospitalier, toujours souriant, auquel on aurait donné le bon dieu sans confession est capable. Il est vrai qu'on y découvre aussi des gens quelconques, timorés, prudents, devenir des héros, donner leur vie pour sauver autrui.

Je pense donc que rien ne sert d'ignorer ce qui est en nous et qui risque de nous sauter à figure quand on s'y attend le moins. Ce n'est qu'en étant conscients de ce que nous sommes et pourrions être capables, notamment en lisant attentiveement nos rêves, ces étranges fenêtres ou video-ckips vers le subconscient, le "hidden" que nous saurons rester aux commandes. Enfin, je n'en sais rien. Je suppose. C'est ma réflexion. À toi, Blue, de faire la tienne, de même à tes amis blogueurs d'en faire autant... si ça te, leur, vous chante!

Écrit par : giulio | 18/06/2010

Giulio, je pense tout comme toi que rien ne sert de l'ignorer, bien au contraire, et cela m'a demandé personnellement beaucoup d'énergie pour aller au devant de cette zone d'ombre, et qui je le sais fait partie de moi, et même si cela n'a pas été facile à avaler (c'est le cas de le dire!), pas d'autre voie possible à mon sens que cette conscience de soi... mais c'est que parfois la charge est tellement lourde...
Ce que je constate avec le temps, ce dont je prends acte c'est que de ne plus craindre cette face sombre et plus hideuse de moi-même me donne plus de liberté et de force aussi. Cela m'a pris du temps pour y avoir accés et plus encore à la faire mienne et maintenant parfois même sans honte m'y plonger volontairement ou du moins accepter qu'elle rejaillisse... pour comme tu le dis, garder la main.
Bien sûr, on est tous fait d'enfer comme de ciel, c'est de ne pas vouloir le voir qui est dangeureux, ou de ne pas pouvoir dans les cas extrémes que tu cites...On est capable du meilleur comme du pire, l'important c'est de le savoir!

Chaque jour qui passe , je me dis que d'avoir fait ce chemin là a été la chance de ma vie, j'ai tant découvert tard sans doute, mais de mon vivant en tout cas!
Ce texte plus comme un message d'espoir, un témoignage qu'un regret ou un doute en fait...

Merci pour ton commentaire, riche et profond.

Écrit par : helenablue | 18/06/2010

@ giulio et Blue. Bravo, il y a l'équivalent de bien des aller-retour chez le toubib à récamier dans votre échange, salutaire pour nous tous.

Écrit par : MakesmewonderHum! | 18/06/2010

Particulièrement émouvant et très courageux de dévoiler un peu de soi!!
Très belle soirée et bon week-end

Écrit par : Kenza | 18/06/2010

Une visite de soi-même est toujours nécessaire, douloureuse parfois, oui, mais je suis sûre qu'il y a des grâces à garder de toutes expériences humaines. Nos fêlures nous tiennent aussi quand on peut les voir, les regarder, accompagnés par quelqu'un et c'est mieux, mais je crois fort que les fêlures laissent aussi entrer la lumière.
Bonne soirée à toi helenablue !

Écrit par : brigitte giraud | 19/06/2010

Bravo à Giulio qui trouve toujours les mots justes ; et aujourd'hui, Blue, est-ce que tu te rejoins ? est-ce que tu re-fusionne ? tu sais, une boule à facettes, finalement c'est une entité...et pas vrai que ça brille ?
Bises Blue, bon week-end ! ♥

Écrit par : anne des ocreries | 19/06/2010

@ brigitte giraud:

Oui, il y a à des grâces à garder de toutes les expérences humaines quelles qu'elles soient, dans mon cas une sorte de sensibilité exacerbée à la souffrance muette d'autrui, ce que Proust appelait son rayon X et puis un long et profond voyage dans l'art que je n'aurais probablement pas fait de cette manière et qui me procure de tels éblouissements...
Les fêlures laissent entrer la lumière et ouvre à plus d'humanité je crois, à une sorte d'humilité aussi...

Écrit par : helenablue | 19/06/2010

@ anne:

Je me rejoins en quelque sorte oui, j'ai reconstuit mon puzzle interne et intime, il me manque bien encore certaines pièces mais je sais qu'elles finiront par s'ouvrir à moi, je m'accepte telle que je suis même si j'ai parfois encore quelques difficultés avec certains de mes travers, et je m'aime tous les jours un peu plus davantage du moins je me le permets, ce qui est plutôt salvateur et énergisant... C'est amusant ton image de boules à facettes, jouissif ludique et poétique je dois dire, quelqu'un m'avait parlé il y a deça un moment des multiples facettes d'un caillou, on est tous je crois pluriels et c'est ce qui donne l'unicité de chacun d'entre nous. Aimer toutes ces facettes, apprendre à les connaître tendre des ponts entre elles et créer, je crois bien que ce chemin de la connaissance de soi et de l'amour de soi est sans fin, chaque expérience chaque aventure chaque rencontre me donne un indice et m'ouvre davatage toujours à plus de tolérance autant envers moi-même qu'envers les autres, m'ouvre à l'empathie et à ce vaste jardin de l'humain...
Je reconnais pourtant que j'ai besoin de reconnaissance et d'amour encore à fortes doses mais bon, aprés tout pourquoi pas, je ne suis pas parfaitement autonome et ne peut pas me suffire à moi-même, j'ai vraiment profondément besoin de l'autre... Et cette générosité qui me caractérise en partie, ce don de soi a un lien direct avec ce besoin, j'ai du mal à gérer encore le manque d'interactivté, la peur de l'abandon encore bien ancrée au ventre!
De le savoir, d'en prendre conscience, ce en quoi je rejoins complétement Giulio qui comme tu le dis à souvent les mots justes, me permettent de mieux le vivre, une résilience est une création au même titre qu'une vie, se rejoindre c'est prendre la main et ne plus être agi.
La meilleure des thérapies c'est la vie elle-même, je pourrais peut-être dire un jour comme Anaïs Nin que je suis une ex-névrosée!!
:-)

Écrit par : helenablue | 19/06/2010

mais à qui appartient ce joli regard et ce front si bien dessiné ?

Écrit par : lettresdemoscou | 19/06/2010

Les commentaires sont fermés.