24/03/2011
L'uomo
L'uomo
Le piante, da quelle di seta fino alle più arruffate
gli animali, da quelli a pelo fino a quelli a scaglie
le case, dalle tende di crine fino al cemento armato
le macchine, dagli aeroplani al rasoio elettrico
e poi gli oceani e poi l'acqua nel bicchiere
e poi le stelle
e poi il sonno delle montagne
e poi dappertutto mescolato a tutto l'uomo
ossia il sudore della fronte
ossia la luce nei libri
ossia la verità e la menzogna
ossia l'amico e il nemico
ossia la nostalgia la gioia il dolore
sono passato attraverso la folla
insieme alla folla che passa.
- Nazim Hikmet -
L’Homme Les plantes, les plus soyeuses comme les plus ébouriffées, Les animaux à fourrure tout comme ceux à écailles, Les maisons, depuis les tentes en crin jusqu’au béton armé, Les machines, qu’elle soient avions ou rasoir électrique, Et aussi les océans, ainsi que l’eau dans le verre Et ensuite les étoiles, Et puis le sommeil des montagnes, Et partout mélangé à tout cela : l’homme, À savoir la sueur au front, À savoir la lumière dans les livres, À savoir la vérité et le mensonge, À savoir l’ami et l’ennemi, Partant, la nostalgie, la joie et la douleur Je suis passé à travers la foule Ensemble avec la foule qui passe. - Nazim Hikmet - Traduction Giulio Pisani -
08:34 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : poésie, nazim hikmet, homme, vie, art, réflexion, humain
Commentaires
Merci, Hélènablue, de nous offrir ce merveilleux poème du grand poète turc engagé Nazim Hikmet dans lequel il caractérise très bien avec grande lucidité l'homme, dans ses qualités et défauts. Le poème est très bien lu et j'ai trouvé la traduction de Giulio fidèle, fluide et musicale.
Je n'ai pas pu me retenir si bien que je vous offre ce merveilleux poème engagé du même Nazim Hikmet:
LA GRANDE HUMANITE
La grande humanité voyage sur le pont des navires
Dans les trains en troisième classe
Sur les routes à pied
La grande humanité
La grande humanité va au travail à huit ans
Elle se marie à vingt
Meurt à quarante
La grande humanité
Le pain suffit à tous sauf à la grande humanité
Le riz aussi
Le sucre aussi
Le tissu aussi
Le livre aussi
Cela suffit à tous sauf à la grande humanité
Il n’y a pas d’ombre sur la terre de la grande humanité
Pas de lanternes dans ses rues
Pas de vitres à ses fenêtres
Mais elle a son espoir la grande humanité
On ne peut vivre sans espoir.
Nazim Hikmet
Écrit par : Mokhtar EL Amraoui | 24/03/2011
Quelle belle plaidoierie, que ce poème d'une grande profondeur, pour...l'homme!
@ Héléna: Hier (Quelle coincidence!), au retour d'un petit voyage, j'étais fixée dans ma tête, pendant un bon moment, par ce grand poète qui a fait les geôles turques pour sa liberté d'esprit, en pensant à sa citation :- Ce n'est rien d'être vaincu, le tout, c'est de ne pas se rendre! (et...puis, j'ai un arbre en moi dont j'ai rapporté le soleil...!)
Merci Héléna,( Nazim a été toujours mon poète fétiche!), il est bon de parler de lui, dans ces moments effervescents du monde.
Écrit par : bizak | 24/03/2011
Superbe instant de poésie comme je les aime...Et la langue italienne, celle de mes origines y est pour beaucoup !
La force des mots va bien au-delà des idéologies et des leçons de morale. Les mots sous la torture ( mentale, physique, civilisationnelle ) sont la plus forte des résistances, le plus sûr des remparts !
Continuez dans ce sens Héléna, en Blue !
Écrit par : Versus | 24/03/2011
Un beau poème ! merci à Giulio d'en avoir assuré la traduction !
Écrit par : anne des ocreries | 24/03/2011
Touchée par cette lucidité... certes noire, mais exprimer.
Écrit par : laure K. | 24/03/2011
Et encore un Hikmet dont le coeur battait et souffrait avec et pour la grande humanité, les non-élites!
Angine de poitrine
Si la moitié de mon cœur est ici, docteur,
L’autre moitié est en Chine,
Dans l’armée qui descend vers le Fleuve Jaune.
Et puis tous les matins, docteur,
Mon cœur est fusillé en Grèce.
Et puis, quand ici les prisonniers tombent dans le sommeil
quand le calme revient dans l’infirmerie,
Mon cœur s’en va, docteur,
chaque nuit,
il s’en va dans une vieille
maison en bois à Tchamlidja
Et puis voilà dix ans, docteur,
que je n’ai rien dans les mains à offrir à mon pauvre peuple,
rien qu’une pomme,
une pomme rouge : mon cœur.
Voilà pourquoi, docteur,
et non à cause de l’artériosclérose, de la nicotine, de la prison,
j’ai cette angine de poitrine.
Je regarde la nuit à travers les barreaux
et malgré tous ces murs qui pèsent sur ma poitrine,
Mon cœur bat avec l’étoile la plus lointaine.
Il neige dans la nuit et autres poèmes, traduction Münevver Andaç et Guzine Dino, nrf Poésie Galimard 1999
Écrit par : giulio | 25/03/2011
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